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Elias sur l’antisémitisme: le sionisme ou la sociologie
Published online by Cambridge University Press: 20 January 2017
Résumé
Appuyé sur une lecture du texte d’intervention de Norbert Elias « Sociologie de l’antisémitisme allemand », paru en 1929 dans une revue israélite communautaire, cet article se propose de reconsidérer la trajectoire intellectuelle du sociologue. Il soutient que dans ce texte aux allures circonstancielles Elias thématise le choix qu’il fait en faveur de la sociologie. Cette option vient se substituer à et recouvrir son engagement sioniste dans le mouvement de jeunesse Blau-Weiss, comme le laisse entendre, malgré son ambiguïté, la phrase conclusive de son texte où il présente aux juifs d’Allemagne une alternative: l’émigration collective vers la Palestine ou la lucidité tirée du diagnostic sociologique de la situation. L’article situe d’abord ce texte d’intervention dans la palette des analyses de l’antisémitisme en Allemagne durant les années 1920, en particulier celles de Franz Oppenheimer, dans son rapport au sionisme. Il le situe ensuite dans ce courant de la sociologie mené par Karl Mannheim, dont Elias sera l’assistant à Francfort, dans son contraste avec la perspective développée à la même époque par l’École de Francfort. Enfin, il montre que le geste de distanciation sociologique opéré par Elias viendra imperceptiblement se substituer à la distanciation politique qui avait le sionisme pour pivot, un geste scientifique qui supposait d’effacer définitivement de sa mémoire l’option politique sioniste en faveur de laquelle il avait pourtant longtemps milité.
Abstract
This paper proposes to revisit the intellectual trajectory of Norbert Elias, based on an article published by the sociologist in a local Jewish newspaper in 1929: “On the Sociology of German Anti-Semitism.” It argues that in this seemingly circumstantial article, Elias asserts his decision to favor sociology, which seems to replace and envelop his engagement in the Zionist youth movement Blau-Weiss. This is evident in the article's somewhat ambiguous final sentence, where Elias presents German Jews with an alternative: collective emigration to Palestine or a lucid vision drawn from a sociological diagnosis of the situation. The present paper also situates this text within the range of analyses of anti-Semitism in 1920s Germany, comparing its approach to Zionism with that of Franz Oppenheimer and contextualizing its relationship to the sociology of Karl Mannheim: Elias was Mannheim's assistant in Frankfurt and his approach contrasted with the perspective developed in the same period and place by the Frankfurt school. Finally, the paper shows that Elias’ sociological detachment would imperceptibly take the place of the political detachment that had centered on Zionism—a scientific move that implied erasing the political Zionism he had long supported from his memory.
- Type
- Sociologie et histoire
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2016
References
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12 - Lorsque Mannheim est nommé pour lui succéder, Gottfried Salomon, déjà assistant d’Oppenheimer et auteur d’un Allgemeine Staatslehre, qui paraît en 1931, obtient ce poste, de sorte que Mannheim doit négocier un poste supplémentaire pour Elias.
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22 - Lorsque Herzl lit l’article de Oppenheimer, Franz, « Jüdische Siedlungen », Die Welt, 50-5, 1902, p. 4–6 Google Scholar, il imagine immédiatement que le mouvement sioniste pourra mener ce genre d’expérimentation sociale en Palestine. Dans son adresse à Herzl publiée le 12 juin 1903 dans Die Welt, Oppenheimer rallie publiquement la plateforme du premier congrès sioniste (1897): « Vous savez que je suis sioniste et que je tiens fermement au programme de Bâle […]. Je dois ajouter que je ne comprends pas comment, après [le pogrom de] Kichinev, un juif puisse ne pas être sioniste! »
23 - Oppenheimer, Franz, « Stammbewusstsein und Volksbewusstsein » [1910], in Reinharz, J. (dir.), Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1981, p. 87–90 Google Scholar.
24 - Sur le contexte politique, voir Aschheim, Steven E., Brothers and Strangers: The East European Jew in German and German Jewish Consciousness, 1800-1923, Madison, University of Wisconsin Press, 1982, p. 96 sq. et 184 sq Google Scholar.
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29 - Elias, Norbert, « Notes sur les juifs en tant que participant à une relation établismarginaux », Norbert Elias par lui-même, op. cit., p. 150–160 Google Scholar.
30 - L’expression est de Blumenfeld: Esh, Shaul, « Kurt Blumenfeld on the Modern Jew and Zionism », The Jewish Journal of Sociology, 4-2, 1964, p. 232–242, ici p. 236Google Scholar.
