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Dans les domaines privés en Russie (XVIIIe-XIXe siècle)*

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Michael Confino*
Affiliation:
Université de Jérusalem

Extract

Le degré d'expansion respective de l'obrok et de la barščina a une importance énorme dans l'histoire du servage en Russie » écrivait V. I. Semevskij en 1882. Rien n'a, depuis, restreint la portée de cette affirmation, postulat fondamental de toute recherche sur le régime agraire en Russie avant 1861. Redevances en espèces (obrok), en travail (barščina) ou en nature : chacune de ces formes implique un type différent de domaine, et exerce une influence sur la structure de la communauté rurale et les principaux aspects de son activité sociale, sur l'organisation et l'administration de la propriété, sur le degré de dépendance des serfs et la nature de leurs occupations.

En effet, la répartition géographique de l'obrok et de la barščina et leur évolution sont deux aspects essentiels du problème des redevances, étroitement lié à la question, longuement débattue et toujours actuelle, des voies du développement économique et social de la Russie.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1961

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Footnotes

*

C'est pour nous un agréable devoir d'exprimer ici notre sincère gratitude à M. Roger Portai., professeur à la Sorbonne et président de l'Institut d'Etudes Slaves ; ses conseils érudits et ses encouragements nous ont permis d'entreprendre et de poursuivre les travaux de recherche sur le régime agraire en Russie aux xviiie et xixe siècles, dont fait partie le présent article.

References

page 1066 note 1. Semevskij, V. I., Krest'jane u carstvovanie imperatricy Ekateriny II (Les paysans sous le règne de l'impératrice Catherine II), I, Saint-Pétersbourg, 190J (2e éd.), p. 11.Google Scholar

page 1066 note 2. Précisons que le domaine seigneurial en Russie n'est pas une entité économique homogène ; il comprend, dans les domaines à obrok, l'économie paysanne seule ; dans les domaines à barščina, économie seigneuriale et paysanne en même temps. La différence entre l'obrok et la barščina ne se réduit pas à une différence entre la forme matérielle des deux redevances (espèces ; travail) ; elle représente aussi et surtout une différence structurelle entre deux types distincts de domaines : l'un, fondé sur l'exploitation paysanne, est caractérisé par l'absence de réserve seigneuriale et par les revenus que le paysan obtient principalement d'occupations non agricoles, effectuées hors du domaine (otkhod) (le paysan pauvre, par des travaux d'appoint ; le paysan riche, par le commerce) ; l'autre type, fondé sur l'exploitation seigneuriale, est caractérisé par l'existence d'une réserve seigneuriale considérable et de lots paysans servant surtout à satisfaire les besoins des producteurs sans laisser d'excédents ; il est caractérisé aussi (au xixe siècle) par des échanges actifs entre l'exploitation seigneuriale et le marché, et par les occupations essentiellement, sinon exclusivement, agricoles des serfs. Ces points seront éclaircis par la suite, mais il importait de préciser dès le début ce trait essentiel du rapport « obrok: barščina ». Il ne sera pas question ici des redevances en nature. Il suffira d'indiquer que, tout en étant une forme secondaire durant la période étudiée, celles-ci existent dans de nombreux domaines et sont presque toujours combinées aux deux autres ; elles ne modifient pas sensiblement les caractéristiques structurelles des deux types de domaines mentionnés ci-dessus.

page 1066 note 1. Selon V. I. Semevskij (1848-1916), un des plus grands érudits pour les questions paysannes en Russie aux xviiie - xixe siècles, l'obrok était plus répandu que la barščina dans les domaines où le pomescik ne résidait pas ; les communautés rurales étaient plus actives et plus autonomes dans les domaines à obrok ; les paysans y étaient mieux lotis et jouissaient d'une plus grande indépendance ; leur sort était meilleur et, grâce aux travaux d'appoint, leur condition plus supportable. Semevskij développe ces points dans son ouvrage fondamental : Krest'jane, p. 50, 61 et chap. XI, XII. Inverser ce schéma permet de voir ce qu'il pense de la barščina.

page 1066 note 2. Voir Gerschenkron, A., « The Problem of Economie Development in Russian Intellectual History of the 19th Century », Continuity and Change in Russian and Soviet Thought, Cambridge, Mass., 1955, p. 1139.Google Scholar

page 1066 note 3. Voir par exemple : Scepetov, K. N., Krepostnoe pravo v voteinakh èeremetevykh. 1708-1885 (Le servage dans les domaines des Seremetev. 1708-1885), Moscou, 1947;Google Scholar Sivkov, K. V., Oëerki po istorii krepostnogo khozjajstva i kresfjanskogo dviïenija v Rossii v pervoj polovine XIX v. (po materialam arkhiva stepnykh votein Jusupovykh), (Esquisses d'histoire de l'économie servile et du mouvement paysan en Russie dans la première moitié du xixe siècle, d'après les archives des domaines des steppes des Jusupov), Moscou, 1951;Google Scholar Indova, E. I., Krepostnoe khozjajstvo v natale XIX v. (po materialam voteinnogo arkhiva Voroncovykh), (L'Economie servile au début du xixe siècle, d'après les archives domaniales des Voroncov), Moscou, 1955;Google Scholar Baranovic, D. I., Magnatskoe khozjajstvo na juge Volyni v XVIII v. (L'Economie des grands domaines dans le sud de la Volhynie au xvin6 siècle), Moscou, 1955;Google Scholar Cagolov, N. A., Ocerki russko j ekonomiëeskoj mysli perioda padeni ja krepostnogo prava (Esquisses sur la pensée économique russe à l'époque de l'abolition du servage), Moscou, 1956;Google Scholar Khromov, P. A., Ocerki ekonomiki feodalizma v Rossii (Esquisses sur l'économie du féodalisme en Russie), Moscou, 1957 Google Scholar (en abrégé : Ocerki) ; — Rubinstein, N. L., Sel'skoe khojajstvo Rossii vo vtoroj polovine XVIII v. (L'Economie paysanne en Russie dans la seconde moitié du xviiie siècle), Moscou, 1957;Google Scholar Alefirenko, P. K., Kresfjanskoe dviïenie i kresVjanskij vopros v Rossii v 30-kh — 50-kh godakh XVIII v. (Le Mouvement paysan et la question paysanne en Russie de 1730 à 1760), Moscou, 1958.Google Scholar Et de nombreux articles dans Voprosy istorii (Questions d'histoire) et Istoriceskie zapiski (Annales historiques). En règle générale, ces ouvrages sont remarquablement documentés.

page 1066 note 4. Pour l'opinion de quelques auteurs à ce sujet, voir Indova, p. 3 ; Alefirenko, p. 3. ; Rubinstein, p. 6, 92.

page 1068 note 1. 1782 est une date approximative ; les données, qui ont servi de source à cette statistique, s'étalent sur des périodes de cinq à dix ans (selon les gouvernements) ; voir Semevskij, Krest'jane, I, appendice V, p. 581-586. Les principales sources de l'auteur sont les matériaux du quatrième recensement et les « Observations économiques » ( Ekonomiceskija primecanijaj, faites en vue du bornage général des terres dans 20 gouvernements (voir infra, IIe partie, § 3).

page 1068 note 2. Elle a été rééditée récemment dans plusieurs ouvrages, par exemple Khrestomatija po istorii SSSR (Chrestomithie d'histoire de l'U.R.S.S.), II, Moscou, 1953, p. 197 ; — Ocerki istorii S S SB. Period feodalizma : Rossija vo vtoroj polovine XVIII v. (Esquisses d'histoire de l'U.R.S.S. Période du féodalisme : la Russie dans la seconde moitié du xviiie siècle), Moscou, 1956, p . 53, table et carte en appendice.

page 1068 note 3. Elles font l'objet cependant de quelques remarques critiques de la part de Struve, P., Osnovnye momenty v razvitii krepostnogo khozjajstva v Rossii XIX v. (Aspects fondamentaux du développement de l'économie servile en Russie au xixe siècle), Mir Boïij, no s 11, 12, 1899.Google Scholar Semevskij y répond dans la seconde édition de Kresfjane (que nous utilisons), I, p. 581 et suivantes.

