Nous n'avons pas entendu dire, jusqu'ici, que des abus relatifs à l'emploi du signe de la Croix-Rouge se soient produits au Congo, et, à vrai dire, nous n'en sommes pas surpris, le degré de civilisation auquel est parvenu ce jeune Etat n'étant pas de nature à donner de l'inquiétude sous ce rapport. Toutefois, si jamais quel-qu'un songe à écrire l'histoire de toutes les tentatives, plus ou moins réussies, qui ont été faites pour détourner l'emblème de la croix rouge de sa destination primitive et de sa signification légale, la préhistoire de l'Etat indépendant du Congo pourra lui fournir un épisode très peu connu et qui mérite que nous consacrions quelques lignes de notre Bulletin à le relater.

La Société badoise, qui, pour certaines raisons et notamment parce que son développement avait subi une sorte d'éclipse pendant quelques années, n'avait pas officiellement donné de nouvelles de son activité depuis 1890, vient de publier un important rapport qui embrasse toute la période de 1890 à 1897.

Une exposition franco-russe s'est ouverte à Saint-Pétersbourg, le printemps dernier, sous le patronage de la Croix-Rouge russe et à son profit. La Société française de secours aux blessés militaires, sollicitée d'y prendre part, a expédié à Saint-Pétersbourg des caisses et paniers, ainsi que tous les modèles des objets de lingerie et pansement compris dans un hôpital auxiliaire de campagne; une légende explicative a été placée au-dessus pour faire comprendre aux visiteurs la grande utilité de ces formations. Elle a envoyé également un chariot porte-brancard, avec un brancard couvert, et des séries de gouttières et d'attelles.

Le bulletin de la Société congolaise et africaine de la Croix-Rouge paraît une fois par an pour rendre compte de l'Assemblée générale annuelle et publier le rapport qui y est régulièrement présenté par le secrétaire général.

Par décret royal du 25 janvier 1899, les pouvoirs du Comité directeur ont été renouvelés pour cinq ans.

Il y a longtemps que nous n'avions pu donner à nos lecteurs des nouvelles de la Société belge; le rapport sur l'exercice de 1897, qui vient de nous parvenir, nous donne la possibilité de combler cette lacune et nous nous en félicitons.

La situation prospère de l'institution de la Croix-Rouge s'accentue d'année en année dans des proportions encourageantes. Sous les auspices des sous-comités, et notamment de celui de Bruxelles, de nouveaux groupes ont entrepris de se former ou de se développer. C'est ainsi que l'ambulance d'Ostende, née en 1897, a pris son essor au point de pouvoir obtenir sa transformation en souscomité; elle cherche à accroître le nombre de ses auxiliaires, afin de porter d'efficaces secours aux victimes des catastrophes fréquentes auxquelles une ville maritime est exposée. De même l'ambulance de Gand, stimulée par l'autorité militaire, est en bonne voie de prospérité. En revanche, d'autres sous-comités, ceux d'Anvers et de Courtrai se sont dissous à la suite de diverses difficultés.

Les démarches faites par le Comité central de la Croix-Rouge espagnole auprès de celui de Washington, en vue d'adoucir le sort des prisonniers espagnols tombés au pouvoir des rebelles aux Philippines, n'ayant pas abouti, le Comité de Madrid s'est adressé au gouvernement de S. M. la reine régente, en le priant de l'autoriser à envoyer à cet archipel une délégation de la Croix-Rouge d'Espagne pour traiter directement avec les rebelles et ramener si possible ceux des blessés qu'elle aurait réussi à faire relâcher.

IL n'est pas sans intérêt d'opposer au tableau navrant que M. le Dr Daae a fait, dans ses Notes et impressions sur la guerre gréco-turque, de l'absolue insuffisance du service sanitaire de l'armée turque, l'exposé de l'organisation théorique de ce service en temps de paix, telle que la résument les Archives médicales belges, d'après un article de M. G. Contenau, dans la Tribune médicale du 4 janvier dernier.

