Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Au début des années 1960, dans cette même revue, Ruggiero Romano publiait ses articles pionniers sur les prix au Chili, et plus généralement en Amérique du Sud, pendant le XVIIIe siècle : le moment semblait alors venu d'appliquer à un nouveau territoire une méthode que l'historiographie française illustrait depuis une trentaine d'années. Une ère labroussienne allait-elle s'ouvrir dans les recherches sur l'Amérique coloniale ? Les thèses de Enrique Florescano sur Mexico, et de Anibal Arcondo sur Côrdoba parurent confirmer cette perspective. Puis tout tourna court, et ces travaux restèrent sans lendemain : ils apparaissent, vingt ans plus tard, comme un bref épisode plutôt que comme le début d'une ère nouvelle.
Ce faux départ peut s'expliquer par la conjonction de deux facteurs. D'une part, dans les années 1960 déjà, en Europe même, on commençait à prendre conscience de l'impasse dans laquelle s'engageait l'histoire des prix : les difficultés méthodologiques concernant l'élaboration et la lecture des séries suscitaient de vives polémiques, ainsi qu'un certain scepticisme. D'autre part, en Amérique latine, on se rendait compte également que les prix ne sont pas un indicateur suffisant pour des sociétés dont de larges secteurs (surtout indigènes) échappent, au moins partiellement, à l'emprise du marché.
The records of expenses of the Franciscan convent of Potosí allow us to observe the movement of prices for about forty products from the end of the seventeenth century to the beginning of the nineteenth. These series reveal the overlapping of several trends (maritime, South-American, regional, and local), which correspond to different economies whose currents converge in the Potosi market. Each of these economies presents autonomous traits, but together they demonstrate a clear tendency towards depression, especially in the second half of the eighteenth century. Study of the tithes of the La Plata Archbishopric suggests a correlation between a thirty year downward movement of grain and tuber prices (1760-1790) and a period of agricultural growth, this last being correlated as well with a demographic surge.
Cette recherche a été partiellement financée par des crédits du Joint Committee on Latin American Studies of the American Council of Learned Societies et du Social Science Research Council, New York. Nous remercions le Père Lorenzo Calzavarini et le professeur Mario Chacôn, qui nous ont permis d'avoir accès à la source utilisée, ainsi que Eduardo Miguez pour son assistance dans l'exploitation des données. Nos remerciements vont également à Ruggiero Romano, Herbert Klein, Michel Morineau, Maurice Aymard, Olivia Harris, et Adolfo Canitrot, qui ont bien voulu nous faire part de leurs remarques sur des versions préalables de ce travail. Celui-ci a été discuté également lors d'une conférence présentée en décembre 1980 à l'Institute of Latin American Studies de l'Université de Londres. Nous gardons évidemment toute la responsabilité des analyses et hypothèses proposées dans le présent article.
* Cette recherche a Été partiellement financée par des crédits du Joint Committee on Latin American Studies of the American Council of Learned Societies et du Social Science Research Council, New York. Nous remercions le Père Lorenzo Calzavarini et le professeur Mario Chacôn, qui nous ont permis d'avoir accès à la source utilisée, ainsi que Eduardo Miguez pour son assistance dans l'exploitation des données. Nos remerciements vont Également à Ruggiero Romano, Herbert Klein, Michel Morineau, Maurice Aymard, Olivia Harris, et Adolfo Canitrot, qui ont bien voulu nous faire part de leurs remarques sur des versions préalables de ce travail. Celui-ci a Été discuté Également lors d'une conférence présentée en décembre 1980 à l'Institute of Latin American Studies de l'Université de Londres. Nous gardons Évidemment toute la responsabilité des analyses et hypothèses proposées dans le présent article.
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3. Toutes les données fournies par la source sont exprimées en pesos de 8 réaux, monnaie qui circulait effectivement dans les possessions espagnoles en Amérique. Son contenu en argent pur et son poids varièrent très peu pendant le xviiie siècle ; c'est pourquoi nous estimons qu'il convient d'utiliser simplement les prix nominaux, sans aucune manipulation. Les indices sont calculés sur la base 100 pour 1770-1779.
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7. A. Garcia-Baquero, op. cit., II, graph. 13.
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11 . B. Arzans DE Orsua Y Vêla, op. cit., III, p. 71.
12. Ibid., III, p. 74.
13. Ibid., III, p. 137.
14. A. Garcia-Baquero, op. cit., II, graph. 13.
15. Ibid., II, graph. 14.
16. B. Arzans DE Orsua Y Vêla, op. cit., II, p. 421.
17. A. Garcia-Baquer, op. cit., I, p. 369.
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29. L'auteur cite le voyageur français Frézier, qui mentionnait en 1713, à propos de la production textile péruvienne : « Les manufactures de bayetes (et) de toiles de coton font un peu de tortau commerce d'Europe », C. S. Assadourtan, « Sobre un elemento de la economia colonial : produccion y circulacion de mercancias en el interior de un conjunto régional », Eure, 3, 8, Santiago du Chili, 1973, p. 158.
