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Marc Bloch : Témoignages sur la période 1939-1940
Published online by Cambridge University Press: 22 September 2017
Extract
Les textes qu'on va lire proviennent de la volumineuse correspondance que nous avons entretenue, Marc Bloeli et moi, pendant la période de l'avant-guerre, de la guerre et de l'oppression. Ils sont de nature, si je ne me trompe, à faire plus intimement connaître et davantage estimer et aimer le grand ami que nous avons perdu.
Je ne les aurais cependant pas tirés d'un « trésor épistolaire », comme on disait jadis, qui embrasse dans sa totalité un quart de siècle, si je n'avais pensé que, par surcroît, ils étaient capables de faire mieux comprendre, aux lecteurs et aux; historiens, de l'étranger notamment, un peu de ce qui s'est passé en France, et dans l'esprit de. Français très cultivés, pendant ces affreuses années, les plus abominables qui se soient succédées de mémoire de citoyen dans notre pays.
- Type
- I. Souvenirs et Témoignages
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1945
References
page 16 note 1. Marc Bloch avait été affecté comme capitaine à l'Etat-Major du Groupe de Subdivision de Strasbourg, qui fut vite replié de Strasbourg à Molsheim.
page 16 note 2. Elle devait être dédiée A la mémoire de Henri Pirenne qui, au temps où son pays combattait à côté du mien pour le droit et la civilisation écrivit, en canvité. une Histoire de l'Europe. — Les Réflexions comnortent une douzaine de pages dont la substance a passé dans l'Apologie pour l'Histoire.
page 17 note 1. Le G. S. de Strasbourg avait fusionné avec relui de Saverne. Marc BIoch restait affecté temporairement à l'Etat-.Major de Savcrnc pour le passade des consignes.
page 17 note 2. En me demandant de « l'aider si je pouvais », puisqu'il fallait « demander à être utile », vous connaissez,’ ajoutait M. Bloch en toute tranquillité et sans la moindre ironie, « vous connaissez ina situation militaire actuelle, non grade (à titre définitif depuis 1920) ». Son grade à titre définitif depuis 1920 : capitaine. Hélas, oui, éternelle armée… Si j'avais eu dix ans de moins, l'armée française eût compté un autre capitaine à titre définitif, mais, lui, depuis 1918. El qui eût servi également, à gratter d'obscurs papiers quelque part pendant que…
— Blorh ajoutait : ‘mes services de guerre 1914-1918 sont normaux : qualre citations, Légion d'honneur a. titre militaire. »
page 17 note 3. Fortement grippé, Rloch avait été évacué sur un hôpital, temporaire installé à la Cité Universitaire dans le pavillon belge je crois bien, .Je pus l'y voir assez fréquemment. 11 partit, on convalescence dans la Creuse, mais, dès le début d'avril, en dépit d'une pleurile tenace, il élait de retour à son Klat- Major.
page 18 note 1. Et Bloch accuse « l'impression do vide, de ridicule, presque de désappointemont. (cump grano salis), d'un thomme qui, parti, mon I)ieu, pour (Strasbourg un peu dans le sentiment te tant le nos montées en lignes, n'a fait, depuis plus de sept mois, .que gratter du ipapier, aussi à l'abri que dans unbureau de Clermont-Ferrand ou de Bayonnc. Texte important pour sa psychologie de futur resistant
page 20 note 1. Bohain, en Picardie où se tenait le quorlier .général de la Ire Armée
page 21 note 1. Evitant de justesse la captivité après Dunkerque, Bloch venait de rejoindre les siens à Guéret, 5, rue Ferragtie. Il possédait près de là une maison de cam- ‘pagne a Fougères, commune de Bourg-d'Hem, par Bonnat, Creuse. D'où le pseudonyme de M. Fougères que je lui attribuai d'office quand, en 1943, sa collaboration aux Annales, devenues Mélanges d'Histoire Sociale, devint dangereuse. Bourg-d'Hem se prononce Bourdan dans le pays et les amateurs de petite histoire noteront que cette commune creusoise a fourni le pseudonyme d'un des collaborateurs les plus connus de, la Radio française do Londres pendant l'occupation : Jacques Bourdan.
