Published online by Cambridge University Press: 07 December 2011
The study of phenomena relating to identity has prompted new approaches to the subject on the part of historians as well as anthropologists. They include the study of ethnicity, a dynamic combination of socio-economic, religious, cultural and political factors. In this regard the population of Freetown is particularly interesting, for it stems from several discrete migrations from the end of the eighteenth century onwards. Some of the immigrants came direct from the African continent, ‘Liberated Africans’ disembarked on the Sierra Leone peninsula, while others, formerly slaves, came from the UK, North America or the West Indies. The result of this diversity of origin was the formation of a very rich and specific society, with a mixture of European, African and West Indian characteristics. Among the town dwellers are those called successively Sierra Leoneans, Creoles and Krio.
Since the 1950s several studies have focused on these people. After a polemical article published in 1977, new research was undertaken. Krio identity, which is at the same time a historical theme and politically contested territory, remains at the heart of the debate. In this article, emphasis is placed on terminology, to address the question of ‘ethnicity’ as applied to those known as Creoles. What were they called by administrators or historians (past and present)? What did they call themselves? How did they react to the various attempts at categorisation? How did the names, which are the visible aspect of ethnicity, evolve? What did the terms really mean and how can one move from a given name to the object it represents? These questions take into account several points of view, from within Krio/Creole society and from outside it.
L'étude des phénomènes identitaires fait l'objet de nouvelles approches et de réévaluations récentes par les historiens et les anthropologues, notamment en ce qui concerne la dimension dite «ethnique», creuset dynamique de divers facteurs socio-économiques, religieux, culturels ou politiques. Dans cette optique, la population de la ville de Freetown présente un intérêt particulier, car elle est issue de divers phénomènes migratoires se déroulant depuis la fin du dix-huitième siècle et prenant leurs sources aussi bien en Afrique qu'à l'extérieur du continent par des retours d'anciens esclaves de Grande-Bretagne, d'Amérique du Nord ou des Antilles, flux complétés par le débarquement dans la péninsule de Sierra Leone de captifs libérés en mer. Ceci aboutit à la formation d'une société caractérisée par sa diversité et son originalité, mêlant dans un mouvement syncrétique des éléments d'origine européenne, africaine et antillaise. Parmi les habitants de la ville se distinguent depuis le milieu du dix-neuvième siècle ceux qui furent désignés successivement sous les noms, entre autres, de «Sierra Leonais», «Créoles», puis «Krio». Diverses recherches ont été consacrées à ces derniers depuis les années 1950; à la suite d'une polémique lancée en 1977, elles connurent un nouvel élan. De fait, l'identité des Krio, à la fois thème et enjeu politique actuel en Sierra Leone, est au coeur de débats récents. Mon approche consistera à privilégier les données de la terminologie pour questionner la notion même d'«ethnie» appliquée aux dits Créoles. Comment étaient-ils appelés par les administrateurs ou les chercheurs (passés ou actuels) ? Comment se nommaient-ils ? Comment se situaient-ils par rapport aux diverses tentatives de catégorisation? Comment évoluèrent ces modes de désignation, partie visible de la catégorisation ethnique? Que recouvraient ces termes dans la réalité ou comment peut on passer du nom utilisé, dans ses nombreuses variantes, à l'objet d'étude? Ces interrogations supposent la prise en compte de divers points de vue, extérieurs et intérieurs, à la société créole/krio. L'étude porte sur la période allant du milieu du dix-neuvième siècle au milieu du vingtième siècle en privilégiant le tournant du siècle, moment crucial pour les Créoles elimines des postes de responsabilité et de la participation directe à la colonisation. C'est à la faveur de leur changement de statut dans le cadre de la politique coloniale que l'on peut le mieux voir à l'oeuvre les phénomènes d'identité, que celle-ci soit imposée par l'administration ou revendiquée par la population concernée dans un mouvement dialectique très complexe et multiforme.