Trois Crustacés et quatre Rotifères composent le zooplancton du lac de Port-Bielh (2 285 m) où dominent Mixodiaptomus laciniatus et Daphnia longispina.

La distribution verticale des organismes et ses variations nycthémérales diffèrent selon les espèces et, pour une même espèce, selon les stades de développement. La quantité d'animaux exportés en 24 h par le déversoir, liée à la distribution verticale du zooplancton, représente un faible pourcentage des populations (0,14 à 2,8 ‰) mais une biomasse importante (0,45 à 1,2 kg PF/jour).

Le cycle de développement des Crustacés se caractérise par une longue phase de repos durant les 7 mois de gel, une courte période de reproduction au début de l'été et une phase de croissance rapide (août et septembre) aboutissant à une biomasse maximale en octobre. La durée de développement des différents stades de M. laciniatus et de D. longispina, déterminée d'après l'évolution numérique des populations, est proche des durées obtenues expérimentalement par plusieurs auteurs.

La production de M. laciniatus et de D. longispina a été calculée à partir de l'évolution du poids des individus en fonction de leur âge et de la variation du poids moyen des organismes au cours de l'été. Ces deux méthodes et leur variante graphique donnent des résultats assez voisins. Le rapport Production/Biomasse maximale est comparable pour les deux espèces (1,35 à 1,65) et se situe dans les valeurs déjà mentionnées pour des populations d'insectes aquatiques d'altitude. La production du Rotifère dominant (Polyartra vulgaris) représente moins de 1 % de celle des deux Crustacés.

La comparaison de la production primaire et secondaire de la zone pélagique indique une exploitation intense du phytoplancton par les herbivores. Malgré une faible biomasse, les algues constituent vraisemblablement une source de nourriture suffisante pour assurer la production du zooplancton.

Une revue bibliographique des travaux concernant les migrations d'imagos d'insectes aquatiques vers l'amont des cours d'eau est donnée. De telles migrations sont étudiées sur les Ephéméroptères de deux torrents des Pyrénées entre 2 160 et 2 750 m d'altitude. Plus de 800 imagos ♀ de Rhithrogena loyolaea Navás et de Baetis alpinus (Pictet) ont été récoltées dans l'eau, après oviposition dans des zones nettement en amont de la limite de présence des larves âgées. Le déplacement des ♀ vers l'amont se fait jusqu'au point de jaillissement de l'eau : source froide ou limite de l'enneigement du torrent, ce qui confirme l'exactitude de l'hypothèse du cycle de colonisation de Müller chez les Ephéméroptères de haute montagne. Des gains d'altitude d'un minimum de 170 m (B. alpinus) et de 350 m (R. loyolaea) ont été observés. L'éclosion peut avoir lieu, chez B. alpinus, dans des eaux dont la température est toujours comprise entre 0 et 3 °C.

La production annuelle nette de Ch. commutatus est évaluée, en 1971-72 à 6,29 kg/PS/ha, plaçant cette espèce au deuxième rang d'importance dans la production de la communauté benthique littori-profonde du lac. Le rapport P/Bmax = 1,49 confirme la stabilité de sa valeur, précédemment montrée chez plusieurs représentants du benthos, et, plus récemment, chez deux crustacés monocycliques du zooplancton de ce même lac.

Plus du tiers (36 %) de la production est perdu pour l'écosystème lors de la nymphose (30 %) et de l'émergence des adultes (6 %).

Les truites (Salmo trutta fario L.) utilisent 10,5 % de la production de Ch. commutatus par l'ingestion de nymphes au cours de leur ascension ; cela représente 49 kg/PF consommés pour les 10,5 ha de la zone 7-19 m.

La microdistribution des larves et nymphes de 3 espèces de simulies (Odagmia variegata, Odagmia obreptans et Simulium rupicolum) a été observée en divers cours d'eau pyrénéens.

Ces espèces se rencontrent en présence de vitesses importantes qui, dans les ruisseaux étudiés, étaient présentes dans les zones à écoulement torrentiel. Nous ne les avons pas rencontrées dans les zones à écoulement général de type fluvial. Les pierres lisses et d'un diamètre supérieur à 10 cm environ sont les substrats les mieux colonisés. Les faces amont faiblement inclinées présentent les plus fortes densités larvaires. Dans les zones à fort courant, en présence d'un gradient longitudinal même réduit des vitesses, les larves se concentrent dans une étroite bande où les vitesses sont maximales. Le corps des larves est couché vers l'aval et subit les pulsations du courant.

Les larves de simulies colonisent rapidement des canaux immergés dans un ruisseau (fig. 2) ; et par suite, les conditions hydrauliques locales peuvent être précisées aux endroits où se fixent les larves.

En une même station, le débit variant dans le temps, le type d'écoulement peut passer du fluvial au torrentiel (fig. 3 et 4).

Les profils des vitesses à la paroi, c'est-à-dire dans la zone où vivent les invertébrés, peuvent être déterminés en fonction de la rugosité apparente de la paroi (fig. 6).

Les conditions d'existence d'un film laminaire (sous couche laminaire) dépendent de la vitesse du courant et de la dimension des aspérités (fig. 7 et 8). Pour une vitesse de courant donnée, les relations entre l'épaisseur δ du film laminaire et la dimension ε des aspérités déterminent les possibilités d'existence du film laminaire (fig. 8).

La variation de l'épaisseur du film laminaire est représentée en fonction de la vitesse du courant dans un abaque (fig. 9) qui tient compte également des conditions imposées par la dimension des aspérités.

Le film laminaire n'a qu'une influence réduite sur les conditions de vie des larves de simulies; la turbulence joue un rôle important sur ces conditions de vie.

Des expériences de désoxygénation partielle de l'eau d'un ruisseau montrent qu'il existe un seuil de concentration en O2 dissous (ici proche de 4 ppm) au-dessous duquel la dérive des invertébrés benthiques s'accroît de façon significative. L'importance de cette dérive est alors variable selon les espèces considérées, l'intensité et la durée de la désoxygénation. Les variations quotidiennes des teneurs en O2 dissous que présentent naturellement les eaux courantes, ne paraissent entraîner aucune réaction de la faune si elles se situent au-dessus de ce seuil.