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1992. Réflexions sur une commémoration

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Annette Wieviorka*
Affiliation:
CNRS

Extract

Depuis 1989, nous sommes entrés dans l'ère des commémorations de la seconde guerre mondiale, ère qui ne s'achèvera qu'en 1995, avec la célébration des capitulations de l'Allemagne et du Japon. A mi-parcours, dresser un bilan est encore prématuré, d'autant que bien des affaires qui ont agité l'opinion n'ont pas encore trouvé leur épilogue : affaire Touvier, affaire Papon et Bousquet. Pour l'historien, il manque surtout le recul du temps. Quel aspect mis en avant par la commémoration laissera une trace dans l'histoire quand le temps aura fait son oeuvre de sédimentation ? Car si la commémoration — les historiens de la mémoire le savent — a pour fonction de se souvenir ensemble d'un élément du passé, elle informe pourtant essentiellement sur le présent, un présent qui deviendra à son tour histoire.

Summary

Summary

1992 marked the fiftieth anniversary of the massive deportation of Jews from France. Until the 1960s, commemoration was largely a traditional republican ceremony. Today, as many Jews tend to equate Vichy with Nazi Germany, question the republican model of national identity, and rethink their Jewish identity within an international context, these new perceptions have affected the 1992 ceremonies.

Type
Construction de la Mémoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1993

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References

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3. Une exception toutefois, mais hors de l'Université : les travaux effectués par les historiens du CDJC, notamment, en ce qui concerne Vichy et les Juifs, ceux de Joseph Billig.

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6. Tout le développement qui suit est fondé sur le compte rendu détaillé de la cérémonie de l'inauguration figurant dans la brochure Compte rendu des assemblées générales ordinaires et extraordinaires du 12 juin 1949 et de l'inauguration du monument aux Morts par M. le Président de la République, ACIP, 1949, 48 p.

7. Voir Wieviorka, Annette et Niborski, Itzhok, Les Livres du Souvenir. Mémoriaux juifs de Pologne, Paris, Gallimard, « Archives », 1983.Google Scholar

8. Il s'agit du Mémorial de la déportation des Juifs de France qui, à l'initiative du Mouvement juif libéral de France, a retrouvé sa fonction de memorbuch lors de la première cérémonie du Yom hashoah, jour de la Shoah, en France, en avril 1991. Devant la plaque à la mémoire des Juifs raflés lors de la rafle du Vel d'Hiv, il fut procédé à la lecture des noms du Mémorial.

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15. Lettre d'Isaac Schneersohn à Nahum Goldmann datée de 9 septembre 1953. Archives CDJC.

16. Le développement qui suit s'inspire d'une brochure du CDJC : « Comment s'est déroulée la cérémonie ». Nahum Goldmann est alors président du Congrès juif mondial.

17. Il s'agit du Chant des Partisans de Vilnius, dû au poète Hirsch Glick.

18. Annette Zaidman, « Le train de la mémoire », Le train de la mémoire, brochure éditée par les Fils et Filles des Déportés juifs de France, Paris, 1992.

19. C'est nous qui soulignons. La plaque a d'ailleurs rejoint les autres plaques apportées par d'autres visiteurs d'Auschwitz. En effet, il est interdit par le règlement du musée d'État d'apposer des plaques ou de construire des monuments.

20. Ainsi, pour le seul mois de septembre 1992, le beau témoignage, rédigé dès le retour, de Nadine Heftler, Si tu t'en sors. Auschwitz, 1944-1945, préface de Pierre Vidal-Naquet, Paris, La Découverte, la troisième édition du livre d'Anna Novae, et, pour ce qui est de la déportation à Ravensbriick, la réédition du témoignage de Dufournier, Denise, La maison des mortes. Ravensbriick, préface de Maurice Schumann, Paris, Julliard.Google Scholar

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26. Sur ce point, et pour le cas israélien, on pourra se reporter à Idith Zertal, « Du bon usage du souvenir. Les Israéliens et la Shoah », Le Débat, n° 58, Paris, Gallimard, 1990, pp. 92- 103 ; Charles S. Liebman et Eliezer Don-Yehiya, « La religion civile en Israël. Le dilemme de la conciliation d'une culture traditionnelle et des nécessités politiques », Pardès, 11/1990, pp. 66-83.

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