Hostname: page-component-cd9895bd7-mkpzs Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T06:35:58.510Z Has data issue: false hasContentIssue false

Écrire l’histoire du travail aujourd’hui: Le cas de l’Empire romain (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  24 May 2019

Christel Freu*
Affiliation:
Université Laval (Québec)

Résumés

Trois livres récents questionnent la manière d’aborder le travail sous l’Empire romain et d’en écrire l’histoire : les sources que privilégient les historiens, l’échelle d’observation à laquelle ils se situent et les présupposés théoriques qui les guident. Ces réflexions montrent qu’il existe bien des manières d’écrire l’histoire du travail, un domaine désormais éclaté en multiples sous-champs qui ne dialoguent pas forcément entre eux. Grâce à la relecture de sources traditionnelles, littéraires et épigraphiques, ainsi qu’à l’apport décisif de l’archéologie et des papyrus, l’histoire traditionnelle du travail et des métiers s’est considérablement renouvelée. On s’interroge maintenant sur les causes de la spécialisation poussée des métiers à Rome et sur l’existence d’une véritable division du travail. Par ailleurs, la recherche archéologique aide à améliorer la compréhension des techniques et des processus productifs, et, par là, à dresser une typologie des identités socio-professionnelles des patrons et de leurs employés dans les boutiques et les ateliers romains. Dans une tout autre direction, le travail est considéré, d’un point de vue macro-économique, comme une force à mobiliser par l’entrepreneur : les questions sur la productivité comparée des esclaves et de la main-d’œuvre libre ont été remplacées par celles sur les coûts de transaction du travail salarié et du travail dépendant. Le débat demeure vif entre les historiens qui estiment que le marché du travail n’est pas développé, du fait du poids toujours important des réseaux clientélaires et du travail dépendant, et ceux qui décrivent une économie de marché libre, où le travail est devenu une marchandise.

Abstracts

Three recently published books raise the question of labor in the Roman Empire. The present article aims to investigate the sources privileged by historians, the scale of observation on which their analysis is situated, and the theoretical assumptions that guide them. These reflections show that there are multiple ways of writing labor history, currently divided into different subfields which do not always communicate with one another. Thanks to new readings of ancient literature and epigraphy, and to the contribution of papyri and archaeology, the traditional history of work and trades has been widely renewed. An important line of questioning examines the reasons for the high degree of trade specialization in the Roman Empire, as well as the existence of a true division of labor. Archaeology helps us understand the technologies and processes of production, making it possible to establish a typology of the socioprofessional identities, from employers to employees, that existed in the shops and workshops of the Roman world. A quite different approach investigates the organization of labor from a macroeconomic perspective, seeing it as a force mobilized by employers: comparisons between the productivity of slaves and that of free workers have been replaced by analyses of the transaction costs of free hired labor versus servile manpower. Finally, debate continues between historians who consider that the labor market of the Roman Empire was limited by clientelist networks and servile labor, and those who describe a free-market economy where labor had become a commodity.

Type
Travail et société
Copyright
© Éditions de l'EHESS 

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Sur l’importance, différente, qu’accordaient au travail les sociétés anciennes et modernes, Méda, voir Dominique, Le travail. Une valeur en voie de disparition, Paris, Aubier, 1995Google Scholar, ou encore Id., Le travail, Paris, Puf, 2004. Pour ce qui est des sociétés anciennes, notamment sur la question de la dévalorisation du travail et de l’absence d’une telle préoccupation dans la Grèce antique, l’auteure en reste à la bibliographie des années 1950-1970.

2 Cristofori, Alessandro, « La documentazione », in Marcone, A. (dir.), Storia del lavoro in Italia, vol. 1, L’età romana. Liberi, semiliberi e schiavi in una società premoderna, Rome, Castelvecchi, 2016, p. 35-76Google Scholar, ici p. 66-75, a bien relevé l’« importance fondamentale des sources archéologiques pour l’histoire du travail » dans l’Antiquité, mais, à quelques heureuses exceptions près, le volume italien en est assez peu influencé, au contraire de Laes, Christian et Verboven, Koenraad (dir.), Work, Labour, and Professions in the Roman World, Leyde, Brill, 2016Google Scholar.

3 Christian Laes et Koenraad Verboven, « Work, Labour, Professions: What’s in a Name ? », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 1-19, ici p. 6.

