Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
1 - La locution originale (« Völker des ewigen Stillstandes ») ne visait pas seulement les Chinois, mais aussi tous les peuples de l’Asie. Il n’y eut rien d’exceptionnel dans cette formulation: comme le remarqua l’historien Otto van der Sprenkel, « […] the ruling German historical tradition at that time […] took note of the existence of Asian civilizations […] only to dismiss them as “static” » (« Max Weber on China », History and theory, 3, 3, 1964, p. 350). On trouvera une étude complète des éléments les plus déterminants de cette historiographie dans Pigulla, Andreas, China in der deutschen Weltgeschichtes-schreibung vom 18. bis zum 20. Jahrhundert, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 1996 Google Scholar.
2 - J’emprunte délibérément l’expression « idée de la Chine » au titre de l’ouvrage d’ March, Andrew L., The idea of China: Myth and theory in geographic thought, New York, Praeger, 1974 Google Scholar, mais je souhaite en élargir la portée: alors que, pour A. March, qui écrivait, il convient de le préciser, bien avant la parution d’Orientalism d’Edward Said, l’« idée de la Chine » fonctionnait pour l’Occident comme un archétype de l’Autre, selon moi, elle dépasse ceconceptetn’opère pas seulement comme unarchétype pour les Occidentaux, mais aussi pour les Chinois.
3 - Voir Di Cosmo, Nicola, Ancient China and its enemies: The rise of nomadic power in East Asian history, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. XX CrossRefGoogle Scholar (cf. n. 13).
4 - Un bel ensemble en a été reproduit dans Harley, John B. et Woodward, David (éd.), The history of cartography, vol. 2, Cartography in the traditional East and Southeast Asian societies, Chicago, The University of Chicago Press, 1994 Google Scholar.
5 - Que l’on songe, par exemple, au récent gros titre: « Beijing leaders speak of force to keep Taiwan “Chinese” » (Les dirigeants chinois parlent d’utiliser la force pour que Taiwan reste « chinoise »), New York Times, 8 mars 2005.
6 - Sur ces historiens, voir Schneider, Laurence, Ku Chieh-kang and China’s new historiography, Berkeley, University of California Press, 1971 Google Scholar; Fansen, Wang, Fu Ssu-nien: A life in Chinese history and politics, Cambridge, Cambridge University Press, 2000 Google Scholar; et Edward Wang, Q., Inventing China through history: The may fourth approach to historiography, Albany, State University of New York Press, 2001 Google Scholar.
7 - Au nombre des historiens de cette tendance, il faut compter Iwakichi, Inaba, « Manshū minzoku ni kansuru ryōhyōmen no kansatsu » (Deux aspects à considérer sur le peuple mandchou), Toa keizai kenkyū, 13, 4, 1929, pp. 1-30, et 14, 2, 1930, pp. 15-37 Google Scholar; Hiromu, Momose, « Shinchō no iminzoku tōchi ni okeru zaisei kaizai seisaku » (Politique financière et économique des Qing et gouvernement des peuples allogènes), Tōa kenkyūjo hō, 20, 1943, pp. 1-116 Google Scholar; Hajime, Oshibuchi, « Man-Mō minzoku no bunka keitai to Shina tōchi keitai » (Formes de la culture des peuples de Mandchourie et de Mongolie, et formes chinoises de gouvernement), Nihon shogaku shinkō i’inkai kenkyū, hōkoku, 11, 1941, pp. 166-177 Google Scholar; Ren’ichi, Ura, « Shinchō no kokusui hōzon seisaku ni tsuite » (A propos de la politique de protection de l’essence nationale de la cour des Qing), Shigaku kenkyū, 1, 1, 1931, pp. 101-139 Google Scholar. Il convient de noter que la plupart de ces ouvrages répondaient implicitement, et quelquefois explicitement, à une volonté de justifier, ou de rationaliser, l’expansion de la domination du Japon impérial sur ces régions d’Asie continentale qui avaient été le berceau des dynasties de conquête, comme pour suggérer que l’irruption du Japon à la frontière septentrionale s’inscrivait dans le droit fil d’autres conquêtes par des étrangers, motif récurrent dans l’histoire chinoise.
