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Les activités économiques du Patriciat vénitien (Xe-XIVe siècles)

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

Gino Luzzatto*
Affiliation:
Institut des Hautes Études Commerciales, Venise
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On pourra continuer à discuter, indéfiniment, la vieille question des origines sociales et économiques de la noblesse vénitienne ; on pourra apporter de nouveaux arguments en faveur de la thèse traditionnelle — celle qui voit dans cette noblesse la cristallisation, à la fin du Ducento, de l'ordre, économiquement bourgeois, des grands marchands et armateurs ; on pourra, au contraire, trouver plus conforme à la situation historique du haut moyen âge la thèse exactement opposée — prédominance, aux premiers siècles de l'immigration dans les îles de la lagune, d'une aristocratie de propriétaires fonciers venus de la terre ferme et qui, en peu de temps, se transforment en commerçants ; on pourra, enfin, adhérer à la thèse, moins simpliste, qui nous montre, dès le début du IXe siècle, une aristocratie nouvelle de familles enrichies par le trafic maritime s'opposant à la plus ancienne aristocratie foncière : tous les trésors de science et de subtilité qu'on pourra dépenser en de telles discussions ne donneront j amais la solution certaine et définitive d'un problème qui — abstraction faite de la pénurie des sources — s'avère insoluble en luimême, comme tant d'autres problèmes d'origine.

Type
Enquêtes
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1937

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References

page 25 note 1. Voir, entre beaucoup d'autres, Pektile, , Storia del diritto italiano , 2e éd., t. III, p. 146,Google Scholar

page 25 note 2. Cf. Hartmann, , Die viirlschaflliche Anfânge Venedigs dans Vierleljahrschriftfiir Sozial- und Wirtschaftsgeschichte , t. II, 1904, p. 434442 Google Scholar; Kretschmayr, , Geschichte von Venedig , t. I, p. 84;Google Scholar Merores, , Der venetianische Adelims Vierteliahrschrift , t. XIX, 1926, p. 193237 Google Scholar ; Doren, Italienische Wirtscha/tsgeschichte, p. 467.

page 25 note 3. Cf. R. Cessi, Venezia Ducale, 1.1 (Padoue 1928), p. 175 et suiv. ; Molmenti, Sioria di Venezia nella vita privata, 7e éd. (Bergamo, 1927), 1.1, p. 57 et suiv. — Les deux thèses de l'origine foncière de l'aristocratie vénitienne et dé la formation, dès le début du ixB siècle, à côté de la vieille aristocratie tribunitienne, d'une aristocratie nouvelle d'origine commerciale, peuvent aisément se concilier. Mais ce qu'il est absolument impossible de soutenir, c'est l'idée, émise récemment par Doren (ouv. cité), que la future aristocratie de marins commerçants eut à l'origine un caractère féodal. S'il est une ville, en Italie, où la féodalité n'ait jamais pu prendre pied sous aucune de ses formes, cette ville c'est bien précisément Venise,

page 26 note 1. Cf. Codice diplomatico padovano (éd. Gloria), Doe. vu. — Voir aussi (Doc. xi) le testament d'Orto Partecipazio, évêque d'Olivolo, en 855 (il constitue, entre autres, un legs d'un sac de poivre et d'un sac d'olivano).

page 26 note 2. Cf. la plus récente édition du pactum dans Cessi, R., Pacla veneta (Archivio Veneto , V série, t. III, 1928 Google Scholar).

page 26 note 3. Cf. Hartmann, Comacchio und der Po Handel dans ZUT Wirtschaftsgeschichte Italiens im Mitteialter (Gotha, 1904); Kretschmayr, t. I, p. 169-181 ; Solmi, L'amministrazione finanziaria del regno italico nell'alto medio evo, p. 9 et suiv.

