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La Collectivisation Agricole dans l'U. R. S. S.

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Dans un précédent article sur « Le problème agraire dans la révolution russe », nous formulions timidement nos conclusions en disant : « Collectivisation, contractation, colonisation, le tout est encore du domaine de l'avenir ». Si nous nous reportons en pensée à l'époque — 1929 — où ces lignes furent écrites, nous sommes stupéfait de voir le chemin parcouru par ces idées, qui ne faisaient alors que se former dans les cerveaux des dirigeants russes. C'est sur l'étendue de cette évolution — nous serions en droit de dire : de cette révolution — que nous voudrions attirer l'attention dans les pages qui vont suivre.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1938

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References

page 1 note 1. Annales, t. II, 1930, p. 192 et suiv.

page 1 note 2. Ibid., t. IV, 132, p. 257.

page 2 note 1. La situation à cette époque est bien mise en lumière par des déclarations faites par Kaganovič en janvier 1933 : « En 1928-1929, il m'est arrivé d'être dans l'Oural et en Sibérie pour le stockage. A cette époque le koulak intervenait directement au village. Les koulaks résistaient et disaient franchement : « Nous ne vous donnerons pas de blés ; donnez-nous l'entière liberté de commerce, permettez-nous de vendre le blé à quinze roubles le poud (1 poud = 16 kgr.). Pourquoi vous appuyer sur les paysans pauvres, pourquoi vous appuyer sur ces fainéants ? La force, c'est nous, c'est nous qui avons le blé…. » Du premier au deuxième plan quinquennal (p. 237), Paris, Bureau d'éditions, 1933.

page 3 note 1. Dans le projet de plan quinquennal de reconstruction économique, la place consacrée àla collectivisation de l'agriculture est encore assez restreinte. Dansles cinq années à venir, il est proposé d'englober dans les kolkhoz le cinquième des petites exploitations.

page 4 note 1. La « Station de machines et tracteurs » a été conçue comme le moyen d'appliquerl'emploi des machines agricoles complexes et des tracteurs, c'est-à-dire, en somme, la motoculture, à l'agriculture collective. Au point de vue technique, la SMT comprend un groupe important de tracteurs de même marque, plusieurs centaines parfois avec une quantité correspondante de machines agricoles à traction automobile. Cette station dispose de locaux appropriés pour le garage des tracteurs, machines, camions, etc. Elle a son stock de pièces de rechange, de combustible minéral, ses ateliers de réparation. D'après certaines évaluations, une station disposant de 225 tracteurs doit desservir un territoire comportant 50 000 ha. de terres cultivées, situées dans un rayon d'environ 10 à 15 km. Jusqu'au déclenchement de la phase décisive de la collectivisation, il n'avait pas été constitué, à proprement parler, de ces SMT. On s'était contenté d'employer des « colonnes de tracteurs », comprenant de 15 à 25 machines. Au total, ces colonnes disposaient, pour tout le territoire de l'Union, de quelque 1 500 tracteurs. C'était là un début modeste si l'on compare ce chiffre avec le « parc » actuel, soit près de 400 000 tracteurs avec plus de 120 000 « combines » (moissonneuses-batteuses). Mais, à partir de 1929, après un premier essai en Ukraine, il se créa des SMT sur divers points du territoire. A la fin de 1930, il y en avait une centaine disposant de plusieurs milliers de tracteurs, grâce à une importation massive de ces derniers.

page 5 note 1. Il faut remarquer que ces mesures furent étendues aux desservants des différents cultes qui étaient accusés de prendre fait et cause pour les éléments riches des campagnes. Ainsi commença cette farouche campagne antireligieuse qui marqua les années 1929 à 1932.

page 12 note 1. Il est intéressant de constater un phénomène inverse pour les sovkhoz que réorganise un arrêté du 25 août 1931. On semble, dans ce cas, renoncer à la manie du gigantesque. Les sovkhoz céréaliers, au nombre de 182 en 1930 et dont certains couvraient 200 000 ha., voient réduire leur surface moyenne à 60 000 ha.