8 - Pour un résumé concis des significations respectives des qualificatifs « chinois » et « barbare », voir de Qian Zhongshu, l’essai, « The concepts “Chinese” and “Barbarian” », in Limited views: Essays on ideas and letters, Cambridge, Harvard University Asia Center, 1998, pp. 373-381 CrossRefGoogle Scholar. Voir aussi la polémique dans Ferenczy, Mary, « Chinese historiographers’ views on Barbarian-Chinese relations », Acta Orientalia Academiae scientiarum Hungaricae, 21, 3, 1968, pp. 353-362 Google Scholar, et N. DI COSMO, Ancient China and its enemies…, op. cit., pp. 93-126.
9 - Cette idée est développée dans le Mencius, où il est écrit: « J’ai entendu parler d’hommes qui se servirent des doctrines de notre grand pays pour faire évoluer les barbares, mais je n’ai jamais entendu parler de quiconque ayant changé sous l’influence des barbares » (Mencius, livre iii, 1re partie, chap. iv).
10 - Eberhard, Wolfram, Conquerors and rulers: Social forces in Medieval China, Leyde, E. J. Brill, [1952] 1970 Google Scholar; voir aussi Wittfogel, Arl et Chia-Sheng, Feng, History of Chinese Society: Liao, Philadelphie, American philosophical society, 1949 Google Scholar; Lattimore, Owen, Inner Asian frontiers of China, Boston, Beacon, 1962 Google Scholar. Quelques-uns de ces problèmes sont traités également dans Gungwu, Wang, The Chineseness of China, New York, Oxford University Press, 1991 Google Scholar.
11 - « Comment dans l’histoire des groupes tentent-ils de transformer en une seule entité sociale une société ayant de multiples conceptions de la communauté politique? Ce processus implique la fixation plus stricte de limites sociales et culturelles autour d’une configuration particulière de soi par rapport à l’Autre » ( Duara, Prasenjit, Rescuing history from the nation: Questioning narratives of Modern China, Chicago, The University of Chicago Press, 1995, p. 65 CrossRefGoogle Scholar).
12 - Mote, Frederick, Imperial China, 900-1800, Cambridge, Harvard University Press, 1999 Google Scholar.
13 - Franke, Herbert et Twitchett, Denis (éd.), The Cambridge history of China , vol. 6, Alien regimes and border States, 907-1368, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, pp. 1-42 Google Scholar. J’ai pris la liberté d’ajouter des caractéristiques à celles qui y sont répertoriées. Il convient de noter que chez les historiens chinois la notion de « dynasties de conquête » n’est pas acceptée. En 1982, le premier numéro d’une revue consacrée à l’étude de l’histoire des Liao, des Jin et des Yuan comportait trois articles qui contestaient violem-ment l’idée même de «dynasties de conquête», en tant que produit de l’impérialisme japonais ( Jinyi, Sun « Guanyu “zhengfu wangchao lun”» (A propos du «Discours surles dynasties de conquête »), Liao-Jin-Qidan-Nüzhen shi yanjiu dongtai, 3, 1982, pp. 22-23 Google Scholar). En fait, c’est l’Allemand Karl Wittfogel, dans son étude sur les Liao, qui introduisit le concept de l’unité des dynasties de conquête. Plus récemment, toutefois, le terme a connu un nouvel interêt parmi les historiens de Chine. Zhang Fan, expert bien connu des Yuan, écrivit en 1997: « Une fois introduit, ce point de vue [sur les dynasties de conquête] a beaucoup influencé les cercles académiques de l’Occident ainsi que du Japon, de Hong Kong et de Taiwan, et a aussi provoqué certains débats. Mais, dans les recherches académiques de la nouvelle Chine, ce point de vue a toujours été condamné. Les chercheurs évitèrent soigneusement cette question; or, s’ils osèrent l’aborder, ce fut toujours dans une perspective négative. Il semble qu’aujourd’hui il faille réexaminer notre attitude» ( Fan, Zhang, « Yuan chao de texing: Meng-Yuan shi ruogan wenti de sikao » (Les particularités de la dynastie des Yuan: réflexions sur quelques problèmes relatifs à l’histoire des Mongols-Yuan), Xueshu sixiang pinglun, 1, 1997 Google Scholar).
14 - « L’avertissement aux peuples nomades était clair: ils devaient maîtriser l’art de tirer de la Chine des ressources sans sacrifier leur intégrité d’hommes de la steppe » (F. MOTE, Imperial China…, op. cit., p. 36). L’auteur signale que, en dernier recours, face à la difficulté de trouver un terrain d’entente, il restait l’abandon du projet ou l’inté-gration culturelle et politique dans le monde chinois.