page 27 note 1. Le caractère politico-social de ce groupe de prêts a été pour la première fois mis en lumière, avec son habituelle sagacité, par Lenel, , Die Entstehung der Vorherrschalt Venedigs an der Adria (Strassburg, 1897, p. 42 Google Scholar et suiv.). Cf., en outre, G. Luzzatto, I prestiti délia Repubblica di Venezia dans Documenti finanziari délia Repvblica di Venezia, série III, 1, lre partie, p. XII-XIV et Doc. 1, 2, 3, 4, 6.

page 28 note 1. Cf. G. Luzzatto, Prestiti, Doc. 2 et 3. — Voir également une liste des juges, extraite des documents des xe-xife siècles, dans Roberti, Dei giudici veneziani prima del 1200 nuovo Arch. Veneio, nouvelle série, t. VIII, 1904 — et des listes déjuges, avocats, assesseurs et conseillers dans Tafel U. Thomas, Urkunden zur âlteren Handels und Staatsgeschichte Venedige dans Fontes Rerum Austricarum, II Abth., t. XII, tre partie, Wien, 1856 et V. Lazzarini, Originali antichissimi délia cancelleria veneziana dans N. Arch. Ven., n. s., t. VIII, 1904.

page 28 note 2. Cf. Cecchetti, I nobili e il popolo di Venezia dans Arch. Veneto, t.VII, 1872; Museo Civico Carrer di Venezia, Raccolta Cicogna, n° 3052 : « Distinzioni segrete che corrono fra le casate nobili di Venezia” (mss. du XVIIIe siècle). Des fameuses listes des plus antiques familles aristocratiques, offertes par le texte connu sous le titre de Chronicon AUinate, M“eMenores a tenté de donner une analyse très soignée dans l'article cité plus haut. Mais l'entreprise semble désespérée. Tout au moins demanderait-elle des confrontations extrêmement laborieuses avec tous les documents antérieurs au xne siècle et avec les listes conservées par les autres chroniques. Voir la plus récente édition du Chronicon, par H,. Cessi, sous le titre de Origo civitatum Italiae seu Venetiarum dans Fonti per la Storia d'Italia, éditées par l'Istituto Storico Italiano, Rome, 1933 et les remarques de Cessi sur les listes des anciennes familles dans sa Préface (p. XLII).

page 28 note 3. Cf. Lazzarini, Malipiero o mastropiero dans Arch. Veneto, n. s., t. 42, 1921.

page 29 note 1. Cf. Baracohi, Le carte ciel 1000 e del 1100 che si conserva.no nell'Archivio notarile di Venezia (Doc. xxix), dans Arch. Veneto, t. VII, 1874, p. 365.

page 30 note 1. Voir le testament de Pietro Ziani (2 septembre 1228) dans Arch. di Stato Venezia (S. Giorgio Maggiore, Bα VII, Procès n° 117). Une partie de ce testament (qui mériterait une publication intégrale) a été publiée par Monticolo, dans Rendiconti dell'Accademia dei Lincei , t. IX, 1900 Google Scholar (Cf. Kretschmayr, t. I, p. 465). Des notices sur le testament du père Sebastiano nous sont données dans Historia Ducum (éd. Simonsfeld dans Mon. Germ. Hist., XIV, p. 89, et dans le Chron. Lai., n° 504 de la Bibliothèque Querini Stampalia de Venise. De Sebastiano Ziani, lorsqu'il fut élu doge, YHist. Duc. (p. 80) nous dit qu'il était non seulement docte, mais divitiis infinitis exuberans. De son collègue et successeur Orio Mastropiero, Simonsfeld, dans la même chronique, extraite de la Chron. Justiniani, nous dit qu'il était vir sapiens nec non divitiis affluens ultra modum. Sur la famille Ziani et ses richesses, cf. aussi Cicogna, Iscrizioni veneziane, t. IV, p. 562 et suiv.

page 31 note 1. Romanin, , Storia documentata di Venezia , t. II, Doc. 7.Google Scholar

page 31 note 2. G. Luzzatto, Prestiti. Doc. 4.

page 31 note 3. L'hyperpère était une pièce d'or byzantine, dérivée du solidus impérial romain.