31 - Blumenfeld, président de la Fédération sioniste allemande entre 1909 et 1914, fut par la suite le président de la Fédération sioniste mondiale. Lorsque Arendt rompit avec le sionisme dans son article « Zionism Reconsidered », paru dans Menorah Journal, 32-2, 1945, p. 162-196 (réédité dans Id., The Jewish Writings, éd. par J. Kohn et R. H. Feldman, New York, Schocken Books, 2007, p. 243-374), elle l’envoya à Blumenfeld, anxieuse de sa réaction. Celui-ci en éprouva de la colère, qu’il exprima dans une lettre à Rosenblüth, mais leur amitié perdura. Voir Leibovici, Martine, « Honorer l’amitié », préface à Arendt, Hannah et Blumenfeld, Kurt, Correspondance, 1933-1963, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 7–24, ici p. 18Google Scholar.
32 - Rosenblüth, co-fondateur avec Blumenfeld du Blau-Weiss, soutint avant la Première Guerre mondiale une thèse de droit public sur les notions d’État et de nation sous la direction de Georg Jellinek. Il fut, sous le nom de Pinhas Rosen, le premier ministre de la Justice de l’État d’Israël, entre 1948 et 1951.
33 - Scholem explique dans ses mémoires que les positions du Blau-Weiss devinrent alors « semi-fascisantes »: Scholem, Gershom, De Berlin à Jérusalem. Souvenirs de jeunesse, Paris, Albin Michel, 1984, p. 216 Google Scholar. Sur la place du Blau-Weiss dans le mouvement sioniste allemand, voir Berkowitz, Michael, Western Jewry and the Zionist Project, 1914-1933, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 150 sq. Google Scholar Pour une histoire détaillée du mouvement, de sa création en 1912 à sa dissolution en 1926, et de son enracinement dans le contexte culturel allemand, voir Meybohm, Ivonne, Erziehung zum Zionismus. Der Jüdische Wanderbund Blau-Weiss als Versuch einer praktischen Umsetzung des Programms der Jüdischen Renaissance, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2009 Google Scholar.
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36 - Lettre d’Elias à Martin Bandeman, datée du 14 mai 1920, reproduite dans Hackeschmidt, J., Von Kurt Blumenfeld zu Norbert Elias…, op. cit., p. 327–332 Google Scholar.
37 - C’est aussi pourquoi l’hypothèse d’un impact du néo-kantisme d’Ernst Cassirer sur l’épistémologie relationnelle d’Elias a été explorée et discutée. Voir Maso, Enjo, « Elias and the Neo-Kantians: Intellectual Background of The Civilizing Process », Theory, Culture and Society, 12, 1995, p. 46–79 CrossRefGoogle Scholar; Sieg, Ulrich, Jüdische Intellektuelle im Ersten Weltkrieg. Kriegserfahrungen, weltanschauliche Debatten und kulturelle Neuentwürfe, Berlin, Akademie Verlag, 2008 CrossRefGoogle Scholar. Notons incidemment qu’Elias et Cassirer fréquentèrent le même Gymnasium prisé par la bourgeoisie juive libérale de Breslau. Voir van rahden, Till, Juden und andere Breslauer. Die Beziehung zwischen Juden, Protestanten und Katholiken in einer deutschen Grossstadt von 1860 bis 1925, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2000 Google Scholar.
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42 - Depuis le fameux essai de Christian Wilhelm von Dohm, De la réforme politique des juifs, trad. par J. Bernoulli, Dessau, Librairie des auteurs et des artistes, 1781, jusqu’au retentissant appel de Walter Rathenau aux juifs allemands, « Höre Israël » (” Écoute Israël »), paru dans la revue Die Zukunft, 5, 1897, p. 454-462.
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46 - Deux courts textes restituent la thèse développée par Elias: « Idee und Individuum. Eine kritische Untersuchung zum Begriff der Geschichte » [1922] et « Idee und Individuum. Ein Beitrag zur Philosophie der Geschichte » [1922], in N.Elias, Gesammelte Schriften, vol. 1, Frühschriften, op. cit., p. 29-72 et 73-76. Sur les débats dans le milieu néo-kantien où Elias évolue, voir Merz-Benz, Peter-Ulrich, « Richard Hönigswald und Norbert Elias. Von der Geschichtsphilosophie zur Soziologie », in Orth, E. W. et Aleksandrowicz, D. (dir.), Studien zur Philosophie Richard Hönigswalds, Würzburg, Königshausen und Neumann, 1996, p. 180–204 Google Scholar.
