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Les paysages agraires : essai de mise au point

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Que, dans l'ordre intellectuel comme dans celui de la pratique, l'éveil des curiosités naisse, presque toujours, d'une sorte d'ambiance collective, l'histoire de nos études, à défaut même de l'histoire tout court, suffirait à nous l'apprendre. Brusquement, une catégorie de phénomènes semble sortir de l'ombre, pour s'imposer aux efforts convergents des travailleurs. Ainsi a-t-on vu l'analyse des terroirs ruraux, longtemps négligée, conquérir en quelques années une place de premier plan parmi les préoccupations des chercheurs français. Les résultats certains demeurent encore loin de nos prises. Mais l'enquête est en route et c'est, désormais—tant observations comme hypothèses s'accumulent avec rapidité, — à intervalles de plus en plus rapprochés qu'il convient de faire le point. Un ouvrage récent et considérable nous en fournira aujourd'hui l'occasion.

Type
Problèmes d'Ensemble
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1936

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References

page 256 note 1. Cf. Champs et villages dans Annales, t. VI, 1934, p. 467 et suiv.

page 256 note 2. Essai sur la formation du paysage rural français. Tours, Arrault, 1934; in-8°, 162 p. 21 pl.

page 257 note 1. L'importance même du livre de Mr Dion est attestée par les nombreux comptes rendus, développés et critiques, auxquels il a donné lieu : voir, notamment, ceux de Mrs Demangeon, A. [Annales de Géographie, 1935, p. 535540 CrossRefGoogle Scholar) et Gibert, A. [Études rhodaniennes, t. XI, 1935, p. 231238 Google Scholar). — Mr Dion a répondu à quelques objections ﹛Annales de Géographie, 1936, p. 84-88).

page 257 note 2. Monographie géographique de la commune de Bulat-Pestivien (1934), p. 55 et 120, n. 1. Le premier de ces faits a déjà été signalé par Mr Demangeon, dans son compte rendu de l'ouvrage de Mr Dion.

page 257 note 3. Cf. Lacrocq, L., Monographie de la commune de La Celle-Dunoise (1926), p. 240 Google Scholar.

page 258 note 1. Mr Tulippe qui, dans l'ouvrage dont il sera rendu compte plus bas, cite ce texte (p. 286), ne paraît pas s'être aperçu qu'il a été édité par Guérard, B., Cartulaire de Notre- Dame de Paris, t.1, p. 258 Google Scholar, n° XV et Tardif, , Mon. histor., n° 364 Google Scholar (1116).

page 259 note 1. Sur ce qu'on pourrait appeler l'archéologie forestière, voir d'utiles remarques d'un spécialiste, Mr l'Inspecteur adjoint Roger Blais, De la plaine et de la forêt ou présentation de recherches récentes sur la structure du paysage rural français dans Revue des eaux et forêts, 1935, p. 981-999. Mr Biais conteste notamment les conclusions que Mr Roupnel avait cru pouvoir tirer des différents aspects des lisières. — Dans toute l'Europe, le travail des essarteurs occupés à ronger les forêts, soit par le dedans, soit sur leurs bords, fut aux XIIe et XIIIe siècles assez intense pour frapper des observateurs pourtant, en règle générale, médiocrement attentifs au paysage. Voyez ce curieux passage du Parzival de Wolfram d'Eschenbach, VIII, v. 18 et suiv. (Gauvain vient de chevaucher longuement sous bois): « Peu à peu la forêt apparut toute mélangée ; ici une avancée des bois ; là un champ, mais si étroit parfois qu'à peine eût-on pu y dresser une tente. Puis, regardant devant lui, il aperçut une campagne cultivée… ».