page 31 note 4. G. Luzzatto, Ouv. cité. Doc. 6.

page 32 note 1. Merores, Die venetianische Steuerkataster von 1379 dans Vierteljahrschrift f. Soz. u. Wirtschafiageschichte, t. XVI, 1919, p. 415-419 et Luzzatto, p. CXLI-CXLVI et Doc. 165,

page 33 note 1. Le 12 mai 1358 est adjugé à Federico Corner l'appalto des trois galères de Chypre, mais le fait n'est pas confirmé dans la prova, peut-être parce que Corner n'avait pas le minimum d'âge prescrit (Arch. DI Stato, Senato, Misti, Registro 28, c. 49 t.). Durant l'année 1362, ser Fantino Corner est en société avec Federico et son frère Marco, il se trouve à Famagouste et donne une somme en prêt à Jacobello Corner (A. S. V., Giudici di petizion, 1354-1371, cahier V). A propos du même Fantino, rappelons qu'il résidait à Famagouste et était en rapport de cordiale amitié avec le roi de Chypre ; il y gérait, simultanément, les affaires commerciales de la société fraternelle et d'une société de Cha Cornario et de Cha Lion pour des sommes très considérables. Avec les mude » de septembre, octobre et novembre 1365, il expédie à Venise et à Gênes, de Famagouste et de Rhodes, des marchandises pour une valeur de 269 133 besants, équivalant à 67 800 ducats. Le mons (capital) de la Société Corner-Lion est évalué par les juges (Giudici di petizion, Senlenze) pour l'année 1365 à 83 275 ducats d'or. Cf. aussi Mas-latrie, Histoire de Vile de Chypre sous le règne des princes de lamaisonde Lusignan, t. II, Documents (Paris, 1852), p. 363. Le Sénat, en 1374, autorisa les Corner à tenir un facteur dans leur propriété de Chypre. — En 1368 Federico et Fantino Corner qm nobilis viri dm Bellelli Cornario et Giovanni Zeno, reçoivent en prêt, amoris et dilectionis gratia, 3 000 ducats d'or pour la durée d'un an de la « nobildonna » Lucia, veuve de Jacopo del Leono de Vérone, habitant à Padoue (A. S. V., Çancelleria Inferiore, I. B 5). En 1371, Federico Corner achète aux héritiers de messer Marco Soranzo d'importants lots de noix muscades pour 800 ducats [ibid,, Procuratori di S. Marco, Misti, Busta 90, commissaria Marco Soranzo). Pendant la même année, il charge sur une galère à destination de Venise une grande quantité de poivre (ibid., Giudici di petizion, 1353-1371, caliier VI). En 1394, d'un procès provoqué par un certain nombre de créanciers du défunt Federico résulte que celui-ci avait obtenu du roi de Chypre le droit d'acheter tout le sel extrait dans l'Ile et qu'en 1392 cette production avait atteint 260 000 misure, vendues au prix moyen de 50 besants les mille mesures; au total, 13 000 bèsants soit 4 000 ducats d'or environ — dont le cinquième environ est à déduire pour frai» d'extraction ﹛Giudici di petiz., Sentenze).

page 35 note 1. En 1302, les maisons que le doge Ranieri Zeno avait léguées au monastère de « Santa Maria dei Crociferi» rapportaient de loyer 250 lires de « denari piccoli » ; en 1327, on en toucne 300. Les mêmes maisons sont vendues, en 1354, pour 8 000 « lire di piccoli ». Si l'on considère que le « denaro piccolo » avait à ce moment-là perdu un tiers environ de sa valeur, et que le prix d'une maison égalait habituellement le décuple de son revenu annuel, la valeur de ces immeubles se serait trouvée doublée en cinquante ans. Mais il ne faut pas oublier que cette vente a lieu au lendemain de la fameuse peste de 1348, à la suite d'une loi qui imposait à toutes les œuvres pieuses l'obligation de transformer en prêts publics toutes les propriétés immobilières qu'elles avaient en ville (Cf. Luzzatto, I prestiti, p. 61 et suiv.). L'ensemble des maisons de Venise, évaluées aux environs de 1370 à 2 864 180 ducats, l'est, un demi-siècle plus tard, à 3 595 000 [Documenii finanzieri délia Repubblica di Venezia, série II, t. I, doc. 85).

