I. INTRODUCTION
1. Le but du présent travail est de contribuer à la compréhension de la crise « structurelle » des années soixante-dix en France par une analyse du taux de profit, l'un des éléments fondamentaux qui déterminent les cycles longs. Etant donné que, dans la version marxiste de cette théorie, l'évolution de la rentabilité est souvent expliquée par la «loi» de la baisse tendancielle du taux de profit (Marx, 1974, livre III, chap. 13, 14 et 15), je concentrerai l'attention sur ce dernier aspect, en essayant d'établir si, dans l'industrie française, la baisse du taux de profit est ou non «tendancielle».
Cette recherche part de la constatation que le débat théorique a épuisé ses possibilités: dès que l'on prononce 1'«oraison funèbre» de la «loi» (Van Parijs, 1980), celle-ci, comme le Phénix, renaît de ses cendres (Weeks, 1982, Hunt, 1983) et continue, pour de nombreux économistes marxistes, d'inspirer l'explication de la crise actuelle. Il semble dès lors que de nouveaux progrès ne puissent résulter que d'une vérification empirique.
La «loi» considérée peut être appliquée dans trois contextes relativement distincts, à savoir les tendances séculaires de l'accumulation, la théorie des cycles longs et les cycles conjoncturels de six ou sept ans. Dans le premier cas (celui qui est envisagé par Marx), la tendance à très long terme est habituellement associée à l'écroulement du capitalisme.