Article contents
Extract
On a donné le nom de ‘parenté a plaisanterie’ à des institutions et manifestations diverses qui ne sont peut-être pas de même nature ou dont la nature commune, en tous cas, n'a pas été saisie. On s'est fié à l'apparence. Ou plutôt on à donné de l'importance à un facteur apparent, la plaisanterie injurieuse, qui se retrouve dans des occasions nombreuses et sans rapports les unes avec les autres. La parole, qu'elle soit injurieuse ou flatteuse, bénéfique ou maléfique, est certes avant tout porteuse de force vitale; elle a dans toutes ses applications la qualité constante d'être le verbe. Elle permet ainsi les emplois les plus différents qui, pour autant, ne sont pas obligatoirement classables dans la même série. En tous cas retenir l'aspect ‘plaisanterie’ de plusieurs phénomènes risque de lier les choses les plus hétéroclites. Une cloche sonne le glas et les mariages. II ne viendrait à l'idée de personne de prétendre que les funérailles et les noces se rencontrent dans une série dite ‘cérémonies à cloches‘.
- Type
- Research Article
- Information
- Copyright
- Copyright © International African Institute 1948
References
page 242 note 1 Les remarques contenues dans cet article font état de documents recueillis au cours de notre sixième mission africaine (Boude du Niger, 1946) dont faisaient partie Mme G. Dieterlen, Mme S. de Ganay, Mile Geneviève Griaule.
page 242 note 2 Mauss, M., ‘Parenté à plaisanteries’, Amuaire de l'École Pratique des Hautes Études, 1927-8, p.7.Google Scholar Mme G. Dieterlen a déjà remarqué ‘que les plaisanteries et insultes échangées entre de tels “parents” ne sont que l'un des aspects, et non le plus important, des relations entre les intéressés’. ‘Les Âmes des Dogons’, Travaux et mémoires de l'lnstitut d'Ethnologie de l'Université de Paris, tome xl, p. 89, n. 1Google Scholar.
page 242 note 3 Mme G. Dieterlen possède une documentation qu'elle publiera ultérieurement, sur les faits bambara, différents des faits bozo-dogon.
page 242 note 4 II se peut que māna ait quelque rapport avec mā, ‘pétrir, modeler, créer ’.
page 242 note 5 Ces exemples sont empruntés à la documentation de Mile Geneviève Griaule, qui prépare une grammaire de la langue dogon (région de Sanga). Mānu se dit gạrạ en langue des Sénétini, damaga en langue des Kamma.
page 243 note 1 Ces faits sont historiques.
page 243 note 2 II convient de remarquer l'importance d'un tel parallélisme. II met en valeur les points communs de représentations considérables que les deux peuples partagent.
page 244 note 1 Cf. Griaule, M., ‘Masques dogons’, Travaux et mémoires de l'lnstitut d'Ethnologie, Paris 1938, tome xxxiii, chap, iv,Google Scholar et ‘La Personnalité chez les Dogon (Soudan Français)’, Journal de psychologie normale et pathologique, Paris, oct.-dec. 1940–1, pp. 468–75.Google Scholar ‘Note complémentaire sur la notion de personne chez les Dogon (Soudan Français)’, Journal de Psychologie (sous presse). Dieterlen, Mme G., ‘Les Âmes des Dogons’, Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie, Paris, 1941, tome xl, chap. iiGoogle Scholar.
page 244 note 2 Mme G. Dieterlen possède, relativement à l'impureté, une documentation d'une importance capitale qu'elle publiera prochainement. Les mécanismes d'acquisition des diverses impuretés et des purifications correspondantes sont d'une extrême délicatesse et ne sauraient être résumés ici.
page 244 note 3 Nous verrons plus loin que pour des raisons matérielles, éloignement géographique notamment, le mangou bozo est, chez les Dogon, remplacé par d'autres agents, également dogon, alliés à un degré moindre que le Bozo et par imitation de l'institution originelle.
page 244 note 4 Pour une description détaillée de ces deux cas, voir Mme G. Dieterlen, ‘Les Âmes des Dogons’, p. 191 et ss. et p. 197 et ss.