page 1068 note 4. Rubinstein, p. 23, 26-28 et passim ; par contre K. V. Sivkov (Vopr. ist., n° 6, 1958, p. 174) conteste plusieurs points de la critique de Rubinstein (V. infra, § 4).

page 1068 note 5. Ignatovic, I.I., PomescicH kresfjane nakanune osvoboidenija (Les Paysans seigneuriaux à la veille de l'affranchissement), 2e éd., Moscou, 1910, p. 4557;Google Scholar tables 1 et 2, p. 289-293. Les principales sources employées par l'auteur sont les « Travaux des Comités de Rédaction » pour la préparation de la réforme et les matériaux du dixième recenseront (1857-58).

page 1068 note 6. Voir par exemple : Khromov, P. A., Ekonomiëeskoe razvitie Rossii v XIX-XX vekah (Le Développomsnt économique de la Russie aux xixe-xxe siècles), Moscou, 1950, p. 10 Google Scholar (en abrégé : Razvitie) ; du même auteur, Ocerki (1957), p. 67-68 ; — Zajonckovskij, P. A., Otmena krepostnogo prava v Rossii (L'abolition du servage en Russie), Moscou, 1954, p.Google Scholar 11, 16-17 ; — Ljascenko, P. I., Istorija narodnogo khozjajstva SSSR (Histoire de l'économie nationale de l'U.R.S.S.), I, Moscou, 1956, p. 493.Google Scholar

page 1069 note 1. Zone de necernozem ; Olonec (obrok 66 % ; barščina 34 %) ; Pétersbourg (51-49) ; Pskov (21-79) ; Novgorod (49-51) ; Smolensk (30-70) ; Tver (46-54) ; Jaroslav (78-22) ; Kostroma (85-15) ; Vologda (83-17) ; Vladimir (50-50) ; Moscou (36-64) ; Kaluga, (58-42) ; Niznij-Novgorod (82-18) ; (pour les gouvernements dont les noms sont en italique voir infra note 3).

page 1069 note 2. Zone des terres noires : Orel (34-66) ; Tula (8-92) ; Rjazan’ (19-81) ; Penza (52- 48) ; Tambov (22-78) ; Kursk (8-92) ; Voronez (64-36) ; (pour les gouvernements soulignés : voir note suivante).

page 1069 note 3. Ce critère de classement est devenu traditionnel dans l'étude du sujet. Toutefois, il n'explique pas : 1° Pourquoi, des 11 gouvernements ayant 50 % et au-dessus de paysans à la barščina, 6 (soit plus de la moitié ; soulignés à la note 2) sont situés, en dépit du critère adopté, dans la zone de necernozem, censée favoriser des hauts pourcentages à'obrok ; 2° Pourquoi 2 gouvernements sur 7 situés dans la zone des terres noires, ont des pourcentages relativement élevés de paysans acquittant l'obrok en italique ci-dessus, note 2). 3° Pourquoi des gouvernements, situés dans des zones différentes, ont des pourcentages presque identiques (écarts de l'ordre de 2-3 %), tels Rjazan’ (ou Tambov) et Pskov ; Orel et Moscou ; Penza et Pétersbourg ; Voronei et Olonec (en italique : les gouvernements de terre noires) ; Pour expliquer ces « déviations », Semevskij mobilise un second facteur d'influence : le rapport numérique, dans chaque gouvernement entre les grands et les petits domaines (de moins de 60 paysans), la règle étant, selon l'auteur, que (dans les deux zones) les grands domaines adoptent le plus souvent l'obrok — les petits, la barščina. Mais en fait, sur 8 gouvernements pour lesquels Semevskij connaît la proportion de grands et de petits domaines trois seulement (Tambov, Pskov et Vologda) ont des pourcentages de redevances qui correspondent aux résultats que les deux facteurs sont censés produire. En réalité, le second critère de classement employé par Semevskij est une généralisation aventurée, surtout en ce qui concerne les grands domaines, dont près de la moitié est exploitée au moyen de la barščina (V. Rubinstein p. 103-105 ; — Scepetov Indova, Baranovic, passim). Enfin, les pourcentages moyens de Semevskij empêchent de voir les variations, souvent très grandes, à l'intérieur des gouvernements (suivant les districts et les régions), et de ce fait dissimulent les types d'environnement qui favorisent l'obrok ou la barščina (voir par exemple le pourcentage par district du gouvernement de Moscou, Rubinstein, p. 102).

page 1069 note 4. Ignatovic, p. 45-55, 289 ; cet auteur tient compte, plus que ne le fait Semevskij, de deux facteurs complémentaires : la densité de la population (en liaison avec la disette de terre) et la grandeur moyenne des lots (ibid., p. 47-48) ; — Voir aussi Piceta, V. I., PomesHc'e khozjajstvo nakanune reformy (L'économie seigneuriale à la veille de la réforme), Velikaja Reforma (La Grande Réforme), III, Moscou, 1911, p. 123124,Google Scholar 126.

page 1070 note 1. Voir par exemple Khbomov, Razvitie, p. 8-11 ; et du même auteur, Ocerki, p. 50, 68-69, 94, où il é.xet une opinion plus nuancée ; — Cagolov, p. 41-43 ; — Rtjbinstein, p. 160 ; — Mokozov, F. M., Razlolenie krepostniceskoj sistemy khozjajstva v Itossii i ekonomiceskaja politika v pervoj cetverti XIX v. (La Décomposition du régime économique servile en Russie et la politique économique dans le premier quart du xixe siècle), Voprosy istorii narodnogo khozjajstva SSSR (Questions d'histoire de l'économie nationale de l'U.R.S.S.), Moscou, 1957, p . 239 et suiv.Google Scholar ; Istorija russkoj ekonomiceskoj mysli (Histoire de la pensée économique russe), (en abrégé : 1REM), vol. I , t . 2, Moscou, 1958, p. 207 ; — J . Mavok, An Economie History of Russia, I, London-Toronto, 1914, p. 196-197 ; — Zajonckovskij, p. 9-11. Certains auteurs (Ignatovic, p. 48, 98-99 ; Piceta, p. 123-124 ; Cagolov, p. 42-43) ajoutent que l'obrok est en expansion dans la zone de necemozem, et la barščina, dans celle des terres noires ; explication qui a les faiblesses, déjà signalées, du classement basé sur la qualité des terres. 11 suffirait de déplacer les lignes de démarcation selon d'autres critères (voir infra, § 4) pour obtenir des résultats tout à fait différents. D'ailleurs, il n'est même pas certain que l'obrok ait progressé dans la « zone du necemozem » (voir infra, note 4, p . 1071).

page 1070 note 2. Semevskij, Krest'jane, I, p. 50-51. On se demande toutefois quels facteurs, selon la conception de l'auteur, devaient provoquer cette progression. La qualité des terres ne changeait que très faiblement. Le rapport entre grands et petits domaines ? Semevskij constatait lui-même que ses estimations pour 1777 étaient presque identiques à celles de Koeppen, pour 1834 : les domaines de moins de 100 paysans étaient passés, d'une date à l'autre, de 83,8 % à 84 % ; (Voir Koeppen, « Die Bewohner Russ lands nâch Stânden » Mémoires de VAcadémie des sciences de Saint-Pétersbourg. VI« série, t. VII, Saint-Pétersbourg, 1848, p. 420-422).

page 1070 note 3. Semevskij, Krest'jane, I, p. 51.

page 1071 note 1. Ibidem.

page 1071 note 2. Le même raisonnement se retrouve chez Ignatovic, p. 48-49.