page 259 note 2. Les ouvrages relatifs au remembrement fournissent souvent d'utiles renseignements sur le système de l'open-field à champs allongés, que cette opération a précisément pour objet de supprimer. Voyez, par exemple, l'Enquête sur le remembrement publiée en 1934 par la Chambre d'Agriculture de Meurthe-et-Moselle et dont les éléments ont été rassemblés par Mr M. L. Bourdier, ingénieur du Génie Rural. Certaines remarques concrètes sont particulièrement instructives ; notamment sur l'impossibilité de maintenir en culture une parcelle trop étroite au milieu d'un quartier en jachère, où pullulent limaces et souris ; ou encore sur la crainte — injustifiée, au gré des enquêteurs — que le remembrement inspire aux petits exploitants en raison de la valeur d'achat trop élevée des amples parcelles ainsi constituées ; le paysan redoute avant tout de ne plus pouvoir accroître son bien, lopin par lopin. Sur la pratique même des remembrements, notamment en Europe Orientale, et sur leurs prix de revient, on trouvera des indications précises dans un article de Mr C. A. Koefoed, lui-même activement associé, en Russie, à la réforme agraire de Stolypine, : Einzelhof oder Dorf dans Berichte äber Landmrtschaft, Neue Folge, t. XX, 1935 Google Scholar.

page 260 note 1. En Bourgogne du moins la division du terroir en grandes soles n'était d'ailleurs pas absolument générale et, parfois, ne fut décidée qu'au XVIIIe siècle. Voir P. de Saintjacob, L'assolement en Bourgogne au XVIIIe siècle dans Études rhodaniennes, t. XI, 1935, p. 211. Le mémoire tout entier abonde en observations très précises et très instructives. On notera, en particulier, l'usage de la rotation sans jachère, pratiquée par certains villages du bord de Saône, et qui semble avoir été liée à deux conditions : fertilité du sol, cela va de soi, mais aussi pacages communaux abondants, qui permettaient de se passer de vaine pâture. La présence d'îlots de rythme biennal est bien mise en lumière. Le plus curieux est qu'on voit, en 1769, la communauté de Saint-Seine-en-Bâche décider d'abandonner le triennal pour le biennal (à la réserve de quelques petits cantons destinés aux « menus grains »). Ce texte, que Mr de Saint-Jacob publie en appendice, ne semble pas avoir été très exactement interprété par lui. Utiles renseignements aussi sur la culture du mais et le problème des dîmes.

page 260 note 2. Je n'ai pris connaissance que tout récemment de la dissertation de Mr Heinrich Grosser, Die Herkunft der französischen Gewannfluren (pet. in-8°, 36 p. —Diss. Berlin, 1932). L'ouvrage ne nous a pas été adressé, encore qu'il pût sembler intéresser assez directement notre revue. L'auteur, qui a une bonne connaissance de la littérature et a manié au moins un plan beauceron, s'est malheureusement attaqué à un trop gros sujet pour avoir pu procéder, en quelques pages, à des analyses précises ni bien originales. Il semble disposé à mettre en rapport les champs allongés et une certaine forme de charrue. Mais ce n'est point pour opposer à l'araire sans roues la charrue à avant-train — selon l'hypothèse que j'ai naguère indiquée, non sans y apporter ensuite de sérieux correctifs. — L'antithèse serait entre le soc du Nord et celui du Midi ; le premier « plat et tourné vers la droite » ; le second « conique à la façon d'une houe ». Je n'oserais affirmer que cette vue soit confirmée par les faits. Les observations sur l'histoire du mot « ouche » — qui eût désigné originairement la partie du terroir cultivé sise près des maisons et soustraite ainsi à la culture temporaire — manquent de preuves et un peu de clarté. La suggestion de recherches est cependant à retenir.

page 261 note 1. L'habitat rural en Seine-et-Oise : essai de géographie du peuplement. Liège, J. Wyckmanns, 1934 ; in-8°, 373-v p., 36 cartes et plans, 27 photographies (thèse Lettres Paris ; Cercle des géographes liégeois, fasc. 22 des Travaux ; Travaux du Séminaire de Géographie de l'Université de Liège, fasc. XLII). Au risque de paraître reprendre éternellement la même antienne — mais à qui la faute ? — notons qu'un index par matières eût été bien utile.