page 36 note 1. En septembre 1211, le doge Pietro Ziani conoède l'Ile de Crète tout entière aux fidèles viri de Venise, en distinguant, dans une longue liste, groupés par arrondissement ( « sestiere », les milites (très nombreux) des pedites (très peu nombreux) (A. S. V., Miscellanea Atti DiplomaUci). Le 25 janvier 1255, le Grand Conseil délibère « quodVeneti omnes, tam milites quam alii, de insula Crète et de aliis partibus Romanie » doivent contribuer aux prêts publics en proportion des biens qu'ils ont à Venise comme tous les autres citoyens vénitiens (Deliberazioni del Maggior Consiglio, éd. Cessi, t. II). Sur les comtes de Dalmatie, ibid., Délibération du 28 janvier 1266. Marin Faliero, en juillet 1349, avec le consentement du Sénat, achète de Rizzardo de Camino, comte de Ceneda, le château de Val Mareno avec tous les droits inhérents et obtient l'investiture fde l'évêque de Ceneda, auquel il prête le serment de fidélité. Depuis, en plusieurs documents, Marin Faliero est appelé comte de Val Mareno (Cf. Lazzahini, Marin Faliero avanti il dogado dans N. Arch. Veneto, N. S., t. V, partie I, 1893). Alberto Morosini (testament du 18 nov. 1305), duc de Sclavonie, comte de Bosnie, avait des terres en Hongrie, en Sclavonie et dans le marquisat d'Esté (Cf. Cicosna, Iscrizioni, t. VI, p. 101).

page 36 note 2. Deliberazioni del Maggior Consiglio, éd. Cessi, t. II, p. 26.

page 36 note 3. Cf. Lazzarini, Antiche leggi venete intorno ai proprielari nella Terraferma dans JV. Arch. Veneto, N. S., t. 38, 1919.

page 37 note 1. Noiret, Cf., Documents inédits pour servir à l'histoire de la domination vénitienne en Crète de 1380 à 1485 (Paris, 1892 Google Scholar, Bibliothèque des Écoles d'Athènes et de Rome), Introduction par A. Hauderseur.

page 37 note 2. Ainsi, par exemple, la nobildonna Cecilia Contarini qui, aux environs de 1320, se faisait apporter d'une de ses propriétés située à Marocco (Trévise) le blé pour faire son pain chez elle (A. S. V., Giudici di pétition, 1332-1350, cahier V).

page 37 note 3. Dans les articles de la paix conclue le 9 septembre 1235, entre Venise et Padoue, on trouve insérée la clause suivante : « De pacto blavae ita sumus concordes, quod detrumento praeteritl annl vendito per Comune Paduae ipsum Comune teneatur daré illis Venetis quorum fut solidos 7 pro quolibet stario paduano. Caeterae aliae blavae et frumentum praeteriti anni quae non sunt venditae et illae praesentis anni dimittantur et reddantur libéra Venetis quorum sunt» (A. S. V., Miscell. Alti Diplom., B 3).

page 39 note 1. Cf. G. Luzzatto, I prestiti, etc., Introduction, passim.

page 40 note 1. Cf. A. Sacerdoti, Le colleganze nella pralica degli affari e nella legislazione veneta dans Aiti del R. Istituto Veneto di S. 7., éd. A., t. LIX, 1899-1900; — A. Arcangeli, La commenda a Venezia, speciaimenie nel secolo XIV dans Rivista ital. p. le scienze giuridiche, 1901 ; — R. Cessi, JVofe per la storia délie societa di commercio nel medio evo in Italia, ibid., 1917 ; — G. Luzzatto, La commenda nella vila economica det sec. XIII e XIV con particolare riguardo a Venezia, Napoli, 1934 (extrait des Atti del convegno di Storia del Dirilio maritlimo, Amalfi, 1934).