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33. Ibid., p. 30 ; J. Polo Y LA Borda, « La hacienda Pachachaca (segunda mitad del s. xvm) », Historica, I, 2, Lima, 1977, pp. 240-241 ; P. MACéRA, Las Plantaciones Azucarenas en el Peru, 1821-1875, Lima, 1974, p. xvi ; Tjarks, P., « Panorama del comercio interno del Virreinato del Rio de La Plata en sus postrimerias », Humanidades, 36, La Plata, 1960, pp. 29–30.Google Scholar
34. Cf. l'exemple des haciendas des Jésuites qui, à la baisse du prix du sucre, répondirent par une augmentation de la production tout au long du xviiie siècle, Cushner, N. P., Lords of the Land : Sugar, Wine, and Jesuit Estâtes of Coastal Peru, 1600-1767, New York, 1980, pp. 122–123.Google Scholar
35. S. Ramirez Horton, op. cit., pp. 28-29 ; P. MACéRA, R. Boccolini, op. cit., p. 45 ; A. Arcondo, op. cit. ; R. Romano, communication personnelle.
36. A. Arcondo, op. cit. ; R. Romano, communication personnelle.
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39. Communication personnelle de J. C. Garavaglia, auquel nous adressons nos vifs remerciements.
40. Nous disposons de données plus fragmentaires pour d'autres variétés de poissons, comme la corvina ou \epescado de escama. Elles suggèrent une Évolution analogue des prix de la corvina et du congre d'une part, du pescado de escama et du to/lo d'autre part.
41. Codigo Carolino (1794), Libro III, Titulo i, Ordenanza 52 ; cf. Également Escobedo à Areche, Potosi, 29 avril 1780, British Muséum, Add. Mss. 13983, fc 95 : « … (la sal) suele escasear cuando los Indios se dedican a las lavores del campo, y por esto, y falta de pasto para sus mulas y carneros no vienen con ella. »
42. Se sont avérés plus particulièrement utiles, pour l'élaboration de ce tableau : B. Arzans DE Orsua Y Vêla, op. cit. ; Anales de la Villa Impérial de Potosi, anos 1722-1834, Sucre, Bibliothèque Nationale de Bolivie, Mss. Rùck, n° 26 ; et Lastres, J. B., Historia de la medicina peruana, vol. II, La medicina en el Virreinato, Lima, 1951.Google Scholar
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44. Ibid., pp. 174-177 ; Brading, D., Haciendas and Ranchos in the Mexican Bajio, Léon (1700-1800), Cambridge, 1978, p. 189.Google Scholar
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48. Enrique Florescano, op. cit., pp. 180-182.
49. L'observation de l'indice des prix agricoles exprimé selon le procédé des moyennes mobiles (sur 7 ans, centrées sur la 4e année), permet de nuancer cette lecture : trois grands mouvements cycliques se succèdent de 1716 à 1760-1765 ; puis s'étend une phase de stabilité, de 1765 à 1785, suivie d'une forte baisse, de 1785 à 1789 ; enfin nette remontée après 1790.
50. Archives de la cathédrale de Sucre, Livres du Cabildo ; Archives générales des Indes, Charcas 725.
51. Rappelons que le taux du dizième n'était appliqué, en principe, qu'aux producteurs non indigènes ; les indiens de leur côté devaient seulement le vingtième sur les produits d'origine européenne. L'application de ces taux fut l'objet de plaintes et de procès, mais on peut admettre qu'en pratique leur fixité n'a pas Été remise en cause pendant la période Étudiée. Les modalités de l'affermage justifient d'autre part (comme nous le verrons plus loin) le recours à l'indice annuel des prix pour « déflater » la courbe des dîmes.
52. Cf. Brooke Larson, Economie Décline and Social Change in an Agrarian Hinterland : Cochabamba (Bolivia) in theLateColonialPeriod, op. cit., pp. 169-221.
53. Cf. Sanchez-Albornoz, Nicolas, Lapoblacion de America Latina. Desde los tiempos precolombinosalano 2000, Madrid10, 1973, p. 125 ss.Google Scholar
54. Ibid.
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59. On peut supposer Également que l'augmentation des revenus décimaux résulte de perceptions abusives dont seraient victimes les indiens ; ces abus existent, comme en témoignent un certain nombre de procès, mais ils paraissent limités, et ne remettent pas en cause l'hypothèse d'une croissance agricole.
60. Cf. Golte, J., Repartos y rebeliones. Tupac Amaru y las contradicciones de la economia colonial, Lima, IEP, 1980.Google Scholar