Une polémique s'est engagée dans les journaus anglais à propos de la manière dont avaient été traités les blessés après la bataille d'Omdurman, livrée récemment et qui a mis fin à la domination du Mahdi dans le Soudan. Les journaux de l'opposition ont nettement accusé les troupes anglo-égyptiennes d'avoir, à l'instigation de leurs chefs, systématiquement achevé les blessés de l'armée ennemie.

Nous avons brièvement relaté dans notre dernier Bulletin les vives attaques auxquelles l'armée anglaise et ses chefs avaient été en butte à propos du traitement infligé aux Derviches blessés pendant et après la bataille d'Omdurman. Tout en affirmant que les principes de la Convention de Genève devaient être strictement observés, même dans la lutte contre un état barbare non signataire de cet acte diplomatique, nous avons cependant, après avoir pris nos informations à bonne source, plaidé dans ce cas les circonstances atténuantes.

Le 28me rapport de la Société mecklembourgeoise de secours aux militaires blessés embrasse la période du 1er juillet 1896 au 30 juin 1898. C'est pendant cet exercice de deux années qu'est survenu le 10 avril 1897, le décès du grand-duc Frédéric-François III, le haut protecteur de la Société, dont la mort a été pour elle une grande perte. Le duc Jean-Albrecht, régent de Mecklembourg, a bien voulu prendre sa place.

Que l'on s'attache, pour caractériser l'œuvre de la Conférence de La Haye, à l'idée de désarmement ou à celle de la paix, qui l'une et l'autre tenaient une grande place dans son programme, on ne peut s'étonner qu'une question relative à la Convention de Genève lui ait été soumise. L'objet de cet acte diplomatique, qui est « l'amélioration du sort des militaires blessés » confine en effet de très près à l'un comme à l'autre des domaines où la diplomatie était appelée à se mouvoir dans cette occasion solennelle. N'est-ce pas, d'un côté, tendre en quelque sorte, à désarmer partiellement des belligérants, que de mettre à l'abri de leurs coups la catégorie nombreuse des blessés, ainsi que des gens voués à leur service? Et, d'autre part, peut-on ne pas plaider indirectement la cause de la paix en développant les arguments qui militent pour une loi tutélaire des victimes de la guerre?

Nous avons donc suivi avec une sollicitude toute particulière les travaux de la Conférence sur ce point spécial, et nous nous reprocherions de ne pas informer dès maintenant nos lecteurs de ce que nous en avons pu savoir.

La situation que révèle le trente-unième rapport de la Société francfortoise est florissante. Non seulement les sœurs de l'etablissement hospitalier de la Croix-Rouge sont de plus en plus requises pour le service privé, mais les docteurs aussi confient toujours plus volontiers leurs patients, surtout pour les grosses opérations, aux soins de cette institution.

Les événements qui se sont déroulés en Crête, en Turquie et en Grèce en 1897 ayant nécessité un exceptionnel déploiement d'activité de la part de la Croix-Rouge grecque, celle-ci vient de faire paraûtre à la fois un important compte-rendu de ses travaux en grec, et un résumé en français de ce dernier, ce qui nous permet d'en donner un rapide aperçu à nos lecteurs tout en nous référant d'une manière générale à nos précédents articles sur ce sujet.

Le rapport de la Société prussienne, qui paraît seul cette année, — le Comité central ayant renoncé à publier un compte rendu en 1899, — comprendra pour la première fois une période d'activité d'un an et demi, soit du 1er janvier 1898 au 1er juin 1899, cela afin d'éviter que, le rapport n'ayant pu voir le jour qu'eu juillet, les événements qui se sont produits dans les cinq premiers mois ne soient relatés que plus d'un an après.

Le 2 janvier dernier, la reine de Grèce réunissait dans son palais quatre-vingts jeunes filles et infirmières qui avaient servi, pendant la guerre récente, dans les hôpitaux de la Croix-Rouge; elle voulait leur distribuer elle-même les médailles commémoratives qui doivent leur être un témoignage de la reconnaissance du pays, en même temps qu'une récompense des services rendus. Cette médaille en argent sera portée en guise de décoration; elle est retenue par un ruban de soie rouge, sur lequel figure une croix.

