In August 1944, after more than twenty years of exile, His Eminence al-Sayyid Muhammad Idris, the Head of the Islamic Order of the Sanusiya, paid a visit to Cyrenaica as the guest of the British Administration of that country. The following account of the Sanusi of Cyrenaica may be of interest, since though the Sanusi became well known to us during the last war, and even better known during the present war, in which they have been our Allies, few of those who have met them in their country know their history.

LES SENOUSSIS DE CYRÉNAÏQUE

Le Senoussya est un ordre religieux islamique qui a été fondé en 1843 parmi les Bédouins de Cyrénaïque par Si-Mohammed-ben-Ali-es-Senoussi. Le prosélytisme du fondateur et de ses premiers successeurs amena la rapide diffusion de l'ordre en Cyrénaïque, en Tripolitaine, dans le Fezzan, et dans ce qui est maintenant le Sahara français et l'Afrique équatoriale française. Le fait qu'il se répandit presque exclusivement parmi les tribus nomades et pastorales des Bédouins fit que l'armature de la tribu bédouine et les liens sociaux qu'elle implique formèrent la base de l'organisation subséquente de l'ordre et permirent son rapide développement.

Au début, il ne s'agissait que d'un ordre religieux, extrêmement simple tant comme structure que comme administration financière. Mais lorsque, en 1911, les Italiens commencèrent leurs conquêtes en Afrique du Nord, la principale résistance qu'ils rencontrèrent fut celle des Bédouins, organisés par le Senoussiya et combattant sous la direction de la Turquie. Quand la Turquie, trop absorbée par la guerre européenne, se retira de la lutte, les Senoussis continuèrent à combattre et se trouvèrent, après l'entrée de l'ltalie dans la guerre, en conflit non seulement avec l'ltalie mais aussi avec l'Angleterre. En 1917, ils firent la paix avec l'ltalie et l'Angleterre. En conséquence du pacte avec l'ltalie, Sidi Idris, qui dirigeait à cette époque le Senoussya, prit des mesures extrêmement violentes contre les émissaires turcs en Cyrénaïque, et, à partir de ce moment, les Bédouins, dirigés par les Senoussis, cessèrent d'agir au nom du Sultan et se considérèrent comme politiquement autonomes. Ils reprirent la lutte en 1923 et il fallut aux Italiens huit années pour soumettre la Cyrénaïque; les chefs du Senoussya furent tues ou exilés, ses loges furent détruites, et l'ordre fut supprimé. Mais ces années de combat avaient éveillé chez les Bédouins des sentiments nationalistes jusque-là inconnus et ils en étaient arrivés à considerer les membres de la famille des Senoussis comme leurs chefs et la personnification même de leur unité politique. De 1931 à 1941 l'Italie a fait d'immenses efforts et a dépensé des sommes considérables pour coloniser la Cyrénaïque suivant les principes fascistes, c'est-à-dire en expropriant le sol et en détruisant l'organisation tribale. Mais elle était loin d'avoir achevé l'œuvre qu'elle s'était proposée lorsqu'éclata la guerre actuelle. La Cyrénaïque devint un champ de bataille qui trois fois passa des mains des Germano-Italiens à celles des Alliés et vice-versa. Péndant cette période, les Arabes montrèrent dairement leur antipathie pour tout de qui était italien. Sidi Idris et quelques-uns des chefs senoussis exilés recrutèrent une armée de partisans qui combattit aux côtés des Alliés, et la population arabe donna toute l'aide possible aux troupes anglaises.

L'histoire de la Cyrénaïque pendant ces cinquante dernières années montre comment les évènements d'Europe ont eu leur contrecoup sur les tribus bédouines et sur le mouvement senoussi. C'est le système tribal qui a donné au Senoussya son caractère politique et, par contre, c'est au Senoussya et à ses chefs qu'il faut attribuer l'étroite solidarité qui a uni les tribus entre elles dans leur énergique résistance aux Italiens.

Ces quelques indications montrent quel intérêt pourraient avoir une étude comparative d'ordres religieux du type de celui que nous venons d'analyser et l'examen du problème que pose l'apparition de chefs politiques fondant leur autorité sur des institutions religieuses.