Lorsque éclata la guerre hispano-américaine, la Société fut invitée — comme toutes les autres Sociétés de la Croix-Rouge — par le Comité international de Genève, à prêter secours aux Croix-Rouge des parties belligérantes. La Société répondit à cet appel en envoyant à chacune des deux Croix-Rouges la somme de 500 fr. Ce secours n'était, il est vrai, pas considérable en soi, mais relativement aux contributions des autres Sociétés, et vu l'état de la fortune sociale, il n'était pas si minime. Il est à regretter que pendant les longues années où la Croix-Rouge a exercé son œuvre dans tout le monde civilisé, notre Société ne soit pas plus connue et appréciée, car les dernières années présentent même une diminution assez considérable du nombre des membres.

Les grands services rendus à la patrie par la Société de la Croix-Rouge et l'importance que celle-ci, par son développement progressif, a atteinte dans notre pays firent penser que le moment était venu de modifier et de consolider son organisation, en lui donnant un caractère officiel, indispensable pour que le gouvernement de V. M., à l'exemple de ce qui a lieu chez d'autres nations, puisse exercer sur la dite Société le contrôle nécessaire.

M. Louis Renault, professeur de droit international à la Faculté de Droit de Paris, a fait, le 11 février dernier, à la Société française de secours aux blessés militaires, une conférence sur la Convention de Genève, dont nous nous reprocherions de ne pas donner un court résumé à nos lecteurs.

Un essai de mobilisation de la Croix-Rouge d'Espagne a eu lieu le 20 novembre dernier à Tudela (Navarre). Des délégations de presque toutes les sections de la péninsule y assistaient avec leur matériel; une revue a été passée par le général Polavieja, président du Comité central, accompagné d'autres membres de ce Comité et du général Santiago, gouverneur militaire de la province de Navarre. Une fois le campement installé, des troupes d'infanterie simulèrent un combat dans lequel des blessés fictifs tombaient et étaient aussitôt relevés et conduits en lieu sûr par les sociétaires des diverses sections de la Croix-Rouge. Une modeste collation a ensuite terminé cet essai de mobilisation, qui a été d'un grand intérêt, parce qu'il a permis de comparer le matériel des diverses sections, leur tenue et leur degré d'instruction technique.

Il s'est glissé dans l'article de notre dernier Bulletin sur la Société congolaise et africaine (p. 196) une erreur qu'on nous signale et que nous nous empressons de rectifier.

M. Maton, dont nous annoncions le décès, n'était plus, depuis 1895, trésorier général de l'Association, mais bien membre du Comité directeur. Il avait été, dès cette date, remplacé dans ses fonctions de trésorier par M. Sigart, avocat à la Cour d'appel de Bruxelles.

La section de la Croix-Rouge de la Havane a pris en quelque sorte naissance en 1894, lors de l'affaire de Melilla (Maroc). Le général Polavieja, président de la Croix-Rouge espagnole, avait chargé le Cercle dit « Casino Espagnol » de fonder la section de la Havane; mais les fonds manquaient; un bazar de charité fut organisé et procura l'argent nécessaire. Puis vint le 24 février 1895, et avec lui le commencement de cette terrible insurrection cubaine, qui devait finir par la guerre hispano-américaine, et c'est alors que fut fondée définitivement la Croix-Rouge de Cuba.

Parmi les nombreux dons en faveur des blessés qu'a reçus la Croix-Rouge, le Bulletin officiel du Comité de Madrid relève celui des dames hispano-américaines de la colonie de Paris qui ont envoyé plusieurs corbeilles pleines de linge et de matériel sanitaire. Le consul d'Espagne à Saïgon a également fait parvenir à la Croix-Rouge espagnole nne somme de 12,125 francs, produit d'une souscription organisée en sa faveur par les membres de la colonie française de l'Indo-Chine. Le régiment suédois de chasseurs de Jamtland a remis au ministre espagnol à Stockolm, pour les blessés, 205 francs comme témoignage de son admiration pour ses camarades d'Espagne. La section française de Saumur a également envoyé 1000 francs au Comité de Madrid.