page 40 note 2. Cf. G. Luzzatto, Commenda, p. 5. Dans la partie mobilière du patrimoine du doge R. Zeno, sur un total de 38 848 lires, les avoirs résultant de « carte di colleganza » atteignent 22 935 lires.

page 41 note 1. Cf. Lattes, E., La libertà délie tanche a Veneziadal sec. XIII al XVII , Milano, 1869 Google Scholar ; — R. Cessi, Il problema bancario di Venezia ne! sec. XIV dans Atii délia R. Accademia di Scienze di Torino, 1917.

page 42 note 1. Bien qu'elles ne soient pas étroitement liées à notre objet, nous ne saurions résister à la tentation de citer quelques opérations de crédit particulièrement significatives, rencontrées dans les archives judiciaires. Le 16 juin 1358, un témoin dans un procès commercial dépose devant les juges des pétitions que, nuit ou neuf mois auparavant, « ser Nicoletus da le bochole venit ad dictum testem in Rivoalto rogando ipsum quod ei inveniret ducat. 50, et dictus testis respondit ei quod denarii maie reperiebantur et valde chari, et quod erantmulti qui nolebantse impedire cum gentilibus hominibus ». Mais, vu que l'autre lui offrait en gage une bague de ser Federico Michiel d'une valeur de 80 ducats, le témoin «invenit unum qui promisit ei daredictos duc. 50 adrationem 24pro cent, inanno iGiud. d. petiz., 1351-1371). — En 1385, un certain Guglielmo Zaramella, de Padoue, qui tenait boutique sur la Rive du fer, prête à ser Marino Contarini 36 lire carraresi de Padoue. Peu après le mfme Contarini demande un nouveau prêt d'argent ; Zaramella lui répond, «ette fois, qu'il n'a pas de disponibilités, mais qu'il peut lui donner un lit, une couverture et deux draps, valant à son dire, 26 ducats d'or : il les lui cède pour ce prix. Contarini, qui a besoin d'argent, vend ces objets à un homme de Ferrare pour 11 ducats et perd en plus, dans les mêmes proportions, sur le change des livres de Carrare. C'est encore ce Zaramella qui prête à Contarini 22 lire de « soldi ungari » au prix d'un sou vénitien ; Contarini en vend certains qui étalent faux pour 4 « denari » et tous les autres pour 8 « denari » chacun : perte de 50 p. 100. Une autre fois, au lieu d'argent, Zaramella lui donne 14 « braccia » d'étoffe au prix unitaire de 7 lires (la valeur réelle était de 3 lires 50) ; en outre une « panciera » de 8 ducats, que Contarini revend pour 2, seulement. Et ainsi de suite ﹛Giud. di pet., 1372-1430, cahier 4).

page 42 note 2. Parmi les nombreuses offrandes que ser Bandin Garzoni fait à l'État pour la guerre de Chioggia, figurent aussi deux « cocche », dont il est le propriétaire et qui avaient été réquisitionnées à cause des nécessités militaires (cf. Lazzahini, Le offerte per la guerra di Chioggia etunfalsario del 400 dans N. Arch. Veneto, N. S., t. IV, 1902).— Le 27 septembre 1369, Nicolo Contarini fait cadeau à sa mère des cotisations qu'il avait sur trois galères (A. S. V., Caacelleria inferiore, I Be 5).

page 42 note 3. On voit même que, dans certains cas, l'usage était de donner aux galères de l'État le nom de la famille « appaltatrice ».

page 42 note 4. En 1370, trois associés, dont un ingénieur, achètent du noble homme Nicoletto Michiel, pour 500 ducats, une de ses « cocche » pour la démolir (A. S. V., Cancelleria inferiore, I. Bd 2). — En 1368, la galère dont Pierre Soranzo possédait 5 carats, fut vendue 312 ducats, peu après son retour d'un voyage dans la mer Noire (A. S. V., Procuralori di S. Marco, Misti, Bb 73).