4 Jean-Pierre Vernant, « Travail et nature dans la Grèce ancienne » [1955], Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique, Paris, La Découverte, [1965] 1996, p. 274-294, ici p. 274-276. Pour Rome, Schiavone, voir Aldo, « La struttura nascosta. Una grammatica dell’economia romana », in Schiavone, A. (dir.), Storia di Roma, vol. 4, Caratteri e morfologie, Turin, Einaudi, 1989, p. 7-69Google Scholar, ici p. 11. Pour l’Europe prémoderne, Guerreau, Alain, « Avant le marché, les marchés : en Europe, xiiie-xviie siècle (note critique) », Annales HSS, 56-6, 2001, p. 1129-1175Google Scholar, ici p. 1157-1159, reprend l’idée que l’on ne retrouve pas, en latin, un terme abstrait désignant le travail. Cette opinion est loin d’avoir disparu, comme on le voit dans A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., ou dans Léopold Migeotte, « Les philosophes grecs et le travail dans l’Antiquité », et Salamito, Jean-Marie, « Travail et travailleurs dans l’œuvre de saint Augustin », in Mercure, D. et Spurk, J. (dir.), Le travail dans l’histoire de la pensée occidentale, Québec, Presses de l’université Laval, 2003Google Scholar, respectivement p. 11-32 et 33-59, qui continuent de défendre le caractère anachronique de cette notion dans l’Antiquité, tout en développant d’intéressantes perspectives sur la nouvelle vision chrétienne des métiers, chez Augustin notamment.

5 Mauro De Nardis, « Terminologia e concetto di ‘lavoro’ in età romana », et Alessandro Cristofori, « Lavoro e identità sociale », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., respectivement p. 79-90, ici p. 79-81, et p. 149-174, ici p. 161. L’idée était déjà exprimée dans l’important ouvrage Cristofori, d’Alessandro, Non arma uirumque. Le occupazioni nell’epigrafia del Piceno, Bologne, Lo Scarabeo, 2004, p. 89Google Scholar. Pierfrancesco Porena, « Il lavoro infantile », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 663-685, ici p. 663-664, note également que « les deux termes/concepts – travail et enfance –, dans leur signification générique, sont absents de la pensée et de la pratique de la vie sociale [romaine] ».

6 Thomas, Yan, « Travail incorporé dans une matière première, travail d’usage et travail comme marchandise. Le droit comme matrice des catégories économiques à Rome », in Andreau, J., France, J. et Pittia, S. (dir.), Mentalités et choix économiques des Romains, Bordeaux, Ausonius, 2004, p. 201-225CrossRefGoogle Scholar, ici p. 212 : « les juristes romains […] tablaient sur un travail parfaitement autonome et construit comme objet en soi » ; Id., « L’‘usage’ et les ‘fruits’ de l’esclave. Opérations juridiques romaines sur le travail », Enquête, 7, 1999, p. 203-230. Ces articles sont cités dans A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., mais sans que les auteurs semblent en saisir l’apport le plus fondamental, l’affirmation de l’existence du concept de travail à Rome.

7 Berrendonner, Clara, « Mercennarius dans les sources littéraires », in Andreau, J. et Chankowski, V. (dir.), Vocabulaire et expressions de l’économie dans le monde antique, Bordeaux, Ausonius, 2007, p. 211-231CrossRefGoogle Scholar, analyse dans les livres de comptes romains les calculs relatifs aux operae serviles et libres nécessaires aux tâches des domaines. Les comptes grecs d’Égypte témoignent des mêmes réflexions. Sur l’organisation de la comptabilité du domaine d’Appien comparée aux comptabilités romaines d’Italie, Rathbone, voir Dominic, Economic Rationalism and Rural Society in Third-Century A. D. Egypt: The Heroninos Archive and the Appianus Estate, Cambridge, Cambridge University Press, 1991Google Scholar, et Minaud, Gérard, « Rationalité modulable des comptabilités », Topoi. Orient-Occident, 12/13-1, 2005, p. 271-281Google Scholar. Sur les comptabilités romaines d’Italie, voir Id., La comptabilité à Rome. Essai d’histoire économique sur la pensée comptable commerciale et privée dans le monde antique romain, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2005.

8 C. Laes et K. Verboven, « Work, Labour, Professions… », art. cit., p. 1-6.

9 Jesper Carlsen, « Le attività agricole e dell’allevamento », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 225-264, répertorie tous ces métiers agricoles avec rigueur et précision.

10 Au sujet de la définition large du concept d’« artisanat » dans l’Antiquité romaine, que nous continuons d’utiliser par commodité, voir la critique de cet usage par Monteix, Nicolas, « De ‘l’artisanat’ aux métiers. Quelques réflexions sur les savoir-faire du monde romain à partir de l’exemple pompéien », in Tran, N. et Monteix, N. (dir.), Les savoirs professionnels des gens de métier. Études sur le monde du travail dans les sociétés urbaines de l’Empire romain, Naples, Centre Jean Bérard, 2011, p. 7-26Google Scholar.

11 Chiara D’Aloja, « Il lavoro femminile », et P. Porena, « Il lavoro infantile », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., respectivement p. 639-662 et p. 663-685.

12 Les chiffres donnés ici sont très supérieurs à celui des deux cents métiers avancés par Miriam J. Groen-Vallinga et Laurens E. Tacoma, « The Value of Labour: Diocletian’s Prices Edict », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 104-132, ici p. 108, qui ne représente en réalité que les métiers de l’artisanat. L’enquête de Kai Ruffing, Die berufliche Spezialisierung in Handel und Handwerk. Untersuchungen zu ihrer Entwicklung und zu ihren Bedingungen in der römischen Kaiserzeit im östlichen Mittelmeerraum auf der Grundlage griechischen Inschriften und Papyri, 2 vol., Rahden, M. Leidorf, 2008, consacrée à l’Orient, reprend toutes les recherches antérieures. Pour des questions de méthode sur l’évaluation du nombre de métiers romains, Frézouls, voir Edmond, « Les noms de métiers dans l’épigraphie de la Gaule et de la Germanie romaine », Ktèma, 16, 1991, p. 33-72Google Scholar.

