Hostname: page-component-78c5997874-t5tsf Total loading time: 0 Render date: 2024-11-09T08:44:19.921Z Has data issue: false hasContentIssue false

Les Routes Médiévales : Mythes et réalités historiques

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

F. Imberdis*
Affiliation:
Clermont-Ferrand, Lycée Biaise-Pascal
Get access

Extract

« Le Moyen-Age a construit peu de routes ; il a vécu tout entier et a cheminé pendant des siècles sur les débris de la voirie romaine. »

Cette opinion, énoncée en 1857 par l'abbé Cochet dans un ouvrage justement réputé : Sépultures gauloises, romaines, franques et barbares, paraît bien lui avoir été propre, car nous n'en avons trouvé aucune trace avant lui : ni au XVIIIe siècle dans Bergier (Histoire des grands chemins de l'empire romain, 1736), ni dans Delamarre (Traité de la police, livre VI : De la voirie, 1738), ni au XIXe dans le Cours d'antiquités, monumentales de de Caumont.

Type
Questions de Faits et de Méthode
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1939

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

page 411 note 1. Paulhaguet, ch.-lieu de canton, arrondissemient de Brioude (Haute-Loire).

page 411 note 2. Arch. départ, du Puy-de-Dôme, I. C. 6422.

page 411 note 3. Une route Lyon-Bordteaux à travers les monts d'Auvergne, antérieure au XVIIIe siècle (Revue de Géogr. Alpine, vol. XVI, 1938, fasc. I).

page 412 note 1. Comparer, pour te XVIe, le témoignage de Fagniez (L'économie sociale de la France sous Henri IV, 1897, chap. III, § 1) : « … Les routes, laissées à l'abandon, usurpées par les riverains, effaées pair la végétation, à peine inconnaissables aux quelques ormes qui les bordaient encore, ne se distinguaient plus de la campagne… Il fallait quelquefois, ipour trouver une route carrossable, se détourner de trente oui quarante lieues. Le commerce abandonnait ses anciens itinéraires et délaissait des villes à la prospérité desquelles il avait largement contribué. »

page 412 note 2. Esquisse de la vie des routes au XVIe siècle (Rev. des Quest. Historiques, t. XIX, 1931, p. 5).

page 412 note 3. Capitularia, t. I, p. 301, n° 148, c 11 : « De duodeoim pontibus super Sequanam, volumus ut hi pagenses, qui eos facere debent, a missis nostris admoneantur ut eos celeriter restaurent et ut eorum vanae contentioni non consentlant, quando dicunt se non aliubi eosdem pontes facere debare nisi ubi antiquitus fuerant ; sed ibi ubi nunc necesse est, eosdem pontes facere jubeantuir. »

page 413 note 1. 1 G. 63a6.

page 413 note 2. Remarque sur les routes d'Auvergne antérieurement au XVIIIe siècle (Bullet de la Section de Géogr., 1931).

page 414 note 1. Coutumes du Beauvaisis, 1283. Edit. Salmon, 1899, § 719.

page 414 note 2. Problèmes d'histoire routière : l'ouverture du Gothard (Annales, t. I, 1929, p. 177).

page 414 note 3. Laurent, Henri, La draperie des Pays-Bas en France et dans les pays méditerranéens (Paris, Drez, 1935), p. 233 Google Scholar.

page 415 note 1. Archives dèp. du Puy-de-Dôme, 1 C. 6382.

page 415 note 2. A. Vernières, Un voyageur en Auvergne au XVIIe siècle, Abraham Goëlnitz (Clermont-Ferrand, 1884).

page 415 note 3. Journal du voyage de Michel de Montaigne en Italie… en 1580 et 1581. T. III, Paris, MDCCLXXIV.

