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Figuration et représentation : le problème de l'apparition
Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
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Les problèmes techniques autant que théoriques posés par la figuration, sur l'écran plastique à deux dimensions, d'une apparition ou d'une ascension miraculeuses, d'un transport aérien, voire d'une assemblée céleste, de tels problèmes n'ont rien de secondaire ni d'accessoire au regard de l'entreprise où se résumerait, suivant une tradition fortement établie, l'apport de la Renaissance au développement de l'art et de la civilisation occidentale : l'institution du système de représentation de l'espace connu sous le nom de perspective linéaire. On va voir qu'ils en constituent l'accompagnement, sinon le contre-sujet obligé, ce contrepoint s'inscrivant à son tour dans un champ autrement plus vaste et qui le détermine dans son principe, sinon dans sa structure même : celui-là de la représentation, au sens le plus général du terme, la théorie ayant en définitive à connaître moins du problème de la représentation de l'espace que de celui de l'espace de la représentation, de l'espace pictural saisi dans son rapport à une représentation qui aura d'abord été conçue — et cela dès le XIVe siècle — sous l'espèce spectaculaire.
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- Textes et Images
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971
References
page 664 note 1. Reprod. dans Panofsky, Erwin, Early Netherlandish Painting, Cambridge (Mass.), 1953, t. II, pl. 197-199.Google Scholar
page 655 note 1. Idem, Studies in Iconology, New York, 1939, introduction; trad. franc.. Essais d'Iconologie, Paris, 1967, p. 24.
page 655 note 2. Cf. ibid., l'interprétation d'une miniature ottonienne représentant la Résurrection du jeune homme de Naïm (op. cit., fig. 2). Dans cette miniature, le miracle se produit sur le « sol » où évoluent les figures et n'emporte aucune communication entre ciel et terre. Mais l'historien n'en connaît que par le détour d'un savoir strictement iconographique, et qui n'emprunte rien à l'analyse des fonctions figuratives.
page 655 note 3. Panofsky, Cf., « Die Perspektive als “Symbolische Form ” », dans Aufsatze zu Grundfragen der Kunstwissenschaft, Berlin, 1964, p. 127, n. 3.Google Scholar
page 655 note 4. Idem Early Neth. Paint, t. 1, pp. 140-141.
page 666 note 1. Cf. ibid., pp. 276-278, l'interprétation du triptyque de Roger van der Weyden où Panofsky voit l'illustration terme à terme d'un passage de la Légende Dorée.
page 666 note 2. Cf. Schefer, Jean-Louis, « Lecture et système du tableau », dans Scénographie d'un tableau classique, Paris, 1969.Google Scholar
page 666 note 3. Cf. Noam Chomsky, « De quelques constantes de la théorie linguistique », Diogène, 51 (juillet-septembre 1965), p. 14, et du même, Cartesian Linguistics, New York, 1966, trad. franc., La Linguistique cartésienne, Paris, 1969.
page 667 note 1. Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, pp. 107-108.
page 667 note 2. Gernet, Jacques, « La Chine, aspects et fonctions psychologiques de l'écriture », dans L'Écriture et la Psychologie des peuples, Paris, 1963, p. 29.Google Scholar
page 667 note 3. Jakobson, Roman, Essais de linguistique générale, trad. franc., Paris, 1963, p. 33.Google Scholar
page 668 note 1. Cf. Panofsky, op. cit., Introduction.
page 669 note 1. Cf. Leonetto Tintori et Millard Meiss, The Painting of the Life of St. Francis in Assis/, with notes on the Arena Chapel, New York, 1962. Dans un travail plus ancien, M. Meiss concluait au rejet de l'attribution traditionnelle du cycle d'Assise à Giotto M. Meiss, Giotto in Assisi, New York, 1960). Sur le problème du « nom » de Giotto, cf. mon article « Giotto », Encyclopaedia universalis, vol. 7, Paris, 1970.
page 669 note 2. Cf. les observations présentées par Tintori et Meiss (op cit., pp. 43-58) et en particulier le diagramme (p. 195) de la distribution de la lumière : celle-ci venant de la droite dans les scènes qui s'inscrivent dans les trois premières travées de la nef, et de la gauche dans la travée la plus proche du choeur.
page 669 note 3. « The impetus of the narrative », comme l'écrit M. Meiss ﹛op. cit., p. 43).
page 669 note 4. « Il quale Giotto rimuto l'arte del dipignere di greco in latino, e ridusse al moderno », Il Libro de/Tarte, éd. Milanesi, Florence, 1859, p. 3.
page 669 note 5. Tintori et Meiss, « The cycle as a whole », op. cit., p. 2.
page 669 note 6. Cf. Roman Jakobson, « A la recherche de l'essence du langage », Diogène. 51 (juillet- septembre 1965), p. 37.
page 669 note 7. Et dont la reconstitution a été proposée par le P. Bonaventura Marinangeli. Cf. L'Opéra compléta di Giotto, Classici dell'Arte, Milan, 1966, pp. 91 et suiv.
page 670 note 1. Cf., s'agissant du rêve, l'opposition ménagée par Freud entre une analyse « en masse » et une analyse « en détail » (en fr. dans le texte), qui vise le rêve comme un composé, un conglomérat (Freud, Sigmund, L'Interprétation des rêves, trad. franc., Paris, 1967, p. 67;Google Scholar Gesam. Werke, t. II-III, p. 108).
page 671 note 1. Ibid., p. 432.