15 - Cette locution se trouve, par exemple, dans les Annates véridiques des Ming: «yi er ru yu Zhongguo ze Zhongguo zhi » (Ming shilu, Taizong, vol. 134, pp. 1641-1642), oil l’empereur invoqua les paroles du texte Chunqiu (Annales des printemps et des automnes), classique historique qui date du ve siècle avant J.-C. Or, on ne trouve pas ces termes exacts dans le Chunqiu.
16 - Voir F. MOTE, Imperial China…, op. cit., p. 8: « Les Liao créèrent un précédent à une succession de “dynasties de conquête”: après eux, les Tangout avec les Xi Xia, puis les Jürchen avec les Jin. […] Les Mongols de la dynastie des Yuan achevèrent ensuite leur assimilation de la culture chinoise dans son ensemble […] suivis [après les Ming] de la dernière dynastie étrangère de la fin de l’histoire de l’empire chinois, les Qing des Mandchous. »
17 - Sur ce point, on me permettra de renvoyer à Elliott, Mark C., « Whose Empire shall it be? Manchu figurations of historical process in the early seventeenth century », dans Struve, Lynn A. (éd.), Time, temporality, and imperial transition: East Asia from Ming to Qing, Honolulu, University of Hawai‘i Press, 2005, pp. 31-72 Google Scholar.
18 - Les archives municipales de Pékin abondent en demandes de changements de patronyme (voir E. J. M. RHOADS, Manchus and Han…, op. cit., p. 270).
19 - La naissance de ce nouveau courant transparaît dans l’article polémique Rawski, d’Evelyn, « Re-envisioning the Qing: The significance of the Qing period in Chinese history », Journal of Asian studies, 55, 4, 1996, pp. 829-850 CrossRefGoogle Scholar, qui se propose de mettre en question l’opinion faisant autorité de Ho, Ping-Ti, « The significance of the Ch’ing period in Chinese history », Journal of Asian studies, 26, 2, 1967, pp. 189-195 CrossRefGoogle Scholar. Celui-ci répondit par une critique acerbe: ID., « In defense of sinicization: A rebuttal of Evelyn Rawski’s “reenvisioning the Qing” », Journal of Asian studies, 57, 1, 1998, pp. 123-155. Alors que les divergences entre ces deux points de vue portent largement sur une question de sémantique (comment définir la « sinisation »?), une différence fondamentale les sépare quant aux implications à long terme de l’origine non chinoise des Mandchous et de la conscience générale de cette origine sous les Qing. Pour une approche plus complète, voir Waley-Cohen, Joanna, « The new Qing history », Radical history Review, 88, 2004, pp. 193-206 CrossRefGoogle Scholar. Un grand historien des Qing enseignant à l’université de Tôkyô, Mio, Kishimoto, fournit un précieux aperçu de plusieurs aspects de ces courants: « The Ch’ing dynasty and the East Asian worlds », Acta Asiatica, 88, 2005, pp. 87-109 Google Scholar.
20 - Voir Crossley, Pamela K., « Thinking about ethnicity in Early Modern China », Late Imperial China, 11, 2, 1990, pp. 2-3 CrossRefGoogle Scholar: « À un certain niveau du moins, on peut dire que les tendances anhistorique et ethnocentrique de la conviction selon laquelle la culture chinoise possède une capacité presque magique de transformer en “chinois” tous ceux qui entrent en contact avec elle atteste l’adoption des préjugés des Occidentaux sur la Chine au xixe siècle, tant par les historiens chinois que par leurs confrères occidentaux. »
21 - Ce thème est traité dans Kiyohiko, Sugiyama, « The Ch’ing Empire as a Manchu khanate: The structure of rule under the Eight Banners », Acta Asiatica, 88, 2005, pp. 21-48 Google Scholar.
22 - Bien sûr, un tel réexamen est seulement possible si l’on est prêt à admettre, après Benedict Anderson, que la nation est une espèce de communauté imaginée et non pas une formation naturelle ou un don de Dieu (ou du Ciel). Si les historiens chinois parlent positivement aujourd’hui des Mandchous, c’est plutôt à cause de leur rôle comme agents d’unification de la nation.
23 - E. J. M. Rhoads, Manchus and Han…, op. cit., p. 289.
