L'étude d'abondantes récoltes de larves d'Elmis aenea, E. maugetii et E. coiffaiti nous a permis de confirmer l'existence de six stades larvaires chez ces espèces. Le nombre des poils ramifiés latéraux portés par les lames paratergales des huit premiers segments abdominaux permet de différencier aisément ces six stades.
Les larves d'Elmis coiffaiti peuvent être identifiées dès le premier stade par leur ornementation tergale. Celles d'E. aenea et d'E. maugetii ne peuvent être distinguées l'une de l'autre qu'à partir du stade IV. Le plus ou moins grand développement de renflements parasagittaux sur les tergites abdominaux est le caractère spécifique le plus constant. Il existe également des différences dans la forme du neuvième segment abdominal, déjà indiquées par Bertrand [1939], pour E. coiffaiti (sub nom. Helmis fossulata), et dans la répartition des mamelons.
Toutes ces différences sont néanmoins assez réduites, ce qui confirme l'étroite parenté des trois formes. Adultes et larves vivent ensemble toute l'année dans le même habitat et, au point de vue pratique, il est préférable d'effectuer des récoltes suffisamment abondantes et de déterminer d'abord les mâles, par l'examen des édéages [Steffan 1958, 1961, Berthélemy 1962], puis les femelles, par comparaison de leur morphologie externe avec celle des mâles, et enfin les larves, en commençant par les stades les plus âgés. Il existe un certain parallélisme entre les variations que l'on observe dans la morphologie externe des images et celle des larves. La forme du pronotum, chez les premiers, et celle des renflements parasagittaux, chez les secondes, sont très constantes à l'intérieur de chaque population mais difficiles à décrire ou à schématiser. Le chagrin entre les points, sur le pronotum des imagos, ou la répartition des mamelons, sur les tergites des larves, sont des caractères qui paraissent au premier abord beaucoup plus tranchés mais les fluctuations intraspécifiques sont plus importantes (voir Steffan 1958 pour les différences entre E. aenea et E. maugetii, sub nom. megerlei).
Les trois espèces possèdent une période de reproduction largement étalée. Chez E. aenea, la ponte s'effectue de Juin à Octobre, les nymphoses présentent un maximum en Mai.
Nous avons enfin fourni quelques données préliminaires sur l'étude de la chétotaxie. Cette étude n'apportant pas d'éléments de diagnose spécifique, but principal de ce travail, n'a pas été poursuivie sur la totalité du corps. Des comparaisons sommaires avec des larves d'autres genres d'Elminthidae montrent cependant que la chétotaxie larvaire présente un intérêt certain pour l'interprétation des homologies et des relations phylogéniques.