page 15 note 1. On peut rapprocher de ces constatations une anecdote racontée par Staline en janvier 1934 au 17e Congrès du parti. C'est une conversation qu'il a eue en 1933 avec un « honnête bavard ». Staline : Comment vont les semailles? — Les semailles, camarade Staline…. Nous sommes mobilisés ! — Ah l et puis ? — Nous avons mis la question à l'étude, d'urgence. — Ah l et alors ? — Le tour est donné, camarade Staline. Nous allons le donner. — Mais encore ? — Ça avance ! — Bon, mais comment vont les semailles ? — Eh bien, camarade Staline, jusqu'ici rien n'est sorti ! »

page 16 note 1. Le terme employé par Staline est rendu de façon littérale par aisé (zažitocny). En fait, il promet aux paysans « la bonne vie ».

page 17 note 1. Quant aux paysans considérés comme koulaks (pour spéculation sur les blés, inexécution des plans de semailles, etc.), ils étaient imposés d'après un taux progressif, allant de 35 à 55 p. 100 du revenu global de leur exploitation.

page 19 note 1. On aura une idée de ces accommodements par le fait que, dans les régions de culture, le kolkhozien peut déjà garder pour lui une vache et deux veaux ; quant aux régions de nomadisme, le kolkhozien peut garder un véritable troupeau, une dizaine de vaches, par exemple….

page 19 note 2. Il y a là un passage curieux : « Les paysans qui, au cours des deux années précédant leur admission dans l'artel, auront vendu leurs chevaux et n'auront pas de réserve de semences, ne seront admis dans l'artel qu'à la condition de verser le prix des chevaux et des semences vendues. » On retrouve dans cette phrase une sorte d'histoire de la résistance à la collectivisation.

page 20 note 1. Cela ressort du préambule du Statut que nous avons cité, comme aussi des articles de la Constitution de 1936, qui posent le principe de la propriété socialiste et rappellent les grands traits de l'organisation du kolkhoz.

page 20 note 2. Il est curieux de comparer ce total actuel des feux : 20,4 avec celui observé en 1927, 25 millions. C'est donc que, malgré l'augmentation de la population, le nombre des ménages agricoles a fortement diminué. On peut en apercevoir plusieurs raisons : 1°l'industrialisation qui a absorbé au moins 12 millions de nouveaux ouvriers ; 2° l'accroissement des sovkhoz qui emploient plusieurs millions de salariés (4 millions en 1934) ; 3° la dékoulakisation qui a supprimé plusieurs centaines de milliers de fermes.

page 21 note 1. Voir la note à la fin de l'article.

page 21 note 2. A titre d'exemple, le paiement en nature varie de 13 kg. par hectare desservi pour un rendement inférieur à 3 q., à 190 kg. pour un rendement supérieur à 13 q. Pour le battage, la SMT reçoit 8 p. 100 du blé battu.

page 22 note 1. Pendant une longue période, il est clair que cette mécanisation de l'agriculture a été accompagnée d'une forte diminution du bétail de trait. Il semble que, depuis 1934, cet appauvrissement du cheptel a fait place à une lente augmentation. Le retour au droit de l'élevage individuel a certainement fait beaucoup pour écarter le danger.

page 22 note 2. Sur ce nombre, on compte 675 000 employés aux tracteurs, 67 000 aux « combines », 134 000 mécaniciens, 64 000 chauffeurs….

page 22 note 3. Pour la période 1931-1934, le rendement en quintaux à l'hectare s'établit à 8,6 pour le froment ; 8,2 pour le seigle ; 100 pour la betterave. En France, les chiffres respectifs sont 16,4 ; 12 ; 278. Pour le Danemark, 29 ; 17,5 ; 306.