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49 - Actes du 6e congrès des sociologues allemands de 1928: Elias, Norbert, « Beitrag über Karl Mannheim ‘Die Bedeutung der Konkurrenz im Gebiete des Geistigen’ » [1928], Gesammelte Schriften, vol. 1, Frühschriften, op. cit., p. 107–110 Google Scholar.
50 - Mannheim demeura toute sa vie nostalgique de son expérience dans le « cercle du dimanche » à Budapest, groupe de jeunes juifs hongrois dans l’immédiate après-guerre (dont György Lukács, Béla Balász, Michael et Karl Polanyi) au sein duquel il formula ses premières élaborations sur la culture comme totalité produite, qu’il convient, en cette époque de crise et d’aliénation, de se réapproprier subjectivement. Voir Perivolaropoulou, Nia, « Karl Mannheim et sa génération », Mil neuf cent, 10-1, 1992, p. 165–186 CrossRefGoogle Scholar. Cette expérience de jeunesse manifeste des similarités avec celle d’Elias au sein du Blau-Weiss de Breslau.
51 - Sur ce qui a été appelé la querelle de l’historicisme, voir Laube, Reinhard, Karl Mannheim und die Krise des Historismus. Historismus als wissenssoziologischer Perspektivismus, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2004 Google Scholar.
52 - Arendt, Hannah, « Philosophie und Soziologie. Anlässlich Karl Mannheim, ‘Ideologie und Utopie’ », Die Gesellschaft, 7-1, 1930, p. 163–176 Google Scholar. Plusieurs réactions à K.Mannheim, Idéologie et utopie, op. cit., dont celles de Hannah Arendt, Herbert Marcuse, Hans Speier et Paul Tillich, sont compilées dans Volker Meja et Nico Stehr (éd.), Knowledge and Politics: The Sociology of Knowledge Dispute, Londres, Routledge, 1990. Mannheim ne répondit directement qu’à l’attaque frontale d’Ernst Robert Curtius, (” Soziologie – und ihre Grenzen », Neue Schweizer Rundschau, 22, 1929, p. 727-736) Mannheim, dans Karl, « Zur Problematik der Soziologie in Deutschland », Neue Schweizer Rundschau, 36/37, 1929, p. 820–829 Google Scholar.
53 - Sur ce point, voir le long compte rendu de Herbert Marcuse paru en 1929 dans Die Gesellschaft, p. 348-355: http://www.marcuse.org/herbert/pubs/30spubs/1929DieGesellschaft MarcuseWahrheitsproblematikMannheimOpt.pdf.
54 - Elias, Norbert, « La formation de l’antithèse ‘culture’-‘civilisation’ en Allemagne », La civilisation des moeurs, trad. par Kamnitzer, P., Paris, Calmann-Lévy, [1939] 1973, p. 11–51 Google Scholar.
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56 - L’enjeu crucial pour Elias du dépassement de la philosophie par la sociologie est particulièrement développé dans Kilminster, Richard, Norbert Elias: Post-philosophical Sociology, Londres, Routledge, 2007 Google Scholar.
57 - Mannheim, K., Idéologie et utopie, op. cit., p. 64 Google Scholar: « La formule de Max Weber se vérifie toujours plus: l’interprétation matérialiste de l’histoire n’est pas un fiacre dans lequel on peut monter à son gré et qui s’arrêterait devant les promoteurs de la révolution. »
58 - Elias, Norbert, « Alfred Weber et Karl Mannheim (1) », Norbert Elias par lui-même, op. cit., p. 131 Google Scholar sq.
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61 - Elias, Norbert, « Alfred Weber et Karl Mannheim (2) », Norbert Elias par lui-même, op. cit., p. 136 Google Scholar. Elias dit s’être « souvent demandé si le fait que Mannheim, malgré son concept d’idéologie totale, semble attribuer une position particulière à l’utopie – qui a pourtant elle aussi le caractère d’une idéologie – pouvait s’expliquer par le fait qu’il a tenté involontairement d’éviter de réduire le socialisme à une idéologie », précisant que pour lui « la critique de l’idéologie n’était qu’un moyen pour atteindre une fin, un pas en avant vers une théorie de la société qui prendrait en compte le fait qu’il existait aussi bien un savoir masquant la réalité qu’un savoir la dévoilant » (ibid., p. 12-13).
62 - Fromm introduit ses amis Löwendhal et Simon auprès du rabbin Nehemias Anton Nobel. Simon, engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, soutient lui aussi une thèse de philosophie à Heidelberg, puis se rapproche de Buber, et devient avec lui l’un des fondateurs de Brith Shalom, une association destinée à promouvoir une solution politique binationale en Palestine. Simon émigre en 1928 en Palestine et enseigne à l’université hébraïque de Jérusalem. Parmi les personnes qui fréquentent le cercle autour de rabbi Nobel à cette époque figure également Siegfried Kracauer.