page 44 note 1. Sur la navigation de ligne organisée par l'Etat vénitien, on attend toujours une étude définitive. Cf. Manfroni, Storia délia marina italiana dal traltato di Ninfeo alla caduta di Castantinopoli (Llvorno, 1902) et Cenni sugli ordinamenli délie marine,italianenel medio evo dans Rivista manttima, 1898. Le beau volume de J. C. Lank, Venetian ships and shipbuilders of the Renaissance, Baltimore, 1934, traite presque exclusivement de la forme, des dimensions et de la construction des navires ; il ne touche presque pas à la navigation ou à son organisation économique. [Voir, dans Annales, t. VII, 1935, p. 80, le compte rendu de Lucien Febvre.]

page 44 note 2. Sur cette «muda dei cotoni «qui partait en septembre et touchait Chypre et les ports de la Syrie, la Cronaca di Antonio Morosini, encore inédite (copie du XIXe siècle à la Bibl. Marciana), contient des mentions nombreuses et détaillées.

page 45 note 1. Particulièrement intéressants, à cet égard, les actes d'un procès dont les débats eurent lieu en 1346 devant les « giudici di petizion » à propos d'un viaggio del Delhi (probablement Delhi dans l'Inde) auquel avaient participé, en société avec d'autres gentilshommes, Giovanni Loredan, Marco Soranzo, Marino Contarini (Procurolori di S. Marco, Misti, Bb 299. Commissaria Alberto De Calle). Dans les documents, très nombreux, qui se réfèrent au commerce de la Tana et de Trébizonde, les souvenirs sont fréquents de marchands vénitiens qui s'aventurent à l'intérieur de la Russie et de l'Arménie. Cf. Heyd, Histoire du commerce du Levant, passim.

page 46 note 1. Une délibération du Sénat (Misti, Registre 37, c. 70), du 20 avril 1382, concède « quod sicut navigia disarmata possunt conducere Venetias très sclavos vel sclavas pro quolibet salariato navigiorum, ita possint conducere quattor. Quelques dizaines d'années plus tard, les actes d'un seul notaire nous offrent plusieurs dizaines de contrats de vente d'esclaves (des Russes la plupart) faites par les frères Antonio et Nicolo Bondumier, d'ancienne noblesse, en leur nom propre et au nom d'autres associés (Cancelleria inferiore, I, Bd 6).

page 46 note 2. Toute la correspondance ne souffrait pas de cette même lenteur. Ainsi, pour les exigences du commerce avec les Flandres, on avait institué — tout au moins depuis le commencement du Trecento — un service périodique de courriers (cursores Flandriae), au moyen desquels une lettre arrivait de Bruges à Venise, ouvice versa, en une semaine, ou un peu plus. Par contre, les communications avec les ports du Levant et, tout particulièrement, ceux de la mer Noire, de Barbarie, de Séville, étaient d'une lenteur exaspérante. Très instructif à ce point de vue et, en général, quant au rythme extrêmement lent des affaires, la copie de lettres du noble Guglielmo Querini pour les années 1428-1461 (Procuraion di S. Marco, de citra, Busta 271 ). Sur ce personnage, voir le brillant article de G. Dalla Santa, Di un patrixio mercante veneziano del Quattrocento e di Francesco Filelfo suo debilore dans JV. Arch. Venefo, N. S., t. XI, 1906. Mais il n'a pas approfondi l'analyse du point de vue de l'histoire économique.