page 1071 note 3. En utilisant les données que fournit Ignatovic (p. 290-293, 48-49, 52), nous obtenons (pour 1850-60) : redevances mixtes : 22,49 % dans 13 gouvernements de necernozem ; 9,6 % dans 7 gouvernements de terres noires ; 17,2 % de moyenne pour les 20 gouvernements. Selon nos calculs, le pourcentage de l'obrok (pour les 20 gouvernements) est de 37,07 % ; celui de la barščina, 45,8 %. \a obrok avait donc subi une diminution de 7 % au moins par rapport à 1782 (la barščina, une diminution de 10,2 %). En outre, les données d'Ignatovic, relatives aux redevances mixtes, sont sans aucun doute fortement inférieures aux chiffres réels (voir infra, IIe partie, § 1) ; dans les statistiques de Semevskij, les redevances mixtes sont comprises dans les pourcentages de la barščina (voir infra, IIe partie, §3). Il va de soi que nous considérons nos chiffres comme provisoires ; nous les mentionnons à titre d'orientation ; le problème des statistiques devrait, à notre sens, être réexaminé en entier. — G. T. Robinson, Rural Russia under the Old Régime, New York, 1949, qui expose la question des redevances d'une manière conventionnelle, a vu le problème que posent ces statistiques et ces comparaisons. Il écrit : « The two Systems (obrok et barščina) were not everywhere mutually exclusive, however ; and as the century advanced, the proportion of peasants who rendered both dues and services materially increased. » (p. 39), et il ajoute en note marginale : « This circumstance introduces most extraordinary difficulties into the statistics of the subject, which make it uncertain whether or not the obrok System was npreading at the expense of the barshehina System (as certain statistical estimâtes, on their face, would indicate) » (p. 280). Malheureusement, l'auteur n'en tient pas compte dans son analyse (voir p. 39-40) et ne résout pas une difficulté, formulée pourtant très clairement.

page 1071 note 4. Khromov (Razvilie, p. 70 ; Ocerki, p. 69) et Cagolov (p. 41 et suiv.) écrivent que la barščina était prédominante, mais que dans l'ensemble la proportion de l'obrok s'était élevée au cours du xixe siècle. Dans l'ensemble, cela n'a certainement pas eu lieu. En tenant compte des autres régions de la Russie (et pas seulement des 20 gouvernements) les pourcentages pour l'ensemble du pays sont : 71,7 % pour la barščina et 28,3 % pour l'obrok [statistiques d'iGnatovië citées par Khkomov, Ocerki, p. 68 ; en outre, le pourcentage de l'obrok doit être diminué de 10 à 12 % au moins de redevances mixtes qui y sont incluses]. Cette diminution sensible de la moyenne de l'obrok sur le plan national, provient du pourcentage élevé de barSUna dans les régions non comprises dans les statistiques de Semevskij : Oural septentrional : 90,2 % ; Nouvelle Russie : 99,9 % ; Ukraine (gouvernement de la rive droite du Dniepr) : 97,4 % ; Ukraine (rive gauche du Dniepr) : 99,3 % ; gouvernement du Nord-Ouest : 92,4 % ; territoire de l'armée du Don : 97,2 %.

page 1072 note 1. Semevskij n'entreprit pas d'éclaircir comment, en plus de soixante-dix ans, la situation était restée aussi stable, contredisant ainsi ses conclusions sur l'expansion constante de l'obrok. Le problème, il est vrai, dépassait le cadre de son sujet. L'auteur décida de « laisser l'éclaircissement de cette question aux chercheurs futurs de l'histoire au xrxe siècle » (Kresfjane, I, p. 51). Semevskij admet, malgré sa perplexité, que le rapport entre l'obrok et la barščina, sur le plan national, n'avait presque pas changé entre 1782 et 1858.

page 1072 note 2. Pour quelques observations pertinentes au sujet des fluctuations spatiales au cours de cette période, voir Ignatovic, p. 45 et suiv. ; Ljascenko, Istorija, I, p. 490 et suiv. ; Khkomov, Ocerki, p. 66 et suiv. ; Rubinstein, chap. II, § 2 et 3.

page 1072 note 3. Semevskij, Krest'jane, I, p . 57, 595 ; — Rubinstein, p. 85 et notel , 86 et suiv. ; — Alefibenko, chap. I, p. 26-93 ; — Zaozerskaja, E. I., Begstvo i otkhod krest'jan v pervoj polovine XVIII v. (Les Fuites et les travaux d'appoint des paysans dans la première moitié du xviiie siècle), O pervonacaVnom nakoplenii v Rossii, XVII-XVIII vv. Sbornik statej. (A propos de l'accumulation primitive en Russie aux xviie-xviiie siècles. Recueil d'articles), Moscou, 1958, p. 149152,Google Scholar 154, 166-167, 183-184.

page 1072 note 4. Rubinstein, p. 98, 116-118, 125-130. Très nette au cours des années 90, la tendance semble se poursuivre pendant les premières années du xixe siècle. Les suppliques et les pétitions des paysans durant les troubles sociaux de 1796-1797 mentionnent souvent que l'obrok venait d'être partiellement converti en travail de barščina. Cette conversion est d'ailleurs une des causes des mouvements paysans enregistrés à ce moment dans 17 gouvernements (sur 20) de la Russie d'Europe.

page 1073 note 1. Indova, p. 4. Voir aussi : Piceta, p. 124 ; — Ignatovic, p. 98-99 ; — Ljacsenko, Istorija, I, p. 498-499, 503-504 ; — A. M. Pankratova, préface de Rabocee dvizenie v Rossii v XIX veke (Le Mouvement ouvrier en Russie au x i x e siècle), vol. I, t . 1 (1800- 1825), Moscou, 1955, p. 25-20 (cf. p. 17) ; — Polosin, préface à l'ouvrage de Scepetov, p. 8-9 ; — P. Struve, Krepostnoe khozjajstvo. Issledovanija po ekonomiceskoj istorii Rossii v XVIII i XIX vv. (L'économie servile. Recherches sur l'histoire économique de Russie aux xviiie - x i x e siècles), s.l., 1913, p. 31 et suiv., 90 et suiv. ; — Rubinstein, p. 77-78 (où il est question d'une « seconde édition » (vtoroe izdanie) de la barščina), 126,129-130. On fera avec profit le rapprochement entre ce développement économique et celui que décrit D. L. POKHILEVIC, Perevod gosudarstvennykh krestjan Litvy i Belorussii v seredine XVIII v. s deneznoj renty na otrabotocnuju (Le remplacement de la redevance en espèces par une redevance en travail chez les paysans d'Etat de Lituanie et de Biélorussie au milieu du XVIIIe siècle), Ist. zap., n° 39, 1952, p . 121-122 (où l'auteur parle d'une « restauration » de la barščina) ; et pour ce même processus dans les domaines privés, p. 136-137.

page 1073 note 2. Rubinstein (p. 92) admet une voie différente de celle-là, mais il la formule en tant que principe de théorie économique, qui reste sans influence apparente sur son analyse des faits (voir infra, note 3, p. 1076) ; par contre Pokhilevic (p. 122-123) fournit une documentation abondante qui montre que telle était la voie suivie en Biélorussie et en Lituanie.

page 1073 note 3. Voir infra, IIe partie.

page 1073 note 4. Voir supra, n. 3 p. 1071 et infra, IIe partie, § 1.

page 1074 note 1. On trouve un exposé très bien documenté de ce développement dans Rubinstein, chap. II, p. 79-130 ; cf. Piceta, p. 105 et suiv., 110, 124, 132.

page 1074 note 2. Marc Bloch, Les Caractères originaux de l'histoire rurale française, Paris, 1952, p. 235.

page 1074 note 3. Bn d'autres termes, des facteurs économiques qui avaient contribué à l'expansion de l'obrok et au recul de la barščina au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, produisaient à présent des résultats inverses dans l'économie rurale en général et dans les domaines seigneuriaux en particulier. Cela apparaît clairement lorsqu'on replace le développement de l'économie agraire dans le cadre de l'économie du pays et lorsqu'on examine l'un en fonction de l'autre. L'éventualité d'un tel résultat, formulée de manières diverses, peut être déduite aussi des analyses des auteurs ; voir Ljasëenko, Ocerki agrarnoj evoljucii Rossii (Esquisses de l'évolution agraire de la Russie), Saint-Pétersbourg, 1908, passim (en abrégé : Evoljucija) ; — Stbuve, chap. VI ; — Rubinstein, p. 77-78 et voir supra, notes 1 et 2, p . 1073 ;—Pankratova, p. 25-26 ; — Polosin, p. 8-9. Précisons que, si ces faits économiques favorisent à présent la barščina, ils contribuent aussi à maintenir partiellement Vobrok dans les domaines (voir infra, § 5 et Ile partie,§ 4).