13 Malgré le refus d’Arnaldo Marcone, « La storia degli studi », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 17-34, ici p. 31, de croire possible une division du travail à Rome, celle-ci est à juste titre défendue par Seth G. Bernard, « Workers in the Roman Imperial Building Industry », et Miko Flohr, « Constructing Occupational Identities in the Roman World », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., respectivement p. 62-86, ici p. 74, et p. 147-172, ici p. 158-159.

14 Pour l’interprétation économique des spécialisations « horizontales » et « verticales » sous l’Empire, Ruffing, voir Kai, « Driving Forces for Specialization: Market, Location Factors, Productivity Improvements », in Flohr, M. et Wilson, A. (dir.), Urban Craftsmen and Traders in the Roman World, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 115-131CrossRefGoogle Scholar, et Id., Die berufliche Spezialisierung in Handel und Handwerk…, op. cit., p. 206-215. La mesure de l’urbanisation sous l’Empire romain est très difficile à apprécier, faute de données suffisantes. Pour l’Italie augustéenne, Lo Cascio, Elio, « Urbanization as a Proxy of Demographic and Economic Growth », in Bowman, A. et Wilson, A. (dir.), Quantifying the Roman Economy : Methods and Problems, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 87-106CrossRefGoogle Scholar, évalue le nombre de citadins entre 20 et 40 % de la population italienne. Pour des estimations concernant d’autres régions, voir Andrew Wilson, « City Sizes and Urbanization in the Roman Empire », in Bowman, A. et Wilson, A. (dir.), Settlement, Urbanization, and Population, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 161-195CrossRefGoogle Scholar, ici p. 162, et les autres propositions – prudentes – du même volume. Wilson, qui fait lui aussi le lien entre l’urbanisation et la division du travail, rappelle que des villes moyennes bien fouillées en Italie ou en Afrique, comme Pompéi, Sabratha ou Timgad, comptaient environ 10 000 habitants, voire plus. Ainsi, pour les provinces romaines les plus urbanisées, les taux d’urbanisation et de peuplement urbain atteignaient ceux des pays européens d’époque moderne les plus urbanisés.

15 Luca Fezzi évoque la « professionnalisation des classes dirigeantes » dans « Il politico in azione : oratore e giurista » et parle d’une de leur « grève » (sciopero) dans « Forme di protesta dei lavoratori nel mondo romano », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., respectivement p. 446-464, ici p. 462, et p. 204-222, ici p. 218.

16 Giovanna Coppola, Cultura e potere. Il lavoro intellettuale nel mondo romano, Milan, A. Giuffrè, 1994, analyse sur la longue durée l’évolution des métiers intellectuels, mais l’on reste circonspect face à sa thèse d’une monopolisation de ces métiers par l’État romain tardif. Pour un point de vue récent sur les débats antiques touchant à la professionnalisation des métiers intellectuels que l’on gagne à comparer à celle des métiers techniques, Freu, voir Christel, « Lucien à la lumière des papyrus : un philosophe en apprentissage dans l’Hermotimus 80-82 », Cahiers des études anciennes, 54, 2017, p. 11-38Google Scholar.

17 Saller, Richard P., Personal Patronage under the Early Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 1982, p. 79-117CrossRefGoogle Scholar – non cité dans Storia del lavoro in Italia – avait critiqué les recherches Pflaum, de Hans-Georg, Abrégé des procurateurs équestres, Paris, De Boccard, 1974Google Scholar, sur les règles de promotion des carrières équestres ou celles Eck, de Werner, « Beförderungskriterien innerhalb der senatorischen Laufbahn, dargestellt an der Zeit von 69 bis 138 n. Chr. », in Temporini, H. et Haase, W. (dir.), Aufstieg und Niedergang der römischen Welt. Geschichte und Kultur Roms in Spiegel der neueren Forschung, t. 2, Principat, Berlin, De Gruyter, 1974, vol. 1, p. 158-228Google Scholar, sur les sénateurs. Pour Saller, les sénateurs et les chevaliers restaient de véritables amateurs, sans formation particulière, et leur promotion relevait plus du patronage impérial que de strictes règles de carrière. Le Haut-Empire romain n’était pas, selon lui, l’équivalent de l’empire de Chine à la bureaucratie professionnalisée, mais la situation changea sans doute dans l’Antiquité tardive. Depuis ce débat, avec les travaux de Ségolène Demougin, l’école française penche plutôt du côté de Pflaum.

