L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour
qu'avaient bâties les fils des hommes. Puis
l'Éternel dit : « […] Allons, descendons, mettons
la confusion dans leur langage, afin qu'ils
ne comprennent plus la langue les uns des
autres. » Ainsi l'Éternel les dispersa de là sur
toute la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
C'est pourquoi on lui donna le nom de Babel.
Le pluralisme ethnique, linguistique et religieux a surgi comme un phénomène social et politique auquel les sociétés contemporaines n'étaient généralement pas préparées. Loin de disparaître par un processus d'intégration et d'assimilation, les particularismes résistent et refleurissent. Ils font même leur apparition dans des pays qui, ayant édifié leur unité nationale depuis longtemps, avaient pu recevoir des travailleurs et des réfugiés comme immigrants temporaires mais non pas concevoir leur installation permanente.
Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont du pluralisme une expérience millénaire. Périodiquement, des tableaux et inventaires nomment, situent, dénombrent des groupes minoritaires définis principalement par leur religion, leur langue ou leur origine géographique. Exercice vertigineux, qui évoque ce personnage d'Italo Calvino, monsieur Palomar, donc l'activité principale était de « regarder les choses du dehors », et qui s'employait à cerner les contours d'une vague, « une seule, en la distinguant bien de toutes les autres ».