page 245 note 1 Sur cet autel cf. S., Mme G. Dieterlen et MmeGanay, de, ‘Le Génie des eaux chez les Dogon’, Miscellanea Africana Lebaudy, Paris, Geuthner, 1942, pp. 30–9Google Scholar.
page 245 note 2 Il convient de remarquer que le mangou sacrificateur, qui s'adresse à l'ancêtre totêmique, semble, d'après la formule, le considérer comme impur. Outre l'impossibilité de traduire le terme puro par un seul terme équivalent dans une langue européenne, il faut admettre que l'impureté, dans ce cas, est avant tout une absence de vie. L'autel du sanctuaire est vide du principe de vie qu'il supporte habituellement, du fait que le rupture d'interdit provoquée par le défunt avait éloigné l'ancêtre totémique. Sur ces notions, Mme G. Dieterlen apportera ultérieurement des précisions nouvelles.
page 245 note 3 II s'agit, dans ce cas, d'interdits concernant les végétaux.
page 245 note 4 Le nom de cette graine contenu dans cette formule est pris comme exemple.
page 246 note 1 De règle, quand un Dogon a fait un long voyage à l'extérieur de son pays, il doit se purifier avant de reprendre contact avec les gens de sa région d'origine. En effet, il est censé avoir pu consommer des nourritures prohibées et notamment de la chair des animaux attachés à l'ancetre totémique. Ainsi l'informateur Koguem Dolo, sergent dans les Tirailleurs Sénégalais, de retour dans son pays après la campagne de France, s'est présenté à Gogoli (Sanga-du-Bas), au sanctuaire de l'Ancêtre Asama. II s'y est fait purifier par le prètre avant de se rendre à Ogol-du-Bas (Sanga-du-Haut) où se trouve sa résidence.
page 246 note 2 Pour les raisons géographiques signalées plus haut, les mangou du système proprement dogon remplacent, dans la plupart des cas, les alliés Bozo.
page 246 note 3 Il est indubitable que la mere est insultée au même titre que le père, contrairement à certaines informations.
page 247 note 1 Il n'aurait pu le fake si on l'avait reconnu comme Dogon, car les Bozo se seraient douté de l'usage qu'il voulait faire de ces injures.
page 247 note 2 Allusion au culte du Lébé, le plus important de ceux que célèbrent Jes Dogon. Cf. Ganay, Mme S. de, ‘Notes sur le culte du Lébè chez les Dogons du Soudan Français’, Journal de la Sté des Africanistes, tome vii, 1937, pp. 203–211.CrossRefGoogle Scholar Mme G. Dieterlen, ‘Les Âmes des Dogons’, pp. 228–239. Une documentation nouvelle sur ce culte est présentée dans M. Griaule, Dieu d'eau, Éd. du Chêne, Paris (sous presse).
page 248 note 1 Ces accessoires ont une tout autre signification qui ne sera comprise qu'à l'aide d'autres détails des rites funéraires, par exemple celui consistant à frapper de chaque côté de la couverture mortuaire, exposée en place publique, avec deux tiges de mil. II se peut même que, seules, certaines prariques bambara permettent de comprendre la présence de ces objets en pareil cas. II ne s'agit ici que d'attirer l'attention sur la complexité de ces faits.
page 248 note 2 II est rappelé que l'alliance mangou n'est étudiée ici que sous ces trois aspects, dont l'étude, pensons-nous, permet d'aboutir à des explications intéressantes. Elle en comporte d'autres, que nous serions heureux de voir appréhender par l'érudition.
page 249 note 1 Pour un résumé de cette question, voir M. Griaule, ‘Une mythologie soudanaise’, Annales de l'Université de Paris, 17ème année, No. 2, 1947, pp. 89–96. Pour une description plus détaillée du système du monde, voir ‘Descente du troisième verbe chez les Dogons du Soudan’, Psyché 13/14 now-déc. 1947. L'ensemble de la doctrine Dogon sera exposé dans Dieu d'eau.
page 249 note 2 La première partie de ce mythe est développee M. Griaule, ‘Mythe de l'rganisation du monde chez les Dogens du Soudan’, Paris, Psyche, zème année No.6, avril 1947, pp.443–53.
page 251 note 1 Sur ces notions, comme sur toutes celles qui sont évoquées dans cet article, voir M. Griaule, Dieu d'eau.