page 1074 note 4. Il critique également (p. 100-102) le nombre restreint de paysans (5-10%) qui, dans chaque gouvernement, avait servi de base à ces statistiques ; la « fétichisation des chiffres moyens » ; l'affirmation suivant laquelle les grands domaines tendent à adopter l'obrok — les petits, la barščina.

page 1074 note 5. Rubinstein p. 100. Dans son compte rendu du livre de Rubinstein, K. V. Srv- KOV ( Vopr. ist., n° 6, 1958, p. 174), objecte que les deux zones ne sont pas une création artificielle de Semevskij, mais … une création naturelle, une oeuvre de la nature. Objection pertinente dans un sens, elle reste pourtant hors du sujet, la question n'étant pas de savoir quelle est la genèse des deux zones, mais quel est leur degré d'influence sur la répartition spatiale de l'obrok et de la barščina.

page 1075 note 1. Rubinstein, p. 102 et suiv., 112 et suiv., 116, 121-122 128-129 ; — Cf. Ljascknko, Istorija I, p. 493-494 ; Ignatovic, p. 100 ; — Pokhilevic (p. 131) constate que les grandes voies d'échanges (Bug occidental-Visla) et les centres commerciaux (Brest), favorisaient, en Biélorussie et en Lituanie, la création de régions de forte concentration de la barščina.

page 1075 note 2. Rubinstein, p. 118 et suiv., 128 ; (cf. Ljascenko, Istorija, I, p. 501-503). L'auteur expose que l'exploitation seigneuriale, fondée sur la barščina, paraissait élever la rentabilité des propriétés. En réalité, il n'y avait là qu'une augmentation du revenu brut, absorbée par une augmentation disproportionnée des frais courants et des frais do transport, de vente, d'achat de matériel, d'entretien de bétail, etc. Sur ce point, Sïvkov (loc. cit.) objecte que ces mêmes frais existaient également dans les domaines à obrok ; mais, à notre avis, ils étaient certainement beaucoup moins élevés que dans les domaines à barščina. Ce mode d'exploitation, poursuit Rubinstein, s'accompagnait d'un gaspillage de la « force de travail peu productive » des serfs, il ruinait l'économie paysanne, détruisait les forces de production et, surtout, celles qui étaient à la base du domaine seigneurial ; ainsi, menait-il « l'économie féodale » à l'impasse, accélérait sa crise interne et rapprochait la liquidation inéluctable du système servile. Au sujet de ces dernières thèses, Sïvkov (loc. cit.) déclare que Rubinstein avance la crise du système servile de trente à cinquante ans au moins.

page 1075 note 3. Voir Ljascenko, Istorija, I, p. 492-494 ; Indova, p. 43-45 ; supra, note 4, p. 1071 ; •— Cf. Khromov, Ocerki, p . 67-70, qui, parlant de l'Ukraine (p. 67), donne une explication diamétralement opposée (l'expansion de la barščina serait due aux échanges peu actifs, et à une production pour le marché peu développée), mais quelques lignes plus loin, p triant cette fois de la région de la Baltique, il affirme que c'est la proximité des mirchés, permettant l'écoulement des produits agricoles, qui provoquait « l'épanouissement » de la barščina et l'exploitation de la paysannerie par les barons baltes. En principe, Khromov estime (Ocerki, p. 79) que la forme de redevance en espèces « se développe (razvivaetsja) à un certain degré de développement (razmtie) du commerce, des échanges monétaires et de la production pour le marché en général ». Il semble que l'adhésion stricte de cet auteur au principe énoncé, paralyse son analyse, lorsqu'il se trouve en présence de faits « réfractaires ». Sur un sujet analogue, Pokhilevic (p. 122-123) écrit que le transfert des paysans de la barščina à l'obrok, en Biélorussie, Ukraine et Lituanie, dans la seconde moitié du xviie et au début du xviiie siècle, « n'était pas dicté; comme en Europe Occidentale, par la croissance des forces de production ni par le développement du commerce et de l'industrie… ». (Ce transfert fut suivi, comme on sait, d'une « restauration » de la barščina vers le milieu du xviiie siècle). Remarque très suggestive, qui paraît valable également pour la Russie proprement (à ce sujet, voir aussi Cagolov, p. 52 et suiv. qui pose, dans toute son ampleur, le problème des différences dans le développement agraire en Occident et en Russie).

page 1076 note 1. Ainsi s'explique la diminution du pourcentage de l'obrok, entre 1782 et 1858, dans cinq gouvernements de nefernozem, et dans trois autres des terres noires : Gouvernement c. 1782 c. 1858 Diminution Zone de necernozem : Tver 46 % 41,1 % — 4,9 % Novgorod 49 45,7 — 3,3 Kaluga 58 55,3 — 2,7 Smolensk 30 27,1 — 2,9 Niznij-Novogrod 82 68,4 — 13,6 Zone des terres noires : Voronez 64 44,8 — 19,2 Penza 52 24,8 — 27,2 Orel 39,6 28,2 —11,4 Semevskij, Krest'jane, I, p. 591-592, appendice VIII ; — Ignatovic, p. 51, 289). On tiendra compte également que le pourcentage de l'obrok de 1858, comprend une quantité assez forte de domaines à redevances mixtes ; la diminution de l'obrok dans le gouvernement de Kaluga, par exemple, est notoirement plus considérable que ne l'indiquent les chiffres ci-dessus ; voir à ce sujet Ignatovic, p. 51 (note marginale) et infra, note 7, p. 1084.

page 1076 note 2. Pour une opinion différente de celle-là, voir Ignatovic, p. 56.

page 1076 note 3. h'obrok et la barščina ont-ils été à ce point « mutuellement antagonistes » comme le pense Rubinstein (p. 96, 128-129) ? L'opposition entre les deux n'était-elle pas un des aspects seulement du développement, intimement lié à la tendance constante à l'interpénétration ? Cet auteur estime également que l'antagonisme conduit à une concentration des domaines « aux deux pôles opposés », celui de la barščina et celui de l'obrok (p. 127-128). Cependant, il qualifie le système de redevances mixtes de « forme de compromis » entre les deux. Remarque suggestive qui fait regretter que l'auteur ne l'ait pas approfondie davantage. — Voir aussi l'opinion de Robinson (p. 39 et supra, note 3, p. 1071) qui semble faire allusion à cette question : « The two Systems were not everywhere mutually exclusive, however » ; mais les mots however et everywhere n'aident pas à mieux comprendre la pensée de l'auteur.

page 1076 note 4. Voir infra, début de la II e partie.

page 1077 note 1. Il n'existe ni loi ni coutume qui oblige le pomescik à imposer aux serfs telle redevance plutôt que telle autre ; voir Semevskij, KresVjane, I, p. 50, 61 ; Robinson, p. 37-39 ; — Cernyievskij, N. G., Izbrannye ekonomiïekie proizvedenija, I, p. 468,Google Scholar cité par Khromov, Ocerki, p. 89 ; — Trudy VoVnago Ekonomiceskago Obscestva (Travaux de la Société libre d'économie ; en abrégé : TVEO),Saint-Pétersbourg, vol. XVI, 1770, p. 20 ; vol. LVI, 1804, p. 28.

page 1077 note 2. Rubinstein sous-estime systématiquement le rôle actif des propriétaires et l'importance de leur choix ; cela lui a été d'ailleurs reproché par Sivkov, loc. cit.

page 1077 note 3. Voici quelques-unes des considérations permanentes qui pouvaient influencer le jugement du pomescik : la baricina permettait d'attacher les paysans au domaine et d'éviter qu'ils ne se livrent à des travaux d'appoint, « générateurs de débauche et de dépravation des moeurs » ; elle paraissait garantir le progrès de l'agriculture, « fondement de l'Etat et de la société », et favoriser la natalité ; elle assurait le bon ordre dans les domaines, mais elle créait aussi davantage de causes de conflits entre serfs et propriétaires. La barščina permettait au pomescik de réaliser son revenu en vendant lui-même les produits de l'exploitation ; l'obrok lui fournissait des entrées en espèces, quelle que fût la récolte de l'année en cours, du moment que les obrocniki obtenaient le gros de leurs gains de travaux d'appoint non agricoles ou de commerce. La barščina semblait fournir des bénéfices plus élevés (voir supra, note 2, p. 1075 ; infra, note 1, p. 1078) et l'espoir même de pouvoir les obtenir était un facteur psychologique important ; mais l'obrok déchargeait le pomescik des soucis de l'exploitation. La barščina rendait impossible l'accumulation d'arriérés de redevances, accident assez fréquent dans les domaines à obrok ; mais l'obrok diminuait la tension et les points de friction entre le pomescik et ses serfs.

