L'histoire est celle de deux villes et de deux nations. En 1870, le grand Londres était une agglomération de plus de trois millions d'habitants, la capitale de ce qui était sans doute le pays le plus riche et incontestablement l'empire le plus grand du monde. Ce qui est plus important pour cette histoire, c'est qu'elle était aussi l'emplacement de la « City », le centre financier incontesté du monde. Au même moment, New York était une ville de moins de un million d'habitants, non pas la capitale politique, mais le centre des affaires d'un pays en développement rapide, bien que non encore complètement achevé ; elle était le siège de Wall Street, le marché du capital américain, un marché en maturation, loin lui aussi d'avoir atteint la maturité. En 1914, le grand Londres était une agglomération de plus de sept millions d'habitants, la capitale d'un pays qui, bien qu'encore riche, ne pouvait plus prétendre à disposer du plus haut revenu par tête. Mais il exerçait, du moins nominalement, un contrôle politique sur presque trente-cinq pour cent des terres émergées et abritait un centre financier qui, même s'il restait indubitablement le plus important marché des capitaux, ne détenait plus la position de monopole incontesté dont il jouissait quarante ans plus tôt.