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De l’économie émotive de la Terreur

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Sophie Wahnich*
Affiliation:
CNRS-LAIOS

Résumés

Une approche anthropologique de la Terreur, en particulier l’analyse des notions réflexives de vengeance et de sacré, conduit àproposer une interprétation en termes d’économie émotive et de fondation symbolique. Si le tribunal révolutionnaire créé le 10 mars 1793 vise àne pas répéter les massacres de septembre 1792, il convient de revisiter ce dossier pour réinterpréter la Terreur. Les acteurs de septembre 1792 reprennent le « glaive de la loi ». Or, dès le 20 juin 1792, dans un contexte d’effroi et de rupture du sacré, des porte-parole populaires expriment la crainte d’avoir à le faire. Si les législateurs, à l’image du roi parjure, rompaient leurs serments de défense indéfectible de la souveraineté du peuple, celui-ci pourrait légalement « résister àl’oppression ». Le 10 août, l’Assemblée, qui a largement désavoué ces porte-parole, n’est plus sollicitée. Du 10 août au 2 septembre, la « juste vengeance du peuple » pour les crimes commis lors du 10 août est réclamée en vain. Elle s’effectue lors des massacres dans un hors lieu institutionnel. En 1793, « la vengeance nationale est toujours aussi juste que sacrée, et peut-être plus indispensable que l’insurrection elle-même. » Le système vindicatoire de la Terreur met alors face-à-face le peuple souverain et ceux qui lui dénient cette souveraineté. Cependant, àtravers la vengeance instituée, se redéfinit l’ordre symbolique, et la vengeance fonde des valeurs: égalité, justice, liberté, bonheur. On comprend alors que la Terreur ait été perçue àla fois comme farouche et sublime.

Summary

Summary

An anthropological approach to the Terror, and in particular, an analysis of reflexive notions such as revenge and the sacred, lead us to propose an interpretation in terms of emotion economy and symbolic foundation. If the revolutionary court set up on the 10th of March 1793 aimed at not repeating the 1792 September massacres, we have to re-examine that moment to reinterpret the Terror. The actors of September 1792 had once again taken the “sword of justice” into their own hands. But from the 20th of June 1792, in a context of dread and irreverence for the sacred, spokesmen for the people had already expressed the fear that they might have to do exactly that. If the legislators, like the disloyal king, had betrayed their promise to unfailingly defend the people’s sovereignty, then the people could have legally “resisted oppression”. From the 10th of August, the Assembly, having widely disavowed these spokesmen, was no longer appealed to. From the 10th of August to the 2nd of September, “the people’s just revenge” for the August 10th crimes, was called for in vain. It was carried out through the massacres, far removed from any institutional space. In 1793, “The national revenge is still as just as it is sacred, and maybe more essential than the insurrection itself.” The Terror’s revenge system was therefore a confrontation between the sovereign people and those who denied them this sovereignty. However, when revenge was instituted, the symbolic order was redefined. Revenge established values: equality, justice, freedom, and happiness. It can thus be understood why the Terror has been perceived as both savage and sublime.

Type
Culture de la Terreur
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2002

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References

1 - C’est le point de vue adopté par Gueniffey, Patrice dans son essai, La politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794, Paris, Fayard, 2000 Google Scholar.

2 - Hugo, Victor, Quatre-vingt-treize, Paris, Éditions Jean-Claude Lattès, 1988, p. 517 Google Scholar.

3 - On pourrait interpréter ainsi le choix de Françoise Brunel de présenter son travail sur le projet politique de l’an II sous la forme paradoxale d’un texte de Billaud-Varenne datant de l’an III, complètement annoté. Les cent trois pages de notes laissent d’ailleurs souvent en suspens l’interprétation définitive et proposent en fait de fournir les outils pour que le lecteur, à son tour, tente ce travail impossible. Billaud-Varenne, , Principes régénérateurs du système social, introduction et notes par Françoise Brunel, Paris, Publications de la Sorbonne, 1992 Google Scholar.

4 - Lefort, Claude, «La Terreur révolutionnaire», Passé/Présent, 2, 1983, p. 25 Google Scholar.

5 - Nous empruntons cette interrogation à Jensen, Adolphe Ellegard, Mythes et coutumes des peuples primitifs, Paris, Payot, 1954, pp. 206207 Google Scholar.