18 C. Laes et K. Verboven, « Work, Labour, Professions… », art. cit., p. 3, le rappellent : « Les aristocrates anciens n’ont jamais considéré leurs devoirs cultuels ou politiques comme leur ‘métier’. »

19 La professionnalisation de l’armée romaine est l’objet du texte de Marco Rocco, « Il mestiere di soldato », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 543-580. Pour la réfutation décisive du concept de métier du soldat à Rome, Carrié, voir Jean-Michel, « Le soldat », in Giardina, A. (dir.), L’homme romain, trad. par M. Aymard, Paris, Éd. du Seuil, [1989] 1992, p. 127-172Google Scholar, ici p. 140-141 : « Même si l’armée est devenue permanente, professionnelle, provinciale, locale, même si la citoyenneté s’est vidée de son contenu politique, ces hommes mêlés n’ont jamais eu un comportement de mercenaires. »

20 Morley, Neville, « Narrative Economy », in Bang, P. F., Ikeguchi, M. et Ziche, H. G. (dir.), Ancient Economies, Modern Methodologies: Archaeology, Comparative History, Models and Institutions, Bari, Edipuglia, 2006, p. 27-47Google Scholar, ici p. 38, décrit l’« excès de sens » du « grand récit ». Sur l’importance du comparativisme en histoire du travail, voir C. Laes et K. Verboven, « Work, Labour, Professions… », art. cit., p. 17-19, et l’usage que fait Hawkins, Cameron, Roman Artisans and the Urban Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 2016CrossRefGoogle Scholar, du livre Sonenscher, de Michael, Work and Wages: Natural Law, Politics and the Eighteenth-Century French Trades, Cambridge, Cambridge University Press, 1989Google Scholar. Les artisans romains auraient été comparables à ceux des villes françaises du xviiie siècle, qui subissaient une demande fluctuante de leurs productions et avaient recours de manière importante à la sous-traitance. La standardisation des productions romaines est pourtant un trait distinctif de cette économie ancienne.

21 Arjan Zuiderhoek, « Sorting Out Labour in the Roman Provinces: Some Reflections on Labour and Institutions in Asia Minor », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 20-35.

22 Peter Garnsey, Famine et approvisionnement dans le monde gréco-romain. Réactions aux risques et aux crises, trad. par I. Rozenbaumas, Paris, Les Belles Lettres, [1988] 1996 ; Erdkamp, Paul, The Grain Market in the Roman Empire: A Social, Political and Economic Study, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, ici p. 143-167CrossRefGoogle Scholar.

23 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 49 sq. et 79-101, propose un classement des modes de production romains en « atypiques » ou « typiques ».

24 Sur la révolution des techniques de construction avec l’apparition de l’opus caementicium (mortier) au iie siècle av. J.-C. et ses implications en termes de main-d’œuvre, au début essentiellement servile, voir l’exposé classique de Gros, Pierre, Architecture et société à Rome et en Italie centro-méridionale aux deux derniers siècles de la République, Bruxelles, Latomus, 1978, p. 42Google Scholar, et les remarques nuancées de S. Bernard, « Workers in the Roman Imperial Building Industry », art. cit., p. 75-76, qui discute la bibliographie antérieure.

25 Wilson, Andrew I., « Large-Scale Manufacturing, Standardization, and Trade », in Oleson, J. P. (dir.), The Oxford Handbook of Engineering and Technology in the Classical World, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 393-417Google Scholar, ici p. 393-394 ; Morel, Jean-Paul, « Les céramiques hellénistiques et romaines et les problèmes de ‘marchés’ », in Roman, Y. et Dalaison, J. (dir.), L’économie antique, une économie de marché ?, Lyon, Société des amis de Jacob Spon, 2008, p. 161-189Google Scholar, évoque la diffusion de masse dans et hors de l’imperium romanum des céramiques de table standardisées – campaniennes A et B sous la République, sigillées italiques, gauloises et surtout africaines sous le Haut-Empire et dans l’Antiquité tardive ; Maurice Picon, « Production artisanale et manufacturière à l’époque romaine. À propos de L’histoire brisée d’Aldo Schiavone », in Y. Roman et J. Dalaison (dir.), L’économie antique, une économie de marché ?, op. cit., p. 191-214.

26 Immerzeel, Mat, « A Day at the Sarcophagus Workshop », Visual Resources, 19-1, 2003, p. 43-55CrossRefGoogle Scholar.

27 Au sujet de cette foulerie et des réflexions sur le rapport entre la taille de ces établissements, le commerce des vêtements et la demande urbaine, Flohr, voir Miko, The World of the Fullo: Work, Economy, and Society in Roman Italy, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 74-95CrossRefGoogle Scholar. Empereur, Selon Jean-Yves et Picon, Maurice, « La reconnaissance des productions des ateliers céramiques : l’exemple de la Maréotide », Cahiers de la céramique égyptienne, 3, 1993, p. 145-152Google Scholar, ici p. 145-147, le « plus grand four de potier antique », d’époque romaine, qui possédait une sole de 9,6 m de diamètre, a été retrouvé dans les faubourgs de la deuxième ville de l’Empire, Alexandrie, sur la rive sud du lac Mariout.