Un livre apparu à propos s'il en fut, c'est celui que M. Georges Cauwès, chef de cabinet de préfecture, vient de publier sous le titre: L'extension des principes de la Convention de Genève aux guerres maritimes. L'objet étant à l'ordre du jour de la Conférence de La Haye, nul doute que les plénipotentiaires réunis pour en délibérer n'utilisent cette étude complète de la question. L'auteur prend celle-ci à son origine et signale les premiers vœux émis en faveur d'une protection étendue aux blessés des guerres maritimes, tels que l'art. 11 du projet de convention soumis par le Comité international à la Conférence diplomatique de 1864, puis surtout le vote émis par la Conférence des Sociétés de secours à Paris en 1867 et nettement favorable à cette extension. Entrant alors dans le vif de son sujet, M. Cauwès étudie les travaux de la Conférence de Genève de 1868 convoquée en vue de l'adoption d'articles concernant la marine et les décisions prises par elle. Il signale les divergences qui se produisirent postérieurement à la Conférence de 1868 et qui empêchèrent les articles additionnels de passer à l'état de convention internationale, examinant les critiques qui leur ont été adressées et adhérant à quelques-unes d'entre elles.

Parmi les dons reçus par le Comité central madrilène, il faut citer l'opulent envoi des dames de la colonie espagnole de Paris, se composant de pharmacies portatives, caisses de quinquina, chemises spéciales pour blessés et pour convalescents, bandages de toute espèce, etc.

Dans le message du président Mac Kinley aux Chambres, daté du 5 décembre 1898, et relatif à la guerre avec l'Espagne ainsi qu'aux autres événements de l'année, hommage a été rendu à l'œuvre si utile accomplie par la Croix-Bouge, tant au moyen de mesures préparatoires que sur les champs de bataille et dans les hôpitaux de Cuba. La Croix-Rouge, dit en substance le message, qui travaillait concurremment avec les autorités gouvernementales, a entièrement maintenu sa haute réputation de sérieux et de capacité dans l'accomplissement de son noble but de secours international, et a justifié une fois de plus la confiance et l'estime que lui a vouées le peuple américain.

Nous empruntons à un journal anglais que nous avons de bonnes raisons de croire bien informé, l'intéressante nouvelle que le ministre de la guerre vient d'autoriser la constitution projetée d'un Comité central pour la Grande-Bretagne.

Le nouveau Comité constituera un lien entre trois Sociétés de secours de la Grande-Bretagne, lesquelles ne possédaient pas d'organe central commun et, partant, n'avaient pas assez de relations entre elles ni d'unité dans leur action. Ces trois Sociétés y possèdent les représentants suivants: La Société nationale de secours aux blessés (Croix-Rouge), Lord Wantage, Lord Rothschild et Sir William Macformac; l'Ambulance de St-Jean, Lord Kuntsford, Sir John Furley, le Corps des infirmières de réserve pour l'armée, la princesse Christian de Schleswig-Holstein et un autre délégué à nommer. Enfin, des représentants du ministère de la guerre en font de droit partie.

Le Comité central de la Croix-Rouge espagnole, usant des droits que lui confèrent ses statuts, a organisé à Madrid un corps auxiliaire cycliste pour mieux réaliser les divers buts que se propose l'Association.

Le corps de ces auxiliaires cyclistes, en tant que partie de la Croix-Rouge espagnole, sera sujet à toutes les obligations qui incombent à ses membres et jouira de tous les droits de ces derniers, conformément aux statuts, règlements et circulaires régissant la Société.

Le Comité central madrilène se propose de participer à l'Exposition universelle de 1900 à Paris en y envoyant des spécimens de son matériel; il a obtenu pour cela un espace de cent trente mètres carrés dans le Palais des armées de terre et de mer.

A partir du mois de juillet 1899, le bulletin officiel du Comité central de la Croix-Rouge espagnole prendra la forme d'une revue richement illustrée et contiendra des articles des écrivains les plus en vue.