page 1077 note 4. Ces opinions étaient exprimées par des économistes domaniaux et des propriétaires, même du temps où ces derniers introduisaient activement l'obrok dans leurs domaines. Elles ne semblent pas avoir empêché qui que ce soit de le faire, lorsque cela paraissait avantageux ; voir par exemple, TVEO,V, 1767, p . 62-63 ; VII, 1767, p . 1-25 ; X, 1768, p. 29 et suiv. ; XVI, 1770, p. 177-178, 186-188. D'où nécessité d'éclaircir cette contradiction apparente entre les opinions des économistes et le comportement des propriétaires. Rubinstein (p. 79) et Struve (p. 31) pensent que Volrok était un fait économique nouveau (vers les années 50 et 60 du xviiie siècle) et que la nouveauté du fait explique ces réactions hostiles envers lui. Mais cette interprétation est indéfendable et se trouve infirmée par tout ce que l'on sait de l'obrok dans la première moitié du xviiie siècle (et cela prouve l'évidence que l'obrok n'était nullement un fait économique nouveau à ce moment), et par tout ce que les contemporains en savaient vers le milieu du siècle (voir Semevskij, KresVjane I, p . 57, 595 ; — Alefirenko, chap. I, p. 26-39 ; — Zaozerskaja, p. 149-152, 166-167 183-184 ; et même Rubinstein, p. 156, note 1 e t p . 86-87 ; voir infra IIe partie, § 2). Il semble plutôt (comme l'entrevoit Struve, d'ailleurs) que ces opinions soient le signe avant-coureur de l'intérêt renouvelé des propriétaires pour la barščina.

page 1078 note 1. Voir Confino, M., « La comptabilité des domaines privés en Russie dans la seconde moitié du xviiie siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. VII, n° 1, janvier-mars 1961.Google Scholar

page 1078 note 2. Par contre, la dépression (l'instabilité surtout) de ces prix, qui suivit après cette date était sans doute défavorable à la barščina ; voir LJASÔENKO, Krepostnoe sel'skoe khozjajstvo Rossii v XVIII v. (L'économie paysanne servile en Russie au xviiie siècle), Ist. zap., n” 15, 1945, p . 105 ; — TVEO, V, 1767, p . 61 ; XVI, 1770, p . 237 et suiv. LVI, 1804, p . 378. Mais ce point mériterait d'être mieux étudié.

page 1078 note 3. Piceta, p. 110 ; — Ljasôenko, Istorija, I, p. 499-500 ; — Dubrovin, Russkaja ïizrC v nacale XIX v. (La Vie en Russie au début du xixe siècle) ; Russkaja starina (Antiquité russe), III , 1899, p . 29-30, 32 ; voir infra, note 1, p . 1081.

page 1078 note 4. Voir Roger Portal, , « Pougatchev : une révolution manquée », Etudes d'histoir, moderne et contemporaine, I, Paris, 1947;Google Scholar — I . I. Icnatovic, « Krest'janskija volnenija » (Les Troubles paysans), Velikaja Reforma, III, M., 1911, p . 41-65;— I. Ignatovic, Krest'janskie volnenija pervoj cetverti XIX v. (Les troubles paysans dans le premier quart du xixe siècle), Vopr. ist., n° 9, 1950 ; — Semevskij, Krest'jane, I, p. 442 et suiv. ; — Robinson, p. 49-51 ; — Pankratova, p . 40-43 ; — Pokhilevic, p. 146 et suiv. ; — V. supra, note 4, p. 1072.

page 1079 note 1. La situation du gouvernement de Moscou (seconde moitié du xviiie siècle) en est un exemple très éloquent : situé dans la zone de necernozem, la barščina y prédomine pourtant (barščina 64 %, obrok 36 % — selon Semsvskij ; barščina 67 %, obrok 33 % — selon Rubinstein), mais la diversité des conditions économiques et naturelles, apparaît mieux encore dans les grandes différences de pourcentage, dans les 15 districts de ce gouvernement ; ces pourcentages s'étalent de 8 % obrok, 02 % barščina (district de Podol’) à 66 % obrok, 34 % barščina (district de Bronnicy) ; voir Rubinstein, p. 102. Cette disparité serait encore plus accentuée, si on tenait compte des pourcentages de redevances mixtes, voir infra, IIe partie, § 3 et note 3, p. 1089 ; et aussi Pokhilevic, p. 123.

page 1079 note 2. Piceta, p. 116, 120.

page 1080 note 1. Voir Lefebvre, Georges, « La Révolution française et les paysans », Etudes sur la Révolution française, Paris, 1954, p. 255258;Google Scholar « l'intrusion du capitalisme dans l'agriculture se faisait en partie sous le couvert des droits féodaux et les rendait beaucoup plus insupportables. Il en pervertissait aussi la nature, car ils avaient été créés pour entretenir le seigneur qui vivait au milieu de ses paysans et ils passaient entre les mains de capitalistes qui ne songeaient qu'à en retirer profit. Mais il accroissait aussi le revenu du seigneur et, par là, augmentait à ses yeux la valeur des droits féodaux et sa répugnance à les abandonner » (p. 256). E t sur la notion moderne de propriété, invoquée par les nobles (mais aussi par les feudistes) pour défendre les droits féodaux, voir Jaurès, J ., Histoire Socialiste de la Révolution Française, I, Paris, 1939, p. 186187;Google Scholar (« …au nom du droit de propriété, (la noblesse et le clergé) prétendaient non seulement maintenir leur privilège contre toute entreprise d'expropriation mais encore s opposer même au rachat obligatoire des servitudes féodales. Ils empruntaient ainsi sa formule magique à la Révolution bourgeoise pour persévérer dans les abus du passé. »)

page 1080 note 2. Le professeur Portai, Roger, L'Oural au XVIIIe siècle, Paris, 1950, p. 363 Google Scholar et suiv., 381-383, montre d'une manière très nette que le développement de l'industrie ouralienne au xviiie siècle, loin d'atténuer les rigueurs du servage, eut pour résultat de les renforcer. — Piceta (p. 115) indique que les nouvelles techniques agricoles (« les techniques anglaises ») accrurent le nombre de paysans travaillant à la mesjacina, forme extrême de la barščina (voir infra, note 3, p. 1081), considérée par la plupart des chercheurs comme un semi-esclavage (Robinson, p. 41 : near-slavery ; Cagolov, p. 55 : restravracija rabstba). — Pour le témoignage, très éloquent, d'un contemporain (M. Svitkov, 1810), voir infra, note 2, p 1092 ; et pour l'ensemble de la question, Cagolov, p. 23.

page 1080 note 3. Voir Weber, Max, Wirtschaftsgeschichte, Munich-Leipzig, 1924,Google Scholar chap. I, § 6, « Kapitalistische Entwicklung der Grundherrschaft », p. 99-105 ; — Gerschenkron, Alexander, Bread and Democracy in Germany, Univ. of California, Berkeley-Los Angeles, 1943, p. 17,Google Scholar 21, 24-25, 42, 58 (p. 23 : « Thus, while in the West (of the Elbe River) the old feudal construction of Grundherrschaft (« manorial economy ») was destroyed, in the East a new System of Gutsherrschaft (« estate economy ») took its place, which contrived both to adapt itself to the requirements of the market economy then in the making and to préserve the spirit of feudalism. ») ; — Simon, W. A., The Failure of the Prussian Reform Movement, 1807-1819, Cornell Univ., Ithaca, New York, 1955, p. 632,Google Scholar et surtout p. 18 et suiv., 88 et suiv. (p. 24 : « The Silesian peasant was therefore oppressed by the double burden of décadent feudalism and nascent capitalism. ») ; — Clapham, J. H., The Economie Development of France and Germany, 1815-1914, Cambridge, 1951, p . 29 Google Scholar et suiv., 43 et suiv.