6 - L’expression est de Brunel, Françoise, «Le jacobinisme, un “rigorisme de la vertu” ? “Puritanisme” et Révolution», in Mélanges offerts à Michel Vovelle. Sur la Révolution: Approches plurielles, Paris, Société des Études robespierristes, 1997, pp. 271280 Google Scholar, qui critique l’approche psychanalytique de Andre, Jacques, La révolution fratricide. Essai de psychanalyse du lien social, Paris, PUF, 1993 Google Scholar.

7 - Se reporter à Lucas, Colin, «Revolutionnary Violence, the People and the Terror», in Baker, K. M. (éd.), The French Revolution and the Creation of Modern Political Culture, vol. 4, The Terror, Oxford, Pergamon Press, 1994, pp. 5780 Google Scholar.

8 - Voir Mazauric, Claude, «Terreur», in Soboul, A., Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, pp. 10201025 Google Scholar; « La Terreur fut d’abord un effort d’enca-drement et de définition du champ légal concédé à la violence fondatrice de la révolution à l’encontre de l’Ancien Régime » (p. 1024).

9 - La critique radicale d’une telle approche a été faite par F. Brunel, « Le jacobi nisme... », art. cit.

10 - On consultera en particulier Abeles, Marc et Jeudy, Henri-Pierre, Anthropologie du politique, Paris, Armand Colin, 1997 Google Scholar. Dans l’introduction, les auteurs affirment: « Au fond, l’anthropologie peut fort bien se distinguer de la notion même de modernité » (p. 17).

11 - Michel Vovelle, en particulier dans La mentalité révolutionnaire. Société et mentalités sous la Révolution française, Paris Éditions sociales, 1985.

12 - C’est là le point de vue de P. Gueniffey, qui affirme: « Sitôt formulée, toute définition de la révolution s’expose à la concurrence d’autres définitions qui en approfondiront la nature et en radicaliseront les objectifs. Là réside le moteur de la dynamique révolutionnaire qui, d’outrance en surenchère dans la définition des fins et le choix des moyens, conduit inexorablement à travers un processus de radicalisation cumulative du discours à la violence » (La politique de la Terreur..., op. cit., p. 230). Il emprunte en particulier ce concept de radicalisation cumulative du discours à Hans Mommsen qui le forge à propos du national-socialisme.

13 - Voir Vidal, Denis, «Vengeance (système de)», in Bonte, P. et Izard, M. (dir.), Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, Paris, PUF, 1992, pp. 736739 Google Scholar.

14 - Selon la définition fonctionnelle qui prévaut chez Evans-Pritchard, E. E., Les Nuer, Paris, Gallimard, 1968 Google Scholar; Id., Les systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.

15 - Ozouf, Mona, «Guerre et Terreur dans les discours révolutionnaires», in L’école en France, Paris, Gallimard, 1984, pp. 109127 Google Scholar. On pourrait très simplement reprendre le terme récurrent des révolutionnaires d’une terreur-vengeance, puisque l’on sait que celle-ci comporte souvent une exigence de parité réparatrice.

16 - Guilhaumou, Jacques a décrit ce retournement énonciatif dans «La terreur à l’ordre du jour (juillet 1793-mars 1794)», Dictionnaire des usages sociopolitiques (1770-1815), fasc. 2, Notions-concepts , Paris, Klincksieck/Inalf, 1987, pp. 127160 Google Scholar.

17 - Ce terme de transmutation est employé par Proust dans Le temps retrouvé pour parler de l’opération littéraire qui « transmute le réel ». Il s’agit bien d’une opération esthétique et c’est pourquoi nous la préférons ici à d’autres.

18 - Guilhaumou, Jacques, La mort de Marat, Bruxelles, Éditions Complexe, 1989 Google Scholar.

19 - Sur esthétique et politique, on consultera Guilhaumou, Jacques, L’avènement des porte-parole de la République, 1789-1792, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, pp. 249253 Google Scholar. Sur la mort de Marat, se reporter à Id., « Fragment d’une esthétique de l’événement révolutionnaire», in G. Sauron, A. Turowski et S. Wahnich (éds), L’art et le discours face à la Révolution, Dijon, EUD, 1997, pp. 63-77. Voir aussi Rancière, Jacques, La mésentente, Paris, Galilée, 1995 Google Scholar, et Id. Le partage du sensible, Paris, La Fabrique, 2000.