24 - Fletcher, Joseph F., « The Mongols: Ecological and social perspectives », Harvard Journal of Asiatic studies, 46, 1, 1986, pp. 11-50 CrossRefGoogle Scholar.
25 - On constate notamment un intérêt considérable pour les questions de politique raciale et ethnique autour de la révolution de 1911 dans des ouvrages tels que ceux de Laitinen, Kauko, Chinese nationalism in the Late Qing dynasty: Zhang Binglin as an anti-Manchu propagandist, Londres, Curzon Press, 1990 Google Scholar; Crossley, Pamela K., Orphan warriors: Three Manchu generations and the end of the Qing world, Princeton, Princeton University Press, 1990 Google Scholar, et ID., A translucent mirror: History and identity in Qing imperial ideology, Berkeley, University of California Press, 1999; voir aussi E. J. M. Rhoads, Manchus and Han…, op. cit. La question du rôle de l’Autre mandchou dans le discours politique au début du xxe siècle occupe aussi une place de choix dans P. Duara, Rescuing history from the nation…, op. cit., et Fitzgerald, John, Awakening China: Politics, culture, and class in the nationalist revolution, Stanford, Stanford University Press, 1996 Google Scholar.
26 - P. K. Crossley, Orphan warriors…, op. cit., p. 228.
27 - ID., A translucent mirror…, op. cit., p. 48. « L’idée que les liens “du sang” soient associés d’une quelconque manière à l’identité mandchoue résulte d’une lecture des taxinomies raciales des Qing, fondées sur des données topographiques et temporelles antérieures à eux. »
28 - E. J. M. Roads, Manchus and Han…, op. cit., pp. 36 et 289.
29 - Voir P. K. Crossley, « Thinking about ethnicity… », art. cit., pp. 11-14 et 27.
30 - Les nombreuses références à cette situation sont très révélatrices à cet égard. Ainsi, à propos des initiatives de Hong Taiji pour renforcer sa mainmise sur ses partisans, P. Crossley observe que « le “Mandchou” […] était déterminé par certains critères [ascendance, attestation d’appartenance aux Huit Bannières et réussite aux examens mandchous] énoncés par l’État » (ID., A translucent mirror…, op. cit., p. 194; voir aussi pp. 118 et 203).
31 - Ibid., p. 3.
32 - Ibid., pp. 308, 311 et 326-327.
33 - Fredrik Barth, « Introduction », in ID. (éd.), Ethnic groups and boundaries. The social organization of culture différence, Oslo, Universitetsforlaget, 1969, pp. 9-38.
34 - Voir aussi Eriksen, Thomas Hylland, Ethnicity and nationalism: Anthropological perspectives, Londres, Pluto Press, 1993 Google Scholar; Hutchinson, John et Smith, Anthony D., Ethnicity, Oxford, Oxford University Press, 1996 Google Scholar; et Eller, Jack David, From culture to ethnicity to conflict, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1999 CrossRefGoogle Scholar.
35 - Voir Elliott, Mark C., The Manchu way: The Eight Banners and ethnic identity in Late imperial China, Stanford, Stanford University Press, 2001 Google Scholar.
36 - Ce qui montre combien la Nouvelle histoire des Qing a remodelé le panorama: cette conclusion, autrefois négligée comme fruit d’une lecture superficielle du discours révolutionnaire chinois, fait aujourd’hui quasiment l’unanimité. Voir, notamment, Wright, Mary, The last stand of Chinese conservatism, Stanford, Stanford University Press, 1958 Google Scholar, et Levenson, Joseph, Confucian China and its modern fate, Berkeley, University of California Press, 1967 Google Scholar. En fait, elle joue un rôle central dans plusieurs des analyses récentes – et parmi les plus percutantes – de la révolution républicaine de 1911; ainsi chez P. DUARA, Rescuing history from the nation…, op. cit., p. 35: « Tant le discours global du darwinisme social que la politique anti-Mandchous de la révolution républicaine ont imposé une conception de la communauté nationale, composée de personnes de race Han exclusivement. »
37 - P. K. CROSSLEY, A translucent mirror…, op. cit., pp. 338 et 346.
