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Cosmologie et structuration de l'espace chez les Komo
Published online by Cambridge University Press: 23 January 2012
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Comme tout groupe humain, les Komo éprouvent le besoin d'harmoniser leuts expériences ou l'ensemble des phénomènes qu'ils vivent, quel que soit le niveau où ceux-ci se situent ou le domaine dont ils relèvent. Or, ces expériences ont toutes lieu dans un cadre spatial, qui en fait toujours implicitement partie, mais qui, à certains moments, constitue l'objet privilégié de l'expérience. Le besoin d'harmonisation implique done que ce cadre soit structuré en fonction de cet ensemble. Cette harmonisation se fait dans un mouvement dialectique qui comporte autant de pôles qu'il y a de domaines à unifier et respecte la priorité ontologique de chacun de ceux-ci à son propre niveau. Ainsi, le cadre spatial possède sa priorité topologique dont cette recherche d'harmonisation ne pourra pas ne pas tenir compte. Ce sera le décalage entre ces données topologiques premières et leur relecture dans cet effort d'harmonisation qui fera de celle-ci un processus de symbolisation.
- Type
- Research Article
- Information
- Copyright
- Copyright © International African Institute 1975
References
1 Le Sud-Est de Kisangani (République du Zaire), cf. Africa, xliii (1973), 2–3Google Scholar , ou le lecteur trouvera également les données principales concernant l'organisation socio-politique des Komo.
2 Le verbe má, se lever, implique toujours la connotation ‘pour aller vers’. Pour signifier à quelqu ‘un qu’ on est venu le trouver, on dira: naekomei, ce qui veut dire littéralement: je me suis levé pour (venir vers) toi.
3 II est appelé Nkonga dans la région d'Opienge, à l'extéréité nord-est du territoire occupé par les Komo, d'où était originaire celui qui nous a raconté le recit. Ailleurs on l'appelle Mokongá.
* Le signe ‘r’ rend un ‘y’ implosif.
4 Les représentations erronées que les Komo se font au sujet du Tanganyika doivent être mises en rapport avec l'invasion arabe. Ce lac constituait, en effet, un point de ralliement pour les colonnes d'esclaves acheminées vers Zanzibar. Or, les Arabes arrivèrent dans le territoire komo et en repartaient par le fleuve Zaïre qui coule à l'Ouest de ce territoire. Les Komo en déduirent que les Arabes venaient de l'Ouest (mpaso) et que c'était également dans cette direction qu'éait situé le lac Tanganyika. Voir à ce sujet P. Ceulemans, 1966, pp. 180-5.
5 Nous adoptons, pour la transcription des noms komo des cours d'eau, l'orthographe des Cartes des Territoires. Le Territoire de Lubutu, 1959. Notons que pour les Komo, sur le modele de la main qui ‘engendre’ les doigts — ceux-ci sont appelés les enfants de la main (miki-á-ndjaga) — ce sont les grands cours d'eau qui engendrent les petits.
6 Cf. A. Moeller, 1936, p. 12. (Dependant le souvenir de leur provenance orientale est plus vivant dans ces clans qui, après êttre arrivés de l'Est par le Nord, en suivant les cours de la Lindi puis de la Tshopo, ou par le Sud, en suivant ceux de l'Oso puis de la Lowa, sont pratiquement restés sur place, que dans ces clans qui, arrivés par le Nord jusqu'au fleuve Zaïre, à hauteur de Kisangani, ont encore décrit, avant de se fixer dans la région de Lubutu, tout un mouvement circulaire vers le Sud (cf. A. Moeller, 1936, pp. 1) et 59). Les souvenirs de ces derniers ne remontent plus, aujourd'hui, au-delà de leur arrivée au fleuve.
7 Le terme est difficile à traduire. II s'applique en premier lieu aux détenteurs du rite úmbá, mais est fréquemment employé aussi pour designer ceux d'autres rites.