page 261 note 2. Sur cette phase de l'occupation, MrTulippe apporte d'ailleurs une observation fort intéressante : dans la région étudiée, nous dit-il, la répartition des « reliques » de l'ancienne flore steppique coǐncide avec les trouvailles néolithiques (p. 287, n. 1). Ainsi se trouve mise en lumière, conformément aux idées de Gradmann, l'influence prépondérante que le climat sec de la dernière période post-glaciaire semble avoir exercée sur la prise de possession du sol, en un temps où l'agriculture redoutait avant tout les obstacles de la forêt.

page 262 note 1. Dijon, Rebourseau ; Mâcon, Renaudier ; Tournus, Sapet et Schenck, 1934 ; in-8°, 100 p. N'y a-t-il pas quelque imprudence à parler (p. 29) d'un « cimetière barbare, mais nettement de race franque » ? Outre que le mot de race est bien impropre, il n'est pas sûr du tout que l'arcbêologie permette de distinguer si « nettement » entre les mobiliers funéraires des divers peuples.

page 263 note 1. Mr Tulippe n'a point mangué de reconnaître l'importance du facteur seigneurial. A Magny, notant « l'uniformité de l'étendue de tous les petits finages », il se demande si l'hypothèse ne devrait pas être évoquée de « l'intervention, à l'origine, d'un dispensateur, seigneur ou entrepreneur de défrichement » (p. 294, n. 4). La conjecture est ingénieuse. Elle ne pourrait être prouvée ou infirmée que par une analyse de la carte des mouvances. Voir, par ailleurs, sur le « bourgeonnement » des vieux terroirs, une utile remarque (p. 294, n. 1) : à la périphérie de certains finages ou même inclus en eux, on observe des chantiers dont les noms rappellent d'anciens bois.

page 264 note 1. Il n'est pas indifférent de noter qu'après essai Mr Tulippe a dû renoncer à tirer aucun parti d'un classement des villages selon les formes géométriques de leurs plans.

page 264 note 2. Cf. les observations, fermement présentées, de Mr Gibert, A. dans Études rhodaniennes, 1935, p. 234, n. 1 Google Scholar.

page 265 note 1. C'est pourquoi je ne saurais admettre, avec Mr Dion, qu'appliqué à un hameau marchois ou auvergnat le mot de « village » n'ait pas une signification « foncièrement différente » de celle qu'il revêt dans les campagnes du Nord (p. 129-130). Je crois qu'au contraire plus la recherche atteindra des réalités sociales profondes, plus les différences apparaîtront.

page 265 note 2. A en Juger par mes propres observations, il serait particulièrement net à Magnyles-Hameaux. — Sur les champs allongés, dans des quartiers de défrichement médiéval, voir, d'autre part, la planche VI de mes Caractères originaux.

page 267 note 1. Faut-il rappeler l'admirable description des environs de Fougères, dans Les Chouans de Balzac ? Notamment : « Ces haies et ces échaliers donnent au sol la physionomie d'un immense échiquier, chaque champ forme une case parfaitement isolée des autres, close comme une forteresse, protégée comme elle par des remparts. »

page 267 note 2. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le rappeler, il faut récuser, en qualité de témoin sur les usages agraires anciens, la Coutume rédigée du Berry, que cite (p. 14) Mr Dion. Thaumas de la Thaumassière, en effet, dans ses Nouveaux Commentaires sur les coutumes générales du pays et duché de Berri (1701), nous apprend (p. 2) qu'un des deux commissaires chargés de sa rédaction (promulguée en 1539) fut le Premier Président au Parlement, Pierre Lizet, célèbre dans la littérature juridique pour son » romanisme » acharné et dont La Thaumasslère, au même endroit, nous dit encore expressément « Homme sçavant dans le droit romain, qu'il appelloit le droit commun, il estimoit odieux tout ce qui lui étoit contraire et c'est pourquoy, autant qu'il a pu, il a rendu cette coutume conforme aux maximes du droit civil. » C'est probablement sous son influence que furent insérées dans le texte des dispositions favorables à une conception toute quiritaire du droit de propriété. D'où, par la suite, entre la tradition paysanne et la loi écrite, un véritable antagonisme dont témoigne en particulier, dans son post-scriptum, l'intéressante lettre du Secrétaire Perpétuel de la Société d'Agriculture de Bourges à Bertin, le 22 août 1764 (Arch. NAT., H 1510 n° 65).

