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Au XVIe siècle : Comment naviguent les galères

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Elena Fasano-Guarini*
Affiliation:
École des Hautes-Études

Extract

Les graphiques présentés ici essaient de mettre en lumière quelques aspects techniques de la navigation des galères au XVIe siècle : le rapport entre le temps de navigation effective et les temps d'arrêt, et, s'agissant de galères, le rapport entre le temps de navigation à la voile et le temps de propulsion à la rame.

Cet essai a été possible à partir du récit inédit que Leonardo Donà, ambassadeur extraordinaire de la République de Venise auprès du Sultan, en 1595, a laissé de son voyage de Venise à Constantinople, puis de Constantinople à Venise (1595-1596).

Type
Histoire et Cartographie
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1961

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References

page 279 note 1. Itinerario délia mia Ambasceria di Costantinopoli. Libreto primo contiene il viaggio per mare con due galère da Venezia al Borà dentro dell'Arcipielago l'anno 1595 (Museo Correr, Donà délie Rose 23). Les deux galères sont : « quella del signor Antonio Giustiniani governatore délia galea dei condenati, et quella del magnifico signor Vincenzo Grimani sopracomito… ». Le voyage de retour se déroule en galion jusqu'à Candie, en galère de Candie à Venise. La narration de ce dernier occupe le « libreto tertio » du mêms manuscrit.

page 280 note 1. Viaggio di Francesco Grassetto da Lonigo lungo le coste dalmate greco-venete ed italiche nelVanno 1511 e seguenti (Monumenti storici publicati dalla R. Dep. Veneta di Storia patria, série IV, mise, vol. IV, V, Venise, 1887). La galère « bastarda » où F. Grassetto est aumônier est celle que commande Marco Bragadino. Il n'est pas possible d'exploiter la suite du voyage parce qu'il ne s'agit pas d'une navigation suivie, mais de déplacements successifs dûs à des raisons militaires. Sur la « galia bastarda » cf. D'Albertis, E. A., Le costruzioni navali e Varie délia navigazione al tempo di Cristoforo Colombo, Roma 1893, p. 27.Google Scholar

page 280 note 2. Relazione del viaggio falto da L. Bernardo fu altra volta bailo a Costantinopoli e di présente rispedito al Sultan Amurat III onde ivi trattenersi riuscendogli di mandare a Venezia Girolamo Lippomano…, 1561, aprile, in Monumenti storici…, cit., série IV, mise, vol. IV, I, Venezia 1887. Le voyage se déroule en galère jusqu'à Saint-Jean de Medua (26 avril-12 mai) et de là jusqu'à Constantinople à cheval (13 mai-14 juin). Il s'agit d'une flotte composée au moins de trois galères : celle qui transporte L. Bernardo, dont le « sopracomito » est G. Calbo, et les deux « Bellegne ».

page 280 note 3. Pour une bibliographie exhaustive cf. filippo, P. Amat DI San, Bibiliografia dei viaggiatori italiani, Roma, 1874 Google Scholar, et Donazzolo, P., I viaggiatori Veneti minori (Memorie délia R. Società Geogr. Ital., XVI), Rome, 1929.Google Scholar

page 281 note 1. Pour l'histoire de la mesure du temps, cf. Franklin, A., La Vie privée d'autrefois, La Mesure du temps, Paris, 1888 Google Scholar ; Bilfinger, G., Die mittelalterlichen Uhren und die modernen Stunden, Stuttgart, 1892 Google Scholar ; Bassermann-Jordan, G., Die Geschichte der Râderuhr unter besonderer Berûcksichtigung der Uhren des bayerischen nationalen Muséums, Francfort-sur-le-Mein, 1905.Google Scholar

page 281 note 2. Elucidatio fabricae ususque astrolabii a Joanne Stoflerino justingensi viro germano, Oppenheim, 1513, f. xxvi verso.

page 281 note 3. Délia fabrica et uso di diversi stromenti di astronomia et cosmografia, Venise, 1598, p. 85.

page 281 note 4. Michel, H., Traité de l'Astrolabe, Paris 1947, p. 4243 Google Scholar et 56 : le cadran des heures égales se serait généralisé à partir du xive siècle.

page 281 note 5. Op. cit., f. xxxv.

page 281 note 6. Gemmae Frisii medici ac mathematici de Astrolabo catholico liber quo latissime potentis instrumenta multiplex usus explicatur, Anvers, 1556, p. 56.

page 281 note 7. Lilii Gregorii Gyraldi de annis et mensibus caeterisque temporum partibus… dissertatio facilis et expedita, Bâle, 1541, p. 184-185.

