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Contribution à l'étude des structures économiques : l'approvisionnement de Pavie au XVIe siècle
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Dans une économie pré-industrielle, étant donné l'insuffisance des moyens de transport, n'importe quelle société se trouve obligée d'investir une quantité notable de ses ressources dans la formation de stocks. Cette tendance s'accentue, évidemment, pour les denrées alimentaires, en raison soit de l'importance prééminente des denrées dans l'échelle des besoins à satisfaire, soit de la forte instabilité des récoltes ; instabilité que l'homme, à ce stade de développement technique et économique, n'est pas encore en mesure de contrôler.
La formation et le maintien de stocks, en particulier de stocks alimentaires, constituent une forme particulière d'investissement, c'està- dire d'accumulation de capital. Il s'agit d'un investissement ayant un caractère, pour ainsi dire, « statique », et non « évolutif », car il ne contribue pas à l'accroissement du revenu pendant cette longue période, mais sert seulement à une meilleure distribution du revenu dans le temps.
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- Études
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963
References
1. Kuznetz, S., National Income, a Summary of Findings, New York, 1946, p. 55 Google Scholar ; cf. aussi du même auteur, Long Terni Changes in the National Income of the United States of America since 1870, in « Income and Wealth », séries 2, Cambridge, 1952.
1. G. Lombardini, Prezzi del grano e politica dell'approvuigionamento a Bassano *ra l'inizio del secolo XVIe la fine del XVIII, thèse de doctorat présentée devant l'Université de Venise en 1961, à paraître prochainement.
2. A ce propos, cf. par exemple F. Spooner, « Régimes alimentaires d'autrefois : proportions et calculs en calories », in Annales, n° 3, mai-juin 1961, pp. 568-574.
1. Le territoire de Pavie fut le théâtre d'une surprenante vitalité économique à partir de la moitié du xiv” siècle, pour près d'un siècle et demi, presque sans interruption. A partir du début du xvie siècle jusqu'en 1585, les invasions françaises et les guerres franco-espagnoles apportèrent dévastations et ruines. Les dommages furent incalculables. Mais, à partir de 1540, les signes de la reprise se font déjà sentir : les campagnes se repeuplent, on reconstruit les édifices, on remet les terres en exploitation, à Pavie fleurissent toutes sortes d'activités artistiques. Ce cycle économique en expansion durera jusqu'au début du xviie siècle. Après quoi surviendront les grandes crises qui marqueront le début d'un long déclin pour toute l'économie lombarde. (Cf. G. Aleati et C. M. Cipolla, « Il trend economico dello stato di Milano durante i secoli x v i e x v n : il caso di Pavia », in Bolktino della Società Pavese di Storia Patria, 1950, fasc. I-II ; cf. également, des mêmes auteurs, « Aspetti e problemi deireeonomia milanese e lombarda nei secoli x v i e x v n », in Storia di Milano, vol. XV.
2. K. J . Beloch, BevoUcerungsgeschichte Italiens, Berlin, 1961, I I I ; C. M. Cipolla, « Profilo di storia demografica della città di Pavia », in Bolktino della Società Pavese di Storia Patria, Vol. 6°, I-II, 1943 ; Aleati, G., La popolazione di Pavia durante il dominio spagnolo, Milan, 1957.Google Scholar
3. On ne peut évidemment pas comparer l'accroissement de la population rurale avec celui de la ville, dans laquelle les sièges et les pillages ont eu des conséquences beaucoup plus graves. Il suffit de penser qu'au début du xvi” siècle, la population de Pavie comptait déjà plus de 16 000 habitants et que, trente ans après, elle était réduite à moins de 5 000 habitants.
4. Outre les deux travaux déjà cités de G. Aleati et C. M. Cipolla, cf. aussi à ce propos : C M. Cipolla, « Per la storia délie terre della « bassa » lombarda », in Studi in onore di A. Sapori, Milan, 1957, pp. 665 et suiv.
5. N. De Buffon, Traité des irrigations, Paris, 1843.
1. Le 16 juillet 1886, le duc Gian Galeazzo Visconti écrivait ceci aux podestats de la campagne pavèse : « Mandamus vobis quatenus, si taxa impositio seu consignatio bladorum conducendorum in terris episcopatus et districtus nostri Papie ad ipsam nostram civitatem facta non est, ipsam pro anno presenti statim fieri faciatis iuxta ordinem servari solitum per tempora retroatta, et si forsan huiusmodi taxe impositionis vel consignation is bladorum fieri non consue vissent per tempora retroatta, volumus quod de novo fiant et de presenti de illa quantitate que competens visa fuerit. » — Le 1e r juillet 1564, le notaire public T. Albergati, « deputatus super dicto Magazino », déclarait dans une « profession de foi » publique qu'au cours de l'année 1556-57, 876 sacs et demi avaient été remis au magasin public par des citoyens imposés et des Communes de la campagne pavèse (Archivio Civico di Pavia, dossier 207).