page 268 note 1. L'existence de cet édit empêche qu'on puisse accorder, quant aux usages anciens, une grande valeur au témoignage d'Arthur Young, cité par Mr Dion (p. 126). Par ailleurs, si le droit d'herbes mortes ou plutôt la généralisation de ce droit était bien en Béarn, au XVIIIe siècle, chose relativement récente, il n'en était point de même, quoi qu'en pense Mr Dion (p. 145), de la compascuité exercée, sur les terres vaines, par les communautés ; la nouveauté résidait — comme en Lorraine, pour le « troupeau à part » — dans l'utilisation intensive par les seigneurs d'une vieille servitude collective.

page 268 note 2. Voir l'article cité ci-dessous, p. 269, n. 1.

page 268 note 3. Il y aurait aussi beaucoup de nuances à introduire dans l'étude de l'élevage. « Paris » écrit Mr Dion (p. 87), pensant au XVIIIe siècle, « reçoit du Sud et du Sud-Ouest les troupeaux destinés à son alimentation.” Oui bien. Mais de la Lorraine aussi, grâce au droit de « troupeau à part », c'est-à-dire à l'exploitation par le seigneur, des contraintes collectives de l'open-field : cf. Annales, t. II, 1930, p. 517-518.

page 269 note 1. Polyculture ancienne et assolement biennal dans la France méridionale dans Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t. V, 1934. Cf. aussi, du même auteur, Campagne française et campagnes méridionales : à propos d'un livre récent dans Annales du Midi, 1933. Et rappelons les précieuses indications — qu'on souhaite voir bientôt reprises et développées — de Mr Sion, J., La France méditerranéenne, Paris, 1934 Google Scholar (Collection A. Colin) ; l'expression « semis d'oasis » est de Mr Sion.

page 269 note 2. Dans le Nord, au contraire, il arrivait que le climat poussât au rythme triennal. Mr Helmer Smeds montre fort bien comment en Finlande, où l'orge — semée au printemps — avait été jusqu'au XVIe siècle presque la seule céréale cultivée, l'introduction du seigle — semé à l'automne — obligea à l'établissement d'une année régulière de jachère. La moisson se faisait trop tard pour qu'il y eût encore le temps, après elle, de préparer la terre pour des semailles automnales et d'ensemencer (Malaxbygden, 1935, p. 426).

page 270 note 1. Il est bien entendu, d'ailleurs, que ces noms de septentrional et de « méridional » ne sauraient s'appliquer qu'à la France ; et — en attendant de leur substituer définitivement des expressions moins approximatives — il sied de mettre en garde contre les trompeuses images, ethniques ou climatiques, qu'ils risquent de suggérer. Mr André Lathon, bien connu par ses études sur la Syrie (cf. son article dans nos Annales, t. VI, 1934, p. 225) et qui maintenant applique au Maroc ses rares facultés d'observation, veut bien m'écrire à ce sujet : « Je regrette que, pour distinguer les deux grands systèmes agraires, on emploie les expressions « nord » et « midi » ; je trouve en Afrique du Nord, dans quelques régions berbères, après avoir constaté en Syrie le même phénomène, des terroirs organisés et des champs en lanières de tous points semblables aux villages dits germaniques ou slaves. » Cf., sur le Maroc, les indications provisoires données par Mr Latron luimême, en attendant mieux, dans une note intitulée La propriété rurale au Maroc étudiée à l'aide de la photographie aérienne (Bulletin économique du Maroc, t. II, janv. 1935, p. 46- 48 ; avec trois planches, très frappantes). Le Rif serait individualiste ; les terroirs de l'Extrême-Sud « profondément organisés ». Naturellement, cette organisation obéit parfois à des nécessités pratiques fort différentes de celles de nos contrées. L'irrigation notamment contribue à déterminer la forme des parcelles, ainsi qu'on peut le voir sur la photographie du terroir, très régulier, à sa manière, mais à champs rectangulaires, du Ksar d'Anfergane.