28 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 16.

29 Andreau, Jean et Descat, Raymond, Esclave en Grèce et à Rome, Paris, Hachette, 2006, p. 74-85Google Scholar ; Bagnall, Roger S. et Frier, Bruce W., The Demography of Roman Egypt, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 48-49CrossRefGoogle Scholar.

30 A. Cristofori, « La documentazione », art. cit., p. 36 et 72-75, rappelle, à juste titre, les pièges de l’iconographie ; Tran, Nicolas, Dominus Tabernae. Le statut de travail des artisans et des commerçants de l’Occident romain, Ier siècle av. J.-C.-IIIe siècle ap. J.-C., Rome, École française de Rome, 2013, p. 116-144Google Scholar.

31 Monteix, Nicolas, « Perceptions of Technical Culture among Pompeian Élites, Considering the Cupids Frieze of the Casa dei Vettii », in Dross-Krüpe, K., Föllinger, S. et Ruffing, K. (dir.), Antike Wirtschaft und ihre kulturelle Prägung/The Cultural Shaping of the Ancient Economy, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2016, p. 199-221CrossRefGoogle Scholar (avec la bibliographie concernant l’iconographie pompéienne) . Pour un autre point de vue critique sur l’iconographie des métiers, Béal, voir Jean-Claude, « La dignité des artisans. Les images d’artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine », Dialogues d’histoire ancienne, 26-2, 2000, p. 149-182CrossRefGoogle Scholar, qui distingue l’iconographie italienne et gauloise, cette dernière étant selon lui plus le fait d’entrepreneurs et d’investisseurs dans l’artisanat que le fait d’artisans.

32 Voir De Robertis, Francesco Maria, Lavoro e lavoratori nel mondo romano, Bari, Adriatica editrice, 1963, p. 21-48Google Scholar, pour l’analyse de la pensée « populaire » du travail (ambiente volgare) qu’il oppose, p. 49-97, à la pensée aristocratique ou « aulique » (ambiente aulico).

33 Lis, Catharina et Soly, Hugo, Worthy Efforts: Attitudes to Work and Workers in Pre-Industrial Europe, Leyde, Brill, 2012, p. 55-98CrossRefGoogle Scholar ; Id., « Work, Identity and Self-Representation in the Roman Empire and the West-European Middle Ages: Different Interplays between the Social and the Cultural », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 262-289. Toutefois, selon A. Cristofori, Non arma uirumque…, op. cit., p. 93-103, et N. Tran, Dominus Tabernae…, op. cit., p. 16, la mention du métier sur les épitaphes d’époque romaine reste rare : 5 à 10 % seulement des inscriptions. C’est surtout le cas dans les grands centres urbains et uniquement pour certaines professions.

34 N. Tran, Dominus Tabernae…, op. cit. ; Id., « Ars and Doctrina: The Socioeconomic Identity of Roman Skilled Workers (First Century BC-Third Century AD) », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 246-261.

35 S. Bernard, « Workers in the Roman Imperial Building Industry », art. cit., p. 65 et 72-73, rappelle la méthode utilisée par Janet DeLaine, no spécial « The Baths of Caracalla: A Study in the Design, Construction, and Economics of Large-Scale Building Projects in Imperial Rome », Journal of Roman Archaeology, 25, 1997, qui proposait de calculer les temps de travail par comparaison raisonnée et critique avec ceux de chantiers mieux connus d’autres périodes historiques . Pour des références supplémentaires, voir certains articles des volumes de l’Arqueología de la construcción, I-IV, 2008-2016, notamment celui Barker, de Simon et Russell, Ben, « Labour Figures for Roman Stone-working: Pitfalls and Potential », in Camporeale, S., Dessales, H. et Pizzo, A. (dir.), Arqueología de la construcción, vol. 3, Los procesos constructivos en el mundo romano : la economía de las obras, Madrid/Mérida, Consejo superior de investigaciones científicas/Instituto de arqueología de Mérida, 2012, p. 83-94Google Scholar.

36 Dans ce contexte, le terme micro-histoire ne fait pas référence à la microstoria comme courant historiographique bien identifié, mais à un article Wallace-Hadrill, de Andrew, « Microhistories of Roman Trade », Journal of Roman Archaeology, 27-2, 2014, p. 584-588Google Scholar, à propos des livres de Monteix et de Tran. N. Tran, Dominus Tabernae…, op. cit., p. 12-13, explique ainsi sa démarche : « celle-ci [l’approche micro-économique] suppose de centrer son regard, non pas sur les grands équilibres de l’économie romaine, mais sur les individus qui en étaient les acteurs : sur leurs comportements et sur les dispositions mentales qui sous-tendaient leurs actions ».

37 Elizabeth A. Murphy, « Roman Workers and Their Workplaces: Some Archaeological Thoughts on the Organization of Workshop Labour in Ceramic Production », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 133-146. À la page 41, les Yvelines ne sont pas un lieu-dit du Sud de la France mais un département français proche de Paris.