page 1080 note 4. Voir Confino, « La Comptabilité… », passim, et la conclusion de l'article.

page 1081 note 1. TVEO,LXII, 1810, p. 201-221 ; et sur l'ensemble du sujet : Ljascenko, Evo- Ijucija, p. 171, 174 ; Istorija, I, p. 499-502 ; — Robinson, p. 55-57 ; — Pankratova, p. 25-26 ; — Struve, ehap. V et III; — Piceta, p. 110-111, 132-133 ; cf. Cagolov, p. 21 et suiv.

page 1081 note 2. V. supra, note 2, p. 1066.

page 1081 note 3. De même, parallèlement à la recrudescence de la barščina, on observe l'expansion de sa formî la plus poussée : le système de la mesjacina ; le serf, entièrement privé de lerre, recevait une ration mensuelle de son pomescik, ce dernier exploitait désormais toute la terre du domaine et les paysans y travaillaient six jours de la semaine. V. TVEO,VII, 1767, p. 147 ; XVI, 1770, p. 26-27 ; LVI, 1804, p. 29 ; LXVI, 1814, p. 0-7, 114 ; — Robinson, p. 37-38, 40-41 ; — Ljascenko, I, p. 494, 497 ; — Piceta, p. 115, 132. Ce système, pour n'avoir pas été très répandu, n'en est pas moins un symptôme très net de ce qui préoccupait à présent les seigneurs : utiliser de la manière la plus intensive la main-d'oeuvre à leur disposition. — Au sujet de la question, très controversée, du salariat agricole, v. TVEO,LXVI, 1814, passim ; — Ljascenko, Istorija, I, p. 501-502 ; — Robinson, p. 57-58 ; — Struve, p. 103 et suiv. ; — Piceta, p. 120 et suiv. ; — Cagolov, p. 123-140.

page 1081 note 4. Piceta, p. 114-115, 120 ; — Ljascenko, Istorija, I, p. 494, 502-503, 506 ; — Robinson, p. 56-57 ; — Cagolov, p. 30 et suiv. ; — Semevskij, Kresfjanskij vopros v Hossii v XVIII i pervoj polovine XIX veka (La Question paysanne en Russie au xviiie et dans la première moitié du xixe siècle), I, Saint-Pétersbourg, 1888, p . 322, II, p. 617 (en abrégé : Vopros) ; — Kornilov, A. A., Kurs istorii Rossii XIX veka (Histoire de la Russie au xixe siècle), II , M., 1918, p. 4344.Google Scholar

page 1082 note 1. Ce sont là quelques traits généraux ; ces caractéristiques ne sauraient être précisées qu'à l'aide d'études détaillées de domaines à redevances mixtes.

page 1082 note 2. Voir supra, note 3, p . 1076. En règle générale, les auteurs n'envisagent que « deux formes fondamentales de redevances » : l'obrok et la barščina ; voir Plceta, p. 123 ; Ru- Binstein, p. 95 ; Ljascenko, , Istorija, I, p. 492;Google Scholar Robinson, p. 39 ; Pankratova, p. 26; Cagolov, p. 41 ; IREM,I, t. 1, p. 207; Khromov, Ocerki, p. 66; Ignatovic, p. 48-49; Struve, p. 30 et suiv ; cf. Mavob, I, p. 194 et suiv. ; — Par contre, il n'est pas sans intérêt de constater que Sir D. M. Waixace, observateur perspicace et averti qui visita la Russie peu après l'émancipation des serfs et y recueillit de nombreuses informations de contemporains qui y avaient vécu au temps du servage, écrit : « We hâve hère the basis for a simple and important classification of estâtes in the time of serfage : 1 ° Estâtes on which the dues were exclusively in Iabor ; 2° Estâtes on which the dues were partly in labor and partly in money ; and 3° Estâtes on which the dues were exclusively in money. » ( Waixace, , Russia, Londres, 1877, p. 474475).Google Scholar

page 1083 note 1. Au sujet des statistiques d'Ignatovic, qui font exception à cette règle, voir infra, notes 5 et 6, p. 1084.

page 1083 note 2. Voir infra, note 8, p. 1084.

page 1083 note 3. Voir infra, § 3.

page 1083 note 4. Mais cela n'est nullement une règle générale ; voir infra, note 8, p. 1084.

page 1083 note 5. Jbid., et Ignatovic, p. 52.

page 1083 note 6. Semkvskij (Krest'jane, I, p. 51) et Ignatovic (p. 48-49) relèvent son influence défavorable sur le degré d'autonomie de la communauté rurale et sur la grandeur des lots paysans. Les historiens soviétiques soulignent, en règle générale, que ce système faisait empirer la situation des serfs.

page 1083 note 7. Ignatovic, p. 55, 56-57, 68-70.

page 1084 note 1. Voir infra (à la fin du présent paragraphe), et notes 6 et 8, p. 1084 et 1, p. 1085.

page 1084 note 2. Semevkij, Krest'jane, I, p. 86.

page 1084 note 3. Ibid., p. 51.

page 1084 note 4. Ljascenko, , Istorija, I, p. 497 Google Scholar (v. aussi p . 492), mais l'auteur ne mentionne pas le Systems de redevances mixtes dans la seconde moitié du xviiie siècle ; voir Khromov, Olerki, p. 65-69, 77, 87 ; — Zajonckovskij, p. 16.

page 1084 note 5. Ignatovic, p. 290-293 (table n° 2).

page 1084 note 6. Ignatovic, p. 51, 52, 53 et surtout 289 (table définitive, n° 1 : les redevances mixtes n'y figurent pas). Lorsque les auteurs citent ces statistiques, ils n'emploient que les tables indiquant les pourcentages de l'obrok et de la barščina : voir Ljascenko, Istorija, p. 493 ; — Khromov, Ocerki, p. 68 (citées sans indication de la source) ; par contre, cf. Zajonckovskij, p. 16, 20 ; Piceta, p . 130-131.

page 1084 note 7. 22,49 % dans 13 gouvernements de necernozem ; 10,25 % dans 10 gouvernements de terres noires ; soit, 16,45 % dans 23 gouvernements de la Grande Russie (Ignatovic, p. 48), mais voir supra, note 3, p. 1071.

page 1084 note 8. Dans certains gouvernements, les tjaglo (groupes de travail de 2, 4, 6 paysans et paysannes) à redevances mixtes (variante I) qui payaient un obrok inférieur au montant moyen de l'obrok dans le gouvernement, étaient inscrits dans la rubrique de la barščina ; ceux qui versaient un obrok supérieur à la moyenne étaient portés dans celle de l'obrok (Ignatovic, p. 52). Dans d'autres cas, les redevances mixtes étaient totalement ignorées. Commentant les données des vol. III et VI des Travaux des Commissions de Rédaction, Ignatovic écrit (p. 50) : « On doit utiliser avec beaucoup de précautions les chiffres relatifs à toutes les catégories de domaines, parce qu'on ignore dans quel groupe — obrok ou barščina — ont été inclus les paysans acquittant des redevances mixtes ». Mais tout indique que l'auteur se soucie non pas des redevances mixtes qui disparaissent ainsi, mais des « pertes » que cela provoque aux pourcentages de l'obrok.

page 1085 note 1. En voici un exemple très net : Les chiffres d'Ignatovic pour le gouvernement de Kaluga indiquent : barščina 41, 15 % ; obrok, 44,49 % ; redevances mixtes 14,36 %. L'auteur réduit les trois formes de redevances à deux et obtient : barščina 41,21 % ; obrok 58,79 % (p. 290-291). Ailleurs l'auteur mentionne (p. 51) les statistiques de A. A. Kornilov, pour le gouvernement de Kaluga (« plus précises que celles du Comité de la noblesse de ce gouvernement ») qui montrent : barščina 36 % ; obrok 42 % ; redevances mixtes 22 % ; Ignatovic poursuit : « En rassemblant en un groupe l'obrok et les redevances mixtes, on voit que l'obrok (sic) se monte à 64 %, c'est dire que non seulement il n'avait pas baissé depuis le xviiie siècle, mais qu'il s'était élevé de 6 % ». En fait, l'obrok avait baissé de 16 %, la barščina — de 6 % (sinon davantage, puisque, au xviiie siècle, les redevances mixtes y étaient incluses), le tout allant aux redevances mixtes (mais voir aussi ibid., p. 56). Pour un exemple analogue et une explication de cette assimilation des redevances mixtes à l'obrok, voir ibid., p. 54,57. Pour des détails intéressants sur le gouvernement de Kaluga, voir ibid., p. 55.

