La sécheresse de 1984 toucha les vastes régions à l'Est, au Sud et au Centre de l'Afrique, y compris la Province Kivu du Zaire. A l'intérieur même de Kivu Nord, les environs de la collectivité Bwisha, de la zone de Rutshuru, sont connus pour avoir été particulièrement très frappés. Dans cette collectivité, deux unités administratives (groupements) ont ete choisies pour bénéficier d'aides contre la famine: Jomba et Gisigari. Même si peu de gens moururent des effets immediats de la sécheresse, il y eut cependant pour conséquence une importante étendue de la pauvreté et de la faim. Cette analyse sur Ja sécheresse de 1984 est centrée sur le groupement de Jomba.
Cette étude a pour objet de reconstituer ce qui s'est passé avant, pendant et après la famine. Ainsi, la première partie expose les systèmes agricoles du haut plateau de Bwisha d'un point de vue historique. La deuxième partie examine les étapes de la famine, les groupes sociaux les plus touchés et les moyens de lutte utilisés par groupes et individus. Cette dernière étude comprend également les aspects de l'assistance extérieure. La troisième partie analyse les changements survenus après la famine dans les domaines de l'agriculture et des relations commerciales, ceci accompagné d'un commentaire sur la façon dont les habitants de Bwisha réussiront à faire face dans l'éventualités d'une autre sécheresse majeure.
Depuis la fin du prolongement de la sécheresse et de la famine de 1984, les systèmes de culture ont continué à évoluer. On intensifie actuellement l'agriculture de plateau et on accentue parallèlement la production de cultures saisonnières. Cette nouvelle phase, accélérée et déterminée par la famine, modifiera les réponses apportées pour affronter d'éventuelles autres famines. Malgré l'apparence d'une agriculture productive et d'un commerce florissant, la sécurité alimentaire dans cette zone ainsi que l'aptitude à confronter de nouvelles perturbations climatiques s'amenuisent rapidement.