38 M. Flohr, « Constructing Occupational Identities in the Roman World », art. cit.

39 Sur la visibilité du travail qualifié dans les rues antiques, voir M. Flohr, « Constructing Occupational Identities in the Roman World », art. cit. ; sur les monuments funéraires, Morel, voir Jean-Paul, « Paroles de travailleurs antiques : le dit, l’écrit, le montré », in Morel, J.-P. (dir.), Les travailleurs dans l’Antiquité : statuts et conditions, Paris, Éd. du Cths, 2011, p. 200-216Google Scholar ; sur les associations professionnelles, voir Koenraad Verboven, « Guilds and the Organisation of Urban Populations during the Principate », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 173-202, avec l’importante bibliographie récente, et Orietta Dora Cordovana, « Le organizzazioni dei lavoratori », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 175-203, qui parle d’« associations de travailleurs » et fausse ainsi la réalité en semblant les comparer à des organisations syndicales.

40 Scheidel, Walter, Morris, Ian et Saller, Richard P., The Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007CrossRefGoogle Scholar, en appelaient dans leur introduction à l’usage de la nie.

41 La notion de « capital humain » reprend à dessein le titre du chapitre Saller, de Richard, « Human Capital and Economic Growth », in Scheidel, W. (dir.), The Cambridge Companion to the Roman Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 71-86CrossRefGoogle Scholar, qui s’est intéressé à l’investissement dans la formation professionnelle – faible selon lui – des familles de l’Empire romain ; la citation est celle de C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 15.

42 North, Voir Douglass C., Institutions, Institutional Change and Economic Performance, Cambridge, Cambridge University Press, 1990CrossRefGoogle Scholar, pour l’exposé de la théorie de la nie par l’un de ses principaux tenants. Le manuel Tilly, de Chris et Tilly, Charles, Work under Capitalism, Boulder, Westview Press, 1998, p. 16Google Scholar, aide à clarifier les points d’accord et de désaccord qu’entretiennent entre elles – et en leur sein même – les théories néoclassiques, marxistes et institutionnalistes sur les questions des rapports entre le travail et le marché de l’emploi. La théorie néo-institutionnaliste reste pour les auteurs très proche de la théorie néoclassique.

43 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 17 ; A. Zuiderhoek, « Sorting Out Labour… », art. cit.

44 Cameron Hawkins, « Contracts, Coercion, and the Boundaries of the Roman Artisanal Firm », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 36-61, ici p. 37, estime que le concept de firme est assez large pour s’appliquer à l’entreprise artisanale romaine, alors qu’il refuse par ailleurs de voir dans le monde romain l’existence de grandes firmes intégrées ; Id., Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 79-101, ici p. 75, pour la définition de la firme intégrée. C’est fausser le concept de firme créé par Coase, Ronald, « The Nature of the Firm », Economica, 4, 1937, p. 386-405CrossRefGoogle Scholar, repris dans Id., The Firm, the Market and the Law, Chicago, University of Chicago Press, 1988, p. 33-55, ici p. 36. Quoique l’existence de firmes intégrées dans le négoce romain ait été récemment démontrée par Broekaert, Wim, « Vertical Integration in the Roman Economy: A Response to Morris Silver », Ancient Society, 42, 2012, p. 109-125Google Scholar, les petites unités continuaient de « représenter la norme » dans l’artisanat selon M. Flohr, « Constructing Occupational Identities in the Roman World », art. cit., p. 149-150.

45 Ogilvie, Sheilagh, « ‘Whatever is, is Right’ ? Economic Institutions in Pre-Industrial Europe », The Economic History Review, 60-4, 2007, p. 649-684CrossRefGoogle Scholar ; Jinyu Liu, « Group Membership, Trust Networks, and Social Capital: A Critical Analysis », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 203-226, ici p. 204-206.

46 A. Zuiderhoek, « Sorting Out Labour… », art. cit., p. 23-24 (c’est l’auteur qui souligne).

47 Lerouxel, François, Le marché du crédit dans le monde romain (Égypte et Campanie), Rome, École française de Rome, 2016Google Scholar, se consacre à ces questions : la création en Égypte, entre 69 et 72 apr. J.-C., d’une nouvelle institution d’enregistrement des propriétés – la bibliothèque des acquêts – permit de mieux garantir les hypothèques des biens fonciers et d’accroître ainsi de façon significative le volume des transactions de crédit. Sur l’extension des échanges par la diffusion de la loi commerciale romaine, voir Lo Cascio, aussi Elio, « The Role of the State in the Roman Economy: Making Use of New Institutional Economics », in Bang, P. F., Ikeguchi, M. et Ziche, H. G. (dir.), Ancient Economies, Modern Methodologies…, op. cit., p. 215-234Google Scholar.