page 1085 note 2. Ignatovic, p.48 ; — Skmevskij, , Kresfjane, I, p. 35,Google Scholar 36 ; — Ljascenko, , voir supra, note 4, p. 1084;Google Scholar — Rubinstein, p. 93.

page 1085 note 3. Voir Materialy po istorii kresVjanskogo i pomescic'ego khozjajstva pervoj cetverti Xviii v. (Matériaux d'histoire de l'économie paysanne et seigneuriale dans le premier quart du x viiie siècle), Moscou, 1951. Pour cette période, Khromov (Ocerki, p. 62) établit la répartition suivante, basée sur l'étude de 353 domaines :

— 91 domaines, barščina non combinée à d'autres redevances ;

— 92 — barščina combinée à des redevances en nature ;

— 18 — baruina combinée à l'obrok en espèces ;

— 11 — barščina combinée à des redevances en nature et à l'obrok en espèces.

(L'auteur n'indique pas la forme de la redevance dans les 141 domaines qui ne figurent pas dans ces 4 catégories). — V. Zaozekskaja, p. 151 et suiv., 155.

page 1086 note 1. Voir supra, note 3, p . 1067.

page 1086 note 2. Alefirenko, p. 39 ; l'auteur parvient à cette conclusion sur la base de 22 inventaires de domaines, établis par la Chancellerie des saisies et qui mentionnent avec précision la forme de la redevance.

page 1086 note 3. Ibid., p. 41 ; dans le cas présent, cela concerne, selon toute vraisemblance, les districts de Tula et de Perejaslavl'-Rjazansk ; la redevance mixte en question s'avère être de la variante I.

page 1086 note 4. Ibid., p. 58 (sans indication de quelle variante il s'agit).

page 1086 note 5. Ibid., p. 71.

page 1086 note 6. Ibid., p. 72 (c'est nous qui soulignons règle).

page 1086 note 7. Ibid., p. 89-90.

page 1086 note 8. Ibid., p. 92.

page 1086 note 9. Ibid., p. 41.

page 1087 note 1. V. ibid., p. 52 ; l'auteur termine en ces termes un développement fort intéressant : « Toutefois, on trouvait rarement des exploitations où l'obrok existait à l'état pur ; en ce temps on combinait le plus souvent, dans un même domaine, la barSUna et l'obrok » (c'est nous qui soulignons).

page 1087 note 2. Telle est la conclusion de l'auteur, qui écrit (p. 40) : « Ainsi la délimitation géographique entre les différentes formes des redevances féodales, qui s'était ébauchée, quoique faiblement, à la fin du xvii» siècle et au début du xviii6 , continuait à s'affirmar à l'époque que nous étudions, et dépendait principalement, selon toute vraisemblance, du degré de développement des relations marchandes et monétaires (tovarnodeneïnye otnoSenija) dans les différents lieux. La délimitation entre Vobrok et la barScna ne se fait avec netteté qu'ultérieurement, à la fin du X VIIIe et dans la première moitié du XIXe siècle, elle se manifeste (à ce moment) par la prépondérance de la barïcina dans les gouvernements de la zone des terres noires, et par celle de l'obrok dans les gouvernements de la zone du necernozem, à l'exception du gouvernement de Moscou, où la barUina prédominait » (c'est nous qui soulignons).

page 1087 note 3. Semevskij, Krest'jane, I, p. 35, note 4.

page 1087 note 4. Voir supra, Ire partie § 2 et IIe partie § 1.

page 1087 note 5. Semevskij, Krest'jane, I, p. 36.

page 1088 note 1. Ibid., p. 74 et voir aussi appendice V et p. 581.

page 1088 note 2. Rubinstein, p. 93.

page 1088 note 3. Tel est notamment le cas d'une quantité considérable de domaines mentionnés par Semevskij (Krest'jane, I, appendice IX) et Rubinstein (passim) ; les cas de redevances mixtes de la variante I semblent plus fréquents que ceux de la variante II.

page 1089 note 1. Supra et note 1, p. 1088.

page 1089 note 2. Rubinstein procède ainsi même lorsque cela influe sensiblement sur le rapport entre l'obrok et la barščina ; par exemple, il classe de la manière suivante les 15 domaines de plus de 1 000 serfs de la région de Moscou : 7 dans le groupe de l'obrok, 8 dans celui de la barščina. La répartition exacte est : obrok 7 ; barščina 6 ; redevances mixtes 2 ; (voir Rubinstein, p. 103-105, 107).

page 1089 note 3. Un tel classement conduit aux différences suivantes dans les pourcentages des formes de redevances :

page 1089 note 4. Ibid., p. 109.

page 1089 note 5. A cela, on doit ajouter la combinaison de l'obrok et de la barščina avec des redevances en nature, dont on ne tient pas compte non plus ; pour une exception, voir L.Iascenko, Istorija, I, p. 496 ; — Rubinstein (p. 127-128) affirme, à tort d'ailleurs, que l'obrok en produits (natural'naja renta) fut réduit à néant (« sosla na net ») ; ailleurs (p. 93) il corrige lui-même cette opinion et écrit que les redevances en nature disparurent « en tant que forme indépendante » et qu'on les remarque jointes toujours à l'obrok ou à la barščina ; cela n'est pas équivalent à une disparition pure et simple et représente un fait économique important.

page 1090 note 1. Mentionnons aussi les indications suivantes, fournies par P. K. Alefirenko. L'auteur fait état (p. 63) « des recherches minutieuses de T. P. Rzanikova et E. S. Kogan, témoignant que, dans la zone agricole, la baricina prédominait tant dans les grands et moyens domaines, que dans les petits, mais qu'elle était souvent combinée à des redevances en produits et en espèces ». Or les titres de ces deux thèses dactylographiées, que nous n'avons pu consulter, font penser que les conclusions de leurs auteurs, Rzanikova et Kogan, concernent précisément la période examinée en ce moment. La thèse de Rzanikova est intitulée : « Les paysans des domaines de la région de la Volga moyenne, à la veille du soulèvemsnt de Pugacev (années 50 et début des années 70 du xviiie siècle » (ibid., p. 10) ; celle de Kogan a comme titre : « L'Economie seigneuriale et paysanne des domaines des Kurakin dans la région de Penza et de Saratov, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle » (ibid., p. 56). De son côté, Pokhiuevic (p. 123, 125) écrit que le système mixte était le plus répandu en Ukraine, Biélorussie et Lituanie.

page 1090 note 2. Tel est l'état défait qui résulte du projet d'Elagin, ober-hofmeister à la Chancellerie des domaines de la Couronne, bien qu'il déclare s'opposer à l'obrok (en réalité, ils'oppose à Votkhod, travaux d'appoint non agricoles). Suivant ce projet, les paysans de la couronne acquittent un obrok en espèces à la Chancellerie (qui, dans ce cas, remplit les fonctions d'un seigneur privé envers ses serfs), et travaillent à la barščina pour le noble qui afferme la propriété (cette proposition d'ELAGiN, d'affermer les domaines de la couronne aux propriétaires, fait partie des nombreux essais de la noblesse à cette époque, d'accaparer les biens publics (terres et industries de l'Etat, propriétés appartenant au souverain en tant que seigneur privé, etc.) ; voir I. P. Elagin, Proekt o preobrazovanii dvorcovykh krest'jan. 1766 (Projet de réorganisation (du statut) des paysans de la Couronne. 1766), Éurnal zemlevladel'cev (Revue des propriétaires terriens), t. VI, 1859, n»s 21, p . 5-32 ; 22, p. 135-154.