63 - Löwendhal sur « La philosophie sociale de Franz von Baader: illustration et problème d’une ‘philosophie religieuse’ », Fromm sur « La loi juive: contribution à une sociologie de la diaspora juive ».
64 - Sur l’impact de Fromm et de Landauer dans l’orientation de l’Institut für Sozialforschung, voir Abromeit, John, Max Horkheimer and the Foundations of the Frankfurt School, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 194 CrossRefGoogle Scholar sq.
65 - Voir l’article fondateur de Landauer, Karl, « Zur psychosexuellen Genese der Dummheit » [1929], Psyche, 24-6, 1970, p. 463–484 Google Scholar, qui exerça une influence décisive sur la théorie des préjugés.
66 - Sur cette lutte menée contre Mannheim, quitte à le caricaturer, voir Amalia Barboza, « Die verpassten Chancen einer Kooperation zwischen der ‘Frankfurter Schule’ und Karl Mannheims Soziologischem Seminar », in Faber, R. et Ziege, E.-M. (dir.), Das Feld der Frankfurter Kultur- und Sozialwissenschaften vor 1945, Würzburg, Königshausen und Neumann, 2007, p. 63–88 Google Scholar.
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69 - Selon le témoignage de Gisèle Freund, Elias fut également le trait d’union entre Mannheim et ses doctorants, soucieux de l’avancement de chacune des thèses en préparation. Cité d’après Radostina Ilieva, « Soziologie und Lebensstil des Mannheim- Kreises in Frankfurt », in Herrschaft, F. et Lichtblau, K. (dir.), Soziologie in Frankfurt. Eine Zwischenbilanz, Wiesbaden, Verlag für Sozialwissenschaften, 2010, p. 123–140, ici p. 137CrossRefGoogle Scholar.
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71 - Voir « The ‘Intensive Study Group’ Around Karl Mannheim », ibid., p. 57-74.
72 - On se reporte aux notes de préparation des cours de cette période, retrouvés dans les archives de Mannheim en Angleterre, « Introduction au formes sociales du présent et à leur histoire », datées du 20 avril 1931, reproduites dans Kettler, David et Loader, Colin (éd.), Sociology as Political Education: Karl Mannheim, New Brunswick, Transaction Publishers, 2001, p. 159–163 Google Scholar.
73 - Weil, Hans, Bildung und Schule. Die Entstehung des deutschen Bildungsbegriffs und die Entwicklung seines Verhältnisses zur Schule, dir. par Mannheim, K., Bonn, Friedrich Cohen, [1930] 1964 Google Scholar.
74 - À propos de l’influence de Weil sur la thèse de Katz et celle durable de la sociologie de Mannheim sur sa sociologie historique, Meyers, voir David N., « Rebel in Frankfurt: The Scholarly Origins of Jacob Katz », in HARRIS, J. M. (éd.), The Pride of Jacob: Essays on Jacob Katz and His Work, Cambridge, Harvard University Press, 2002, p. 9–27 Google Scholar.
75 - En 1931, Arendt écrit un compte rendu élogieux de l’ouvrage de Weil: « Review of Hans Weil ‘The Emergence of German principle of Bildung’ », repris in Arendt, H., Reflections on Literature and Culture, éd. par Young-ah Gottlieb, S., Stanford, Stanford University Press, 2007, p. 24–30 Google Scholar.
76 - Buber, à côté de ses contributions dans le domaine de la philosophie sociale juive et d’une version mystique et anarchiste du sionisme, est connu du milieu des sociologues de l’époque pour avoir fondé et dirigé la collection Die Gesellschaft, série de monographies dans divers domaines des sciences sociales, qui eut un impact considérable. Parmi les volumes figurent celui d’Oppenheimer, Der Staat, op. cit., qui connut de nombreuses rééditions ainsi que ceux de Werner Sombart sur le prolétariat (1906), de Georg Simmel sur la religion (1906), de Gustav Landauer sur la révolution (1907), de Ferdinand Tönnies sur les moeurs (1909) et d’Eduard Bernstein sur le mouvement ouvrier (1910).
77 - Cité d’après D.Kettler, V. Meja et C.Loader, Karl Mannheim and the Legacy of Max Weber…, op. cit., p. 71.
78 - Par exemple, Chauvin, Sébastien et Weber, Florence, « Un texte de Norbert Elias (1987): ‘The Retreat of Sociologists into the Present’ », Genèses, 52-3, 2003, p. 133–151 CrossRefGoogle Scholar.