48 Ratzan, David M., « Transaction Costs and Contract in Roman Egypt: A Case Study in Negotiating the Right of Repossession », in Kehoe, D., Ratzan, D. M. et Yiftach, U. (dir.), Law and Transaction Costs in the Ancient Economy, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2015, p. 185-230Google Scholar ; Christel Freu, « Nec eum laboris sui mercede defrudes (Ambroise de Milan, De Tobia, 24, 92). Lire l’inégalité sociale tardo-antique dans les conflits de travail et leur résolution », in S. Joye, R. Le Jan et S. Gioanni (dir.), La richesse, la pauvreté et l’exclusion de la christianisation à la chrétienté en Occident (ive-xiie siècle), Turnhout, Brepols, à paraître.

49 J. Liu, « Group Membership, Trust Networks, and Social Capital… », art. cit., insiste sur les disparités en termes de richesse et d’influence qui existaient entre les associations professionnelles.

50 L. Fezzi, « Forme di protesta… », art. cit., p. 214-216, reprend la notion d’« allégeance » à l’important article Giardina, d’Andrea, « Lavoro e storia sociale. Antagonismi e alleanze dall’ellenismo al tardoantico », Opus, 1, 1982, p. 115-146Google Scholar. Les conclusions Garnsey, de Peter, « Les travailleurs du bâtiment de Sardes et l’économie urbaine du Bas-Empire », in Leveau, P. (dir.), L’origine des richesses dépensées dans la ville antique, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1985, p. 147-156Google Scholar, rejoignent celles de Giardina. Dans sa critique de la nie, S. Ogilvie, « ‘Whatever is, is Right’ ?… », art. cit., p. 662-665, a raison de réhabiliter le conflit et les rapports de force pour rendre compte de phénomènes historiques que l’on ne peut pas toujours expliquer par la seule recherche de l’efficience.

51 C. Laes et K. Verboven, « Work, Labour, Professions… », art. cit., p. 5-6, font ce rappel après les sociologues C. Tilly et C. Tilly, Work under Capitalism, op. cit., p. 22-23.

52 S. Bernard, « Workers in the Roman Imperial Building Industry », art. cit.

53 Cuvigny, Hélène, « Travailler pour l’empereur. Artisans et tâcherons au Mons Claudianus », Les nouvelles de l’archéologie, 143, 2016, p. 8-12CrossRefGoogle Scholar.

54 Sur le travail affranchi, voir C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 130-191.

55 Voir l’article pionnier concernant le travail des enfants de Keith R. Bradley, « Child Labour in the Roman World » [1985], Discovering the Roman Family: Studies in Roman Social History, Oxford, Oxford University Press, 1991, p. 103-124 ; Laes, Christian, « Child Slaves at Work in Roman Antiquity », Ancient Society, 38, 2008, p. 235-283CrossRefGoogle Scholar ; Id., Children in the Roman Empire: Outsiders Within, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 148-221. Sur l’âge des enfants esclaves mis au travail, voir P. Porena, « Il lavoro infantile », art. cit., p. 670-685, qui trouve dans les inscriptions des cas d’enfants esclaves travaillant avant cinq ans, limite donnée par le juriste Ulpien au iiie siècle apr. J.-C. (Digeste, VII, 7, 6, 1) ; sur les esclaves mis en apprentissage en Égypte, Straus, voir Jean, « Les contrats d’apprentissage et d’enseignement relatifs à des esclaves dans la documentation papyrologique grecque d’Égypte », in Marganne, M.-H. et Ricciardetto, A. (dir.), En marge du Serment hippocratique. Contrats et serments dans le monde gréco-romain, Liège, Presses universitaires de Liège, 2017, p. 119-134Google Scholar, et Christel Freu, « Apprendre et exercer un métier dans l’Égypte romaine (ier-vie siècle apr. J.-C.) », in N. Tran et N. Monteix (dir.), Les savoirs professionnels…, op. cit., p. 27-40, ici p. 29. Les deux seules filles non esclaves mises en apprentissage par leurs parents le sont pour aider de leur maigre rémunération leur famille à rembourser une dette.

56 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 168-173 et 273-275. Les salaires sur lesquels se fonde l’auteur émanent d’un texte de Cicéron et de graffiti pompéiens. Il ne prend donc pas en compte les salaires égyptiens qui étaient plus bas. Voir, au sujet de ces données, les remarques prudentes Scheidel, de Walter, « Real Wages in Early Economies: Evidence for Living Standards from 1800 BCE to 1300 CE », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 53-3, 2010, p. 425-462CrossRefGoogle Scholar, ici p. 444-445. Voir aussi les réserves Mouritsen, d’Henrik, The Freedman in the Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2011CrossRefGoogle Scholar, au sujet de la « rationalité » économique de l’affranchissement. Selon lui, bien d’autres raisons expliquaient la libération des esclaves de tous âges et tous genres.

57 L. Fezzi, « Forme di protesta… », art. cit., p. 216 ; A. Marcone, « La storia degli studi », art. cit., p. 30-32, exprime un point de vue que partage aussi Mauro De Nardis, « Imparare un mestiere : apprendistato, contratti di lavoro e salari », in A. Marcone (dir.), Storia del lavoro in Italia…, op. cit., p. 131-148, ici p. 142-148.

