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Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
La thèse de J. Léonard sur les médecins de l'Ouest au xixe siècle confirme une évolution déjà sensible depuis quelques années des sujets de thèse d'histoire sociale. Les auteurs délaissent de plus en plus le découpage régional ou départemental au profit d'un découpage professionnel ou catégoriel. L'auteur n'a pas cru pouvoir cependant s'affranchir totalement du cadre régional. L'introduction (p. 2) explique pourquoi. Le premier sujet, déposé en décembre 1959, avait pour intitulé « Les médecins dans la vie française'au xixe siècle ». Le second intitulé (en 1968) s'est restreint à l'Ouest, par suite de l'immensité de l'ignorance sur le thème et du désir légitime de J. Léonard de présenter une analyse concrète et non purement statistique d'un groupe de médecins enracinés localement.
1. Jacques Léonard, Les médecins de l'Ouest au XIXe siècle, Atelier de reproduction des thèses de Lille III, Paris, diffusion H. Champion, 3 vol., 1978, 1 570 p. + CCXLVIII
2. Cf. Léonard, J., La France médicale au XIXe siècle, Paris, Gallimard-Julliard, « Archives », 1978, 286 p.Google Scholar ; Léonard, J., La vie quotidienne des médecins de province au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1977 Google Scholar ; Léonard, J., « Les médecins au xixe siècle », L'histoire, n° 4, sept. 1978, pp. 15–23.Google Scholar
3. Il est significatif que les études de profession aient jusqu'à présent presque exclusivement porté sur des professions fonctionnarisées, militaires ( Chalmin, P., L'officier français de 1815 à 1870, Paris, Rivière, 1957 Google Scholar) ; universitaires ( Gerbod, P., La condition universitaire en France au XIXe siècle, Brive, Imprimerie Chastrusse, 1965 Google Scholar) ; médecins militaires ( Léonard, J., Les officiers de santé de la Marine, Paris, Klincksieck, 1967 Google Scholar) ; etc.
4. Ainsi une partie du chapitre sur les médecins de l'Ouest et la religion (chap. 18) répète le passage sur l'exercice illégal (t. 2, p. 1 072 ss.)
5. Quelques éléments dans la thèse de Sorlin, P. sur Waldeck-Rousseau, Paris, A. Colin, 1966 Google Scholar, et des notations impressionnistes dans Zeldin, T., France, 1848-1945, Oxford University Press, 1973 et 1977, 2 vols.CrossRefGoogle Scholar
6. Des analogies seraient à faire par exemple avec les ingénieurs au xixe siècle (cf. Shinn, T., « La profession d'ingénieur, 1750-1920 », Revue française de sociologie, XIX, 1, 1978, pp. 39–72 CrossRefGoogle Scholar). Sur un exemple de profession menacée, Bourdieu, P., Boltanski, L., Maldidier, P., « La défense du corps », Informations sur les sciences sociales, août 1971, n° 4, pp. 45–86.Google Scholar
7. Cf. chap. 16, « Les médecins de l'Ouest et l'hygiène », et Léonard, J., La France médicale au XIXe siècle, op. cit., p. 171 ss.Google Scholar
8. Cf. Daumard, A. et al., Les fortunes françaises au XIXe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1973.CrossRefGoogle Scholar
9. La France médicale au XIXe siècle, op. cit., par les documents concrets fournis, permet de ce point de vue une meilleure approche du problème.
10. Cf. l'analyse d'ensemble de Bourdieu, P., «Classement, déclassement, reclassement», Actes de la recherche en sciences sociales, 24, nov. 1978, pp. 2–22 CrossRefGoogle Scholar, notamment p. 14.
11. Bien que portant sur une catégorie restreinte et particulière, l'étude que nous avons faite sur les origines sociales des professeurs de la Faculté de médecine de Paris en 1901 va dans le sens de ces remarques: sur 35 professeurs, 7 seulement sont fils de médecins (20 %), 5 sont fils de professeurs ou d'instituteurs, 2 fils de pasteurs, 4 fils d'employés ou de petits fonctionnaires, 9 fils de commerçants, artisans ou cultivateurs, 6 seulement sont issus de la moyenne bourgeoisie proprement dite. Ainsi, les catégories intellectuelles et la petite bourgeoisie l'emportent largement (2 non-réponses). Le choix de l'exercice de la profession médicale sur le mode universitaire s'explique sans doute par ces origines relativement modestes (qu'on retrouve pour les autres catégories d'universitaires) mais celles-ci témoignent sans doute aussi d'une relative démocratisation de la profession qui incite précisément les médecins à être beaucoup plus vigilants sur les questions matérielles.
12. Cf. les remarques méthodologiques sur le problème des professions en sociologie de Chapoulie, J.-M., dans « Le corps professoral dans la structure de classe », Revue française de sociologie, XV, 1974, pp. 155–200 CrossRefGoogle Scholar, spécialement pp. 157-163.
13. Les travaux sociologiques sur les rapports médecins/malades, selon les milieux sociaux pourraient peut-être fournir des pistes de recherche pour les historiens : cf. par exemple, Boltanski, L., Prime éducation et morale de classe, Paris-La Haye, Mouton, 1969 Google Scholar, qui montre comment les théories médicales sont retraduites selon les catégories sociales, en fonction de schèmes de pensée très anciens ; l'analyse selon ce modèle de la liste des remèdes traditionnels donnée par J. Léonard en annexe de sa thèse (t. 3, p. CLXXVII SS) serait l'occasion d'un dialogue interdisciplinaire et d'un éclairage réciproque du passé et du présent. L'article de J. Léonard, « Femmes, religion et médecine. Les religieuses qui soignent, en France au xixe siècle », paru dans le n° 5 des Annales (sept.-oct. 1977) aborde le problème sur un cas particulier.