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Un champ privilégié d'études : l'Amérique du Sud
Published online by Cambridge University Press: 25 October 2017
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Tout un lot de livres sur l'Amérique du Sud. Rencontre purement fortuite ? Il semble bien que non, et qu'un peu partout on commence à éprouver devant les multiples problèmes que posent à la science d'aujourd'hui l'histoire et la géographie de cet immense continent, un peu de la curiosité qui fut, pendant longtemps, l'apanage des seuls ethnographes.
En fait, qu'on s'attache à l'homme ou à la terre, aux sociétés humaines ou à leur cadre naturel, qu'on soit ethnographe ou préhistorien, linguiste ou archéologue, historien ou économiste : les problèmes surgissent par dizaines. Et ce ne sont pas de petits problèmes limités, de ceux dont la solution n'importe qu'aux études locales. Voilà un continent qui, lorsque les Européens y sont arrivés à une époque encore bien proche de nous, ne possédait (pour ne prendre que ces quelques exemples) ni moutons, ni boeufs, ni chevaux, ni mules, ni blé, ni café.
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- A Travers Les Livres et Les Revues
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- Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1929
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page 258 note 1. Sur cette question, voir le récent mémoire d'Auguste Chevalier, Les origines du tabac et les débuts de sa culture dans le monde. Paris, Éditions de la Revue internationale des tabacs, 1927 ; in-8°, 22 pages. Avec sa grande compétence et son autorité, Mr Chevalier fait justice de la légende qui attribuait au tabac une origine africaine. Il établit ensuite qu'on ne connut d'abord en Europe que deux espèces de tabac : celle qu'introduisit Nicot en France en 1560, le Nicotiana Rustica ou tabac à fleurs jaunes, qui dominait dans l'Amérique du Nord et celle dont Thevet rapporta des graines en 1555, le Nicotiana Tabacum ou tabac à Heurs roses : il était plus spécialement cultivé par les Indiens de l'Amérique du Sud (Orénoque et Amazonie). Or cette dernière espèce a supplanté toutes les autres ; le Nicotiana Rustica ne représente plus qu'à peine le dixième des cultures mondiales; il ne fournit guère comme produit estimé que le tabac d'Orient; le Nicotiana Tabacum au contraire fournit les meilleures marques de tabac, comme le Havane, le tabac de Virginie, etc. On sait que la consommation mondiale annuelle du tabac représente l'énorme somme d'une dizaine de milliards de francs-or. En millions de livres sterling le Brésil exportait, en 1910, 1,6 de tabac ; 2,2 en 1920 ; 1,9 en 1926.
page 259 note 1. Les chiffres fournis par les statistiques sont naturellement très incertains et sujets à caution. Mais si la récolte du caoutchouc de plantation fourni par la Malaisie, Ceylan, les Indes hollandaises, l'Inde anglaise et, pour une faible part, l'Indochine était, en 1926, de l'ordre de grandeur de 750 000 tonnes, que pesaient en face les 25 000 à 30 000 tonnes de la récolte brésilienne ? Sur la répartition du caoutchouc sylvestre, voir l'étude de Pereuchot dans La Géographie, 1912, n° 3.
page 259 note 2. Il est bien entendu que le paysage de cette Amérique tropicale, telle que les Européens l'eurent sous les yeux au début du XVIe siècle, n'était en rien un paysage « primitif ». Dans le mémoire d'Aug. Chevalier sur le tabac, déjà cité, signalons une page excellente sur ce sujet. Avec son autorité reconnue, l'auteur — après avoir rappelé qu'on a dès aujourd'hui « des preuves certaines » que trois éléments au moins sont intervenus dans la formation du peuple Indien : un élément australien qui semble avoir été le premier occupant ; un élément mélanésien qui a dû aborder le continent par les côtes occidentales de l'Amérique, et enfin un élément asiatique venu par la voie du détroit de Behring — indique que les Asiatiques ne semblent pas avoir transporté avec eux de plantes ou d'animaux ; que vraisemblablement les Mélanésiens avaient apporté en Amérique le bananier, le cocotier, le ricin, la canne à sucre ; qu'indépendamment de ces apports médiocres, une agriculture toute nouvelle se constitua peu à peu sur place et devint, il y a 2 000 à 3 000 ans, particulièrement florissante dans deux contrées où se constituèrent des centres de domestication importants de plantes utiles : plateaux du Pérou (manioc, arachide, pomme de terre, quinoa, certains lupins, coca, Nicotiana Tabacum) et plateaux du Mexique (haricots, maïs, patate, cacaoyer, Nicotiana Rustica, agave et nopal). Il a fallu certainement plusieurs milliers d'années pour que certaines plantes arrivées au degré de perfectionnement où les Européens les trouvèrent à leur arrivée (maïs, manioc, haricots, tabac) aient pu être sélectionnées, hybridées et disséminées comme elles l'étaient alors. On voit qu'à la liste des sciences auxiliaires de notre connaissance du développement des sociétés américaines, il convient d'ajouter la géographie botanique.
