‘Acheter sa tombe’ exprime en un raccourci saisissant la situation des femmes, et, plus généralement celle des relations entre les sexes, au carrefour des processus dynamiques de continuité socio-culturelle parmi les populations Haya du nordouest de la Tanzanie. L'article suggère que la tombe, site important par la localisation qu'elle représente, perd sa signification par son ‘achat’ qui est ici signe de rupture, de bouleversement et de mobilité incontrôlée. Les hommes croient que les femmes ‘achetent leurs tombes’ (en contractant le Sida) lorsqu'elles pensent devenir riches à travers la prostitution. ‘Acheter une tombe’ en croyant s'enricher n'est pas un simple commentaire ironique sur les terribles conséquences qui s'ensuivent (la mort) pour ceux qui ne recherchent que leur propre profit. C'est aussi un constat sur la façon dont les transformations de l'économie et des conditions physiques des Hayas rendent impossible les formes mêmes de mort qui permettent aux vivants de réalises et perpétuer leur propre bien-être.