Etant donné la crise actuelle du véritable pouvoir de l'Etat dans le Cameroun (comme ailleurs en Afrique), les chefs sont parfois envisagés comme une possible alternative d'exercice de l'autorité. Toutefois la chefferie est un phénomène très variable, dépendant du contexte, même si son origine remonte seulement à la période coloniale. L'article illustre ce point en examinant les fortunes diverses de l a fonction de Chef au sein de deux sociétés camerounaises, les Maka (qui furent sous administration française) et les Bakweri (qui furent sous administration britannique). Dans aucun des deux cas, (mais pour des raisons différentes), la chefferie n'apparaît comme étant l'instance alternative, de moyen pouvoir, dont l'on aurait besoin.

Cet article examine des examples de continuité et de changement dans les phénomènes de possession par les esprits parmi les Sidamo de l'Ethiopie du Sud. Les rituels traditionnels de possession semblent perdre leur importance culturelle par suite de la popularité croissante des manifestations de possession et de guerisons par exorcisme pratiquées dans le contexte rituel de mouvements religieux indépendants. De tels mouvements ont émergé dans la région, en réponse à un phénomene étendu de conversion au christianisme et à l'islam dans les années 1950 et 60. Des exemples de guerison de possession dans les nouveaux cultes sont examinés à la lumière de la définition holistique qui prévaut en matière de santé et du rôle attribué à des agents surnaturels dans la maladie et son étiologie. En même temps qu'il souligne les points de convergence et de divergence dans la recodification des rituels, l'article met en relief leurs objectifs thérapeutiques et la focalisation sur la guériso n de ces cultes nouvellement émergés. Certains avancent que le modéle à la fois politique et fondé sur l'antagonisme des sexes qui est proposé par les “théories de la dépossession” est inadéquat à expliquer le changement des modalités de la possession par les esprits et sa persistance sur la scene africaine. Les mouvements indépendants de guérison doivent être reconnus comme un facteur important de guéŕison, là où les Africains des villes et des campagnes recherchent un soulagement à un gamine étendue de maladies organiques et mentales, de déboires personnels, et de conditions de vie stressantes.

Cet article explique pourquoi les populations de Mgeta se trouvent enfermées en de longues et onéreuses querelles concernant la terre. Ces querelles ne peuvent être analysées comme des stratégies de choix rationnel: la valeur de la terre en cause n'a aucun rapport avec les frais que les personnes concernées prétendent encourir; et ces gens ont recours aux instances légates sans en attendre la moindre solution raisonnable à leurs conflits. L'explication fournie dans l'article est qu'il y a un écroulement de la définition sociale de la réalité. La recherche de justice est considérée comme une expression légate de la recherche d'une telle définition.

Les Waluguru, en ce qui conceme la terre, raisonnent en termes d'idéologie matrimoniale. Toutefois, cette idéologic ne constitue pas une identité historique qui fournit des réponses automatiques en cas de querelle, elle doit se construire continuellement au fur et à mesure que la société subit des changements sociaux. Le problème ne peut être vu comme celui d'un retard culturel, où des formes modernes de loi entreraient en conflit avec des formes plus anciennes. L'analyse des cas en cause montre par exemple que le recours à un titre individuel exige autant de construction sociale de la réalité que le secours aux systèmes des lois Luguru. Elles demontre aussi que ces formes de loi sont inextricablement emmêlées. L'échec de l'expression d'une construction sociale de la réalité, qui est ressentie comme autoritaire et contraignante, est exacerbé par une vacance de l'autorité qui a émergé dans l a société Luguru.

La force manifeste qui conduit à ces conflits apparemment irrationnels est l'envie. Dans une situation telle que celle-ci, où se manifeste une débâcle de la construction sociale de la réalité tandis qu'existe un manque d'autorité, une telle force disruptive peut se réveler sous une forme débridée.

Tant les Banen que les Mambila au Cameroun utilisent les araignées pour leurs prédictions. La pratique intellectuelle de la technique divinatoire est liée aux différents contextes sociologiques de divination chez les Banen. Une relative liberté d'interprétation ainsi que la pose des questions au cours de la nuit est en relation avec le peu d'importance politique de la chose. A l'inverse, chez les Mambila, l'interprétation du devin est tenue à observer certaines règies et un grand nombre de questions simples peuvent être posées à la suite. Les résultats sont d'une grande importance à la Cour du Chef. Le contexte social et le contenu intellectuel ont chacun leurs règies mais sont déterminés l'un par l'autre.

L'étude de l'organisation sociale traditionnelle des Meru Tigania-Igembe du Kenya est l'occasion de proposer une nouvelle approche des sociétés à classes d'âge et de génération est-africaines. La distinction des critères d'âge et de génération, la recherche des règies principales et secondaires de recrutement et de constitution des classes ont permis de mettre au jour certaines articulations de ce système de classe avec les autres sphères de la société meru: la concordance ou non des cycles de vie et de la progression des classes, la filiationet L'alliance, l'organisation territoriale. On pense avoir trouvé là les cadres d'une sociologie des sociétés à classes d'âge et de génération ainsi que les axes d'une comparaison. La configuration meru permet d'inclure des Bantous aux côtés des situations mieux connues des Couchites, des Nilotes et des Omotiques, et de jeter les bases d'un comparatisme, seule méthode qui permettra au travers des variations des configurations particulières de faire progresser la comprehension de ces organisations.