Sur une façon de comprendre l'histoire qui est nôtre
Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Les Annales sont heureuses de publier la vigouneuse note de Carlo M. Cipolla qu'on va lire. Elle sera discutée ? Bien sûr. Il n'y a que les cadavres qu'on ne discute pas : on les enfouit. Mais elle me rappelle que tel, premier numéro de la première année des Annales — il y a vingt ans — renfermait un article dans lequel j'indiquais, précisément, qu'aucun progrès de nos études ne serait possible tant qu'économistes et historiens, cantonnés chacun sur leur domaine, refuseraient d'échanger leurs méthodes et leurs techniques.
Certes, disais-je (il s'agissait d'une étude sur le port de Gênes, œuvre d'un jeune économiste, M. Byé, qui depuis a fait son chemin), — certes, pour mener à bien une étude sur Anvers, Marseille ou Livourne au XVIesiècle, suivant les méthodes utilisées par M. Byé pour la Gênes d'aujourd'hui, il y a des difficultés de documentation évidentes. Les chiffres dont nous usons pour le XXe siècle, nous ne les avons ni pour le XVIe ni pour le XVIIe siècle.
1. La réforme de Charlemagne a toujours été envisagée en fonction de la tendance dépressive du facteur Q. Mais elle est incompréhensible si l'on ne fait intervenir, comme nous le faisons, une chute de la valeur des facteurs M et V bien plus forte que celle du facteur Q.
2. J. M. Keynes, Treatise of the Money, XVI, ch. 30, qui commet cependant l'erreur d'étendtre cette tendance déflationniste à tout le moyen âge et même aux derniers siècles de l'Empire romain.