Lorsque les commentateurs s'interrogent sur les sources d'inspiration du perspectivisme nietzschéen, leur réponse la plus constante est de le rapporter à la monadologie de Leibniz. C'est oublier que Pascal — dont Leibniz avait lu les écrits — fut le premier à introduire l'idée de perspective en philosophie. C'est négliger surtout les indications de Nietzsche lui-même puisque, s'il loue en Pascal l'un de ces «bons Européens» qui précipitent la dévalorisation des valeurs chrétiennes et, singulièrement, de celle de vérité, il considère au contraire Leibniz comme l'une des plus «grandes entraves à la probité intellectuelle de l'Europe».