38 - Les ouvrages suivants offrent des exemples en faveur de cette conclusion: Kuhn, Philip A., Soulstealers: The Chinese sorcery scare of 1768, Cambridge, Harvard University Press, 1990 Google Scholar; Polachek, James, The inner Opium war, Cambridge, Harvard Council on East Asian Studies, 1992 Google Scholar; Durand, Pierre-Henri, Lettrés et pouvoirs. Un procès littéraire dans la Chine impériale, Paris, Éditions de l’EHESS, 1992 Google Scholar; Kutcher, Norman, Mourning in Late imperial China, Cambridge, Cambridge University Press, 1999 CrossRefGoogle Scholar; Spence, Jonathan D., Treason by the book, New York, Norton, 2003 Google Scholar.
39 - Bartlett, Beatrice S., Monarchs and ministers: The grand council in Mid-Ch’ing China, 1723-1820, Berkeley, University of California Press, 1991 Google Scholar.
40 - Ning, Chia, « The Lifanyuan and the Inner Asian rituals during the Early Qing (1644-1795) », Late imperial China, 14, 1, 1993, pp. 60-92 Google Scholar.
41 - M. C. ELLIOTT, The Manchu way…, op. cit., pp. 175-209.
42 - Torbert, Preston, The Ch’ing imperial household department: A study of its organization and principal functions, 1662-1796, Cambridge, Harvard University Press, 1977 CrossRefGoogle Scholar.
43 - Elliott, Mark C. et Chia, Ning, « The Qing hunt at Mulan », in Millward, J. A. et alii (éd.), New Qing imperial history: the making of Inner Asian empire at Qing Chengde, Londres-New York, Routledge, 2004, pp. 66-83 Google Scholar.
44 - Voir l’essai de Deborah Sommer, « The art and politics of painting Qianlong at Chengde », in Ibid., pp. 136-145; Waley-Cohen, Joanna, The sextants of Beijing, New York, Norton, 1999 Google Scholar. La littérature sur les jésuites et la cartographie sous les Qing est abondante: voir Bernard, Henri, « Les étapes de la cartographie scientifique pour la Chine et les pays voisins depuis le xvie siècle jusqu’à la fin du xviiie siècle », Monumenta Serica, 3, 1938, pp. 428-476 Google Scholar, et Fuchs, Walter, « Materialen zur Kartographie des Mandju-Zeit », 2e partie, Monumenta Serica, 3, 1938, pp. 189-231 Google Scholar.
45 - Crossley, Pamela K. et Rawski, Evelyn S., « A profile of the Manchu language in Ch’ing history », Harvard Journal of Asiatic studies, 53, 1, 1993, pp. 63-102 Google Scholar.
46 - Crossley, Pamela K., « The rulerships of China », American historical Review, 97, 5, 1992, pp. 1468-1483 Google Scholar. Voir l’article, qui a fait date, de Farquhar, David, « Emperor as Bodhisattva in the governance of the Ch’ing Empire », Harvard Journal of Asiatic studies, 38, 1, 1978, pp. 5-34 Google Scholar.
47 - Yumiko, Ishihama, « The image of Ch’ien-lung’s kingship as seen from the world of Tibetan Buddhism », Acta Asiatica, 88, 2005, pp. 49-64 Google Scholar, fournit une excellente explication à ce problème.
48 - Rawski, Evelyn S., The last emperors: A social history of Qing imperial institutions, Berkeley, University of California Press, 1998, pp. 251-263 CrossRefGoogle Scholar.
49 - Berger, Patricia, Empire of emptiness: Buddhist art and political authority in Qing China, Honolulu, University of Hawai‘i Press, 2003, p. 60 Google Scholar.
50 - Ibid., pp. 196-197. Si P. Berger conclut qu’il est impossible de savoir quelles étaient les croyances personnelles de l’empereur, notant qu’il était « en réalité un vase creux », il me semble difficile de justifier ce type d’affirmation au regard de la sincérité de ses pratiques dévotionnelles.
51 - PING-TI HO, « The significance… », art. cit., pp. 189-191; E. S. RAWSKI, The last emperors…, op. cit., pp. 300-301.
52 - J’emprunte ce terme de « géo-corps » à Winichakul, Thongchai, Siam mapped, Honolulu, University of Hawai‘i Press, 1995 Google Scholar, qui le définit comme « the operations of the technology of territoriality which created nationhood spatially » (p. 16).
