Nous avons signalé déjà, à plus d'une reprise, les progrès qu'avait déjà réalisés en Allemagne cette idée nouvelle d'une collaboration des organes de la Croix-Rouge avec ceux des Chambres syndicales et des Associations professionnelles. Mise en avant par M. le Dr Paul Frank, de Berlin, elle a pour elle d'être opportune et de permettre de donner une satisfaction, tout au moins partielle, à ce besoin, qui semble se répandre de plus en plus, d'assurer en temps de paix à la Croix-Rouge un champ d'action régulier et de lui fournir un moyen d'utiliser ses ressources et d'exercer son personnel.

Dans sa séance du 24 avril 1899, la Croix-Rouge de la République Argentine a entendu un mémoire lu par son président, M. Raphaël Igarzabal, sur la marche de la Société pendant l'année 1898.

Cette marche n'a été troublée par aucun événement. La paix intérieure et extérieure a été scrupuleusement observée. La Société a fait l'acquisition d'un hangar démontable et transportable pour l'excédent de matériel qui n'a pu trouver place dans ses magasins; elle a acheté du matériel neuf pour une somme de 58,980 04 sols, de telle sorte que son matériel est actuellement pour le moins égal à celui des Croix-Rouges d'Europe.

M. le Dr Majewski, se basant sur l'action rasante des projectiles modernes, conseille de transporter les blessés le plus près possible du sol. Comme le combattant, le brancardier et sa charge doivent, pendant le combat, ramper à ras du sol sous peine d'être exposés aux projectiles ennemis. Port a déjà recommandé ce mode de transport, mais l'application en est difficile. Le Dr Majewski croit avoir trouvé une solution pratique de la question en adaptant aux pieds du brancard règlementaire deux planches de 1m, 80 de longueur, sur 25 centimètres de largeur et 3 d'épaisseur. Ces planches font office de traîneau et permettent de glisser à ras du sol, même dans de mauvais chemins et dans des champs labourés. Il paraît que la secousse que subit le brancard par ce mode de locomotion est très modérée et son glissement facile. Les deux brancardiers s'y attellent avec des cordes ou des courroies et rampent à terre jusqu'à un endroit abrité, là ils prennent le brancard à bras et le portent normalement, sans être gênés par le poids, peu appréciable, des deux planches.

M. le Dr Kimmle, Stabzarzt à Berlin, passant en revue, dans la Deutsche Militärärztliche Zeitschrift, les systèmes employés jusqu'ici pour le transport des blessés par chemin de fer, arrive à la conclusion qu'aucun de ces systèmes ne répond aux besoins, tant au point de vue du confort et des soins des blessés, qu'à celui du nombre des malades transportables dans uu espace donné.

La Croix-Rouge des Etats-Unis a inauguré pendant le conflit cubain, le premier vaisseau ambulancier de cette association; les lecteurs du Bulletin ont eu sous les yeux la photographie du « Moynier ». Aujourd'hui, l'exemple a été suivi en Autriche, où, à l'occasion du Jubilé de l'empereur François-Joseph, un généreux citoyen de Trieste, le baron Charles de Reinelt, a fait monter pour la Société de la Croix-Rouge le premier bateau ambulance autrichien, baptisé du nom sympathique de « Falkenhayn ».

Nous avons reçu la circulaire suivante, nous annonçant la nomination du successeur de feu M. le comte de Falkenhayn à la présidence de la Société autrichienne de la Croix-Rouge:

« Vienne, 18 février 1899.

« Le soussigné a l'honneur de vous informer que, dans l'assemblée générale extraordinaire qui a eu lieu le 5 février, il a été élu président de la Société autrichienne de la Croix-Rouge, et que S. M. l'empereur, en sa qualité de haut protecteur de la Société, a bien voulu, par rescrit du 25 février, ratifier ce choix.

On se souvient du cri d'alarme que le Dr Port avait poussé en 1896, dans un opuscule où il signalait vigoureusement l'insuffisance de l'organisation officielle sanitaire et protestait contre l'état d'abandon et de misère dans lequel les blessés sur les champs de bataille étaient trop souvent laissés. La guerre gréco-turque est pour lui l'occasion d'un nouvel appel. Il ne peut s'empêcher de donner comme exemple aux grandes puissances qui se targuent de posséder un outillage militaire très complet, cette petite armée grecque dont les retraites ressemblaient trop souvent à des fuites désordonnées, qui était parfois obligée de jeter loin ses armes et ses drapeaux, mais qui jamais n'abandonnait un blessé et ne laissait en arrière un mort. C'est, que les Grecs ont une autre conception de l'honneur de la guerre et qu'ils considèrent comme une honte d'abandonner un des leurs, fût-il blessé ou même mort, entre les mains de l'ennemi.