page 282 note 1. G. Padovano, Opéra nuova di G. P. veronese, la quai dichiara Vuso del maraviglioso istromento astronomico da lui intitulato Horoscopto, Vérone, 1560, Parte prima cap. X ; du même cf. aussi De compositione et usu multiformium [Horologiorum solarium ad omnes totius orbis regiones ac situs in qualibet superficia, Venise, 1582, où dans l'Index obscurarum vocum est insérée l'expression « horae inaequales », et De temporum computatione et dixnsione, éd. sec., Vérone, 1586, p. 8.

page 282 note 2. Op. cit., p. 56 verso.

page 282 note 3. Gallucci, G. P., Theatrum mundi et temporis, Venise, 1589, pp. 128129.Google Scholar Le livre de Marsile Ficin en question est De triplici vita, réédité en partie à Venise, par les soins de G. P. Gallucci en 1584. Cf. aussi Nores, Jason de, Tavole del mondo et délia sfera, Padoue, 1582 Google Scholar, et Barozzi, F., Cosmographia in quatuor libros distributa, Venise, 1585, pp. 152168.Google Scholar

page 282 note 4. Cf. en particulier G. Bilfinger, op. cit., pp. 171 et suiv., 185 et suiv.

page 282 note 5. F. Grassetto da Lonigo semble fréquemment se fonder sur l'observation empirique du soleil et de la lune : les indications qu'il donne souvent (” la sera », « la matina », « a sole a monte ») le laissent du moins supposer.

page 283 note 1. L'effet du changement de latitude serait en effet limité dans le cas des deux voyages plus longs, ceux de L. Donà : l'aller se déroule aux approches de l'équinoxe d'automne (25 août - 1e r octobre), donc en période de quasi-uniformité de la durée du jour et de la nuit durant tout le parcours ; le voyage de retour (Candie-Venise) a lieu en février : la progression de la saison tend alors à faire allonger les jours, tandis que le déplacement vers le nord en période antérieure à l'équinoxe du printemps tend à les raccourcir. Les heures de lever et de coucher du soleil indiquées par l'Observatoire de Venise pour les périodes en question, sont : 15 août : 5 h. 12 - 19 h. 17 ; 1 e r septembre : 5 h. 32 - 18 h. 48 ; 15 septembre : 5 h. 49 - 18 h. 22 ; 1 « octobre : 6 h. 09 - 17 h. 51 ; 1 » février : 7 h. 34 - 17 h. 15 ; 15 février : 7 h. 15 - 17 h. 35 ; 1 e r mars : 6 h. 52 - 17 h. 55 ; 15 avril : 5 h. 28 - 18 h. 54 ; 1 “ mai : 5 h. 02 - 19 h. 14 ; 15 mai : 4 h. 43 - 19 h. 31 ; 1 ” juin : 4 h. 28 - 19 h. 49 ; 15 juin : 4 h. 23 - 19 h. 58.

page 283 note 2. Le loch, apparu en Angleterre au commsncement du XVIe siècle, ne semble pas avoir eu une incidence sensible sur le mode de navigation et d'appréciation des distances parcourues dans le cours du xvie siècle. P. de Médine n'en fait pas mention etpropose — quand il n'est pas possible d'évaluer les distances parcourues par le changement de latitude et la direction suivie — un mode d'appréciation fondé sur une connaissance tout à fait empirique de la vitesse du navire (« il bon arbitrio et iudicio del pedota »), L'Arte del navegar, éd. de Venise, 1555, XLVI verso et XLVII verso). B. Crescenzio propose, d,e son côté, un instrument pour mesurer la distance parcourue pendant une heure, mais, tout en citant des inventions semblables de Vitruvio, L. B. degli Alberti, N. Tartaglia, et G. Besson, ne fait aucunement mention de l'application pratique d'instruments de ce genre ou du loch par les marins méditerranéens, parlant au contraire de la façon qu'ont ces derniers d'évaluer les distances à vue par « vigilia » et « opinione » : Nautica Mediterranea, Rome, 1608, p. 191 : et aussi pp. 196-198.

page 284 note 1. d Sur la pratique vénitienne de la navigation au xvie siècle, dans les Annales E.S.C., janvier-mars 1958, pp. 72-86.