20 - Nous avons utilisé ici la notion de « sacré » sans la préciser a priori. En effet, la définition analytique de Durkheim, selon laquelle ce qui est sacré est ce qui est protégé par des interdits, nous semble fondatrice pour penser la question de la limite à franchir pour devenir l’ennemi, ou celle à réinstaurer pour ne pas se laisser anéantir dans l’illimité de l’effroi. Mais le sacré de Hubert et Mauss, c’est-à-dire une réalité transcendante susceptible d’être éprouvée est également pertinente pour saisir ce que sont les épreuves, par exemple de funérailles. Lorsque cette transcendance n’est autre que la société elle-même, et que l’opposition sacré/profane se conjugue avec l’opposition société/individu, ce sacré peut prendre le nom de valeur, comme chez Louis Dumont. On est alors au plus près de la question révolutionnaire où, fondamentalement, le sacré est immanent.

21 - Gauthier, Florence, Triomphe et mort du droit naturel en Révolution, Paris, PUF, 1992 Google Scholar.

22 - AN, série C, carton 118, § 2 L 341, s.d., Creuse.

23 - Saint-Just, , Œuvres complètes, édition établie par Duval, Michèle, Paris, Éditions Gérard Leibovici, 1984, p. 798 Google Scholar.

24 - Saint-Just affirme ainsi: « Où il n’y a point de lois, il n’y a point de patrie » (« Esprit de la Révolution et de la Constitution » [1791], Œuvres complètes, op. cit., pp. 338-339).

25 - Sur le lien entre rumeur et opinion publique populaire au XVIIIe siècle, se reporter à Farge, Arlette, Dire et mal dire, l’opinion publique populaire au XVIIIe siècle, Paris, Le Seuil, 1992 Google Scholar.

26 - 19 juin 1792, Archives parlementaires [AP], t. 45, p. 352 (souligné par nous).

27 - Sur la fonction de cet énoncé, voir Sophie Wahnich, «De l’émotion souveraine à l’acte de discours souverain, la patrie en danger», in Mélanges Michel Vovelle..., op. cit., pp. 207-218, et «Produire les normes en Révolution», in Comaille, J., Dumoulin, L. et Robert, C., Droit et Société, 7, La juridicisation du politique. Leçons scientifiques , Paris, Réseaux européens droit et société/Éditions de la MSH, 2000, pp. 195208 Google Scholar.

28 - 12 août 1793, Le Moniteur universel, t. 17, pp. 387-388 (réimpr. Paris, Plon, 1947).

29 - 5 septembre 1793, Ibid., p. 526.

30 - P. Gueniffey, La politique de la Terreur..., op. cit., p. 193.

31 - Penchant si souvent décrit depuis le jugement hegelien: « L’unique œuvre et opération de la liberté universelle est donc la mort, et plus exactement une mort qui n’a aucune portée intérieure, qui n’accomplit rien, car ce qui est nié c’est le point vide de contenu, le point de Soi absolument libre. C’est ainsi la mort la plus froide et la plus plate, sans plus de signification que de trancher une tête de chou ou d’engloutir une gorgée d’eau » ( Hegel, , Phénoménologie de l’esprit, t. II, Paris, Aubier/Montaigne, 1992, p. 136 Google Scholar).

32 - Santerre, 20 juin 1792 (AP, t. 45, p. 417).

33 - L’expression est bien sûr de HEGEL, Phénoménologie de l’esprit. .., op. cit., p. 135.

34 - Jean Bon Saint-Andre, 19 juin 1792 ( Aulard, Alphonse, La Société des Jacobins, Recueil de documents pour l’étude de la Société des Jacobins, Paris, 1889-1897, t. 4, p. 19 Google Scholar).

35 - AN, série C 150, L 253, p. 2.

36 - Santerre, 20 juin 1792 (AP, t. 45, p. 417).

37 - S. Wahnich, « De l’émotion souveraine... », art. cit.

38 - Santerre, 20 juin 1792 (AP, t. 45, p. 417).

39 - 19 juin 1792 (AP, t. 45, p. 397).

40 - Sur la question de la voix politique, voir Poizat, Michel, Vox populi, vox dei: voix et pouvoir, Paris, Métaillé, 2001 CrossRefGoogle Scholar.

41 - Santerre, 20 juin 1792 (AP, t. 45, p. 417). Sur la rhétorique du cri, voir Millot, Vincent, «Le cri-citoyen, passions politiques et imprimés militants, 1788-1800», in Les langages de la Révolution, Paris, Inalf/Klincksiek, 1995, pp. 373382 Google Scholar.