53 - La célèbre carte de Johannes Blaeu, publiée dans Imperii Sinarum Nova Descriptio de Martino Martini en 1655, offre un excellent exemple de représentation cartographique de la Chine en Europe avant les cartes des jésuites au milieu du xviiie siècle. On trouvera une réproduction dans The World and its warp and woof: A special exhibition of antique maps donated by Prof. Johannes Hajime Iizuka, Taipei, Musée du palais national, 2005, pp. 27-28. Les cartes qui font partie du Lidai dili zhizhang tu (compilation du xiie siècle) offrent des exemples anciens de la vision chinoise. Cellesci sont reproduites dans J. B. HARLEY et D. WOODWARD (éd.), The history of cartography, op. cit., pp. 58-59.
54 - Waldron, Arthur, The Great wall of China: from history to myth, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 Google Scholar.
55 - Le livre de Perdue, Peter, China marches West: The Qing conquest of Central Eurasia, Cambridge, Harvard East Asia Center, 2005 Google Scholar, est la meilleure étude récente sur la pacification par les Qing de la frontière septentrionale. Fondé sur des sources russes, on peut aussi consulter l’ouvrage de Bergholz, Fred, The partition of the steppe: The struggle of the Russians, Manchus, and the Zunghar Mongols for empire in Central Asia, 1619-1758,. New York et Berne, Peter Lang, 1993 Google Scholar.
56 - L’emploi du mot «empire» pour décrire l’État chinois contemporain ne manquera pas de susciter un certain malaise chez de nombreux lecteurs. Selon la définition de Ronald Suny, un empire est «un État composite dans lequel une métropole domine une périphérie au détriment de cette périphérie ». Il poursuit: « Outre l’inégalité et la subordination, la relation de la périphérie avec la métropole est marquée par des différences – ethnicité, éloignement géographique et administration distincte. […] Point très important, la métropole n’a pas besoin d’être définie sur le plan ethnique ou géo-graphique. Elle constitue l’instance dirigeante. » (Suny, Ronald G., « The Empire strikes out », in Suny, R. G. et Martin, T. (éd.), A State of nations: Empire and nation-making in the age of Lenin and Stalin, Oxford, Oxford University Press, 2001, pp. 23-66, ici p. 25 Google Scholar). Une telle analyse semble s’appliquer assez bien aux Qing et aux républiques chinoises modernes qui leur ont succédé, et Nicola Di Cosmo a employé à propos des Qing l’expression d’« empire colonial », pour rendre compte de la domination des Qing au Tibet et au Xinjiang, au moins jusqu’au milieu du xixe siècle. Voir Di Cosmo, N., « Qing colonial administration in Inner Asia », The international history Review, 20, 2, 1998, pp. 287-309 CrossRefGoogle Scholar.
57 - Voir, par exemple, l’essai de Chengkang, Guo, « Qingchao huangdi de Zhongguo guan » (Comment les empereurs Qing considéraient-ils la Chine?), Qingshi yanjiu, 4, 2005, ici p. 4 Google Scholar.
58 - Ce terme est emprunté à R. G. SUNY, « The Empire strikes out », art. cit., p. 30.
59 - Le Parti communiste chinois, pourtant bâti sur la base de la foi en une révolution mondiale, fut incapable de rallier ses défenseurs sans faire appel à des revendications étroitement nationalistes qui, dans une certaine mesure, suggéraient que les Han occupaient une position privilégiée au sein de l’État chinois moderne.
60 - Voir Geary, Patrick, The myth of nations: The Medieval origins of Europe, Princeton, Princeton University Press, 1997 Google Scholar, qui avance une conclusion similaire à propos de l’historicité des nations européennes.
61 - P. DUARA, Rescuing history from the nation…, op. cit.
62 - Le mot apparaît 741 fois dans les Annales véridiques des Ming, qui couvrent la période allant de la fin du xive au début du xvie siècle.
63 - Les informations extraites des Annaks véridiques des Grands Qing ont été collectées au moyen de la base de données électronique établie par l’Academia Sinica, Handian quanwen jiansuo xitong (www.sinica.edu.tw/~tdbproj/handy1/).
64 - Ces glissements fournissent la substance de l’analyse controversée dans Zhao, Gang, « Reinventing China: Imperial Qing ideology and the rise of Modern Chinese nationalism in the early twentieth century », Modern China, 32, 1, 2006, pp. 3-30 CrossRefGoogle Scholar.
65 - Voir Annates HSS, 59, 5-6, « Asie centrale », 2004.