Les mésaventures amoureuses de Guerrehet, qui, après avoir essuyé une longue série de refus de la part de diverses demoiselles, finit par forcer une jeune femme à l'accompagner dans son errance, font, selon P. Ménard ‘penser aux aventures burlesques de certains fabliaux’. Méprises, quiproquos, paroles et actions indignes de héros romanesques, tout ceci évoque indubitablement l'univers des fabliaux. Cependant, au fur et à mesure qu'on progresse dans le récit de l'errance de Guerrehet, soit disant en quête de Lancelot mais pris à plusieurs reprises en flagrant délit de vagabondage sexuel, on sort peu à peu du domaine du plaisant. La peinture de ces déséquilibres sexuels se double en effet de la dénonciation de déséquilibres sociaux. Que se passe-t-il lorsque les pauvres demoiselles n'écoutent plus les chevaliers de haut lignage, lorsque les filles de comte sont obligées d'épouser des chevaliers ‘issus de vilains’, lorsque Guerrehet viole et force à le suivre une dame qui se révélera fille de roi et du lignage de Lancelot? Loin de rester cantonnée dans le domaine de la farce, la peinture de ces déviances menace alors de glisser vers une autre tonalité, édifiante ou tragique. L'épisode, dans sa construction même, s'attache à montrer les dysfonctionnements du système courtois mis en place par le Lancelot lui-même.

Ce sont ces ruptures de ton que l'on voudrait ici mettre en valeur pour éclairer le fonctionnement et la fonction critique de ces ‘éclats burlesques’ au sein du roman courtois.