page 260 note 1. Pour l'anthropologie, indications sommaires dans Pittard, Les races et l'histoire (Collection L'évolution de l'Humanité). Paris, Renaissance du Livre, 1924, p. 533-557.— Pour la linguistique, très important chapitre du Dr P. Rivet, Langues américaines, dans Les Langues du Monde, par un groupe de linguistes, sous la direction d'A. Meillet et de. M. Cohen. Paris, Champion, 1924 ; in-8°, p. 597-707, cartes. Le Dr Rivet classe 123 langues américaines distinctes. — Pour l'archéologie, le lecteur français recourra toujours utilement au Manuel d'archéologie américaine d'H. Beuchat. Paris, Picard, 1912. — Sur l'écriture en Amérique, courte note du Dr Rivet dans Les langues du monde, p. 709-712, bibliographie.
page 260 note 2. Il serait intéressant, mais il est très difficile de savoir avec précision quelle est, actuellement, l'importance numérique de la population « indienne » par rapport aux « colons », blancs, noirs ou jaunes, dans les Amériques. Les statistiques manquent parfois, sont souvent suspectes et conçues dans un esprit fort différent selon les Etats. Les chiffres les plus plausibles sont fournis par le Dr Rivet dans Les langues du monde (p. 599-802). Dans l'Amérique Nord, il resterait 403 000 Indiens (340 830 aux États-Unis) ; dans l'Ame rique Centrale, 6 438 000 ; dans l'Amérique Sud, 8 670 000. Au total environ 15 millions d'individus noyés dans une population globale de 198 millions. Le Dr Rivet estime qu'on peut évaluer sans trop d'invraisemblance à 40 ou 45 millions, au grand maximum, la population du Nouveau Monde au moment de la découverte — ce qui correspondait à une densité moyenne de un habitant par kilomètre carré. Mais, dans des contrées comme celleslà, la notion de moyenne est particulièrement trompeuse.
page 261 note 1. L'Amérique pré-colombienne et la conquête européenne. Paris, de Boccard, 1928 ; in-8°, LIV-524 p., 14 croquis géographiques sommaires hors texte.
page 262 note 1. Voir dans notre ouvrage, La terre et l'évolution humaine (collection L'ÉooIufton de l'Humanité). Paris, Renaissance du Livre, 1922 ; in-8°, la discussion menée au § 3 du chapitre Ier de la 2e partie, p. 125 et suiv., et tout particulièrement sur la question soulevée ici, L. Febvre, Le problème de La géographie humaine dans Remue de synthèse historique, t. XXXV, 1923, p. 110 et suiv. (discussion d'une thèse deCam. Vallaux).
page 262 note 2. Maya civilization and climalic changes (XIXe Congrès des Américanistes). — Du même auteur, Civilization and climate. New-Haven, 1915 ; in-8°.
page 262 note 3. Il a paru récemment, sous forme de thèse de doctorat es lettres (Paris, Sorbonne), une description détaillée du matériel d'existence d'un des groupes de tribus qui ont joué, dans l'histoire primitive du continent américain, un des rôles les plus importants : Métraux, A., La civilisation matérielle des tribus Tupi-Guarani. Paris, Geuthner, 1928 : in-8°, XIV-332 p.Google Scholar, 11 cartes de répartition, index bibliographique détaillé. Nous regrettons de ne pas avoir été à même de joindre le compte rendu de ce travail intéressant à celui des autres livres qui nous ont été envoyés ; bien que l'auteur ne témoigne pas d'une curiosité géographique particulière (c'est sans doute là une des faiblesses de son travail), on y trouve cependant quelques indications intéressantes sur le genre de vie des tribus étudiées. En particulier, nous ne résistons pas à la tentation de signaler, dans le chapitre concernant les animaux domestiqués (p. 95) un passage sur les volatiles apprivoisés par ces Indiens, « qui les conservaient pour le plaisir de se constituer des sortes de ménageries », mais qui « éprouvaient une grande répugnance à manger leurs chèvres » et « ne tuaient pas les poules et les porcs qu'ils recevaient des Européens ». Ces observations sont à mettre en regard de celles de Meniaud sur les troupeaux des Nigériens, que nous avons utilisées dans La terre et l'évolution humaine, p. 324, pour combattre des préjugés communs.