page 23 note 1. D'ailleurs, pour faire paraître une revue ancienne en zone non-occupée, il fallait, l'autorisation du gouvernement do ‘Vichy…Bloch songeait à ce titre : Les Cahiers d'Histoire Sociale. Or, toute création de revue nouvelle était là-bas interdite. Et, de plus, ces Cahiers n'eussent pu pénétrer dans la zone Nord.
page 23 note 2. Le débat revêtait a mes yeux tant de gravité que, par extraordinaire, j'avais fait un brouillon de ma réponse a Marc Bloch.
page 23 note 3. Bloch et moi, nous étions co-propriélaires des Annales, avec des droits égaux «t liés .par un contrat. Ce contrat pouvait risquer de faire des Annales une « entreprise juive », au regard de la législation vichyssoise, et entraîner la disparition de la Revue et la mise sous séquestre de tout son avoir.
page 25 note 1. Ici, en zone Sud ; là, en zone Nord.
page 25 note 2. Il n'eût dépendu que de Marc Bloch qu'il y eût l'Océan entre lui et son pays. Car on lui avait offert, un asile aux Etals-Unis. Il s'arrangea, en fait, pour ne pas partir, sans refuser, de parti-pris, un© offre qui ne le tentait guère. Le vrai, c'est qu'il ne voulait pas partir.
page 25 note 3. Je mourrai sans l'avoir connue…
page 26 note 1. 103. boulevard de Gergovie, à Clermont.
page 26 note 2. Mme Gustave Bloch, veuve de notre vénéré maître de l'Ecole Normale Supérieure, devait mourir peu après. Bloclh l'aimait tendrement.
page 26 note 3. Son détachement à l'Université de Strasbourg, à Clermont.
page 26 note 4. Le fils de Victor Basch, assassiné .à Lyon par les hommes de Vichy. Le Docteur Basch s'était suicidé à l'annonce des désastres qui accablaient sa patrie.
page 26 note 5. Nous réussîmes, plus tard, Paul Etard et’ moi, à sauver les. papiers de Marc Bloch et à les lui faire parvenir. Mais sa bibliothèque a été volée, méthodiquement volée, jusqu'au dernier tirage à part, par les Allemands.
page 27 note 1. Déjà, le 13 mai 1938, Bloch m'écrivait : « Notre attelage élonne. Il y « a dix ans qu'il dure. Plus d'une belle âme, sans trop se l'avouer, escomptait « le petit plaisir d'une rupture de collier. Deux tempéraments différents, des « caractères qui ont chacun leurs angles, je suppose, collaborer si longtemps et. « en telle amitié : quelle surprise ! Eh oui ! Nous continuerons à stupéfier nos « contemporain« en pensant nous plu! souvent que je. ».
page 28 note 1. Mon livre : Le Problème de l'Incroyance au XVIe Siècle : la Heligion de Rabelais, venait de paraître dans la Collection L'Evolution de l'Humanité.
page 28 note 2. Allusion au compte rendu que j'avais fait du premier volume de la Société Féodale dans les Annales, t. II, 1940, pp. 39-43. Je m'étais battu les flancs pour ne pas le faire aussi chaudement favorable que je l'aurais fait, évidemment, dans une autre revue que dans les Annales.
page 29 note 1. Henri Pirenne était venu à Strasbourg comme professeur d'échange — ct avait assisté à une des séances familières, de la petite Société d'Histoire Sociale que j'avais fondée avec Bloch et dont le siège se tenait dans mon Séminaire. Dans cette séance, j'avais discuté l'Introduction de« Lefranc au Pantagruel, qui venait de paraître, et pris position contre les thèses de son auteur.
page 29 note 2. Ma maison de campagne du Jura.
page 29 note 3. M. Bloch parlait d'élections au Collège de France.
page 29 note 4. Plaisanterie d'Ecole Normale : les catholiques pratiquants, en argot d'Ecole,, sont les « talas »
page 30 note 1. La Direction de l'Ecole Normale Supérieure était devenue vacante par la mort de Bouglé Plusieurs avaient songé à Marc Bloch pour ce poste délicat. Mais il y avait l'objection du nom…
page 30 note 2. Ribbentrop.
page 31 note 1. Entendez Charles V(ictor) Langlois. Plaisanterie d'Ecole
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- Cited by