Published online by Cambridge University Press: 07 December 2011
Parmi les Kapsiki/Higi des montagnes Mandara, la division entre les forgerons et les non-forgerons s'élargit au sein de la société. Les forgerons dominent les spécialisations techniques et rituelles—y compris la forge—et parce qu'ils sont associés à l'idée de la mort, ils sont tenus pour des gens sales. Une des façons par laquelle cette opposition se manifeste apparaît à travers la caractérisation de l'odeur.
Utilisant des idéophones, les Kapsiki distinguent quatorze types d'odeur; chaque type est associé à des objets, des animaux ou des individus particuliers possédant une odeur (par exemple, les forgerons). La distinction des odeurs par les forgerons est néanmoins différente de celle donnée par les non-forgerons; de même, les femmes de chaque caste déterminent l'odeur différemment des hommes. Alors que ces derniers utilisent la définition de l'odeur pour accentuer le fossé séparant forgerons et non-forgerons, les femmes tendent à prendre une position médiatrice dans cette division.
Dans la culture Kapsiki, l'odeur n'est pas associée aux notions de diable ou de sorcellerie. Elle est néanmoins liée à la cérémonie funèbre, qui, dans la culture Kapsiki, comporte l'exposition prolongée du cadavre jusqu'à sa décomposition. La relation forgeron-cadavre est sans doute une des raisons pour laquelle le forgeron est caractérisé par une telle odeur. Une autre explication pourrait être le caractère ambivalent de ce peuple et la tendance de celui-ci à établir des lignes de stricte séparation entre les groupes sociaux. Chez les Kapsiki, le caractere de l'odeur semble renforcer les positions de démarcation ainsi que la dépendance mutuelle des groupes opposés.