page 263 note 1. Tout ceci se lie au problème de la monnaie — que Mr Langlois nous paraît trancher trop rapidement (p. 215) par une affirmation catégorique qui simplifie trop le problème : « Les échanges se faisaient de matières à matières, puisque la monnaie était inconnue. — Mr Sayous, dans les études que nous citons plus loin, touche à plusieurs reprises cette très grosse question.
page 263 note 2. Voici le texte : « Waldseemuller, son auteur, géographe de la petite académie du roi de Lorraine à Saint-Dié (Vosges) la dessina (la première carte où l'on voit apparaître le mot America) sur les documents que possédait cette petite cour fort, savante (p. 339). » Les documents ne parlent pas d'Académie, mais désignent sous le nom de Gymnase Vosgien le groupe d'humanistes et de cosmographes dont nous parlons plus loin.
page 263 note 3. Par exemple, dans sa récente Histoire de Lorraine. Paris, Boivin, 1926 ; in-8°, G. Mohizet parle (p. 116) de « la tentative faite par des libraires de Saint-Dié, les frères Lud, pour publier une édition de Ptolémée ». Qualifier de libraires les Lud, qui n'étaient pas frères, c'est une méprise qui aurait médiocrement agréé à ces gros personnages. G. Morizet ajoute, non moins inexactement, que la Cosmographiæ Introductio a été écrite par Waldseemuller et Ringmann. En réalité, elle comprend un court traité de cosmographie, œuvre de Waldseemuller, et la traduction, en latin, par Jean Basin d'une relation française (elle-même traduite de l'italien) des quatre voyages de Vespuce. Voir le mémoire de CHR. Pfister, Les testaments des deux Laurent Pillard et de Jean Basin de Sandaucourt, chanoines de Saint-Dié dans Bull. Soc. philomatique vosgienne, Saint-Dié, t. XXXVI, 1910-1911.
page 264 note 1. C'est Mr Lucien Gallois qui a identifié avec l'une des deux cartes adjointes à la Cosmographæ Introductio de 1507, la carte in solido, une carte conservée à Vienne dans la Collection Llchtenstein (voir Les géographes allemands de la Renaissance. Paris, Leroux, 1890, chap. IV et pi. II). L'autre carte, in piano, a été identifiée, en 1900, dans la bibliothèque du château de Wolfegg en Wurtemberg. Les deux documents sont reproduits avec une carte marine de 1516, également due à Waldseemuller, dans Fischer et Wieser, Die atteste Karste mit dem Namen America. Innsbruck, 1903; in-fol. Dans cette carte de l516, Waldseemuller a supprimé le mot America et placé en face du Brésil un cartouche restituant l'honneur de la découverte à des Espagnols et Portugais dont Chr. Colomb avait été le premier. On trouvera la Cosmographie Introductio reproduite à Strasbourg en 1907, avec introduction de von Wieser, dans la collection Druche und Holzschnitte des XV. und XVI. Jahrhunderts de Heitz (n° XII).
page 264 note 2. A propos de la ligne de démarcation également, Mr Langlois commet quelques erreurs (p. 334). La ligne établie par le bref du 4 mai 1493 passait à 100 lieues espagnoles à l'Ouest de la plus occidentale des Acores, et non des lies du Cap-Vert. C'est la ligne définie par le traité postérieur de TordesiIIas (7 juin 1494) qui passe à 370 lieues à l'Ouest des lies du Cap-Vert. Sur les conséquences de cette délimitation, étant donnée la forte déviation vers l'Est du continent Sud-Américain, bonnes réflexions de P. Denis dans l'ouvrage signalé plus loin (t. XV, 1re partie, p. 2).
