Depuis le milieu du xixe siècle, les tissus anciens n'ont jamais cessé d'intéresser les historiens du commerce ou de l'art. Il s'agissait bien sûr, le plus souvent, de tissus de luxe. Récemment un intérêt nouveau a été suscité par la place que prend dans les préoccupations des historiens l'étude de la vie matérielle. Évidemment, le textile y occupe une place importante, mais la route est difficile qui mène des textes à une connaissance satisfaisante de la nature et de la consommation des textiles.
Premier obstacle, et quel obstacle ! le vocabulaire. En dehors d'un nom, d'une classification imprécise, d'un prix plutôt que d'un aspect des tissus, nos sources médiévales sont bien peu explicites. Il faut se tourner alors vers la documentation technique, établir des rapprochements, avoir recours aux très rares échantillons contemporains.
Il ne saurait être question présentement d'étudier toutes les définitions de noms de tissus proposées, depuis plus d'un siècle, par chaque éditeur de textes ou auteur de dictionnaire archéologique, chaque historien de la production ou du commerce. Il a paru beaucoup plus utile d'analyser un certain nombre de travaux significatifs. Bien sûr, de tels ouvrages, malheureusement rares, laissent dans l'ombre d'immenses régions et des siècles entiers. Aussi avons-nous cherché à voir comment les recherches récentes s'efforcent de combler les lacunes en jetant des ponts entre les spécialités qui autorisent les confrontations nécessaires.