page 47 note 1. Une mine précieuse de notices biographiques est constituée par le tome VI des Iscrizioni Veneziane d'E. Cicogna. — Parmi leB monographies, la plus complète (un vrai chef-d'œuvre) est celle de Vittorio Lazzarini sur Marin Faliero dans N. Arch. Veneto, t.V, 1893, t. XIII, 1897. Voir aussi Dallasanta, G., Uomini e fatti dell'uUimo trecento e del primo quattrocento dans N. Arch. Veneio , N. S., t. XXII, 1912.Google Scholar

page 47 note 2. Pour Famagouste, Candie, Constantinople, Tana, Alexandrie, Bruges, nous avons des notices concernant d'authentiques facteurs de patriciens, ou de sociétés de patriciens Vénitiens. Leurs services étaient rétribués au moyen d'une commission fixe et par année. Par exemple, Johannes Ugolini, faetor societatis de Cha Chauco recevait, en 1363, 30 florins par an (Giudici di pétition, 1351-1371). Beaucoup plus nombreuses, les mentions de membres de la noblesse ou d'autres commerçants demeurant à l'étranger et qui se chargent des affaires de plusieurs correspondants contre un droit de commission de 2 p. 100 sur le montant de chaque affaire. Nous n'avons trouvé qu'un seul cas où un marchand résidant à la Tana s'engage à vendre des marchandises qu'un patricien vénitien lui a envoyées avec l'ordre d'investir le produit dans d'autres marchandises et de l'expédier à Venise conformément aux règles du contrat de « colleganza » : les trois quarts des profits au propriétaire des marchandises et le quart au negotiorum gesior.

page 49 note 1. Cf. R. Cessi, La regolazione délie enlrate e délie spese dans Documenti finanziar délia Republica di Venezia, Série I, t. I, lr8 partie, Padoue, 1925 (Introduction historique, p. CLIII, n. 2).

page 49 note 2. Voir, plus haut, p. 33. Dans les Archives des Giudici di Petizion, il reste quelque” pièces, malheureusement incomplètes, relatives à la faillite de la « Commissaria » de Frédéric Corner, déclarée quelques années après sa mort. Mais il semble que la faillite se soit close par un concordat et que la famille soit rentrée en possession de la plupart des biens.

page 49 note 3. Procuratori di S. Marco, Misti, Busta 172/3.

page 50 note 1. Ibid., Busta, 74/10.

page 50 note 2. Sur le commerce du sel et, en particulier, sur l'organisation et le fonctionnement économique et financier de la Chambre du Sel, pas encore d'étude digne de l'importance du sujet. Le récent article de Bauer, Venezianische Salzhandelspolitikbis zum Ende des 14. Jdhrhunderts dans Vierteljahrschrift fur Sozial-u. Wirtschaftsgeschichte, t. XXIII, 1930, est une analyse diligente et utile du matériel documentaire édité sur tout ce qui se rapporte aux lieux d'approvisionnement et aux marchés de vente et de distribution du sel ; mais la nature même des documents utilisés ne permettait pas d'approfondir la question capitale : celle des rapports de l'Etat avec les marchands privés.

page 51 note 1. Procuralori di S. Marco, Misti, Busta 84.

page 52 note 1. Sur l'importance qu'avait pris l'art du cuir dans la Giudecca, nous trouvons une confirmation dans deux témoignages produits le 4 décembre 1381 devant les juges de Petlzion ; on y rappelle que deux frères de Vérone, encore jeunes, étaient venus « in Judecham ad discendum artem corii et stabant cum diversis personis ad discendum ipsam artem»; ils; y étaient restés plus de quarante ans, c'est-à-dire jusqu'à leur mort, en exerçant leur art (Giud. di petizion, Extraordinario, B. 7).

page 53 note 1. Procuratori di S. Marco, Misti, Busta 73.