page 265 note 1. L'empire socialiste des Inka, (Travaux et Mémoires de l'Institut d'Ethnologie). Paris, Institut d'Ethnologie, 1928 ; in-8°, X-294 p., 3 cartes hors texte.
page 265 note 2. La lettre de François Pizarre annonçant la capture d'Atahualpa a bien été publiée en français, Nouvelles certaines des Isles du Péru. Lyon, Francoys Juste, 1534 ; plaq. goth. de 8 fol. (British Muséum, G 6492). — P. H L'ouvrage très répandu de Lopez de Gomara a été traduit en 1568 chez Michel Sonnius ; le traducteur est Fumée, seigneur de Marly-le-Chatel ; quelques exemplaires portent la mention : à Paris, par B. Turrissan, à la boutique d'Aide, 1569. Autres éditions françaises de 1577, 1580, 1584, 1587 et 1606. Du même Gomara, un autre ouvrage utile a paru chez Abel L'Angelier en 1588 : Voyages et conquestes du capitaine Fernand Courtois es Indes Occidentales (Bibl. Nat., 01 912). Courtois, c'est naturellement Cortez.
page 265 note 3. Voir les deux cartes, très expressives, que donne P. Denis dans l'ouvrage signalé plus loin (Géographie Universelle, t. XV, p. 287 et 289). La théorie reproduite par Mr Baudin et qui attribue au courant de Humboldt la formation du désert sur cette côte est périmée.
page 265 note 4. Est-ce pour cela que Mr Baudin croit devoir nous signaler l'existence (p. 27, n. 1) « d'une méthode d'investigation historique qui n'est pas encore entrée dans le domaine scientifique, la voyance »? Je ne sais pas s'il y a de l'ironie dans ce passage. Mais, même à titre de curiosité, il était vraiment superflu de mentionner quelques-uns des « faitB » rapportés sur le Pérou de « douze mille ans avant l'ère chrétienne » par le voyant théosophe Leadbeater dans Le lotus bleu ?
page 266 note 1. Car, sauf erreur, le mot d'Inca ne désigne pas la royauté, la souveraineté c'est le nom d'une tribu, dont l'un des clans avait le privilège de fournir les chefs suprêmes ou eapacos, qui étaient élus à l'origine et peu à peu se transformèrent en dynastie. Mr Baudin emploie souvent, semble-t-il, le mot d'Inca pour désigner le souverain, « l'Empereur» comme il dit.
page 267 note 1. Je ne veux naturellement pas dire que Pačatukek soit un mythe. Mais enfin, moi qui ne suis en rien spécialiste de cette histoire, je suis bien forcé de constater que Mr Langlois, composant un résumé de l'histoire des Incas, loin de donner à ce personnage la place de premier plan que lui assigne Mr Baudin, ne lui consacre aucune mention dans la revue rapide des principaux Capacs et de leur oeuvre, qui occupe les pages 300 à 303 de son livre. On ne voit pas bien deux histoires, même très sommaires, des Pharaons dont l'une contiendrait tout un chapitre dithyrambique sur Ramsès II Sésostris, alors que l'autre ne ferait même pas à ce personnage l'aumône d'un paragraphe, et la divergence si accusée des appréciations de MM1* Baudin et Langlois sur Yupanki m'autorise à penser, sans que j'aie la prétention d'être le moins du monde informé de ces questions, qu'il y a peut-être un peu de flottement et d'incertitude dans les histoires traditionnelles des Capacs péruviens. En tout cas, des formules comme celles-ci : « Le plus grand mérite de l'Inka est d'avoir donné à son peuple une morale » (p. 65) ; ou : «le plus surprenant est que l'Inka n'ait pas abusé de sa puissance” (p. 64) ; ou encore, à la fin d'une dissertation sur la question de savoir si les centuries des Kitchuas comprenaient exactement ou non cent chefs defamille : « les lnka se sont accommodés d'un à peu près » (p. 122) ne laissent pas que d'être assez inquiétantes, pour un lecteur animé d'esprit critique.
page 267 note 2. Voir, dans la Revue critique, le compte rendu que j'ai donné de l'ouvrage récent de Mr Boissonnade, Le socialisme d'État, l'industrie et les classes industrielles en France pendant les deux premiers siècles de l'ère moderne (1453-1661). Paris, Champion, 1927 ; in-8°.