Le 2 septembre dernier est décédé par accident à Pontresina, M. le Dr Nasse, professeur de chirurgie à l'Université de Berlin, membre du Comité central allemand de la Croix-Rouge. C'étaitlui qui, en 1897, s'était offert pour prendre la direction de l'ambulance envoyée par la Croix-Rouge allemande à Constantinople à l'occasion de la guerre turco-grecque. Par sa nature sérieuse et bienveillante ainsi que par ses capacités médicales et chirurgicales, il s'acquit rapidement en Turquie la sympathie de tous ceux qui eurent à faire à lui, reçut des distinctions diverses et des témoignages nombreux de reconnaissance et ne contribua pas peu ainsi à rehausser l'éclat et la considération de la Croix-Rouge. Enlevé dans un âge qui permettait au Comité central allemand de fonder de grandes espérances sur lui, il laisse dans son sein un vide qui sera très profondément senti.

Nous avons fait allusion déjà au résultat du concours que l'Association congolaise et africaine avait ouvert en 1891 sur le matériel nécessaire aux ambulances volantes. Des renseignements plus complets, reçus depuis, nous permettent d'ajouter qu'à la suite d'une entente avec le gouvernement de l'Etat du Congo, et indépendamment des récompenses décernées par le jury de l'exposition, l'Association congolaise a reconnu par des achats, le mérite des exposants qui avaient pris part au concours.

Nous pensons intéresser les lecteurs du Bulletin en leur donnant un aperçu de quelques travaux concernant. l'organisation des secours sur le champ de bataille, cette partie de l'activité des corps sanitaires touchant de près à celle de la Croix-Rouge.

Il s'agit en premier lieu d'une étude critique d'un auteur justement apprécié, M. le Dr Habart, sur le Premier pansement et les manœuvres sanitaires en campagne.

La Militärärztliche Zeitschrift vient seulement de publier le rapport des chefs de la mission envoyée sur le théâtre des hostilités par le Comité central allemand. On sait que l'instigateur de cette entreprise a été M. le baron de Knesebeck, président du Comité central des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge, et que l'ambulance composée de médecins, de diaconesses et d'infirmiers, a été placée sous la direction habile de M. le Dr Korsch, médecin de régiment et de M. le Dr Velde, Stabsarzt. Pour rester strictement dans l'esprit de la Croix-Rouge, l'expédition sanitaire avait reçu comme mandat de faire profiter au même titre les médecins civils et les médecins militaires des enseignements recueillis dans cette campagne.

Nous lisons dans le Militärarzt, du 23 juin dernier, l'appel suivant de M. le médecin de régiment Dr Maximilian Richter:

Tout médecin de la troupe ou médecin d'ambulance s'est trouvé plus d'une fois dans la situation de renvoyer chez lui, pour un congé plus ou moins prolongé, tel convalescent qu'on ne peut garder en observation faute de place. Il s'agit, le plus souvent, de cas de fractures consolidées qui exigent encore des ménagements et un entraînement progressif, de convalescents d'états inflammatoires des voies respiratoires ou digestives, de convalescents de fièvre typhoïde ou d'autres maladies infectieuses, malades qui tous ont besoin de se refaire sous peine de rester plus ou moins infirmes.

L'exercice écoulé a été fécond en deuils. Ce fut d'abord la mort de l'impératrice Elisabeth, la haute Protectrice de la Société, dont le souvenir sera perpétué par une chapelle élevée à Vienne au moyen des fonds collectés dans les Sections de la Croix-Rouge; ceux-ci se montaient à fin février 1899 au chiffre de fl. 136,262 05. Puis survint le décès du comte Franz de Falkenhayn, sur la carrière dévouée duquel nous nous sommes déjà précédemment étendus. On sait que l'exercice du protectorat sur la Croix-Rouge en Autriche-Hongrie a été confié à la princesse Stéphanie, et que le prince Aloïs Schönburg-Hartenstein a été appelé à remplir les fonctions de président. C'est l'archiduc Louis-Victor qui exerce avec un dévouement et un intérêt dignes de remarque la charge de Vice-protecteur de la Croix-Rouge.