page 270 note 2. L'habitation paysanne en Bresse. Étude d'ethnographie, par Jeanton, G., Étude linguistique, par A. Duraffour. Tournus, Amis des arts et des sciences, 1935 ; in-8°, 180 Google Scholar p., 58 pl., nombreuses fig., 1 carte. Cf., du même auteur, L'habitation rustique au Pays Méconnais, 1932, avec le compte rendu de Lucien Febvre, ici-même, t. V, 1933, p. 306. On notera, en particulier, en Bresse, de très curieuses et précises indications sur le droit reconnu aux pauvres habitants de bâtir sur le communal, pourvu que la maison — ou la cabane, parfois sur pilotis — fût édifiée en une nuit.

page 270 note 3. On sait qu'une carte de la répartition des deux natures de tuiles a été donnée par Brunhes, J. dans sa Géographie humaine de la France, t.1, p. 441 Google Scholar. Mais elle a été assez hâtivement dressée, comme le montrent, pour la Bresse et le Maçonnais, les rectifications de Mr Jeanton, et le montreront aussi, si je suis bien renseigné, des études en cours dans le Limousin et la Marche.

page 271 note 1. Le cas du Pays de Caux — campagne ouverte, mais, généralement, de champs irréguliers — reste troublant. Sans oser rien affirmer, je ne pense point qu'il soit légitime d'écarter, sans examen, l'hypothèse d'une influence nordique ; car dire, comme le fait Mr Dion, que « les Scandinaves » « pratiquaient dans leur pays d'origine une solidarité villageoise tout à fait analogue à celle des pays germaniques » équivaudrait simplement à rayer de la carte, au profit du Danemark, la Norvège. « There is no such thing as a Scandinavian custom », écrivait, fort justement, Vinogradoff ; « the gaard of Norway and the by of Denmark follow very différent practices » (Oxford Magazine, 26 mai 1916, p. 336, dans un compte rendu de H. L. Gray, English field Systems).

page 272 note 1. Le Massif Central, p. 33, 67 et 76. — Cf. p. 115, sur la curieuse et complexe évolution du Ségala.

page 272 note 2. Normania, 1931, p. 329 (à propos de mes Caractères originaux). Cf., du même auteur, ibid., 1935, p. 321, le compte rendu d'un article de P. Chesnel, intitulé Nos fossés.

page 272 note 3. Paul de Rousiers, , Une famille de hobereaux pendant six siècles (1934), p. 8182 Google Scholar.

page 272 note 4. Hors de France et en des âges déjà plus lointains, la légende irlandaise paraît avoir gardé le souvenir d'un temps où il n'y avait pas de haies ; voir Hubert, H., Les Celtes, t. II, p. 257 Google Scholar, n. 3. Un historien du paysage agraire, qui serait en même temps celtisant, devrait bien reprendre le problème. Il y aurait lieu aussi de rechercher l'ancienneté des clôtures signalées dans le pays de Leeuw, en Brabant, par G. des Marez, Le problème de la colonisation franque, p. 56.

