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Cadastres, occupation du sol et paysages agraires antiques

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Gérard Chouquer*
Affiliation:
Monique Clavel-Levêque, François Favory CNRS, RCP 627, Besançon

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Comment parler aujourd'hui des cadastres antiques ? A partir de quelles données peut-on se les représenter ? Et dans quelle mesure est-il possible de restituer avec quelque crédibilité ces réseaux que les traités d'arpenteurs et autres « mesureurs de champs » plantent dans les paysages agraires comme cadre théorique et pratique d'occupation du sol ?

A s'en tenir à la matérialité de l'objet comme évidence d'une réalité historique incontestable, nous ne disposons que de deux ensembles de plans cadastraux — à Rome et à Orange — qui livrent une représentation conventionnelle et sélective de la planimétrie antique et ne constituent donc pas un atlas du parcellaire.

Or, depuis quelques décennies, ont surgi en abondance carroyages et réseaux géométriques qui dessinent et matérialisent les formes d'une maîtrise des paysages dans le cadre plus large des pratiques de colonisation et d'implantation impérialistes. C'est vrai aussi bien des quelques ensembles « grecs » d'Italie du Sud ou de Gaule méridionale que des centaines de réseaux plus ou moins vastes de l'Occident romain.

Summary

Summary

Ancient geometrical land divisions are being identified in increasing numbers. Technological advances (coherent light filtering and automatically-drawn modular grids) and new methods (rigorous choice of criteria for orientation and modules) have improved our knowledge in this area. The results obtained in Italy and Gaul in particular reveal the great morphological diversity of land-division Systems and the flexibility of their application. Because of its widespread success, the Roman centuriation into 20-actus units is the most striking System.

Each conquest and regional planning project featured specifie modes of territorial organization and patterns of land occupancy. These modes and patterns reveal the adaptability and variety of cadastres, which served as sophisticated and efficient instruments for organizing ail the elements of a territory. As normative and restrictive frameworks for the local population, cadastral grids paved the way for systematic control of space and landscapes. They created tangible matrixes that had a deep influence on human behavior, left lasting imprints on the collective imagination, and are still embedded in the vestiges being analyzed today.

Type
Nouvelles Archives
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983

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References

Notes

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5. De K. Lachmann et A. Rudorff jusqu'à l'étude récente de F. T. Hinrichs, un riche courant historiographique a cherché la signification des différences de la morphologie agraire romaine (opposition centuriation/strigation), et s'est interrogé sur la valeur des textes gromatiques comme sources. Les Étapes de ce débat sont résumées dans Hinrichs, F. T., Die Geschichte der Gromatischen Institutionen, Wiesbaden, 1974, pp. 2557 Google Scholar, repris dans Chouquer, G., Les cadastres romains. Approche morphologique et problèmes, thèse de III e cycle (inédite), Besançon, 1982.Google Scholar

6. Les textes d'arpentage, et principalement les listes des Libri regionum(Lachmann Éd., pp. 209- 262) ou Liber coloniarum, qui indiquent pour chaque cité décrite la morphologie agraire de son terroir, traduisent, semble-t-il, des réalités complexes et variées, sans toutefois les expliquer toutes. On trouve ainsi une dizaine d'expressions, régulièrement employées pour décrire l'organisation du territoire (ager) : in lacineis, in strigas, in scamna, in concellatio, in limitibus inlercisivis, in limitibus, in cenluriis, in absoluto, in iugeribus, in praecisuris. Dans de nombreux cas ces expressions sont associées (ex : per scamna in cenluriis ou encore in lacineis limitibus inlercisivis, etc.). A la suite de Frontin, on admet que la strigation (ou scamnation) peut servir de nom générique pour toutes les formes de cadastration autres que la limitation par kardines et decumani, c'est-à-dire chaque fois qu'on est en présence d'un arpentage parcellaire et non d'un réseau supraparcellaire par limites structurant la pertica.

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8. En France, où la recherche des limitations romaines est dans l'ensemble plus difficile qu'en Italie, on a assisté à une floraison d'études approximatives qui, à défaut de respecter les caractéristiques de ces cadastres, ont préféré adapter l'objet de leur recherche aux tracés découverts. Ainsi, on se satisfait de repérer des « traces d'arpentage antique » qui correspondraient à des cadastres romains moins rigoureux qu'ailleurs. Cette apparente prudence de langage ne réussit pas à justifier la démarche.

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13. Liste dans Dilke, O., The Roman Land Surveyors, Newton Abbott, 1971, p. 85 Google Scholar, complétée depuis par G. Chouquer, op. cit.

14. Ainsi la renormatio d'Auguste à Forum Popilii, Cales et Teanum emploie un maillage de 15 x 15 actus -, les centuries du cadastre A d'Orange mesurent 20 x 40 actus, comme celles de Merida en Espagne ; celles d'Altinum adoptent le module de 15 x 20 actus, à Venafrum, 16 x 16 actus, etc.

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17. On pense aux clichés des spécialistes anglais sur l'Italie et la Yougoslavie ; à ceux de 1TGN sur la Tunisie…

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22. Dans ce cas typique de limitation, le modèle retrouvé entre deux axes est toujours un multiple de \'actus, ainsi 13 actus à Cales, 13 et 10 à Privernum, 12 à Alba Fucens, etc.

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25. Contrairement à une opinion répandue, il n'est pas possible d'observer dans la région de Montélimar les traces de la centuriation de Valence inclinée à N-23° E, mais plutôt un réseau incliné à 17 ou 18° E et qui n'est pas encore caractérisé.

26. Entre \'ager Nolensis et \'ager Campanus, par exemple, seul un décalage des axes du réseau signale le passage d'un cadastre à un autre.

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