58 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 174 sq. ; A. Zuiderhoek, « Sorting Out Labour… », art. cit., p. 24 et 30-31 ; C. Laes et K. Verboven, « Work, Labour, Professions… », art. cit., p. 13-16, ici p. 15, répondant à Temin, Peter, The Roman Market Economy, Princeton, Princeton University Press, 2012Google Scholar.

59 H. Mouritsen, The Freedman in the Roman World, op. cit., p. 206-247.

60 Sur les marchés de recrutement à Rome, voir Claire Holleran, « Getting a Job: Finding Work in the City of Rome », in C. Laes et K. Verboven (dir.), Work, Labour, and Professions…, op. cit., p. 87-103 ; C. Tilly et C. Tilly, Work under Capitalism, op. cit., p. 2-3, rappellent qu’en pleine économie capitaliste le travail continuait de se faire à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du marché du travail, au sein des réseaux relationnels et familiaux.

61 Freu, Christel, « Labour Status and Economic Stratification in the Roman World: The Hierarchy of the Wages in Egypt », Journal of Roman Archeology, 28, 2015, p. 161-177CrossRefGoogle Scholar, ici p. 173-175.

62 M. Groen-Vallinga et L. Tacoma, « The Value of Labour… », art. cit., p. 106, demeurent toutefois conscients du contexte spécifique qui explique la rédaction de l’édit.

63 Christel Freu, « Disciplina, patrocinium, nomen: The Benefits of Apprenticeship in the Roman World », in M. Flohr et A. Wilson (dir.), Urban Craftsmen and Traders…, op. cit., p. 183-199, rejoint les réflexions de P. Porena, « Il lavoro infantile », art. cit., p. 680.

64 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 136-146.

65 M. Groen-Vallinga et L. Tacoma, « The Value of Labour… », art. cit., p. 116. Sur le travail des moissonneurs romains, voir Shaw, Brent, Bringing in the Sheaves: Economy and Metaphor in the Roman World, Toronto, University of Toronto Press, 2013Google Scholar.

66 Le fameux P. Oxy. L 3595, contrat de location d’une poterie en Moyenne-Égypte, daté de 243 apr. J.-C. et évoqué par E. A. Murphy, « Roman Workers and their Workplaces… », art. cit., p. 142-143, est un contrat d’entreprise d’un an. Il prévoit que le plus grand nombre d’ouvriers soit employé d’août à mi-mai, avant les opérations de cuisson de mai à juillet.

67 M. Groen-Vallinga et L. Tacoma, « The Value of Labour… », art. cit., p. 115, le soulignent en citant quelques papyrus. Outre la fameuse archive d’Appien étudiée par D. Rathbone, Economic Rationalism and Rural Society…, op. cit., d’autres livres de comptes et contrats de travail attestent, du iie au vie siècle, de l’emploi conjoint d’une main-d’œuvre permanente et saisonnière sur les domaines. Voir Banaji, Jairus, Agrarian Change in Late Antiquity: Gold, Labour, and Aristocratic Dominance, Oxford, Oxford University Press, 2007Google Scholar ; Freu, Christel, « Les salariés de la terre dans l’Antiquité tardive », Antiquité tardive, 21, 2013, p. 283-298CrossRefGoogle Scholar, ici p. 292-298.

68 Cuvigny, Hélène, « The Amount of Wages Paid to the Quarry-Workers at Mons Claudianus », The Journal of Roman Studies, 86, 1996, p. 139-145CrossRefGoogle Scholar.

69 Ce contrat a été publié pour la première fois dans le Corpus Inscriptionum Latinarum, III, 2, p. 948 (TC. X) et révisé par Noeske, Hans-Christoph, « Studien zur Verwaltung und Bevölkerung der dakischen Goldbergwerke in römischer Zeit », Bonner Jahrbücher, 177, 1977, p. 271-415Google Scholar. L’interprétation qu’en fait M. De Nardis, « Imparare un mestiere… », art. cit., p. 144-145, est donc à revoir. P. Porena, « Il lavoro infantile », art. cit., p. 683, l’interprète correctement.

70 Castel, Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995Google Scholar, en fait un trait du salariat moderne.

71 C. Holleran, « Getting a Job… », art. cit.

72 C. Hawkins, Roman Artisans and the Urban Economy, op. cit., p. 79-101. Sur le recours possible, mais non systématique, à la sous-traitance dans les chantiers de construction romains, voir Catherine Saliou, « Le déroulement du chantier à Rome et dans le monde romain durant la période républicaine et le Haut-Empire : une approche juridique », in S. Camporeale, H. Dessales et A. Pizzo (dir.), Arqueología de la construcción…, op. cit., vol. 3, p. 15-29, ici p. 19-21.

73 À cet égard, voir la critique de la nie par l’historien-anthropologue Viglietti, Cristiano, « Economia », in Bettini, M. et Short, W. M. (dir.), Con i Romani. Un’antropologia della cultura antica, Bologne, Il Mulino, 2014, p. 215-248Google Scholar.