Quand Yitzhak (Antek) Zuckermann, l'un des chefs historiques de la Résistance juive dans le ghetto de Varsovie, est mort dans son kibboutz voici une dizaine d'années, on trouva dans ses effets personnels un enregistrement de sa voix. Le vieux combattant, qui préparait un film documentaire sur la Shoah et les Juifs de Palestine, y donnait libre cours à son amertume : « Le pays d'Israël, notre pays bien-aimé, ne nous a pas aimés […]. On nous a abandonnés. Un énorme abîme s'est creusé entre nous […]. Cela ne sera jamais pardonné »'. En 1945 déjà, à Londres, lors de la première conférence sioniste mondiale après la guerre, le jeune résistant juif régla ses comptes avec la direction du mouvement sioniste.