page 268 note 1. On ne peut que sourire lorsqu'on voit (p. 131) à propos de ces Kipu, c'est-à-dire de cordelettes de plusieurs couleurs le long desquelles des nœuds différemment placés servaient à noter nous ne savons pas au juste quoi, Mr Baudin écrire gravement que, chez les Kitchuas, « trois catégories de fonctionnaires étaient chargés du service des statistiques ». Voir également, p. 131 : « C'était le service de la statistique générale, et en même temps les Archives Nationales 1 » Il est vrai que Mr Bourguin ayant dressé dans son livre classique sur Les systèmes socialistes une « liste sommaire des principales fonctions que doit remplir l'administrateur en régime collectiviste », laquelle « tient près de deux pages” dans ce livre, Mr Baudin note : «Il est étonnant que l'administration inka soit arrivée à remplir ces fonctions, même en reconnaissant que la société péruvienne n'était pas purement collectiviste (p. 118). » Notons, en ce qui concerne les Kipu, que Mr Nordens- Moïd, dont on sait assez la compétence en ces matières et qui leur a consacré tout récemment (1926) une étude qui fait autorité, est Beaucoup plus réservé que Mr Baudin quant à l'emploi et à la signification des Kipu. Il y voit plutôt une manière de supputer le temps.
page 268 note 2. L'honnête citoyen d'un État comme la France, et qui a le bonheur de vivre en 1928, ne peut guère retenir un sourire quand il lit qu'en régime socialiste, « l'adaptation de la production à la consommation est réalisée par voie d'autorité, au lieu de s'effectuer naturellement par le délicat mécanisme des prix». Ce « naturellement » laisse un peu rêveur; et l'évocation du « mécanisme des prix », à propos de la civilisation des Incas, non moins.
page 269 note 1. Dans un Appendice, Mr Baudin donne quelques indications utiles sur l'usage qui a été fait en Europe, par les bâtisseurs de systèmes, faiseurs d'utopie, écrivains, dramaturges et autres, de ce qu'ils savaient, ou croyaient savoir, des Incas. A propos de Campanella, il écrit qu'il a « peut-être emprunté aux Péruviens quelques-uns des éléments de son système, outre le titre même de son livre, Civitas solis ». Le peut-être de Mr Baudin n'est que prudent. Je pense d'abord pour ma part, avec L. Blanchet (Campanella. Paris, Alcan, 1920, p. 503), que «s'il est inutile d'insister longtemps sur la similitude frappante” que la République de Campanella parait présenter de prime abord « avec les conceptions les plus modernes des penseurs collectivistes ou communistes », 11 n'est néanmoins pas possible « d'abstraire ainsi une théorie sociale de l'ensemble des circonstances historiques qui déterminèrent sa formation sans en dénaturer complètement le caractère et sans en altérer gravement la signification». C'est précisément là le grief que j'ai contre Mr Baudin. En second lieu, ce que dit Campanella dans la Ciità del sole se relie beaucoup trop étroitement et intimement à tout le reste de son oeuvre, pour qu'il y ait lieu de supposer le moindre emprunt à des récits concernant les Incas. Enfin, il n'y a pas de rapport entre le Soleil des Incas et le Soleil qu'adorent les Solariens de Campanella — parce que leur république est gouvernée par la Science et que le Soleil symbolise pour eux la science du déterminisme physique et celle du déterminisme historique et social.
page 269 note 2. Deutschland und Amerika. Ein Rückblick auf das Zeitalter der Entdeckungen. Munich, E. Reinhardt, 1928 ;in-8°, XII-308 p. — Le livre ne comporte pas de cartes ni de croquis ; il ne donne pas de liste bibliographique d'ensemble ; surtout, et c'est une lacune grave pour un ouvrage qui passe en revue tant d'œuvres individuelles accomplies dans tant d'endroits divers, il n'y a pas d'index.
page 271 note 1. Sur les changes : Les changes d'Espagne sur l'Amérique au XVIe siècle dans Revue d'économie politique, novembre-décembre 1927. — Observations d'écrivains du XVIe siècle sur les changes et notamment sur l'influence de la [disparité du pouvoir d'achat des monnaies dans Revue économique internationale, novembre 1928. — Sur la monnaie : Les procédés de paiement et la monnaie dans l'Amérique espagnole du XVIe siècle dans Revue économique internationale, novembre 1927. — La circulation de métaux et de monnaies au Pérou pendant le XVIe siècle dans Revue d'économie politique, novembre 1928.
