Initié en 1978 pour «faire participer le bassin de l'Oti au développement national», le projet Namiélé comme tout projet a évolué dans sa phase de réalisation au contact des réalités de l'environnement politique, et dans une moindre mesure du milieu économique et social. Quatre ans après le démarrage du projet, des événements sont venus modifier l'avenir déjà incertain du programme de la mise en valeur du bassin. En 1981, les autorités togolaises décident d'agrandir une réserve d'animaux aux deux rives de l'Oti: les paysans sont déplacés de leurs villages pour être installés ailleurs que sur les abords du fleuve. Par ailleurs la même année, face à une situation économique difficile, les responsables économiques du pays réduisent les investissements prévus pour la réalisation du projet. Quant aux populations bénéficiaires du projet, ni une idéologie adéquate enrobée de générosité ni le paternalisme ne suffisent à leur faire accepter entièrement une innovation ; ils sont tantôt réticents, tantôt coopératifs, exerçant de façon inavouée une pression sur l'avenir du projet. L'état partenaire joue aussi son rôle et veille à ses intérêts (augmentation des recettes budgétaires, équilibre de la balance commercials, etc. …). Ce projet est devenu un lieu de conflit où ont coexisté deux logiques essentiellement antinomiques: d'un côté la logique administrative des «financiers, initiateurs du projet», d'un autre côté la logique traditionnelle des populations encadrées par le projet.