En 1678, le chanoine Malvasia, dans son monumental ouvrage destiné à assurer la gloire des peintres bolonais, raconte comment, pour écrire la vie du Guerchin qui travaillait dans le secret de la bottega, il a dû recourir à des memoranda qui y avaient été écrits parce que ce peintre, qui jouissait pourtant d'une liberté presque égale à celle de Poussin, ne pratiquait pas dans son atelier la même libéralité que les Carrache, l'Albane, ou le Guide. Ses contemporains lui reconnaissaient pourtant une identité sociale et professionnelle d'artiste : le duc de Modène écrivait qu'il se soumettait à sa « bizarrerie », un terme qui renvoie à la fois au « génie » du créateur et au caractère saturnien de l'artiste. Guerchin, d'autre part, même s'il tenait à travailler comme un artisan, était conscient de son identité d'artiste et refusait d'abdiquer son genio en face du commanditaire, qu'il s'agît de l'invention ou de la valeur de l’ ɶuvre.