Published online by Cambridge University Press: 07 December 2011
Dans les litiges portant sur des terres dans la région de Dori, dans le Nord du Burkina Faso, les actes de corruption de fonctionnaires par l'intermédiate de “courtiers” sont courants. Or, les pots-de-vin versés par les fermiers sont souvent plus élevés que l a valeur des terres en litige. “C'est une question d'honneur”, affirment les intéressés. L'arbitrage des conflits met en concurrence les institutions étatiques. Les “courtiers” monopolisent et manipulent l'accès aux institutions et ont un rôle déterminant sur l'issue juridique. Les citoyens n'attendent pas de l'état qu'il les protège, mais comptent sur leur honneur pour contrer leurs adversaires. Lorsque la seule protection d'un bien est l'honneur du propriétaire, et non l'état, le prix fixé pour la violation doit étre élevé à des fins de dissuasion. Quand bien même les terres en litige ne seraient pas importantes, leur usurpation serait une atteinte à l'honneur et par conséquent à la totalité des biens de la partie lésée. Accepter de céder un champ serait une invitation à envahir le reste. A la concurrence que se livrent les fermiers pour l'accès aux terres correspond la lutte de compétence que se livrent les diverses autorités politiques et juridiques et qui complique la situation à un plus haut niveau.