Le Bulletin officiel du Comité central de la Croix-Rouge espagnole, dans son numéro du 20 février dernier, cite le cas d'un professeur qui avait lu à ses élèves l'appel en faveur des rapatriés civils des Philippines; à cette lecture, les enfants, les yeux baignés de larmes, s'empressèrent de remettre à leur maître les quelques sous que leurs parents leur avaient donnés pour acheter des confetti (cela se passait en carnaval). Le bulletin ajoute: « La Croix-Rouge espagnole accepte ce don comme un des plus importants par sa valeur morale » et il publie les noms des généreux écoliers.

Nous avons reçu du Comité central bulgare la circulaire suivante:

Sofia, le 9/21 janvier 1899.

Monsieur le Président,

Nous avons l'honneur de vous annoncer que, vu le décès denotre très regretté président, M. le Dr P. Mintchovitch, le vice-président, J.-E. Guéchoff, remplira les fonctions de président, et signera pour le Comité de la Société de la Croix-Rouge bulgare avec le secrétaire-trésorier, M. le Dr S. Mirkoff. Les autres membres du Comité, à savoir MM. le Dr D. Molloff, colonel Nikiforoff et l'ingénieur J. Veltcheff restent en fonctions comme par le passé.

Un gros volume nous arrive d'Amérique. C'est l'histoire illustrée de la Croix-Rouge américaine, par miss Clara Barton, présidente de la Société nationale américaine. L'auteur a fait un travail complet. Prenant pour point de départ l'origine de l'institution de la Croix-Rouge, elle indique son organisation générale et ses méthodes d'action, le service qui lui incombe en temps de guerre, et les travaux auxquels elle s'adonne en temps de paix; puis, passant à l'histoire spéciale de la Croix-Rouge américaine, elle rappelle sa fondation en 1881, précédant l'accession des Etats-Unis à la Convention de Genève, qui eut lieu le 1er mars 1882; enfin elle relate toutes les occasions où la Croix-Rouge américaine fut appelée à intervenir, depuis l'incendie des forêts du Michigan en 1881, c'est-à-dire presque immédiatement après la fondation de la Société, jusqu'aux derniers événements de la guerre de Cuba. Même une simple énumération des diverses calamités où la Croix-Rouge eut à porter secours aux victimes d'incendies, de cyclones, d'inondations, de famines, d'épidémies, etc., nous entraînerait trop loin. Rappelons seulement les événements les plus importants et les plus-récents, l'ouragan de la Caroline du Sud en 1893, la mission en Arménie en 1896, enfin la guerre hispano-américaine et la campagne de Cuba en 1898.

La Wiener Zeitung reproduit une lettre autographe de l'empereur d'Autriche, dans laquelle il transfère la haute protection sur la Croix-Rouge autrichienne et hongroise, qu'exerçait l'impératrice Elisabeth, à la princesse Stéphanie.

On sait que la princesse Stéphanie, née le 21 mai 1864, est la fille de Léopold II, roi des Belges, et la veuve de l'archiduc Rodolphe, fils aîné de l'empereur François-Joseph Ier.

L'Assemblée générale de la Société bulgare de la Croix-Rouge a eu lieu le 6/18 février 1899, sous la présidence de M. J.-E. Guéchoff, vice-président.

Le rapport annuel du Comité constate que la Société bulgare de la Croix-Rouge, qui a été fondée le 14/26 septembre 1885, compte actuellement quinze Comités régionaux, siègeant à Sofia (385 membres), Silistria (100 membres), Lom (88 membres), Sistow, Sevlievo, Lovtcha, Orékhovo, Nicopol, Plevna, Borisovgrad, Fétéven, Tirnovo, Widdin, Roustchouk et Gabrovo (comptant chacun de 30 à 80 membres.)

Nous empruntons à un article de M. le Dr Hiclet, médecin de régiment, publié dans les Archives médicales belges la description suivante de l'appareil à suspension de M. le lieutenant Simonet:

« Nous savons tous combien les mouvements d'une voiture en marche, mal suspendue, sont désagréables et parfois insupportables.