page 415 note 4. Chassaing, Augustin, Spicilegium Brivatense, Paris, 1886, n° 171.Google Scholar

page 415 note 5. Qu'il nous soit permis de citer ici quelques lignes d'un compte rendu consacré en 1938 par M. Marc Bloch à un ouvrage sur les routes du Brandebourg (Bévue historique, t. 184, 1938, p. 179) ; on constatera qu'obtenues par d'autres recherches et pour une région différente, ses conclusions se trou-vent concorder avec les nôtres : «; J'entrevois, au Moyen Age, des pistes, avec toutes sortes d'embranchements dont le choix s'offrait presque indifféremment au voyageur ; si bien que beaucoup: de lieux, .écartés les uns des autres, pouvaient se trouver simultanément sur la même route. A certains endroits, cependant, la voie possible se resserre et se fixe : c'est un gué, un'pont, une digue sur un marais… Ou bien c'est un prince qui, dans l'intérêt do” ses droitsjde péage' ou de sauf-conduit, contraint les marchands de se conformer à un itinéraire 'précis. Ici encore pourtant, qu'y avait-il au fond d'obligatoire et, par suite, de astable ? Peut-être seulement quelques points de passage ou d'édhange, entre lesquels une ‘Certaine’ liberté était laissée à la circulation. Puis, ;à mesure que la route devient une construction véritable — en Brandebourg très tardivement,… et rarement avant le XVIIIe siècle — on voit apparaître le long ruban, strictement délimité, dont l'image est pour nous inséparable du mot.»

page 416 note 1. Puisque M. Imfoerdis m'a fait l'honneur de me citer, je prendrai la liberté d'ajouter à son intéressant article quelques observations. Comme lui, je suis persuadé que la ipéreran/ité si souvent attribuée aux voies romaines doit être reléguée parmi les trop nombreux mythes dont nos études sont encombrées. Aux exemples qu'il a cités, on peut joindre — entre beaucoup d'autres, probablement — ceux de te routa die Paris à Orléans, que j'ai signalés naguère (L'Ile de France, p. 75-76 ; cf. la planche II, dans Les caractères originaux de l'histoire rurale française) et de lai route d'Orléans à Poitiers, indiqué par M. Jacques Soyer (Les voies antiques de l'Orléanais, dans Mérn. de la Soc. archéol. et histor. de l'Orléanais, t. XXXVII, p. 55). En l'absence de toute) surveillance efficace, les chemins étaient d'ailleurs constamment menacés par les empiétements de la culture) : voir un texte instructif dans FLODOAHD, Historia ecclesie Remensis (I, c. 25). Cependant une particularité, d'ordre juridique, agissait, d'autre part, en faveur du maintien des anciens trâioés : fréquemment, la justice sur les1 « voies publiques », originellement royale ou comtale, était demeurée, au Moyen Age, aux mains die pouvoirs différents de ceux qui possédaient les mêmes droits sur les terres environnantes. D'où la survivance d'une notion', encore assez forte, de la « strata putolica » (cf., par exemple, Je diplôme de Louis VI pour Saint-Denis, Tardif, Cartons des rois, n” 466 et un curieux acte de la reine Adèle, 1203 anc. st., Arch. Nat., S 1181b). Cette situation spéciale de la route, au regard de la justice, ainsi que le problème des péages, expliquent sans doute qu'une autorisation des pouvoirs supérieurs fût parfois jugée nécessaire pour permettre ou d!u moins, — comme le montre justement M. Imberdis, — régulariser tes changements d'itinéraire : cf. un mandement du sénéchal du Poitou, cité par G. Martin, La Haute-Marche au XIIe siècle dans Mémoires Société archéologique Creuse (date peut-être douteuse). Enfin il y aurait évidemment lieu de faire entrer en ligne de compte, surtout à partir de laj fin du XIIIe siècle ou environ, les premiers travaux publics entrepris par lies gouvernements royaux ou princiers, notamment — pour des raisons évidentes — dans les Pays-Bas. Ces remarques reviennent, en somme, à rappeler que l'histoire routière de l'Europe, avant le XVIIIe siècle, reste encore presque tout entière à écrire, et à souligner la valeur, comme recueil de faits et comme suggestions de recherches, de la contribution que M. Imberdis a bien voulu nous donner. — Marc Bloch.