page 284 note 2. Fischer, Th., Sammlung mittelalterlichen Welt -und See Karten, Venise, 1886 Google Scholar ; Steger, E., Untersuchungen ùber italienischen Seekarten des Mittelalters auf Grund der Kartometrischen Méthode, Gôttingen, 1896 Google Scholar ; Uzielli, G., L'cvoluzione délie misure lineari presso i vari popoli in tutti i tempi e specialmente nel Medio Evo a Firenze, Florence, 1899 Google Scholar ; cf. aussi H. Wagner. Zur geschichte der Seemeile, dans Ann. der Hydrogr., 1913 ; pour une bonne information sur toute la question des portulans et cartes nautiques, cf. Kretsciimer, C., Die Italienischen Portolane des Mittelalters, Berlin, 1909 Google Scholar ; et aussi A. Magnagm, article sur les Cartes nautiques dans Enciclopedia Italiana, xxiv, Rome, 1934, pp. 323-331.

page 284 note 3. Martini, A., Manuale di metrologia, Turin, 1883, p. 817.Google Scholar

page 284 note 4. Sur l'imprécision des rapports entre les diverses unités de mesure au xvie siècle en général, cf. M. Sanudo, Diarii, III, col. 1597, Venise, 1880 ; Fabri, O., L'VSO délia squadra mobile, Venise, 1598, pp. 9 Google Scholar, 9 bis ; et surtout Bonardo, G. M., La Grandezza, larghezza e distanza di lutte le sfere ridotte a nostre miglia, Venise, 1600 Google Scholar (2e éd.), p. 17 verso. Pour les équivalences entre les unités de mesure itinéraires avant l'introduction du système décimal, cf. G. Cristiani (Ingegnere délia Serenissima Republica di Venezia), Délie misure d'ogni génère antiche e moderne, Brescia, 1760.

page 285 note 1. Publié par C. Kretschmer, op. cit., p. 268 et suiv.

page 285 note 2. En appendice à la Nautica Mediterranea, cit.

page 285 note 3. Rosaccio, G., Viaggio da Venetia a Costantinopoli per mare e per terra e insieme quello di Terrasanta, Venise, 1598.Google Scholar

page 285 note 4. F. 43 : « fu viaggio seconde- il parer nostro di cinquanta miglia al più, benchè sulle carte si dimostri lungo di ottanta. »

page 286 note 1. P. Sardella, Nouvelles et spéculations à Venise au début du XVIe siècle (Cahiers des Annales, I), p. 56, 57. Rappelons que les moyennes et les normales en jours qu'il donne sont les suivantes : Constantinople, m. 37, n. 34 ; Candie m. 38, n. 33 ; Corfou m. 19, n. 15 ; Raguse m. 13, n. 14.

page 286 note 2. C. Zeno, auteur lui aussi d'une relation très précise d'un voyage de Venise à Constantinople (en « barque » jusqu'à Raguse, à cheval ensuite), nous fournit des données générales sur les voyages par terre de Venise à Constantinople, à partir de Raguse ou de Spalato : de Spalato, on aurait mis 50 jours avec caravane et 1 mois sans ; de Raguse, 25 ou même 20 jours ; et les soldats du Sultan arrivaient à couvrir la distance en 15 jours. (Descrizione del viazo de Constantinopoli, 1550, de ser Catharin Zen, ambassador straordinario a Sultan Soliman e suo ritorno, publié par P. Matkovic, dans Starine, X, Zagreb, p. 200-256).

page 286 note 3. Ms. cité, f. 12 verso et f. 13.

page 287 note 1. Ramberti, B., Libri tre délie cose dei Turchi. Nel primo si descrive il viaggio da Venezia a Constantinopoli…, Venise, 1539 Google Scholar ; le voyage remonte à 1533.

page 287 note 2. Le Voyage du Levant de Philippe du Fresne-Canaye, 1573, publ. par H. Hauser, Paris, 1897 (Recueil de Voyages et Documents pour servir à l'Histoire et à la Géographie depuis le x m e jusqu'à la fin du xvie siècle, vol. xvie), cf. p. 300-304.

page 287 note 3. L. Donà nous dit qu'en 1582 G. Soranzo, ambassadeur lui aussi à Constantinople, avait suivi le même itinéraire, ms. cité, f. 13. Une Relazione e diario del viaggio di Jacopo Soranzo ambasciatore délia Republica di Venezia per il ritaglio di Mehemet figliolo di Amurat imperatore dei Turchi l'anno 1582 est en effet contenue dans les Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, publiées par E. Alberi, S. m , t. n, Florence, 1844, pages 209-253. Il en résulte que J. Soranzo avait voyagé un mois pour aller de Venise au Borou (27 mars-27 avril 1581).