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80 - Sur cette asymétrie des ressources institutionnelles entre Horkheimer et Mannheim, Shils, voir Edward, The Selected Papers of Edward Shils, vol. 3, The Calling of Sociology and Other Essays on the Pursuit of Learning, Chicago, Chicago University Press, 1980, p. 188–193 Google Scholar.
81 - Sur la lutte menée contre Mannheim, quitte à le caricaturer, voir A. Barboza, « Die verpassten Chancen… », art. cit.
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83 - Sur la carrière « ratée » d’Elias et la perspective radicale développée dans sa thèse comme compensation de l’absence de ressources institutionnelles, voir Joly, Marc, « Dynamique de champ et ‘événements’. Le projet intellectuel de Norbert Elias (1930- 1945) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2-106, 2010, p. 81–95 CrossRefGoogle Scholar.
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87 - Ibid., p. 25.
88 - N. Elias, «Notes sur les juifs… », art. cit., p. 155.
89 - Ibid., p. 58.
90 - Amalia Barboza, « Distanzierung als Beruf: Karl Mannheims soziologischer Ansatz als ‘Innovationstendenz’ der deutschen Soziologie », in Barboza, A. et Henning, C. (dir.), Deutsch-jüdische Wissenschaftsschicksale. Studien über Identitätskonstruktionen in der Sozialwissenschaft, Constance, UVK, 2006, p. 232–255 CrossRefGoogle Scholar.
91 - Freund en 1985, cité d’après A. Barboza, « Die verpassten Chancen… », art cit., p. 80.
92 - Cité d’après Sebastian Neubauer, « Elements of a Critical Theory of Zionism: The Jewish State, the Disastrous History and the Changing Functionality of Antisemitism in the Late Thought of Max Horkheimer », Constelaciones. Revista de teoría critica, 4, 2012, p. 119-132. Voir aussi Anson Rabinbach, « The Frankfurt School and the ‘Jewish Question’, 1940-1970 », in Mendelsohn, E., Hoffman, S. et Cohen, R. I. (éd.), Against the Grain: Jewish Intellectuals in Hard Times, New York, Berghahn, 2014, p. 225–276 Google Scholar.
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98 - Puisqu’il y a une commune non-congruence de l’idéologie et de l’utopie avec la réalité, il convient, pose Mannheim, de partir de cette « corrélation fonctionnelle », comme le souligne Ricoeur, Paul, L’idéologie et l’utopie, trad. par Revault, M. d’Allonnes et Roman, J., Paris, Éd. du Seuil, 1997, p. 17 Google Scholar.
99 - La thèse de Katz sur l’émergence d’une Bildungselite juive au XVIIIe siècle et son idéologie assimilationniste, intitulée « Die Entstehung der Judenassimilation in Deutschland und deren Ideologie », a été publiée sous le titre Imagination and Assimilation: Studies in Modern Jewish History, Farnborough, Westmount, 1972.
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101 - Katz, Jacob, With My Own Eyes: The Autobiography of an Historian, Hanovre, Brandeis University Press, 1995, p. 104–105 Google Scholar: « This was nothing more than a momentary flash, an idea that faded just rapidly as it has come. » D.Kettler et V.Meja, « Karl Mannheim’s Jewish Question », art. cit., doutent de l’interprétation de Katz selon laquelle son directeur de thèse, isolé, faisant cours devant un auditoire clairsemé, était prêt à envisager n’importe quelle solution, remarquant que leur rencontre correspond au moment où Mannheim évalue une proposition de rejoindre l’université en exil de New York et que sa bibliothèque a été léguée, à sa mort, à l’université hébraïque de Jérusalem (UHJ). Notons également que l’UHJ était envisagée comme un lieu prisé par les sociologues allemands chassés de l’université en 1933, comme en témoigne cette lettre d’Oppenheimer adressée à Albert Einstein, membre du conseil d’administration de l’UHJ, où le sociologue fraîchement à la retraite recommande chaleureusement son fils Ludwig Oppenheimer, chassé de la Hochschule für Politik, en disqualifiant au passage son propre élève Adolphe Löwe, à présent proche de l’Institut für Sozialforschung, jugé « trop économiste », et Mannheim, son successeur à Francfort, jugé « trop philosophe », p. 137, 12 juill. 1933, http://www.fb03.uni-frankfurt.de/54043985/Oppenheimer_Chronik_06_02_2015.pdf.
102 - Elias, N., Norbert Elias par lui-même, op. cit., p. 39–40 Google Scholar.
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- Cited by
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Translation available: Elias on Anti-Semitism: Zionism or Sociology