On se souvient que la Société hessoise de la Croix-Rouge a conclu avec la Société de Dames Alice un arrangement en vue d'une salutaire et efficace collaboration en cas de guerre. Ayant constaté l'insuffisance du chiffre de leur personnel sanitaire féminin pour répondre aux exigences immédiates d'une guerre éventuelle, ces Sociétés ont reconnu que le seul moyen d'y suppléer était de fonder à Mayence un établissement pour l'entretien et la formation d'infirmières, avec tout l'agencement d'un hôpital. Par ce moyen seulement les infirmières formées conserveront les connaissances acquises en les utilisant pratiquement, et les élèves acquerront l'instruction nécessaire pour être de bon secours en temps de guerre.

En 1875, a été fondée à Hanovre, par Mme la baronne Olga de Lutzerode, qui en est encore actuellement la directrice, un établissement qui, sous la protection des Sociétés de secours aux blessés, sert à la fois d'école d'infirmières et d'hôpital et peut être considéré comme le centre concret de l'activité des Sociétés hanovriennes de la Croix-Rouge en temps de paix. Il a, en outre, en quelque sorte, un lien officiel avec la Croix-Rouge par le fait que sur les 15 membres qui composent son Conseil d'administration 8 sont pris dans le sein des Sociétés de la Croix-Rouge de la province de Hanovre.

A la suite du rescrit des ministres de l'intérieur, des cultes et de la guerre, du 9 juillet 1897, prônant la collaboration des sociétés de la Croix-Rouge avec les chambres syndicales, un comité commun, composé de représentants des unes et des autres s'est fondé en Prusse, et, après avoir examiné la question de savoir jusqu'où le travail en commun pouvait être efficacement poussé, a rédigé un projet de principes directeurs en vue de réaliser cette activité commune.

Nous avons reçu un fort important travail de statistique sanitaire militaire, de M. le Dr Augusto Zeri, directeur du bureau statistique à la direction du service sanitaire au ministère de la marine italienne. Cet ouvrage intitulé: Revue sanitaire des flottes et des troupes des principales nations d'Europe, nous semble destiné à attirer l'attention très spéciale des autorités sanitaires militaires, bien au-delà des frontières de l'Italie. On sait toute l'importance qu'a prise, ces dernières années, la statistique sanitaire, et les progrès énormes qu'elle a permis de réaliser dans plus d'un domaine de la santé militaire, ne fût-ce qu'en signalant les effets et en permettant, de ce fait, de remonter aux causes.

Les événements de la guerre turco-japonaise ont provoqué l'éclosion d'une nombreuse littérature, dont nous avons donné plusieurs aperçus à nos lecteurs.

Nous venons de recevoir un nouvel ouvrage, consacré à l'examen des questions de droit international que cette guerre a soulevées. Tandis que M. Ariga, dont l'ouvrage sur le même sujet a fait de notre part l'objet d'une analyse assez étendue, était, en qualité de conseiller jurisconsulte, attaché aux troupes sur terre, M. Takahashi, auteur de l'ouvrage que nous signalons et professeur à l'Université de Tokio, était adjoint comme conseiller légal à l'amiral en chef de la flotte japonaise. Il se trouvait en conséquence dans une excellente situation pour étudier les cas litigieux et les conflits de droit international qui pouvaient se produire. Son livre, écrit en anglais, est un exposé très clair de ces différents cas, dont la simple énumération dépasserait de beaucoup à elle seule le cadre de notre Bulletin, mais dont l'examen, fait par un esprit juridique et impartial, est certainement de nature à intéresser les spécialistes en la matière. Nous nous bornerons à en signaler deux qui touchent de pres la Croix-Rouge.

