Hostname: page-component-cd9895bd7-jn8rn Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T12:01:18.520Z Has data issue: false hasContentIssue false

Changements démographiques et grèves ouvrières à Saint-Pétersbourg, 1905-1914

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Leopold Haimson
Affiliation:
Université de Columbia
Éric Brian
Affiliation:
M.S.H., Paris

Extract

Nous avons choisi de considérer le cas de Saint-Pétersbourg pour illustrer l'incidence des changements démographiques au cours de la première décennie du xxe siècle sur la dynamique des grèves ouvrières qui éclatent à la veille de la première guerre mondiale. Ce choix s'appuie sur l'analyse comparée des deux grandes vagues de grèves des ouvriers de l'industrie dans la Russie impériale : celle des années révolutionnaires de 1905-1907, et celle qui suivit le massacre des ouvriers des mines d'or de Lena en avril 1912, et se développa avec une intensité accrue et un caractère politique, voire révolutionnaire, de plus en plus aigu jusqu'au début des hostilités, en août 1914. Avant de présenter une analyse démographique de la population ouvrière de la capitale, nous aborderons deux questions : pourquoi avons-nous attaché une si grande importance au cas de Saint-Pétersbourg dans notre analyse quantitative de ces deux vagues de grèves ? et pourquoi avons-nous prêté une telle attention aux changements structurels, et notamment démographiques, dans notre interprétation de l'évolution de l'intensité et du caractère des grèves qui s'y déroulent jusqu'en 1914 ?

Summary

Summary

The core of this article is devoted to an analysis of demographic changes in St. Petersburg between 1900 and 1910, with particular emphasis on the strata of industrial workers employed in different districts and branches of industry. Various findings of the analysis suggest a close relationship between the processes of urbanization which, to differing degrees, these various strata of St. Petersburg workers experienced during this decade and the patterns of strike actions that they came to display by the eve of the First World War.

The results of a quantitative analysis of labor unrest among all workers of the Empire under Factory Inspection during the 1905 — 07 and 1912 —14 strike waves are summarized in the introduction of the article. These results, in turn, strongly suggest that our findings concerning the workers of St. Petersburg represent an extreme but illustrative case of more general tendencies in the dynamics of labor unrest in Imperial Russia by the eve of the War, pointing to the impact of processes of urbanization—even more than that of the factor of urban concentration—on the intensity and character of industrial strikes.

Type
Histoire de L'URSS
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1985

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1. Comme nous l'observions dans Haimson, Leopold éd., The Politics of RuralRussia (1905- 1914), Bloomington, Indiana Univ. Press, 1979.Google Scholar

2. En raison des lacunes dans les données démographiques fournies par ces recensements municipaux au sujet des ouvriers de la capitale, nous serons conduits à faire périodiquement des extrapolations, tirées de nos indices de la croissance de la population dans son ensemble, de la population active (âgée de 16 ans et plus) et de celle des individus d'état civil paysan (krestiane), auquel la plupart des ouvriers étaient assignés légalement. On rappellera que ces désignations légales ne signifient pas nécessairement que ceux qu'elles concernaient provenaient vraiment de la paysannerie, et encore moins de l'agriculture, ni même qu'ils avaient immigrés en ville (comme nous le verrons, surtout après le début du siècle, un nombre croissant d'entre eux étaient nés dans la capitale).

3. A vrai dire, notre idéal type (évidemment hautement abstrait) de l'ouvrier imprimeur qui travaille et vit au centre de la capitale est, en 1917, du point de vue politique, celui d'un partisan des mencheviques « défensistes », ou du moins « défensistes-révolutionnaires », qui jusqu'en Octobre vibre à l'appel de Tsereteli pour le maintien de « l'unité des forces vives de la nation » ; il a tendance à se définir lui-même comme un membre de l'intelligentsia, ou pour le moins d'une intelligentsia ouvrière, cherchant à rassembler ces « forces vives de la nation ». Notre représentation de l'imprimeur de quartier de Vasileostrov à la même époque se prête plutôt au profil politique beaucoup plus ambigu d'un menchevique « internationaliste ». Tandis que notre image d'un ouvrier, et surtout d'un jeune ouvrier de l'industrie des machines et machines-outils de Vyborg, est celle d'un bolchevique prêt à faire écho aux Thèses d'Avril de Lénine, avant même le retour de celui-ci dans la capitale.

4. Seule exception : les ouvriers du quartier de Vyborg revêtant un costume bourgeois, pour n'être pas remarqués par la police ; ils s'infiltraient dans le centre de la ville lors des occasions politiques importantes, comme le 1er mai, pour participer avec les étudiants et d'autres jeunes radicaux, guère plus nombreux, issus de la société privilégiée, à des manifestations éclair rapidement dispersées.