page 272 note 5. En introduisant la restriction « centre actuel ou ancien », je pense à des cas comme celui de la commune creusoise de La Celle-Dunoise. Le « bourg » de La Celle, qui est dans le fond de la vallée, porte un nom qui ne saurait remonter plus haut que le moyen âge. Mais, comme l'a montré Mr Lacrocq, L., dans la Monographie… citée ci-dessus (p. 257, n. 3 Google Scholar), le centre de la seigneurie était à Bouéry, lieu de défense aisée et probablement — si l'on en juge encore par le nom — de plus antique origine.

page 273 note 1. En Bresse et dans le Mâconnais du Nord, il semble y avoir un assez grand nombre d'écarts pourvus de noms « celtiques, pré-celtiques ou gallo-romains », — tandis que, de nouveau, dans le Mâconnais du Sud, les hameaux, baptisés souvent d'après des communautés familiales, sont visiblement, pour la plupart, bien moins anciens que les chefslieux de communes. Cf. G. Jeanton, L'habitation paysanne en Bresse, p. 34, et L'habitation rustique ou Pays M âconnais, p. 111. Il y aurait lieu de rechercher si le contraste qui se marque ainsi, entre ces deux petites régions, dans l'histoire de l'habitat coïncide avec une différence de structure agraire.

page 273 note 2. L'étude d'une région de contact entre campagnes ouvertes et bocages — dans l'Anjou, sur la rive gauche de la Loire — a été tentée par Mr Poirier, Louis, Bocage et plaine dans le Sud de l'Anjou dans Annales de Géographie, t. XLIII, 1934, p. 2231 Google Scholar. Il y a beaucoup à prendre dans son mémoire : une juste critique de l'explication par les conditions du sol (que d'ailleurs, comme il l'observe justement, on confond trop souvent avec le sous-sol) ; des notations précises sur les haies, leur nature, leur utilisation ; de bons renseignements sur ce renversement général des valeurs qui, au cours du XIXe siècle, modifia au profit des massifs anciens le classement des terres, d'après leur richesse. Mais l'hypothèse interprétative n'est guère convaincante. On voit mal le lien entre le régime de la propriété et le système des haies, ou, du moins, s'il est peut-être vrai que, dans les régions de grande propriété nobiliaire, les stipulations archaïques des baux ruraux ont pu contribuer à maintenir la haie, cette observation, dont on ne niera point l'intérêt, laisse évidemment intact le problème d'origine. A dire vrai, le cadre était trop restreint pour permettre même un sérieux essai de solution.

page 273 note 3. Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que d'autres types encore ne se rencontrent en Europe. Le régime que Mr Helmer Smeds (Malaxbygden, 1935, p. 436) décrit sur la côte de Finlande comporte des enclos. Mais ce sont de grandes pièces, dont chacune renferme une « multitude » de parcelles appartenant à des propriétaires différents. Les clôtures les distinguent, je suppose, des terrains de pacage et les protègent contre les bêtes : système, en somme, plus analogue à l'in-field des Highlands d'Ecosse ou aux « plaines » béarnaises (Cf. ci-dessous, p. 275, n. 1) qu'à nos bocages où la fermeture est, en règle générale, individualiste.

page 273 note 4. Les systèmes agraires dans les Iles Britanniques dans Annales de Géographie, 1935, p. 385-409.

page 274 note 1. On saura à Mr Aufrère d'autant plus de gré de cet état des recherches que la littérature du sujet, comme c'est presque toujours le cas en matière d'archéologie et de préhistoire, est dispersée à l'extrême et souvent peu accessible. Voir néanmoins, outre la brochure de Mr Cecil B. Curwen et l'article de Mr O. G. S. Crawford, qui ont déjà été, ici même, l'objet d'un compte rendu critique (Annales, t. II , 1930, p. 557), l'exposé commode et bien illustré que Mr Curwen, , sous le titre de Préhistoric agriculture in Britain, a publié dans Anliquity, t. I, 1927 Google Scholar.

page 274 note 2. Les ouvrages de pierre sèche des cultivateurs d'Auvergne, 1933. Cf. Annales, t. VI, 1934, p. 489.