page 288 note 1. Nous ne disposons pas toujours de toutes les données nécessaires pour établir directement l'emploi du temps des galères : dans le voyage Venise-Borou, il reste en effet 95 heures dont nous ne connaissons pas la distribution ; dans le voyage de Candie à Venise, 87 heures ; dans celui de Venise à Corfou, 40 ; dans celui de Venise à Saint- Jean-de-Medua, enfin, 95. On peut tout de même estimer les distances parcourues dans les étapes de navigation, et calculer des vitesses moyennes pour chaque voyage, d'après les cas assez nombreux dont nous possédons toutes les données nécessaires. Ces vitesses moyennes, indiquons-le tout de suite, sont les suivantes : Venise-Corfou 3 milles horaires ; Venise-Saint-Jean de Medua, 3,5 milles h. ; Venise-Borou 5,5 milles h. ; Candie-Venise 6 milles h. D'après les distances et les vitesses moyennes, on peut calculer la durée approximative des étapes de navigation, et des arrêts qui sont intercalés. Nous avons donc distribué les heures en question de la façon suivante : Venise- Borou, 31 heures de navigation, 38 de repos, 26 de mauvais temps. Candie-Venise : 25 de navigation, 12 de repos. Venise-Corfou, 30 de navigation, 10 de repos ; Venise- Saint-Jean-de-Medua, 49 de navigation, 46 de repos.

page 290 note 1. Le critère que nous avons indiqué nous a amenés à soustraire 30 heures ( = 3 nuits) aux arrêts dûs au mauvais temps et 10 heures (une nuit) à l'arrêt de Cattaro, dins le voyage Venise-Saint-Jean de Medua ; 36 heures ( = quatre nuits) aux arrêts dûs au miuvais temps dans le voyage Candie-Venise ; 11 heures (une nuit) à l'arrêt de Zante dans le voyage Venise-Borou. Ce procédé n'a pas été nécessaire pour le voyage Venise-Corfou.

page 291 note 1. Seul L. Bernardo nous dit une fois que sa galère a dû attendre les deux autres (les « Bellegne ») à Budua. Op. cit., p. 23-24.

page 291 note 2. d'angouleme, A. Thevet, Cosmographie du Levant, Lyon, 1554, p. 22.Google Scholar

page 291 note 3. Sur les modes de navigation en Méditerranée, cf. Bbaudel, F., La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Paris 1949, pp. 7377 Google Scholar et pp. 812-319.

page 291 note 4. F. Grassetto arrive à Cattaro à 21 heures (bien que la navigation dans le canal ne soit pas facile) ; L. Bernardo à Antivari à 23 heures.

page 292 note 1. Sur 16 jours de navigation effective, P. Grassetto dépasse cinq fois les 15 heures de marche et deux fois les 17, même en ne tenant pas compte des traversées de Venise à Parenzo et de Castel Nuovo à Sainte-Marie-du-Casopo.

page 294 note 1. Cf. ms. cité, f. 45. Sur la répartition des diverses aires d'action des corsaires, cf. Tenenti, A., Naufrages, corsaires et assurances maritimes à Venise (1592-1659), Paris, 1959.Google Scholar

page 294 note 2. Restent 14 heures de navigation non spécifiée entre Venise et Budua, et 49 heures entre Budua et le Borou ; 46 heures de navigation non spécifiée entre Candie et Budua, 20 heures entre Budua et Venise.

page 294 note 3. Dans l'ensemble du voyage Venise-Borou, la vitesse moyenne à la voile est de 6,85 milles horaires (avec un maximum de 13 milles horaires et un minimum de 2,5) ; la vitesse moyenne à la rame est de 4,35 milles horaires (avec un maximum exceptionnel de 9 milles horaires, et un minimum de 1,5 milles h.). De Candie à Venise, la vitesse moyenne à la voile atteint les 8,35 milles horaires (avec un maximum de 12 et un minimum de G) ; on ne peut pas calculer la vitesse moyenne à la rame puisque l'on ne dispose que de trois indications à ce propos.

page 295 note 1. « Affine che scoprendosi, corne accader suole, alcun vassello, si ritrovassero leste et fresche per far quanto l'occasione ricercasse », ms. cité, f° 27 verso.

page 295 note 2. Les galères avaient décidé de retourner à Zante, et le véritable point de départ de leur traversée pour Cerigo se situe donc à mi-chemin entre les Strophades et Zante.

page 295 note 3. En chiffres absolus, navigation : 103 heures ; mauvais temps : 70 heures ; repos : 129 heures.

page 296 note 1. En chiffres absolus : navigation : 23'? heures ; arrêts de Corfou et Zante : 101 heures ; mauvais temps : 133 ; repos : 110 heures.

page 296 note 2. F. 38 : « E veramente questa è stata parenzana rare volte solita farsi da galère. »