Le « Traité sur la préfecture des mathématiques qui est administrée, sur ordre du Roi des Chinois, par le P. Ioannes Adam, profès des quatre voeux de la Société de Jésus » est l’une des principales pièces du dossier « Schall », conservé dans les archives de la Compagnie de Jésus à Rome. Ce mémoire, rédigé en 1649 par le missionnaire portugais de la Compagnie, Gabriel de Magalhães, entend dénoncer l’entrée en fonction d’Adam Schall von Bell, dans l’administration impériale chinoise : la prise en charge du Tribunal des mathématiques, en cautionnant des pratiques superstitieuses et condamnées par le droit canon, est incompatible avec la mission et l’évangélisation de la Chine. La dénonciation de Magalhães ouvre, dans la province jésuite de Chine, une crise de plus de trente ans, que l’histoire de la Compagnie comme l’histoire des sciences européennes en Chine n’ont pas prise en compte jusqu’à ce jour. À examiner de près ce document, on pourra, d’une part, reprendre à nouveaux frais la question de la place des sciences dans l’espace de la mission, manière aussi de nourrir d’autres réflexions sur l’identité jésuite ou l’activité missionnaire. On pourra, d’autre part, interroger une documentation occidentale qui, par-delà l’incompréhension qu’elle révèle des autres mondes, n’en fournit pas moins des descriptions précises et encore peu étudiées par les historiens des sciences. C’est notamment le cas ici de l’organigramme du Tribunal des mathématiques, donné par Magalhães à la fin de son mémoire.