Le Conseil central a élu M. le Dr Féiix Guyon, membre de l'Académie de Médecine, vice-président de la Société française de secours aux blessés militaires, en remplacement du regretté Dr Riant.

Membre du Conseil depuis plus de vingt ans, M. le Dr Guyon a toujours témoigné à l'œuvre de la Croix-Rouge française une grande sympathie.

A l'occasion de l'enquête faite en 1901 par le Ministère de la guerre belge sur les sanatoriums pour militaires tuberculeux, nous constations, avec le rapporteur, M. le Dr Martin, dans le Bulletin d'octobre 1901, qu'il est du devoir de l'armée de s'occuper de ses tuberculeux, non seulement pour les dispenser du service par la réforme, mais aussi et surtout pour leur fournir les moyens de recouvrer leur santé gravement compromise au service. Nous émettions toutefois l'opinion que la Croix-Rouge serait bien placée, vu la charge énorme d'une pareille entreprise, pour assister l'autorité sanitaire officielle dans cette tâche si féconde en même temps que si urgente. L'exemple de la Croix-Rouge allemande est, du reste, là pour prouver l'action bienfaisante des sanatoriums de la Croix-Rouge et constitue un encouragement aux sociétés qui suivront cet exemple.

Depuis qu'à la Conférence de la paix, il fut résolu d'appliquer les règles de la Convention de Genève aux guerres maritimes, l'organisation des secours aux blessés sur mer s'est imposée comme une tâche importante aux sociétés de la Croix-Rouge. L'augmentation des forces navales dans toutes les parties du monde fait présager tôt ou tard une lutte où l'œuvre de la Croix-Rouge devra déployer toutes ses ressources. Les moyens dont disposent actuellement les forces maritimes sont-ils suffisants? Voilà la question que le Dr Randall, de la marine royale, a tâché derésoudre dans une conférence qu'il a faite le 14 mai 1903 à la « Royal Service Institution » à Londres, sous la présidence de Sir Henry Howse, président du « Royal College of Surgeons ».

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que, à la date du 10/23 avril année courante, le Comité central de la Croix-Rouge hellénique a été reconstitué comme suit:

M. le général Th. Mano, Jusqu'alors vice-président, a été appelé à la présidence.

M. le Dr Lortat-Jacob, délégué du Conseil central auprès des Dispensaires-écoles de la Société a présenté à celui-ci son premier rapport sur la marche de ces dispensaires pendant le 1er semestre de la 4me année.

L'importance de l'hygiène militaire sur les opérations des armées a de nouveau été mise en lumière par les rapports officiels du War-Office anglais, et les rapports constatant que sur 21,042 décès parmi les troupes anglaises pendant la guerre anglo-boër, jusqu'à la date du 30 mai 1902, 13,250 sont dus à la maladie, tandis, que 7792 hommes seulement ont été tués dans les combats ou sont morts ultérieurement de leurs blessures. Partout l'armée anglaise a été arrêtée par ses malades et par les mesures qu'a nécessitées leur transport. Pour un homme tué à l'ennemi dans l'armée anglaise près de deux sont morts de maladie, et — fait à noter — de maladies de caractère évitable, en général. Cette proportion du reste, loin d'être inattendue, est, au contraire, d'un caractère exceptionnellement favorable, si on la compare aux guerres antérieures. Ainsi pendant la guerre de Crimée, l'armée française a perdu en nombre rond 95,000 hommes, dont 22,000 seulement de blessures. Pendant les opérations de l'armée française au Mexique, la proportion des morts de blessures, comparée à celle par maladies, a été de 10 pour 29. Pendant la guerre civile des Etats-Unis, les décès par blessures se sont élevés au chiffre de 93,969 contre 186,216 par maladies du côté de l'armée de l'Union, pendant que, du côté des Confédérés, le quart seulement des décès a été le résultat des armes. Pendant la courte guerre austro-prussienne, les Prussiens ont perdu 6427 hommes de maladies et 4450 à l'ennemi. Dans la guerre russo-turque, en 1878, les Russes ont perdu 102,793 hommes dont 16,578 seulement par blessures.

Le Comité central a publié récemment une brochure contenant la composition et l'inventaire d'une ambulance de montagne, transportable en sacs et sur chars.

Cette étude, proposée comme sujet du concours de chirurgie de guerre dans l'armée française en 1901, est d'une très grande importance et éminemment actuelle. Les progrès de la chirurgie et de la biologie, les expériences faites dans les différentes guerres depuis la découverte de l'antisepsie, les perfectionnements des armes, les lois nouvelles de la tactique sont autant de raisons qui rendent urgente une transformation du service sanitaire, ou tout au moins une adaptation meilleure aux conditions nouvelles.

Nul n'ignore l'importance qu'il convient d'attacher à l'évacuation rapide des blessés du champ de bataille, mais on sait aussi quelles difficultés se dressent lorsqu'il s'agit de procéder au transport d'un grand nombre de blessés à la suite d'un combat. A ce moment tout fait défaut, aussi bien le personnel que les moyens mêmes de transport. C'est de ces derniers que M. le Dr Perego, capitaine-médecin de l'armée italienne, s'est particulièrement occupé dans un travail des plus intéressants consacré à l'étude des moyens d'improvisation auxquels chacun peut recourir, grâce aux ressources que présente même la campagne la plus déserte ou le plus pauvre village.

