Published online by Cambridge University Press: 19 January 2012
This article presents an ethnographic analysis of the popular economy of informal musical production in the Venda region of South Africa. It focuses on the activities surrounding the Burnin' Shak Studio, a recording house that specializes in reggae music. Reliant on second-hand computers, pirated software, borrowed instruments, networks of trust and cycles of debt, musicians and producers in the Burnin' Shak occupy a distinctly peripheral position in South Africa's music industry. Unlike artists in the formal sphere of musical production, who sign deals with specific record labels, musicians in the informal sector seek out sponsors – usually young local businessmen – to fund their recordings with local producers. Marketing and distribution is the sole responsibility of the artist and the sponsor, who often develop a ‘patron–client’ relationship. And yet whilst the artists' entrepreneurial activity often earns them significant airplay on local radio stations, and associated cultural capital, the financial benefits are slim. In order to convert their cultural capital into cash, musicians in the informal sector must compete in the market for performances at government-sponsored shows. These shows are well funded by lucrative tenders, but they present musicians with a double-edged sword. To secure a contract with tender holders – or to entertain hopes of regular paid performances – musicians must ensure that these performances do not express critical political sentiment. As purveyors of a genre renowned for its critical social commentary, reggae musicians are particularly affected by this expectation of self-censorship. Informal musical production in the post-apartheid era thus affords musicians little artistic freedom. Rather, whilst the products of this culture industry may appear to be part of a ‘secondary’ economy, removed from the spheres of formalized production and control, they are in fact regulated and standardized through the process of tender allocation.
Cet article présente une analyse ethnographique de l’économie populaire de la production musicale informelle dans la région de Venda en Afrique du Sud. Il s'intéresse aux activités qui entourent le studio d'enregistrement Burnin’ Shak, spécialisé dans la musique reggae. Les musiciens et les producteurs du Burnin’ Shak, qui ont recours à des ordinateurs d'occasion, logiciels piratés, instruments empruntés, réseaux de confiance et cycles de dette, occupent une position distinctement périphérique au sein de l'industrie de la musique en Afrique du Sud. Contrairement aux artistes qui évoluent dans la sphère formelle de la production musicale et s'engagent par contrat auprès de labels spécifiques, les musiciens du secteur informel recherchent des sponsors (généralement de jeunes entrepreneurs locaux) pour financer leurs enregistrements réalisés avec des producteurs locaux. L'artiste et son sponsor, qui développent souvent une relation patron-client, assurent entièrement la commercialisation et la distribution. Pourtant, et alors que l'activité entrepreneuriale des artistes leur vaut de passer souvent sur les ondes des radios locales et leur rapporte le capital culturel associé, les avantages financiers sont maigres. Pour convertir leur capital culturel en argent, les musiciens du secteur informel entrent en concurrence sur le marché pour passer dans les spectacles parrainés par l’État. Ces spectacles sont financés par des offres lucratives, mais constituent pour les musiciens une arme à double tranchant. Pour décrocher un contrat auprès des adjudicateurs ou entretenir l'espoir de donner régulièrement des spectacles rémunérés, les musiciens doivent dépouiller leurs spectacles de toute expression de sentiment politique critique. Cette exigence d'autocensure affecte particulièrement les musiciens reggae dont le genre musical est réputé pour le commentaire social critique. La production musicale informelle ne laisse donc que peu de liberté artistique aux musiciens de l’ère post-apartheid. Et alors même que les produits de cette industrie culturelle peuvent sembler appartenir à une économie « secondaire », à l’écart des sphères de la production formalisée et du contrôle, ils sont en fait régulés et normalisés par le processus d'adjudication par appel d'offres.