page 251 note 2 ll a été qualifié de ‘principe mythique impersonnel’ dans mes Masques dogons, pp. 161–4. Nous ne progressons que lentement dans la connaissance et la compréhension de ces notions complexes. II n'y a nullement lieu de s'en étonner lorsqu'on constate l'état de la question du logos platonicien ou johannique.
page 251 note 3 Rappelons que la même démonstration peut être administrée concernant la lumière, les odeurs, le cuivre, métal de base, et peut-être la chaleur. Cf. Dieu d'eau.
page 251 note 4 Nous attirons l'attention sur la valeur créatrice du son, prédécesseur de la parole articulée. Sur ces faits considérables, que nous ne faisons qu'entrevoir, des enquêtes approfondies doivent être conduites.
page 252 note 1 Cette version a été recueillie par divers auteurs et par nous-mêmes, à diverses reprises, dans l'ensemble du pays dogon. Cf. Dieterlen, Mme G., Les Âmes des Dogons, p. 89 qui cite également L. Desplagnes, R. Arnaud, D. PaulmeGoogle Scholar.
page 252 note 2 Dans le système général des Dogon, les Bozo apparaissent comme issus du sixième ancêtre de la série de huit. Nous ne faisons sur ce point que commencer à entrevoir la direction des enquêtes à mener.
page 253 note 1 Cette version a été recueillie par Mme S. de Ganay auprès de Sagou Séri, originaire de Dimbal.
page 253 note 2 Notamment par le vénérable Ogotemmêli et par Ongnonlou, notable d'Ogol-du-Bas (Sanga).
page 253 note 3 Voir p. 244.
page 253 note 4 māήi düyou düyode kuwo düyo ude kin wq, ‘prononcer (litt: injurier) l'injure de mangou est à peu près comme s'injurier soi-même’.
page 253 note 5 Les Dogon, dans leurs démarches intellectuelles, procédent toujours par étapes allant du simple au complexe. lls donnent souvent d'une institution une explication grossière, voire sans intérêt, pour aboutir à celle qui intègre la dite institution dans le système genéral. C'est ainsi que procéda Ogotemmêli en maintes occasions.
page 253 note 6 Cette dernière phrase traduit le dogon: māήu ndüyo inne tige tigereñlẹ kękęǫ.
page 253 note 7 Ganay, Voir Mme S. de, ‘Les Devises des Dogons’, Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie de l'Université de Paris, tome xli, 1941Google Scholar.
page 254 note 1 kine gyem gelyemõ.
page 254 note 2 kine bemme banađę. L'informateur Koguem déclare également: ‘Si l'on ne disait pas les injures, elles attendraient dans le foie qui resterait noir. C'est une façon de se soulager soi-même’.
page 255 note 1 C'est celui qui nous occupe ici. Nous pensons avoir ultérieurement l'occasion de démontrer la généralité des caractéristiques de ce système dans une grande partie de l'Afrique.
page 255 note 2 Ce que nous appelons région correspond normalement à un territoire placé sous la juridiction religieuse d'un Hogon. II se peut que, dans certains cas, cette division corresponde à un canton administratif. Le lecteur nous excusera de ne pas entrer dans les détails ni dans l'exposé des raisons qui nous font préférer un terme vague du vocabulaire courant à un termé use du vocabulaire sociologique.
page 255 note 3 mãnu ήgo wēy fūsologono yalēyalēy.
page 256 note 1 Sur ces points, voir M. Griaule, ‘Descente du troisième verbe chez les Dogons du Soudan’, Psyché, Paris.
page 256 note 2 L'institution dont il est question dans cet article est à peine soupçonnée en Afrique Noire. Nous tenons les études faites jusqu' à présent—y compris les nôtres—pour insuffisantes. C'est ainsi qu'un inventaire exhaustif de ces alliances dans ce pays ferait apparaître des faits considérables. Il n'est même pas ébauché.
page 257 note 1 mãήene godiǰale ku womo waǰalađę ginuwǫ.
page 257 note 2 ll y aurait beaucoup à dire, à ce propos, de l'invention du commerce dogon par les jumeaux, dont le symbole est la cupule double, prémonition de la balance, cf. Dieu d'eau.
page 258 note 1 Nous réservons entièrement cette question.
- 42
- Cited by