Nous avons la douleur de vous faire part de la perte cruelle que. nous venons d'éprouver en la personne de Son Altesse Impériale le Prince Akihito (Komatsu) Grand-Croix de l'Ordre du Chrysanthème, Maréchal de l'Empire, qui a occupé la Présidence d'honneur de notre Société pendant plus de vingt-cinq ans depuis sa fondation et dont le décès eut lieu le 18 février 1903.

On sait que la Société italienne a continué en été 1902 la lutte antimalarienne qu'elle avait entreprise avec tant de succès les années précédentes. Bien que le rapport complet de M. le professeur P. Postempski, qui cette fois encore a dirigé cette campagne, ne nous soit pas encore parvenu, nous sommes à même d'annoncer que les expériences faites en 1902 ont été plus encourageantes que jamais, notamment au point de vue prophylactique, et que le retour de la fièvre a pu être évité chez beaucoup de ceux qui avaient préalablement été soumis au traitement de quinine approprié. Nous reviendrons un peu plus tard sur ce sujet.

A l'issue de la guerre gréco-turque, quand elle eut achievé de soigner les victimes, la Croix-Rouge grecque ne jugea pas sa tâche terminée. Dès que la paix fut conclue, ses ambulances et hôpitaux auxiliaires de campagne furent licenciés, soit parce que le matériel était venu à manquer, soit parce qu'il avait été décidé de former de nouvelles ambulances, de remanier conformément aux progrès de la science et aux enseignements de la dernière guerre le système adopté jusqu'alors. Ce fut le principal souci de la Croix-Rouge grecque qui modifia dans ce sens le matériel existant et le compléta par de nouveaux achats. Dans la formation de ses ambulances, elle s'est surtout préoccupée de les rendre facilement transportables non seulement par wagons de chemin de fer, mais aussi par voitures ordinaires et même par mulets.

La Société norvégienne de la Croix-Rouge nous a envoyé les extraits suivants de son compte rendu pour 1902:

«Le capital de la Société s'est élevé de fr 30,299 90 qu'il était jusqu'au montant de fr. 31,042 78.

«En mars 1901 la Société a présenté au ministère de Défense une pétition dans laquelle on faisait ressortir que notre Société a travaillé jusqu'à présent dans des conditions difficiles, puisque jusqu'en 1892 nos lois nous ont empêchés d'agir d'une manière active, et qu'après cela nos moyens restreints ont arrêté notre activité d'une manière déplorable.

Préoccupé du danger que courent à la guerre les ambulances et les transports de la Croix-Rouge à cause de l'insuffisance habituelle du signe protecteur de la Croix-Rouge, M. le Dr C. de Mooy, médecin principal de 1re classe en retraite, membre du Comité supérieur de la Croix-Rouge néerlandaise, un vétéran bien connu des amis de la Croix-Rouge, s'est ingénié à trouver un moyen pour que, de loin, l'ennemi soit toujours et facilement renseigné sur la présence d'une ambulance ou d'un convoi de la Croix-Rouge lorsqu'ils arriveraient à se trouver dans sa ligne de feu.

L'année 1902 ramenait le 25me anniversaire de la Société japonaise de la Croix-Rouge fondée sous le nom de Hakuaïsha en 1877; une fête devait être célébrée à cette occasion au mois de mai, le prince Komatsu, président d'honneur de la Société, étant alors en Europe, on attendit son retour au Japon pour la célébration de cette fête, qui eut lieu le 21 octobre.

A l'assemblée générale du 1er mai 1902, étaient présents, l'archiduchesse Marie-Valérie, la haute protectrice de la Croix-Rouge hongroise, l'archiduc Louis-Victor, l'archiduchesse Clotilde et l'archiduc Joseph. Le président, comte André Csekonics, commença par des remerciements à l'adresse de Leurs Altesses, pour avoir bien voulu honorer l'assemblée de leur présence, et l'archiduchesse Marie-Valérie lui répondit par quelques paroles éloquentes, à l'adresse de la direction de la Croix-Rouge, en promettant son concours pour toute l'œuvre poursuivie. Le rapport annuel ayant été distribué aux assistants, le président constate que les institutions sociales se sont augmentées et élargies, qu'en particulier les préparatifs en vue du cas de mobilisation sont assez complets pour donner l'assurance que la grande tâche du secours aux blessés et malades pourra être accomplie d'une façon satisfaisante. Il y a cependant encore de vastes champs d'activité; l'œuvre n'est point partout sans lacune, le nombre des membres n'est pas ce qu'it devrait être.

Il n'est pas sans intérêt de relever les expériences des médecins qui ont suivi la campagne récente. Résumons à cet égard, brièvement, la thèse de M. le Dr Juriaanse, fruit de ses expériences après deux ans et demi passés sur les champs de bataille sud-africains, à côté des Boers.

La Société serbe de la Croix-Rouge nous a adressé le compte rendu suivant de la dernière période décennale de son activité:

« La Société de la Croix-Rouge serbe a été fondée le 25 janvier 1876. Pendant les trois guerres qu'a eu à soutenir la Serbie avec la Turquie et la Bulgarie (1876, 1877, 1885) elle a été d'une grande utilité aux victimes de ces guerres. Dans cette tâche elle a été secourue avec empressement par les Croix-Rouges des autres pays.