In one of the few essays on drama in non-literate societies, Melville J. Herskovits pointed out that the subject had been little studied, and what we knew must ‘be gleaned from ethnographic accounts of rituals and dances of various sorts, descriptions whose primary intent is to explain other phenomena’ (Herskovits, 1944, p. 685). To Herskovits, as to most other anthropologists, drama among primitives was manifested only in religious ceremonialism—‘ritual drama’—and the formal recitation of prose narratives—‘secular drama’. It may be admitted that theatre in our sense appears to be rare in the non-literate world, but it is found among the Ibibio-speaking peoples of south-eastern Nigeria, where the ‘arena theatre’ (Brockett, 1969, pp. 470-4), professional actors, plots with memorized dialogues, rehearsals prior to public presentation, and props, costumes, and make-up are present.
LE THÉÂTRE IBIBIO
Les peuples de langue Ibibio de sud-est du Nigeria ont une tradition théâtrale datant d'avant l'arrivée des Européens qui ressemble au ‘ théâtre d'arène ’: acteurs professionnels organisés en associations villageoises appelées εkɔŋ, répertoire avec dialogues appris par coeur, répétitions précédant la représentation publique, costumes et maquillage. L' εkɔŋ a pour fonction de divertir le public et d'exercer un contrôle social au moyen de pièces et de chants qui sont une satire des individus, groupes, types de conduite et situations que l'on désapprouve. Cet article étudie les associations, leurs pièces et leurs chants, en se référant particulièrement à ce que les dialogues et les textes révèlent de la société, la culture et la personnalité Ibibio; l'auteur se fonde sur l'observation d'une représentation à la quelle il assista en 1952 chez les Anang Ibibio et d'une autre décrite par M. D. W. Jeffreys vingtdeux ans plut tôt chez les Ibibio de l'Est. Un groupe εkɔŋ compte plus de cent jeunes hommes et garçons, qui répètent pendant une période de six ans et donnent des représentations dans de nombreux villages pendant la saison sèche de la septième année. Pendant les six années de répétition les jeunes gens suivent une routine complexe: musique jouée par un orchestre à percussion; danses exécutées en groupes; chants entonnés par les musiciens, les danseurs et des solistes masqués; pièces jouées par des hommes (certains étant masqués et d'autres jouant les rôles de ‘ femmes ’), par des marionnettes; danses sur échasses exécutées en costumes, et autres formes mineures de divertissements. Dans les deux représentations décrites, la satire était dirigée contre les groupes suivants: les habitants d'un village Ibibio particulier, les Ibo, les commerçants hausa, l'administration coloniale, les cultes missionnaires, les cultes indigènes, les tribunaux indigènes et la magistrature, ainsi que les villes d'Ikot Ekpene et Abak. Les modes de comportement ridiculisés étaient: les femmes dominatrices, la promiscuité, la corruption, le vol, la stupidité, la maladresse, les mauvais traitements infligés à la famille, la rupture de l'interdit tribal de nourriture, l'imitation des Européens, l'ivrognerie, la stérilité, la jalousie sexuelle, l'inaptitude à se conformer aux règies de l'amitié institutionnalisée, et le suicide. La laideur physique, la maladie mentale et la pauvreté étaient également attaquées. D'autre part, plusieurs chants relataient des incidents comiques concernant certains individus, incidents qui étaient rapportés non pour ridiculiser les victimes mais pour divertir les spectateurs.