page 1090 note 3. TVEO,V, 1767, p. 5 et suiv.

page 1090 note 4. TVEO,XVI, 1770, p. 186 ; précisons que Bolotov conseillait de laisser à la dis- position du tjaglo le pécule gagné par le zatjaglyj ; cela n'est donc pas, à proprement parler, un cas bien tranché de redevances mixtes. Mais combien de propriétaires suivaient le conseil de Bolotov î

page 1091 note 1. TVEO,XV, 1770, p. 164-224.

page 1091 note 2. TVEO,XI, 1769, p. 53-56.

page 1091 note 3. TVEO,II, 1766, p. 112, 113.

page 1091 note 4. Storch, A. K., Historisch-Statistisches Gemâlde des Russischen Reichs am Ende des achtzehnten Jahrhunderts, II, Riga, 1797, p . 374375 Google Scholar (c'est Storch qui souligne) ; voir Ljascenko, Istorija, I, p. 497.

page 1091 note 5. TVEO,LVI, 1804, p . 29-30 (voir aussi p . 10) ; le mémoire a été écrit un an avant sa publication.

page 1091 note 6. Semevski, Krest'jane, II, p . 13-22 ; Robinson, p . 30 ; (voir supra, note 4, p . 1072f.

page 1091 note 7. Engel'man, Istorija krepostnogo prava v Rossii (Histoire du servage en Russie), M., 1900, p. 210-212, 222 ; Semevskij, Vopros, I, p . 255-276.

page 1091 note 8. Struve, p. 91 ; voir Semevskij, Vopros, I, p. 312 ; Indova, p . 5 ; Morozov, p. 239 ; Piceta, p. 116.

page 1091 note 9. TVEO,LXI, 1809, p . 315. Dans les explications données par la Société, il est dit que les pomeSUki, qui emploient les redevances mixtes, ne sont pas très nombreux (mais voir note suivante) ; on précisait néanmoins que les mémoires devaient « s'appuyer sur des calculs exacts et des preuves incontestables et être fondés sur l'expérience personnelle et des exemples notoires » (ibid.).

page 1092 note 1. M. Svitkov (premier prix), TVEO,LXII, 1810, p. 109-110, 121 et suiv. ; — I. F . Bogdanovic (troisième prix), ibid., p. 209, 210, 213-214, 216-217 ; — I. A. Pooo- DIN (deuxième prix) prend nettement position en faveur de la barseina, qu'il considère comme étant plus avantageuse, mais il compare systématiquement le revenu brut obtenu au moyen de la barseina, au bénéfice presque net que représente l'obrok ; il estime que l'obrok est nuisible (et en parle en l'assimilant à Yotkhod, comme le font la plupart des propriétaires d'ailleurs) et qu'il n'y a nul besoin de combiner l'obrok et la barseina (ibid., passim) ; — Svitkov écrit : « Il existe une pratique employée très couramment et qui consiste à charger tout le mir paysan des deux redevances. Elle est beaucoup plus commode tant pour le mir que pour les paysans ; ces derniers acquittent alors les deux redevances avec plus de profit pour chacun d'eux et pour le pomeseik. Les paysans connaissent mieux ceux, parmi eux, qui sont plus habiles pour les travaux agricoles et ceux qui parviennent à gagner davantage d'argent hors du domaine. Des exemples (de cette pratique) sont visibles (ocevidny) dans les domaines de nombreux seigneurs russes bien connus » (ibid., p. 117-118). « … Le pomeseik rend tout le mir responsable de l'exécution des redevances (povinnostej) que tous les paysans ensemble et chacun d'eux en particulier doivent au pomeseik, c'est-à-dire, du paiement de l'obrok et de l'exécution des travaux seigneuriaux » (ibid., p. 130-131). E t encore : « L'exemple des domaines de certains seigneurs peut convaincre le mieux et faire comprendre qu'il est préférable d'exploiter les domaines (en employant) simultanément les deux redevances » (ibid., p. 152). Et Svitkov conclue : « La combinaison des deux redevances dans les pomesfja, garantit indubitablement, aux personnes des différents états, des avantages supérieurs à ceux que présente chacune d'elle employée séparément » (ibid., p. 160) ; de plus, cette combinaison « peut avoir une influence immense, non seulement sur le bien-être physique et civique (sic) (des paysans), mais aussi sur les moeurs du peuple tout entier » (ibid, p. 152). — D'autres arguments de Svitkov, qui affiime avoir beaucoup étudié Adam Smith, « cet investigateur fameux des activités humaines » (slavnejsego ispytatel ja ccloveleskikh dejanij), rendent clair que le paysan devait subir à présent, le double poids des anciennes servitudes, jointes aux contributions nouvelles que le pomeseik exigeait de lui, en s'inspirant de l'esprit des temps modernes.

page 1092 note 2. Cela n'empêcha pas deux historiens de se livrer à une controverse intéressante, bien que sans objet. Estimant que Svitkov prend parti pour la barstna et contre l'obrok, Sbmevskij (Vopros, I, p. 313, et non 318 comme l'indique Struve) qualifia ses opinions d’ « élucubrations médiocres » (plokhija izmislenija) ; par contre, Struve (p. 91) interpréta les opinions de Svitkov comme autant de preuves que la barseina est plus avantageuse que l'obrok (d'ailleurs Struve identifie systématiquement les opinions des propriétaires à ce sujet, avec ce qu'il en est en fait, et cela l'a même empêché de voir l'extravagance de la comptabilité de Pogodin) ; répliquant à Scmevskij, il affiima que les opinions en question étaient « des indications précieuses (fournies) par des contemporains compétents ». Ce que Semevski et Struve omettent de signaler, est que Svitkov prend parti surtout pour les redevances mixtes. Sur le point de savoir si c'est l'obrok ou bien la barseina qu'il faut préférer, Svitkov répond : « l'important (pour le pomeseik), c'est de recevoir de l'argent » (ibid., p. 112-113, 122), et il s'inspire de ce principe d'or tout au long de l'examen de la question.

page 1092 note 3. Le mémoire traitait des avantages respectifs du travail servile et du travail l'environsalarié, sujet proposé par la Société d'économie avec l'appui d'Alexandre I et de Kozodavlev, ministre de l'Intérieur ; TVEO,LXVI, 1814, p. 268-269. 1. Répartition de la terre et des occupations, entre les serfs du domaine examiné par L. Jakob :

page 1093 note Les paysans de ces trois catégories payaient au seigneur un loyer (otkup), s'élevant à un rouble par dessiatine.

page 1093 note La quatrième catégorie comprenait 739 paysans, qui possédaient un lot de 2 dessiatines chacun et acquittaient la barščina durant trois jours par semaine. Ils cultivaient ainsi 1 516 dessiatines de la réserve seigneuriale.

page 1093 note La cinquième catégorie comprenait 2 000 paysans qui se livraient à des travaux hors du domaine, n'avaient pas de terre (sauf l'enclos sans doute), et acquittaient l'obrok (dont le montant n'est pas spécifié par Jakob). — Le passage d'une catégorie à l'autre était strictement réglementé par le seigneur et par les administrateurs du domaine. Cette organisation, que Jakob qualifie de magnifique (ves'ma prekrasno) était l'expression d'une authentique politique de différenciation et de stratification des paysans, et conduisait à priver de terre un grand nombre d'entre eux. Jakob ne trouvait qu'un seul défaut à cette organisation, à savoir le manque « de stabilité légale » (zakonnoj tverdosti) et il proposait qu'elle lui soit conférée (TVEO, LXVI, 1814, p. 85-86).

page 1094 note 1. Ces dates et celles qui suivent, sont évidemment très approximatives et ne peuvent être considérées, dans le meilleur des cas, que comme des hypothèses de travail ; nous les employons ici comme points de repère qui se sont dessinés au cours d'un premier examen de la question et qui aident à en exposer les conclusions : établir et préciser les cadres chronologiques de ces développements, tel est précisément un des sujets d'étude dont nous avons voulu souligner l'importance.

page 1095 note 1. Piceta, p. 116-120 ; — IBEM,I, t . 1 et 2, passim ; — Cagolov, passim.