42 - Cette ardeur est aussi contenue par des formes symboliques non discursives. Le 19 juin, une députation demande à être reçue en armes; après avoir planté un arbre de la liberté, elle effectue quelques pas de danse au son du tambour dans l’enceinte de l’Assemblée. On peut parler à cet égard de rituel d’apaisement.

43 - Jean de Bry, 30 juin 1792 (AP, t. 45 p. 707).

44 - Ibid.

45 - 12 août 1793, Le Moniteur universel, t. 17, pp. 387-388.

46 - Robespierre, 15 août 1792 (AP, t. 48, p. 180).

47 - 17 août 1792, Le Moniteur universel, t. 13, p. 443.

48 - Conein, Bernard, Langage politique et mode d’affrontement, le jacobinisme et les massacres de Septembre, thèse de doctorat, Paris, EHESS, 1978, p. 132 Google Scholar. L’auteur emprunte ici la notion de parole malheureuse à Austin, Jean-Louis, «Une parole malheureuse est un acte de langage qui n’est pas authentifié comme acte par l’auditoire et est du coup frappé de nullité» (Quand dire c’est faire, Paris, Le Seuil, 1970 Google Scholar).

49 - Selon l’expression attestée, comme l’a montré Guilhaumou, Jacques, La langue politique et la Révolution française, Paris, Méridiens Klincksieck, 1989 Google Scholar.

50 - 3 septembre 1792, Le Moniteur universel, t. 14, p. 428.

51 - D’après l’acte d’accusation du 20 vendémiaire an III (AD Seine et Oise, 42 L 58, cité par B. Conein, Langage politique..., thèse citée).

52 - Robespierre, , «Pour le bonheur et pour la liberté», Discours, Paris, La Fabrique, 2000, p. 277 Google Scholar.

53 - Verdier, Raymond (éd.), La vengeance. Études d’ethnologie, d’histoire et de philosophie, Paris, Éditions Cujas, 1980, vol. 1, p. 24 Google Scholar.

54 - Ibid., vol. 1, p. 16.

55 - Ibid., vol. 1, p. 19.

56 - 25 octobre 1792, Journal de la République française (souligné par nous).

57 - 20 septembre 1792, Le défenseur de la Constitution (souligné par nous).

58 - Saint-Just, « 13 ventôse an II», Œuvres complètes, op. cit., p. 714.

59 - Convention nationale, 5 novembre 1792: Réponse à l’accusation de Jean-Baptiste Louvet (AP, t. 53, p. 162).

60 - Nous parlons de démarche compréhensive au sens où l’entendait Max Weber: « L’activité spécifiquement importante pour la sociologie consiste en particulier en un comportement qui 1) suivant le sens subjectif visé par l’agent est relatif au comportement d’autrui, qui 2) se trouve conditionné au cours du développement par cette relation significative et qui 3) est explicable de manière compréhensible à partir de ce sens visé (subjectivement) ». Weber, Max, Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965, p. 330 Google Scholar.

61 - Agamben, Giorgio, Homo sacer. Le pouvoir souverain et la vie nue, Paris, Le Seuil, 1997, p. 93 Google Scholar.

62 - Ibid., p. 94.

63 - C. Lucas, « Revolutionnary Violence... », art. cit., p. 73.

64 - Santerre, 20 juin 1792 (AP, t. 45, p. 417).

65 - On peut effectivement parler de pari, car, ainsi que le dit Colin Lucas, « when the system of justice loses its transcendent quality [...], its essential violence is unmasked. Here, the line between legitimate and illegitimate violence becomes simply a matter of opinion, upon which individuals and groups are free to deverge », « Revolutionary Violence... », art. cit., p. 61.

66 - Bentabole, 9 mars 1793 (AP, t. 60, p. 2).

67 - Jean Bon Saint-Andre Et Jacques-Louis David, 9 mars 1793 (AP, t. 60, p. 3, souligné par nous).

68 - Saint-Just, 26 germinal an II (AP, t. 88, p. 615).

69 - Danton, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 62).

70 - Buzot, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 59).

71 - Amar, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 61).

72 - Danton, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 62).

73 - D. Vidal, « Vengeance... », art. cit., p. 738.

74 - Nous reprenons ici la distinction proposée par Paolo Viola entre violence politique et violence irrationnelle, qui affirme que les pointes de violence extrême en Révolution sont celles « d’une violence irrationnelle, non politique, que la révolution n’exige pas, dont elle ne profite pas, dont elle a horreur, qu’elle refoule, qu’elle finit par réprimer, dès que possible mais qu’elle a déclenchées parce qu’elle a touché les équilibres inconscients et fragiles qui règlent le rapport au sacré » (« Violence révolutionnaire ou violence du peuple en révolution», Recherches sur la Révolution, Paris, La Découverte/IHRF, 1991, pp. 95-102, ici p. 100). Sur la vengeance comme pratique punitive, voir Viola, Paolo, Il trono vuoto. La transizione della sovranità nella rivoluzione francese, Turin, Giulio Einaudi, 1989 Google Scholar.