8 On les craint d'autant plus aujourd'hui que, depuis la colonisation, la plupart des clans ne résident plus sur leurs anciennes terres mais sur des terres ayant appartenu à d'autres clans dont ils ne con-naissent pas les ‘ancêtres connus’.
9 II y a évidemment d'autres raisons encore qui déterminent ce type de localisation, mais il est trop tôt pour les présenter.
10 Le vocabulaire komo ne dispose pas d'un terme pour désigner l'ensemble des animaux. Nyama ne s'applique qu'aux quadrupèdes non-rongeurs. Les poissons (sú), les rongeurs (mbaú/mbabú) et les (mbaú/mbú) constituent des catégories à part, dont les deux dernières ne sont d'ailleurs pas nettement distinctes.
11 Okdko renvoie explicitement à la main humaine sans toutefois la désigner; le terme propre pour rendre celle-ci est ndjága.
12 A. Moeller, 1936, pp. 352-3. Apart les noms, le récit correspond aux donnees que nous avons récoltées nous-mêmes.
13 Nous sommes redevables au Professeur Jan Bokdam, de l'Université de Kisangani, du nom scientifique des plantes.
14 Le terme enfant, dans des contextes de ce genre, exprime toujours une relation de cause à effet.
15 Pour la notion d'enfanter, dans ce contexte, voir p. 125, n. 5.
16 Le lancement des bamkkóno (mâchoires d'antilopes) est resté la plus en vogue de ces pratiques plus anciennes qui comprenaient les ngéma, alélemú, mpómbo, kanyongó et nkámbo.
17 Les rapports entre initiateur et initié s'expriment toujours en termes de parenté.
18 Le fait que la colonisation ramena tous les villages le long des routes qui, lorsque du moins tous les ponts sont en bon état, sont accessibles à des camions transportant toujours des femmes et des enfants et qui ne peuvent etre arrêtés comme on arrête un passant, est en train de bouleverser toutes ces structures. II oblige, en effet, les hommes à abandonner le ntangá et à célébrer leurs rites propres derriére les cases, e'est-à-dire à l'endroit que la tradition réserve aux femmes.
19 Rappelons que les Komo sont patrilinéaires et, en régie générale, virilocaux.
20 La case constitue, de ce fait, le symbole des relations conjugates, comme la limite entre les champs et la forêt, qui démarque, de manière parallèle, les lieux de travail des femmes et des hommes en dehors du village, est le symbole des relations extra-conjugales. Cela ressort d'un certain nombre de représentations et de pratiques dont nous ne citerons en exemple que le nom de ta-d-tshiko ndéámo, le fond de mon champ, qu'une femme donne normalement à un homme avec lequel elle entretient pareilles relations.
21 Ce plan répond au type C de J. Annaert (1960, p. 15,fig. 1). II arrive que la case ne comporte qu'une seule chambre à coucher. En ce cas la pièce A setrouve cloisonnée par un mur orbe du côté de la piéce qui fait défaut (le type B de l'auteur). Pareille disposition de la case est plus fréquente cependant pour les dépendances qui, généralement, et à I'encontre de ce que dit Annaert, sont en retrait par rapport à la case principale. Ce chercheur, il est vrai, a travaillé dans une région limitrophe entre les Komo et les Lengola, ce qui peut expliquer certaines inexactitudes, telle l'omission de la porte arriére dans son type C.
22 Ainsi, on ne passe pas, surtout lorsqu'on est en état de souillure, de maladie rituelle ou en situation de transition, un ruisseau, un tronc d'arbre renversé, une colonne de fourmis, sans payer comme tribut le nselé, des feuilles que I'on cueille et qui sont à mettre en rapport avec les feuilles que les ancêtres font cueillir aux vivants pour se purifier. Elles doivent étre déposées à terre de chaque côté de l'obstacle.
23 Son autorité officielle lui tut retirée par les Arabes qui la confiérent à un sultani, formé à leur école. L'administration coloniale et post-coloniale conserva le systéme du sultanat.