Une tradition fertile en dictons oppose, entre les villes du Maroc, celles qui sont h'ad'ariyyât, c'est-à-dire pleinement citadines, aux autres qui ne sont que bourgades, fussent-elles considérables par la masse et la vitalité. Rabat, Salé, Tétouan, Fès, elles-mêmes hiérarchisées, s'opposent à Marrakech, à Meknès et, bien entendu, à Casablanca. Cette nouvelle différenciation vient s'ajouter à celles qui caractérisent la vie urbaine au Maroc : contraste entre le bourg et le plat pays ; contraste entre la pure et simple agglomération et la madîna, qui possède sa mosquée à, prône hebdomadaire. De bas en haut, tout est classé, étagé, distribué en dignités et fonctions.
S'agissant des grandes villes, les raisons d'être de tels classements sont avant tout d'ordre culturel. Et, parmi les composantes de la culture marocaine, c'est l'andalouse qui a le plus affecté le phénomène citadin, quelle qu'en ait été l'origine ou la matière.