75 - Danton, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 17).

76 - Cambaceres, 10 mars 1793 (AP, t. 60, p. 59).

77 - Sur la notion d’humanité et son appropriation pendant la Révolution française, se reporter à Arnold, Nicole, «Humanité et Révolution», Dictionnaire des usages socio-politiques du français pendant la Révolution française, Notions-pratiques, Paris, Klincksieck, 2000, pp. 5180.Google Scholar

78 - D. Vidal, dans l’article « Vengeance... » du Dictionnaire de l’ethnologie. .., op. cit., précise encore « qu’on peut invoquer [...] des textes tels que l’Iliade, le Mahabharata ou l’Ancien Testament, pour montrer comment l’expression des valeurs peut être constamment réitérée dans des situations narratives dominées par un contexte de vengeance » (p. 738).

79 - Ibid., p. 738.

80 - Robespierre, 28 décembre 1792 (AP, t. 56, p. 16).

81 - Robespierre, 5 novembre 1792, in Id., « Pour le bonheur... », art. cit., p. 170.

82 - Nous reprenons l’expression de J. Rancière, Le partage du sensible, op. cit.

83 - Elles sont constamment déployées dans les grands rapports du Comité de salut public; voir Brunel, F., 1794, Thermidor: la chute de Robespierre, Bruxelles, Éditions complexes, 1989, pp. 4362 Google Scholar.

84 - Robespierre, 5 nivôse an II (AP, t. 82, p. 301).

85 - Robespierre, 17 pluviôse an II (AP, t. 84, p. 330). Bronislaw Baczko semble commenter cette phrase lorsqu’il dit que « la Terreur n’a pas été la réalisation d’un projet politique préconçu » (Bronislaw Baczko «La Terreur avant la Terreur, conditions de possibilité, logique et réalisation», in K. M. Baker (éd.), The Terror, op. cit., p. 23).

86 - Sur cette qualification, voir Deleplace, Marc, L’anarchie de Mably à Proudhon, Histoire d’une appropriation polémique, Fontenay, ENS Édition, 2000 Google Scholar.

87 - Députation des sections du Luxembourg, des Tuileries et du Museum, 1er octobre 1793 (AP, t. 74, pp. 384-385). Cf. Deshaye, Benoît, Législation et exécution des lois, mémoire de maîtrise, Université de Paris VII, 2001, pp. 207213 Google Scholar.

88 - Paris, BnF, LB 41-3393, p. 210. L’Avis est daté du 24e jour du 1er mois, soit du 15 octobre 1793 (B. Deshaye, Législation..., mémoire cité, p. 210).

89 - Couthon, 22 prairial an II, Le Moniteur universel, vol. 20, p. 695.

90 - F. Brunel, 1794, Thermidor..., op. cit., pp. 64 et 70.

91 - Cité in Ibid., p. 64.

92 - C’est bien sûr le cas de Danton.

93 - Agulhon, Maurice, L’image de la Révolution française. Congrès mondial pour le bicentenaire, Paris-New York-Oxford-Tokyo-Sydney-Pékin, Pergamon Press, vol. IV, 1990, pp. 23892396 Google Scholar, ici pp. 2389-2390.

94 - Kant, Emmanuel, Le conflit des facultés [1798], cité dans Philonenko, Alain, La théorie kantienne de l’histoire, Paris, Vrin, 1986, p. 45 Google Scholar.

95 - Faye, Jean-Pierre, article «Terreur», Dictionnaire politique portatif en cinq mots: démagogie, terreur, tolérance, répression, violence. Essai de philosophie politique, Paris, Gallimard, 1982, p. 106 CrossRefGoogle Scholar.

96 - Merleau Ponty, lorsqu’il tente de penser les liens paradoxaux entre humanisme et terreur, note qu’il est parfois « permis de sacrifier ceux qui, selon la logique de leur situation, sont une menace et de préférer ceux qui sont une promesse d’humanité » ( Ponty, Maurice Merleau, Humanisme et terreur, Paris, Gallimard Google Scholar, « Idées », 1980, p. 214).