page 274 note 1. Géographie Universelle publiée Sous la direction de P. Vidal de la Blache et L. Gallois, tome XV, en deux volumes, Amérique du Sud, par P. Denis. Paris, A. Colin, 1927 ; in-8° ; lre partie IV-210 p., 36 cartes dans le texte, 64 phot. et 1 carte en couleurs hors texte ; 2e partie, 270 p., 53 cartes dans le texte, 91 phot. et 1 carte en couleurs hors texte. Également paru, même collection, t. XIV : Mexique, Amérique centrale par Max Sobbe. 1928 ; 1 vol., in-8°, 240 p., 47 cartes dans le texte, 95 phot. et 1 carte en couleurs hors texte.
page 274 note 2. L.Fervre, L'école géographique française et son effort de synthèse dans Revue de synthèse historique, t. XLV, 1928, p. 27 et suiv. Les deux ouvrages d'A. Demangeon consacres respectivement aux Iles Britanniques et à la Belgique et aux Pays-Bas constituent les tomes I et II de la Géographie Universelle (1927).
page 275 note 1. Par exemple, l'étude sur le Brésil comporte 6 chapitres de descriptions régionales, qui absorbent 105 pages de texte ; après quoi un seul chapitre de 8 pages intitulé L'unité brésilienne suffit à Mr Denis pour tenter une synthèse d'ensemble. Même chose exactement pour l'Argentine.
page 275 note 2. Sur l'un des aspects de ce problème à données multiples, voir le travail récent du Dr Harry F. Collongs, Die Kapitalexpansion der vereiniglen Staaten in Lateinameriha. Iéna, Fischer, 1927 ; in-8°, 24 p. (Kieler Vorträge, hgg. von B. Harms, fasc. 23).
page 276 note 1. E. F. Gautier, Les siècles obscurs du Maghreb. Paris, Payot, 1927 ; in-8°. Mr Gautier montre bien comment, dans l'Afrique du Nord, les traits caractéristiques des paysages sont tous d'importation récente et de provenance étrangère ; qu'il s'agisse des orangers et des mandariniers, ces Chinois arrivés au moyen âge ; de l'eucalyptus, cet Australien implanté au XIXe siècle — ou de ces deux Américains (car l'Amérique a donné, si elle a reçu, et en particulier donné beaucoup à l'Afrique) que sont l'aloès et le cactus, tous deux introduits par les Espagnols. Sans parler de la vigne naturellement. Quant aux changements de paysages zoologiques, ils ne sont pas de moindre importance ; et l'on sait tout le parti qu'en tire Mr Gautier. Ces sauts brusques se retrouvent dans l'histoire humaine ; ici encore, des comparaisons pouvaient naître, fécondes, sans nul doute.
page 276 note 2. On se rappelle les belles pages que Vidal de la Blache a consacrées à ce sujet dans son ouvrage posthume, Principes de géographie humaine. Paris, A. Colin, 1922 ; in-8°, p. 119-125 : Intérêt de l'étude des musées ethnographiques ; l'empreinte de la syloe équatoriale.
page 277 note 1. Sur les problèmes démographiques, Mr Denis est, d'une façon générale, beaucoup trop sobre en données statistiques. Et n'est-il pas curieux qu'ayant eu besoin de chiffres sur l'importance présumable de la population indienne, nous ayons dû, plus haut, les emprunter aux Langues de la Terre ?
page 278 note 1. Agustin Vektukino, Sociologia, primitiva, chileindiana, t. I et II. Barcelone, Éditorial Cervantes [1928] ; in-12. Voir t. II, p. 446 : « La misma civilizaciôn contenlda durante casi dos slglos per los bravos chileindianos, floreciô magnifica en cincuenta afios de paz… haciendo finalmente que, en esta franja de tierra, ya no hubiera chileindianos ni colonos, sino chilenos. »
page 278 note 2. Géographie Universelle, t. IX, L'Asie des Moussons, par Jules Sioif, I, La Chine et le Japon. Paris, A. Colin, 1928 ; in-8°, 276 p., 43 cartes dans le texte, 102 phot. et 1 carte ea couleurs hors texte.
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- Cited by