page 671 note 2. Cf. White, John, The Birth and Rebirth of Pictorial Space. Londres. 2e éd., 1967, p. 33.Google Scholar
page 671 note 3. Benozzo Gozzoli en a donné, à l'église San Fortunato de Montefalco (1453-1459), une représentation directement inspirée de celle de Giotto, mais où l'intégration dans l'unité d'une même scène de l'espace réel et de celui du rêve est réalisée par les moyens de la géométrie.
page 672 note 1. White, op. cit., p. 37.
page 672 note 2. Emilio Cecchi (Giotto. trad. franc., Paris, 1937, pp. 103 et suiv.) a bien montré comment l'espace giottesque est d'abord une architecture de gestes et de regards, la « triangulation psychologique » ayant précédé la construction géométrique de l'espace.
page 674 note 1. « Lodasi la nave dipinta ad Roma in quale el nostro toscano dipintore Giotto pose undic; discepoli, tutti commossi da paura vedendo uno de suoi compagni passeggiare sopra l'acquai che ivi expresse ciascuno con suo viso et gesto porgere suo certo inditio d'animo turbato, taie che in ciascuno erano suoi diversi movimenti et stati », L. B. Alberti, Délia Pittura, éd. Malle Florence, 1950, p. 95.
page 674 note 2. Cf. Francastel, Pierre, La Figure et le Lieu, Paris, 1967, p. 17.Google Scholar
page 674 note 3. Jantzen, Hans, « Giotto und der Gotische Stil », dans Die Aufzàtze, Berlin, 1951, pp. 35–40.Google Scholar
page 674 note 4. Répétons que la notion d'art « giottesque » a ici un sens délibérément très flou. Les fresques où la délinéation des figures en souligne l'implantation sont aussi celles où la critique refuse, le plus généralement, de reconnaître la « main » de Giotto.
page 675 note 1. Freud, op. cit.. pp. 269-270; G. W., p. 317.
page 675 note 2. A suivre le texte de la légende de saint Bonaventure, Y Apparition (ch. IV, 10) aurait dû prendre place entre la Vision du char de feu et celle des Trônes (White, op. cit., p. 55, n. 42). Ce déplacement, et la juxtaposition elle-même signifiante qu'il autorise de scènes, obéissant à un principe d'organisation identique (distribution en deux registres dans le cas des Visions, insertion des personnages dans un espace strictement unifié et délimité pour ce qui est du Sermon et de l'Apparition), semblent devoir être portés au compte de la syntaxe figurative dont on travaille à produire ici quelques-unes des règles.
page 676 note 1. Cf. les excellentes pages qu'André Chastel a consacrées à Giotto dans son Art italien Paris, 1956, t. I, pp. 145-150.
page 676 note 2. Gnudi, Cesare, Giotto. Milan, 1958, p. 66.Google Scholar
page 676 note 3. Benveniste, Emile, « Remarques sur la fonction du langage dans la découverte freu dienne », dans Problèmes de linguistique générale, Paris, 1966, pp. 75–87.Google Scholar
page 677 note 1. Francasteu op. cit., p. 189.
page 677 note 2. Battisti, Eugenio, Giotto, Genève, 1960, p. 14.Google Scholar
page 677 note 3. Kristeva, Julia, « Le geste, pratique ou communication ? », Langages, 10 (juin 1968), pp. 52-53, repris dans Semiotike, Paris, 1969, pp. 95–96.Google Scholar
page 678 note 1. Artaud, Antonin, Le Théâtre et son double. Œuvres complètes, t. IV, Paris, 1964, p. 139.Google Scholar
page 678 note 2. Idem., texte inédit, cité par Jacques Derrida, « Le théâtre de la cruauté et la clôture de la représentation », dans L'Écriture et la Différence, Paris, 1967, p. 342.
page 678 note 3. Gobry, Yvan, Saint François et l'esprit franciscain, Paris, 1967, p. 59.Google Scholar
page 678 note 4. Cf. l'analyse que Francastel donne de la Crèche de Greccio, où Giotto aurait peint « une situation qui ne correspond ni à la scène primitive ni non plus exactement à la scène annuelle de la commémoration du fait miraculeux ». Op. cit., pp. 189-190.
page 678 note 5. Derrida, art. cit., p. 346.
page 678 note 6. Cf. ci-dessous, le titulus de YExtase de saint François.
page 678 note 7. Dans son Giotto (trad. franc., Paris, 1937), Emilio Cecchi a omis de la reproduire, arguant de son mauvais état de conservation, mais aussi de la « pauvreté d'inspiration » dont elle témoignerait.
page 679 note 1. « Come il beato Francesco, pregando un giorno fervidamente, fu scorto dai frati levarsi da terra con tutto il corpo, con le mani protese; e una fulgidissima muvoletta risplendette intorno a lui. »
page 679 note 2. Selon Monseigneur A. Gargues (Les Phénomènes mystiques distingués de leurs contrefaçons humaines et diaboliques, Paris, 1923, t. Il, p. 272), saint François est le premier mystique dont l'élévation ait été officiellement constatée. Or le fait n'est mentionné ni dans la première ni dans la deuxième Vie de Thomas de Celano, lequel a pu interroger les compagnons du Saint et accorde une attention particulière à ses états mystiques. C'est dans la Vita de saint Bonaventure, dont la composition se place entre celle des deux Vies de Celano' qu'il est fait état d'une élévation nocturne ﹛Vita, CXLIII; cf. Leroy, Olivier, La Lévitation, contribution historique et critique à l'étude du merveilleux, Paris, 1928, pp. 7 et 224.)Google Scholar
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- Cited by