La construction de baraques-ambulances démontables a déjà fait travailler l'esprit inventif de plus d'un ingénieur militaire; la question n'est pourtant pas épuisée, car les conditions auxquelles doivent satisfaire ces constructions sont nombreuses.

M. Rerberg a eu pour objectif de construire une baraque pour un nombre limité de malades, 9 à 27 seulement, très facilement démontable et transportable, utilisable en été comme en hiver, donc convenablement chauffable et ventilable, faite en matériaux résistants, absolument sèche, légère et bon marché.

« Le Comité central de la Société serbe de la Croix-Rouge, réuni en séance ordinaire le 2 juin (14 juin), a élu pour son président, en remplacement du général Zdravkovitch, M. le général Dragontine Franassovitch.

« M. le général Franassovitch était déjà membre du Comité central. Sa candidature à la place présidentielle, posée par le Comité central, dont la liberté et l'indépendance sont complètes en cas d'élection, a trouvé l'approbation de Sa Majesté le Roi, l'auguste protecteur de la Société.

La 19me assemblée générale de la Société hongroise s'est tenue à Budapest le 26 mai 1898, sous la présidence du comte André Csekonics, président. Le comte Franz Vigyazo y présenta le rapport du Comité central sur l'exercice écoulé.

Le Comité central a eu en 1897 la douleur de perdre un de ses plus fidèles et dévoués membres, M. Emerich von Lintner, qui depuis dix-huit ans, déployait au sein de la direction un zèle infatigable pour toutes les affaires de la Société, ainsi que Mme David Bischitz de Heves, dont l'intérêt pour la Croix-Rouge ne perdait jamais une occasion de se manifester.

La section de la Croix-Rouge de Saint-Gall a organisé, pendant le mois de mai dernier, un cours de samaritains pour employés de chemins de fer, auquel vingt-et-un de ceux-ci, tant employés ordinaires que chefs de train et même chefs de gare, prirent part. L'Union des chemins de fer suisses avait prêté, à cet effet, la salle de son conseil d'administration.

Le Dr Hans Daae, de Christiania, a fait paraître dernièrement le compte rendu d'une conférence faite à Christiania, sur les impressions qu'il a recueillies au cours de la guerre gréco-turque, sur le théâtre de laquelle l'Etat norvégien l'avait envoyé pour étudier l'organisation des secours aux blessés. Il est intéressant et instructif pour l'avenir d'entendre de la bouche d'un témoin oculaire et désintéressé, l'exposé de la manière dont ont fonctionné les organes du service sanitaire et des lacunes qu'ils présentent encore.

Le Dr Daae, dont les impressions sur la guerre gréco-turque ont fait l'objet d'un article dans notre dernier Bulletin, vient de publier une édition française de son opuscule; il nous en adresse obligeamment un exemplaire, en l'accompagnant d'une circulaire destinée aux membres de la conférence de désarmement qui, comme on sait, va se réunir à La Haye.

La dernière assemblée annuelle de la Société de la Croix-Rouge a eu lieu le 10 décembre 1898; le Comité exécutif y présenta le rapport d'usage.

En ce qui concerne la composition de ce Comité, M. le major-général O. M. de Björnstjerna qui, en qualité de président, avait, depuis le 6 novembre 1883, dirigé les assemblées de la Société et du Comité exécutif avec un zèle et un intérêt infatigables, a demandé à être relevé de ses fonctions. A côté de l'activité si féconde exercée pendant ce long espace de temps par M. le général de Björnstjerna, il y a lieu de mentionner spécialement la générosité avec laquelle, par acte de donation du 28 novembre 1892, il a fourni les premiers éléments d'un fonds portant à perpétuité sonnom, et destiné, selon les termes de cet acte, à la distribution de secours aux femmes dévouées qui se consacrent à la vocation pénible d'infirmières. Le départ du major-général de Björnstjerna a amené le Comité exécutif à lui exprimer, dans une adresse spéciale, sa profonde reconnaissance et celle de la Société tout entière pour la sollicitude et l'intérêt constants dont il a fait preuve en faveur de l'œuvre de la Croix-Rouge.