La Polynésie française compte 280 000 habitants, répartis très inégalement sur cinq archipels (Îles du Vent, Îles sous le Vent, Tuamotu-Gambiers, Australes et Marquises), Environ 70 % de la population vit à Tahiti, essentiellement sur Papeete et son agglomération, où sont concentrées les principales structures administratives et sanitaires, dont le centre hospitalier de polynésie française (CHPF). Les 30 % restants sont éparpillés sur le reste des 2,5 millions de km2 du territoire, soit la taille de l’Europe. Le statut d’autonomie de la Polynésie française prévoit que l’organisation des soins relève de la compétence du Pays. Bien que basée sur un modèle métropolitain, la santé possède ses propres particularités législatives et de fonctionnement, héritage du passé colonial et de l’organisation militaire des soins pendant de nombreuses années. L’unité de pédopsychiatrie n’a ainsi été intégrée qu’en mai 2012 au sein du CHPF, avec pour mission officielle la mise en place et le développement d’une politique sectorielle de pédopsychiatrie, selon les principes du service public de gratuité et d’égalité d’accès à des soins médicopsychologiques pluridisciplinaires. Compte tenu du contexte géographique archipélagique, de la grande inégalité de répartition des densités de population et des particularités sociologiques de chacune des îles, l’équipe est confrontée à de réels défis, logistiques, culturels, éthiques et thérapeutiques. Comment faire advenir une alliance et un processus thérapeutique dans la continuité, comment travailler la permanence du lien avec les familles et les institutions partenaires, gage de l’efficacité du travail relationnel au cœur de notre pratique ? Comment nous adapter, inventer et recréer sans cesse de nouvelles façons d’être soignants ? C’est en cheminant autour de ces questions cruciales que nous avons été conduit à nous saisir entre autres de l’outil numérique, et à être acteurs expérimentaux du projet du Pays de développement de la télémédecine, dont l’ambition est de participer au désenclavement sanitaire des populations les plus isolées.