page 274 note 3. Le développement de la vigne dans la région de Montpellier (1934), p. 196. Sur les « clapiers » de la garrigue nîmoise, Mr Paul Marcelin, Conservateur du Muséum de Nîmes, prépare un travail qui promet d'être des plus instructifs.

page 274 note 4. Mr Curwen, dans l'article à.'Anliquity cité plus haut, estime qu'à la différence des Bretons, « peuple des collines », les « Saxons » ont ordinairement établi leurs villages dans les vallées. D'où, par exemple, l'abandon des Downs, après l'invasion. Cf. O. G. S. Crawford, Air survey and archaeology, p. 8-9.

page 375 note 1. Les champs allongés caractérisent aussi le rung-rig écossais. La différence ici, avec l'open-field anglais, vient, avant tout, de conditions sociales fort différentes, que Mr Aufrère mentionne justement, mais trop brièvement. La question mériterait d'être reprise. Quant à l'opposition, classique en Ecosse, de l'infield et de l'out-field, elle n'est pas sans rappeler de très près celle des « plaines » et des « coteaux » du Béarn, ou encore des « terres à champs » et des « terres à sart » de l'Ardenne. C'est, de part et d'autre, l'antithèse d'une surface en culture à peu près permanente avec les espaces réservés aux défrichements temporaires comme au pacage.

page 375 note 2. Des champs préhistoriques non allongés ont été signalés dans d'autres régions : Jutland (Hatt dans Acta archeologica, t. II, 1931, p. 122) ; Hollande, (Van Giffen dans Antiquity, t. II, 1928, p. 85 Google Scholar). Cf. aussi Grenier, A., Manuel d'archéologie gallo-romaine, t. II, 2, p. 726 Google Scholar et suiv. Répétons que, lorsqu'il s'agit d'enclos voisins des habitations, l'hypothèse du jardin doit toujours être envisagée.

page 375 note 3. Assarting and the growth of the open fields dans The economie review), t. VI, 1935, 1936, p. 13-29.

page 276 note 1. Pre-feudal England : the Jutes. Oxford, University Press, 1933 ; in-12, VIII-122 p., 2 cartes (Oxford Historical Séries).

page 276 note 2. Cf., tout récemment, la discussion du problème par Hodgkin, R. H., A history of the Anglo-Saxons, Oxford, 1935,t.1, p. 81 Google Scholar et suiv. L'auteur se défend d'apporter une solution certaine, qui lui paraît actuellement impossible. Mais il ne croit pas à l'origine rhénane et tend à imaginer une population assez mêlée.

page 276 note 3. De hameaux. Faut-il ajouter d'enclos ? La mention, au XIIIe siècle, de clôtures saisonnières, exécutées par corvées, m'inspire quelques doutes sur l'ancienneté des haies (Cf. p. 36, 65 et 67).

page 277 note 1. Elizabeth, Helen Muhlfeid. A survey of the manor of Wye, New York, 1933 Google Scholar. Wye, situé dans le Kent, appartenait à l'abbaye de la Bataille ; cf. la carte donnée par Mr Joliffe, p. x. Miss Muhlfeld écrit notamment (p. XXXIII) : « In certain of the largers fields at wye there are lands from many différent yokes », et (p. XXXIV) « many of these yokes lay in several fields and each field contained the lands of a number of différent yokes. It seems scarcely possible that the lands of a given yoke at Wye lay in a compact rectangle. » (Cf. aussi p. LXXV.) J'entends bien que ces observations se rapportent à un terrier des environs de 1350. S'agit-il donc d'un morcellement secondaire ? Il se peut, encore que l'ampleur de l'opération ainsi supposée ne la rende pas très aisément concevable. Mais il eût fallu, du moins, prendre l'objection corps à corps, — partir, en un mot, de l'état de fait, bien connu, du XIVe siècle, pour retracer, pas à pas et à rebours, l'évolution qui y avait conduit. Faute de quoi, l'incertitude demeure.