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Sur un Coin de Terre Marocaine : Seigneur Terrien et Paysans

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Le Haut-Rharb qui, dans le Maroc du Nord, adossé aux monts du Djebala, s'ouvre au Sud-Ouest sur la plaine atlantique, est pauvre en biens collectifs, singulièrement riche, par contre, en gros domaines d'un type spécial, les ‘azȋbs. L'étude de ces derniers permettra de dégager quelques facteurs importants de l'histoire rurale maughrébine. Que cette tenure soit si fréquente, cela « s'explique » par un état relativement avancé de l'individualisme terrien, supplantant la communauté rurale. En outre, dans ce vieux pays, depuis longtemps pacifié par les sultans, le propriétaire, personnage religieux ou temporel, pouvait croître librement sans trouver dans les forces locales : xénophobie, génie collectif, voire anarchisme spontané, une opposition sérieuse.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1937

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References

page 227 note 1 Annexe de Hâd-Kourt.

page 227 note 2 On s'étonne de lire, dans l'ouvrage éminent de L. Milliot, Les terres collectives (1922), que le collectif et même la pratique de l'allotissement périodique sont répandus dans le Rhàrb.

page 227 note 3 Fustel De Coulanges [L'alleu et le domaine rural) en fait la base de sa théorie sur la commune ; cf. Marc Bloch, Les caractères originaux de l'histoire rurale française, chap. m et iv.

page 228 note 1 'azaba, « être loin de…, être célibataire » ; a ‘zaba, « transhumer».

page 228 note 2 Cf. Behque, J., Contribution à l'étude des contrats nord-africains (Alger, Typo- Litho et Carbonel, p. 74 et suiv., 1936 Google Scholar).

page 229 note 1 Cf. G. Roupnel, Histoire de la campagne française, p. 147 et suiv.

page 229 note 2 Il est certain que le facteur humain a joué dans cette histoire un rôle considérable. On se rappelle les judicieuses remarques d'É.-F. Gautier sur ce qu'il nomme 1’ « état d'esprit biologique » propre à cette société. Les « explications » inspirées du déterminisme géographique ou économique paraissent inopérantes dans bien des cas, et il faut en revenir à la philosophie des Prolégomènes

page 230 note 1 Il est encore assez rare que des actes soient passés entre les parties. Mais celui-ci est typique.

page 230 note 2 Cf. Michaux Bellaire, Le Rharb, p. 174 et suiv. La zouija, unité agraire, c'est la « charrue », quantité de terrain que peut, dans une saison, labourer le couple de bêtes attelées à l'antique araire.

page 231 note 1 Cf. le sens si plein du verbe « tleb » ( « demander ») : c'est se mettre dans la position du demandeur, c'est aussi, dans certains cas, faire la quête pieuse.

page 231 note 2 Cf. en arabe algérien (constantinois). Le latifundium assez analogue de notre ‘azîb s'appelle « ‘azel », et le mot « ‘azla » désigne la partie du terrain labourée gratuitement. Le verbe azel, comme ‘azeb (cf. plus haut) implique lui aussi une idée de dissociation dans l'espace. Cette concordance est bien curieuse.

page 231 note 3 Cf. les études de Beaudouin dans Nouvelle revue historique de droit, 1897-1898, et CUQ, Mémoires de VAcadémie des Inscriptions, 1er s., t. XI, p. 86 et suiv.

page 231 note 4 Milliot, Association agricole chez les Musulmans du Maghreb, p. 202.

page 231 note 5 R. Montacne, L'évolution moderne des pays arabes, p. 13.

page 232 note 1 Travaux d'A. Bernard, Maunier, Milliot, J. Menaut, etc.

page 232 note 2 Le habous ou ivaqf des pays musulmans est une fondation pieuse à substitution fidéicommissaire. Il a été abondamment étudié par les juristes : cf., notamment, L. Milliot, Les démembrements des habous.

page 232 note 3 Milliot, Jurisprudence chérifienne, t. I, p. 190. 4. Cf., dans Revue marocaine, N° 2, Jurisprudence (p. 28), un intéressant commentaire, par Mr Luccioni, d'un arrêt de la Cour d'appel de Rabat où cette ambivalence> en quelque sorte, est heureusement sentie.

page 233 note 1 Milliot, Les terres collectives, p. 16.

page 233 note 2 Par exemple, les ‘azel au Constantinois ont évolué vers le collectif (Larcher le déplore : Législation algérienne, t. III, p. 29). La théorie de Pouyanne (La propriété ioncière en Algérie, p. 261 et suiv.) assimile la terre arch algérienne aux terres de kharadj, du droit musulman, terres sujettes, très souvent données en fiefs (cf., p. 143 de son ouvrage, une riche digression sur la propriété censitaire en pays d'Islam). Cette théorie, si elle méconnaît le facteur « pacte » dégagé plus haut, avec toute sa diversité, sa multiplicité probables, met bien en lumière l'antithèse du groupe tenancier et de la souveraineté éminente. Il est intéressant d'évoquer ici les « habous coutumiers » décrits par d'Ohsson et la théorie du fief reprise par Villot (Des moeurs, coutumes et institutions des indigènes algériens, p. 278)… dans des matières tout analogues.

page 234 note 1 Exemple, les Derqaoua du Rharb qui ont perdu tous leurs adeptes, où la maison mère s'absorbait dans des acquisitions immobilières.

page 234 note 2 « Affiliés ».

page 234 note 3 Morand, Études de droit musulman et de droit coutumier berbère, p. 9.

page 234 note 4 Michaux-Bellaire dans Archives Marocaines (t. XX, p. 184). C'est la grande idée d'Ibn Khaldoun.