2. Dans l'Archivio Civico di Pavia (dossier 212) on trouve une liste de marchandises confisquées en Lomellina « aux particuliers qui avaient plus de grains qu'il ne leur en fallait, en exécution de la délégation faite le 6 décembre 1627 ». Dans 51 communes, on confisqua à 155 propriétaires un ensemble de 8.478 sacs de blé, 5.205 sacs de riz non décortiqué, 1.684 sacs de seigle, 38 sacs de riz blanc, 225 sacs de millet, 68 sacs de légumes.
1. Voici un singulier témoignage, dû à un voyageur anglais contemporain, sur ce qui se faisait à Florence à cette époque : « When the Duke foresees a dearth of Corne, he makes search what corne private men hâve, and leaving them as much as will serve their own Familyes, he buyes the rest at a reasonnable price, and layes it off in the office of Aboundance, as they vulgarly call it, using equally towards ail in that he sparses no man more than another… ». Cf. F. Moryson, Itinerary, London, 1903, I, p. 124.
2. Elles sont conservées à l'Arcbivio Civico Pavese, dans les dossiers 207, 208, 209, 210, 211 et 250.
1. Ces données se réfèrent évidemment à un cadre plutôt limité, représenté par un ensemble de 118 familles sur un total de 1 002 qui furent recensées cette année-là. Elles ne peuvent donc fournir aucune considération de caractère général pour comparer la situation en ville et à la campagne.
1. ArchiVio Civico di Pavia, dossier 207.
2. Le calcul a été fait sur la base : 1 sac de Pavie = 1,222633 hl. Cf. Tavole di ragguaglio fra le nuove e le antiche misure e fra i nuovi e gli antichi pesi del Regno dltalia pubblicate per ordine del Governo, Milan, 1803.
1. Actuellement, en Italie, les tables employées par le Ministère de l'Agriculture établissent pour le blé un poids spécifique variant, selon la qualité, de 75 à 80 kg par hectolitre. Mais, jusqu'au xviiie siècle, la qualité du blé produit en Italie était certainement inférieure et ne devait pas dépasser de beaucoup les 70 kg par hectolitre (cf. E. Fiumi, « Economia e vita privata dei fiorentini nelle rilevazioni statistiche di Giovanni Villani », in Storia dell'economia italiana, I, p. 328, note 1). Pour le seigle, dont les caractéristiques sont restées inchangées jusqu'à nos jours, le poids spécifique oscillait entre 72 et 75 kg par hectolitre. Un autre problème se pose à propos du rendement présumé en pain d'une certaine quantité de'blé. Dans ce cas, étant donné la technique différente du blutage de la farine et de la fabrication du pain en usage à cette époque, qui permettait un rendement supérieur à celui d'aujourd'hui — on a admis l'équivalence de poids entre le blé et le pain qu'on en tirait, en considérant que la diminution due à la meunerie était compensée par l'augmentation de poids consécutive à la cuisson du pain.
1. La différence entre les moyennes des deux années est évidemment due à la différence des saisons au cours desquelles furent établies les divulgations : novembre, dans le premier cas, et mai, pour le second. Il est évident qu'au mois de novembre, peu de temps après la récolte, la moyenne des stocks se trouvait plus élevée que celle que l'on pouvait trouver au mois de mai.
2. Rappelons que, sous la domination espagnole, la société lombarde connut une évolution de type féodal, avec extension à certaines classes de privilèges notables, de nature medieval
1. Le même phénomène s'est produit, entre la fin du xive et le début du xv” siècle, dans les villes d'Europe où « … le ravitaillement des ménages était devenu moins dépendant des marchands de céréales ; la crainte de la famine avait poussé nombre de citadins à s'assurer un approvisionnement direct en achetant de la terre ou des rentes, ou en concluant avec les producteurs ruraux des contrats de fourniture de céréales. » Cf. G. Duby, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, 1962, II, p. 570.
2. Le courtier, ou malosserius, avait aussi un rôle public important en tant qu'il devait signaler chaque semaine au Juge des approvisionnements, les cotes du prix du blé commercialisé, afin de permettre le calcul d'une moyenne qui servit à établir la taxe du pain.
3. Archivio Civico di Pavia, dossier 206.
1. Segni, G. B., Trattato sopra la carestia e famé, sue cause, accidenti, prowisioni, reggimenti, Bologne, 1602.Google Scholar
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- Cited by