page 54 note 1. A. S. V., Commemoriali, t. III, carte 79-83. Copie d'un groupe de lettres adressée! durant les années 1331 et 1332 à ser Nigro Cocco à Venise, de la part de ser Ruggero Morosini, son facteur à Candie. Particulièrement intéressante, la lettre de janvier 1331, qui nous offre un tableau très détaillé de l'ampleur et de l'importance du commerce des Cocco. Les cahiers III et V (Giudici di pétition, 1332-1350) contiennent plusieurs pièce9 se rapportant à la fameuse querelle avec les Peruzzi et les Acciaiuoli, à cause d'un crédit de 10 000 florins prétendu par ces derniers : d'après les témoignages produits devant les juge» vénitiens, Franceschino Cocco, se trouvant à Majorque, recourut aux juges du roi contre les prétentions des deux plus puissantes firmes florentines. On lui donna raison et il obtint des représentants des Peruzzi et des Acciaiuoli 4 cartes. Franceschino avec son frère Paolo s'embarquèrent sur une galère de CàBembo, laquelle, après avoir touché la Sardaigne, le» débarqua à Porto Pisano. Les deux frères commirent l'imprudence de passer par Florence. Sitôt hors de la ville, ils furent rejoints par quelques membres des deux sociétés accompagnés d'officiers de la « Mercanzia » ; ils furent mis en prison et dépouillés des cartes prouvant leur droit. — Autres actes se référant à la saisie d'une de leurs galères, à leur commerce de Séville et de Bruges. Sur leur litige avec les Peruzzi, cf. aussi / libri di commercia dei Peruzzi, éd. Sapori (Milan, 1934), p. 151.

page 55 note 1. R. Cessi, L'officium de navigantibus e i sistemi délia politica commerciale veneziana nel sec. XIV dans N. Arch. Veneto, N. S., t. XXXII, 1916.

page 56 note 1. Dès le 22 juillet 1283, une délibération du Grand Conseil (Luna, c. 17e t.) avait rendu obligatoire la constitution de syndicats entre les commerçants vénitiens pour l'achat du coton et du poivre à Alexandrie. L'obligation dut être observée, tout au moins dans beaucoup de cas, durant le siècle suivant ; car on voit très souvent des épices, ou autres denrées de caravane sur les marchés du Levant, achetées par le consul ou par un seul marchand vénitien. Par exemple, en 1326, Jacques Malipiero achète à Trébizonde une caravane d'épices (Giuci. di petizion, 1332-1350, cahier 5). Dans le commerce Intérieur, par contre, et spécialement pour les denrées alimentaires, la constitution de ces syndicats pour tenir bas les prix est sévèrement interdite : ainsi, en 1297 (23 mai), le Grand Conseil (Pilosus, c. 69 t.) interdit les syndicats des bouchers contre les vendeurs d'animaux. Interdite aussi, la formation de cartels de commerçants pour élever les prix de vente des marchandises importées : le 28 avril 1358, ayant su que quelqu'un a commencé à tenir « conventiculas et conspirationes per nostros qui utuntur inter se obligationes et pacta quod non possint conduci nisi usque ad certain quantitatem », et, compte tenu des domr mages que ces pratiques causent au commerce vénitien (le coton demandé par l'Occident est conduit à Ancône et ailleurs), le Sénat, trouvant injuste que le profit, habituellement réparti entre tous, « devolvatur ad très vel quatuor », délibère de nommer trois sages (Savi), qui enquêteront et pourvoiront « tam super ipsis conventiculis gothonorum quam etiam pulveris zuchari, salis et aliarum mercationum et etiam navigtorum » (Setiafo misti, Reg. 28, c. 44 t.).

page 57 note 1. Ainsi, par exemple, presque toutes les sommes que les exécuteurs testamentaires de ser Pietro Soranzo réalisent par la vente de ses marchandises sont payées par les trois comptoirs des Frères Zancani, de Bartolomeo Michiel et de Francesco Spirito. Il arrive parfois que le payement d'un lot considérable est pris en charge par deux banques à la fois. Et il n'est pas extrêmement rare que le comptoir auprès duquel le marchand a son compte courant exécute ses ordres de payement à compte découvert. Ainsi, à la mort de Soranzo, une fois les comptes liquidés, le comptoir Zancani se trouva créditeur pour 670 ducats et celui de Michiel pour 56 ducats — sommes qui leur furent remboursées par les héritiers de Soranzo.